Disclaimer: Rien ne m'appartient
« Elle a mal sans en avoir l'air, pour qu'autour d'elle ceux qui la regardent faire ferment les yeux. Pour que autour d'elle, ceux qui la regardent faire y voient que du feu. »
"Maman" Christophe Maé
Elle danse…
La frêle silhouette virevolte au milieu des arbres fatigués. La femme volante danse au travers des feuilles tombantes. Contraste frappant entre l'ébène de sa chevelure et le feu des feuilles mourant dans l'automne. Un brasier qui s'éteindra bien trop rapidement, un rouge qui se ternira immanquablement.
Elle tourne la fille des étoiles elle tourbillonne la princesse de la nuit elle s'envole la belle Lùthien et son cœur part au loin. Car nul ne sait son chagrin, au cœur de la forêt qui se meure avant l'hiver. Tous ignorent sa peine, face au temps qui passe et emporte avec lui l'éphémère.
Elle se languit, Tinùviel, d'un monde moins triste, d'une atmosphère moins pesante, d'une paix plus proche. Alors elle valse, tandis que se fane la nature autour d'elle, alors elle vit au milieu du trépas.
Elle s'élance, la sublime ballerine, elle s'envole lorsque ses yeux se ferment et elle part. Elle s'en va, loin de toute la sordidité que réserve cette terre maudite, là où s'enflamment les arbres pour mieux s'éteindre dans le froid de la dernière des saisons. Elle fuit ces lieux de peine pour quelques instants, si courts, si brefs.
Ses yeux d'argents se rouvrent encore et toujours, alors que se finit le jour et que s'en vient la nuit, alors que le voile obscure se met en place et que s'éveillent les premières étoiles. Elle déambule sous ces lucioles brillantes et des perles salées dévalent ses pâles joues. Et elle pleure la belle Lùthien. Elle laisse l'amertume de cet Âge couler et se noyer dans son chagrin. Elle s'effondre, loin des autres, loin de ceux qui s'accrochent à sa joie pour ne pas sombrer, loin de ceux qui voient en elle un espoir, afin que nul ne sache qu'elle ne croit plus. Que pour elle, le monde, comme la forêt va s'enflammer et qu'il ne restera que des cendres.
Invisible ombre dans la nuit, la princesse de Doriath a cessé sa danse et d'un pas lourd se meut dans les bois. La plus belle des enfants d'Arda est mélancolique en ce soir, dans son cœur tout n'est que désespoir. Car les feuilles ont commencé leur douce valse, celle qui conduit à leur trépas. Si fragile, comme eux tous, qui de toutes leurs forces se retiennent à leur existence, mais que le temps, que ce soit les heures ou le vent, arrachent à la vie. Elle maudit ces infectes évocations de fin et de mort. Elle damne ce satané rappel du sang qui a coulé et du feu qui a détruit.
Elle erre toujours Tinùviel entre les arbres, son désarroi toujours autant grand. Et soudain, elle cesse son avancé, surprise par un spectacle auquel elle ne s'attendait. Il suffit de quelques secondes avant que d'un pas toujours silencieux, elle retourne en arrière. Et peu à peu, elle se met à sautiller, puis elle écarte ses bras, prête à s'envoler et elle tourbillonne à nouveau. Son rire cristallin explosant dans la cité endormie en empli l'air, telle des fées de bonne augure. Son chant suit de peu, enfin Lùthien se remet à chanter, réchauffant les cœurs qui étaient si glacés.
Et elle virevolte encore et toujours Tinùviel, car elle a vu un nouveau feu. Celui qui brûle de la plus ardente des flammes, celui qui consume jusqu'au plus profond des âmes, celui qui détruit toutes les barrières que l'on a bâti, celui qui naît et que rien ne peut éteindre. Et en elle revient l'espoir, car elle vit le baiser brûlant des amants. Elle vit la passion dans la danse de deux corps, tandis que dans le secret de la nuit se mêlait l'argent et l'or.
