"Je t'aime."

Kazuya se stoppa net. Cette voix qui venait de lancer ces mots en sa direction frappa son cœur. Elle qui était d'ordinaire si douce et réservée avait retentit avec force et conviction. Pourtant elle contenait également de l'inquiétude, de l'appréhension et quelque chose comme du désespoir. Comme si ces mots avaient été dits en dernier recours, quelque chose d'avoué pour tenter d'éviter le naufrage. Il sentait la douleur émanant de ce corps à quelques pas derrière lui, comme si elle ruisselait de chacune de ses cellules pour s'écouler jusqu'à lui et le toucher.

Il resta figé de longs instants. Que devait-il dire ? Que voulait-il dire ? Il n'osait même pas se retourner, imaginant l'expression que son visage pouvait avoir à cet instant. Pourtant, il se força à le faire. Et quand ses yeux croisèrent enfin les siens, ce fut pire que ce qu'il avait anticipé. Un regard de bête acculée et blessée à mort, qui ne recherche que de la pitié dans celui de son tourmenteur. Ses yeux d'habitude si brillants l'étaient encore plus à cet instant, comme s'il retenait ses larmes, comme s'il s'empêchait de craquer.

Une nouvelle entaille déchira son cœur. Il n'aimait pas le voir ainsi. Il n'aimait pas le voir souffrir. Surtout quand c'était de sa faute. Il aurait dû clarifier les choses entre eux depuis le début. Eviter tout comportement ambigu qu'il aurait pu mal interpréter. Eviter que l'espoir ne s'infiltre dans ses veines, plus mortel qu'un poison. Sa propre faiblesse et sa peur l'avaient blessé. Pourtant, c'était la dernière chose qu'il désirait.

Alors il décida de répondre à cet appel au secours. Il décida de se jeter à corps perdu à sa rencontre. Sans plus réfléchir, sans se poser de question. Juste comme ça. En suivant ses envies et son instinct. En suivant son cœur qui lui montrait enfin le bon chemin.

Sans un mot, il combla la distance entre eux et doucement, tout doucement, il vint caresser sa joue en se perdant dans son regard chocolat, qui avait pris une teinte obsidienne à cet instant. Il l'observa tendrement de longs moments, laissant ses larmes qui s'écoulaient maintenant à flots le long de ses joues panser les blessures de son propre cœur et remplir la coupe de son courage.

"Je t'aime aussi" murmura-t-il enfin en réponse.

Une profonde surprise arrondi ses yeux. Et une petite lueur d'espoir naquit dans son regard. Kazuya sourit, pour le rassurer, pour lui faire comprendre qu'il était sérieux, et pour transformer petit à petit cette lueur en incendie dévorant. Un baiser déposé sur son front termina de le calmer. Il le serra alors fort dans ses bras, s'enivrant de son odeur, le nez enfouit contre son cou. Et quand deux bras l'encerclèrent pour répondre à son étreinte, il comprit qu'il avait trouvé sa place.

"Je t'aime depuis toujours Koki".