Je pars.

Je ne me retournerai pas.

Je laisse mon premier foyer derrière moi. Poudlard. Tous ces souvenirs heureux ont disparu face à des montagnes d'horreurs sans pareil. Tout cela me semble si loin.

Je me sens si vieux. Comment vivre, se reconstruire après cette existence dangereuse et inconsciente ?

Je me sens si vieux. Je n'ai aucune famille, personne et je peux dire que c'est de mon fait.

Je me sens si vieux. C'est la fin, je veux mourir.

Je me dirige vers le pont surplombant le ravin. Je n'en vois pas le fond. Je me sens attiré par le vide. Je veux sauter pour ne plus avoir à supporter ces regards. La plupart sont emprunts de fierté, les autres de pitié. Je n'en peux plus. Vais-je avoir ce fameux courage, celui des gryffondors et rester, survivre... Ou sauter lâchement...

Soudain, une main, douce, chaude, réconfortante, sur mon épaule la caressant comme une brise. Ginny. Cette jeune fille devenue femme durant la bataille. Cette superbe guerrière aux cheveux flamboyants. Ces yeux bleus électrique constamment joyeux. Ces tâches de rousseur empreintes de douceur et de tendresse. Ces gestes gracieux et délicats.

- Harry, je t'en prie.

Je me retournais lentement. Elle était encore plus belle que dans mes souvenirs. Les cheveux lâchés, emmêlés de sang et de poussière, le regard d'un azur humide, habillée d'un jean et d'un sweat trop grand.

-Ginny.

Elle saisit ma main, monta avec moi sur le rebord du pont, elle mit ses mains sur mes épaules et me laissa enfin l'honneur de plonger dans ses yeux. Je posai délicatement mes mains sur sa taille et enfouit ma tête dans sa tignasse rougeoyante.

- Ensemble, chuchota-t-elle.

Nous fîmes le pas qui nous séparait du vide.

La guerre nous aura finalement réunis.

Ensemble.

Jusque dans la mort.