Titre de l'histoire : Love me, please, love me …

Auteur : Ju'

Résumé : Comme chaque matin, Harry se promène seul dans les couloirs et comme chaque matin, Draco en profite pour l'insulter. Mais ce matin, justement, le brun n'arrive pas, n'arrive plus à le supporter.

Rating : M ! (alors c'est mon premier pseudo-lemon ... A la base, je voulais faire quelque chose se beaucoup plus ... poussé, mais je me suis rendu compte qu'il était bien plus aisé d'en lire que d'en écrire. J'espère que ça vous plaira quand même !)

Note de l'auteur : Cette histoire est terminée. Elle est totalement écrite sur papier, il ne me reste plus qu'à tout recopier. J'ai préféré mettre d'abord cette petite partie, parce que je l'aime bien ce début, et puis ça laisse un sertain suspense non négligeable ) J'espère en tout cas que cela va vous plaire et surtout, n'hésitait pas à me laisser des reviews, parce que ça me rassurerait vraiment (j'ai un oeil très (Trop ?) critique sur ce que j'écris et j'ai tendance à manquer cruellement de confiance en moi ... Alors tout commentaire est le bienvenu ! Et promis, si vous aimez, je me dépécherai de publier la suite ! (du chantage pour avoir des reviews ? Nooon, pas DU TOUT mon genre ... )

Sur ce, bonne lecture !

Première partie

Il ne savait pas trop ce qu'il s'était passé. Hier encore, il le détestait, mais maintenant ce temps lui semblait bien loin. Quand exactement la haine s'était-elle transformée en autre chose ? Il n'aurait pas su le dire. Il avait juste remarqué un matin qu'il était incapable de lui renvoyer ses insultes avec la même fougue, que s'il avait envie de le coller violemment contre un mur, ce n'était plus pour le frapper.

Harry Potter avait survécu à beaucoup de choses, notamment à un célèbre mage noir qu'il avait finalement réussi à exterminer après moult sacrifices, cauchemars, amis perdus et autres joyeusetés de la sorte. Mais cette fois-ci, il n'était pas sûr de pouvoir faire face encore longtemps.

Il avait compris un jour que Draco Malfoy était la seule personne qu'il n'avait jamais désiré et, même si au premier abord il avait été heureux de pouvoir encore éprouver ce genre de sentiments, maintenant il en était tout autre. Il ne supportait plus cette situation. C'était trop dur.

Le jeune héros était aux yeux de tous solide comme un roc, le genre de personnes qui ne pleurent jamais, qui ne laissent transparaître aucune émotion. En fait, ce n'était pas exactement vrai, mais il était devenu cela pour pouvoir se battre, pour ne plus montrer ses faiblesses. Seuls quelques rares amis proches le connaissaient assez pour savoir que ce visage n'était qu'une vulgaire façade. Ron décédé, il ne restait qu'Hermione, Neville, Dean, Seamus et la famille Weasley pour le soutenir et tous étaient bien conscients du mal-être de leur sauveur. Grâce à eux, il arrivait tant bien que mal à supporter la culpabilité d'avoir laissé mourir son meilleur ami. Meilleur ami dont il avait refusé que le lit de dortoir soit occupé par une autre personne, aussi Gryffindor soit-elle. Il demandait régulièrement aux elfes de maison de changer les draps de ce lit, pour garder son rouquin un peu plus vivant, pour compenser peut-être aussi le vide immense qu'il ressentait depuis sa mort.

Tous les étudiants qui avaient dû quitter l'école pendant la guerre revinrent l'année qui suivit la victoire de leur camp. Officiellement, ils voulaient obtenir leurs ASPICS et ainsi accéder à la vie professionnelle, mais la véritable raison était autre, et chacun en était bien conscient. Ayant été d'imminents combattants, ils avaient tous un niveau excellent et n'avaient nullement besoin de revenir en cours mais ils voulaient juste rester encore un peu chez eux, ils ne concevaient pas de s'éloigner bien longtemps d'Hogwarts. Surtout Harry, puisque c'était le seul endroit dans lequel il s'était jamais senti bien, à sa place.

La vie se déroulait donc comme depuis de nombreuses années, mais avec plus de tristesse, moins d'insouciance, la menace due à Voldemort disparue, la haine entre Slytherin et Gryffindor envolée et une multitude de petits détails qui pouvaient paraître accessoires mais qui laissaient un goût amer dans la bouche des plus âgés.

Et le changement le plus insupportable pour Harry était son attirance pour le Slytherin glacial. Car même si celui-ci avait été un héros de guerre émérite, il n'en restait pas moins son légendaire ennemi. Et comme il le faisait depuis qu'ils se connaissaient, il s'évertuait à le haïr et à l'insulter de toutes ses forces, blessant le brun un peu plus chaque jour. Car Draco connaissait bien le Survivant, il avait toujours su où frapper, il savait où appuyer pour le pousser à bout, pour le faire craquer, pour lui faire mal. Très mal.

C'est ce qu'il se passa ce matin-là, comme tous les autres matins. Alors que le brun se dirigeait seul vers la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner, il croisa son prétendu ennemi et celui-ci se mit tout de suite à lui débiter sa liste habituelle de paroles acerbes.

Mais ce matin-là, justement, Harry se sentait fatigué, Ron lui manquait trop et il ne trouva pas la force de subir ce moment. Il en eut assez d'entendre cette si belle bouche prononcer des mots aussi ignobles, de voir ces yeux si envoûtants remplis de mépris. Il essaya tant bien que mal de rester stoïque mais il ne pouvait, ne voulait pas répondre et chaque mot que son interlocuteur prononçait s'ancrait en lui de manière irrémédiable. Il avait envie de se boucher les oreilles, de lui crier de se taire et même de lui avouait ses sentiments mais il se contenta de le fixer tristement comme un petit enfant fragile et perdu.

« Mais dis-moi, Potty, pourquoi es-tu seul aujourd'hui ? Tes petits toutous t'on abandonné ? Ils se sont rendus compte que rester près de toi était dangereux ? Que tous tes proches mourraient un à un ? Parents, parrain … et même meilleur ami ? »

Cette fois, le coup qu'Harry reçut fut trop fort. Parce qu'il le savait bien qu'il portait malheur, il n'en était que trop conscient. Il planta violemment ses yeux troublés dans ceux du blond mais il n'arrivait pas à bien voir l'expression que celui-ci affichait. Et inconscient du regard inquiet qui le fixait, il sentit une larme couler lentement le long de sa joue pâle pour venir mourir entre ses lèvres entrouvertes à la recherche d'un souffle qu'il ne trouvait pas.

Oui, il avait tué. Oui, beaucoup de ses proches étaient morts, mais ce n'était pas sa faute, n'est-ce pas ?

Si. Bien sûr que c'était de sa faute, il le savait bien.

Une autre petite goutte salée vint se perdre dans son cou puis, après un dernier regard à celui qui lui causait toute cette peine, ou plutôt celui qui se faisait un malin à raviver cruellement celle déjà présente, il partit en courant vers les grandes portes du Hall. Il les ouvrit sans douceur et s'engouffra dans le froid glacial de cette matinée de décembre, alors qu'il ne portait qu'une simple robe de sorcier, sans cape ni écharpe ou gants.

Draco mit quelques secondes à réaliser ce qu'il s'était passé, puis quelques autres secondes pour se décider à suivre le Gryffindor. Il avait heureusement sa cape, son écharpe et ses gants en peau de dragon puisque son premier cours était sensé être « soin aux créatures magiques ». En accélérant le pas pour tenter de retrouver le brun, il se dit qu'en fait, il était vraiment troublé par les larmes qu'il venait de voir. Il ne détestait pas réellement Potter, mais celui-ci était la dernière constante stable dans sa vie, sa haine était la seule chose qui lui restait après la guerre. Alors il s'y était attaché comme à une bouée de sauvetage, désespérément et il avait reconstruit sa vie autour de celle-ci.

Mais alors qu'il se mettait à courir, il pensa que maintenant que sa vie était très bien repartie, il pouvait abandonner sa haine, elle n'était plus vitale. Il vit Potter s'engouffrer sans hésitation dans la forêt interdite et, malgré la peur inavouée qu'il avait de cet endroit, il lui emboîta le pas, décidé à comprendre l'énigme qu'était son ennemi.

Harry n'hésita pas, il savait que la forêt était le lieu idéal pour être seul. Le fait que Draco puisse le suivre ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Sa vue était brouillé par les larmes qui coulaient maintenant à flot, autant à cause du froid que de la tristesse poignante qui étreignait impitoyablement son cœur.

Il connaissait parfaitement le chemin pour aller au cœur de la forêt mais cela ne l'empêcha pas de trébucher sur nombre de racines. Il se rattrapa finalement à un gros arbre et décida de déverser sa rage sur celui-ci. Il se mit à le frapper de ses poings en criant tout ce qu'il avait sur le cœur.

« Il ment … C'est pas ma faute, je n'ai jamais rien demandé à personne … Je ne suis pas responsable, c'est faux … pas ma faute … pas moi … Il ment, il ment … Ron … Dis-moi qu'il ment … »

Sa voix n'était maintenant plus qu'un murmure et il s'écroula à genoux, en pleurs, répétant comme une litanie « il ment » entrecoupé du prénom de son meilleur ami.

Draco, caché derrière un arbre, assista à la scène et se sentit affreusement mal, il ressentait un sentiment de dégoût envers lui-même inhabituel puisqu'il se savait responsable de cette crise, de ces cris. Il avait envie de le rassurer, de lui avouer qu'il n'avait rien à voir avec tous ces meurtres, qu'il avait effectivement menti, que le vrai responsable était Voldemort et que celui-ci était bel et bien mort.

Il regarda de nouveau Harry alors que celui-ci glissait lentement afin de se retrouver assis. Il le vit lever ses mains jusqu'à son visage, dans une sorte d'état second et les fixer, ébahi, pendant un temps qui lui sembla infini. Ces dernières étaient rouges à cause des blessures dues à l'écorce de l'arbre qu'il avait frappé avec la force du désespoir. Il émit un hoquet de surprise et un éclair de peur et de douleur se figea soudain sur ses traits. Il se mit alors à frotter frénétiquement ses paumes sur sa robe de sorcier, tentant en vain de faire disparaître ce sang. Tout ce sang qui semblait le narguait, tout ce sang qui lui rappeler son statut de meurtrier. Mais plus il essuyait, plus ses blessures s'ouvraient et son corps entier se retrouva vite couvert de traces vermeilles. Il ne pensait plus à simplement effaces les taches avec un mouchoir Il devenait fou, il ne voulait plus voir tout ce rouge. Il ne pouvait plus s'arrêter de pleurer.

Et Draco assistait à ce spectacle, impuissant et confus. Il ne réfléchit pas quand il s'approcha du petit être recroquevillé sur le sol. Il ne voulait plus penser, il avait juste besoin de le rassurer, de le prendre dans ses bras. Peu importait que cette personne soit Harry potter. Ou justement, parce qu'elle était Harry Potter, ce petit Gryffindor insupportable.

Le brun n'entendit pas le Slytherin s'approcher, il continuait juste à se balancer doucement en fredonnant une comptine ancienne, une de celles qu'appréciait particulièrement Luna les soirs de pluie. Il était perdu, brisé par la tristesse qui l'engourdissait, celle dans laquelle il s'était plongé entièrement, parce que pour une fois il avait envie de se laisser vraiment envahir par sa peine, de ne pas la refouler. Il en avait besoin. Mais cette douleur le rendait fou, alors il ne cessait de marmonner des mots inintelligibles, répétant « il ment » comme un leitmotiv, seule phrase qui le raccrochait encore à cette réalité qu'il essayait de fuir.

Il bondit cependant sur ses pieds en un saut étonnamment souple quand il sentit un mouchoir tomber sur ses doigts rougis.

« Qu'est-ce que tu fous là ? »

Ce qu'il faisait là ? Draco aurait été bien incapable de répondre, mais il trouvait à son vis-à-vis un regard de bête traquée et une expression honteuse touchante. Toutefois, le sentiment qui irradiait le plus de sa personne, de son corps, de ses yeux si verts, était la colère. Colère d'avoir été vu dans une position si pathétiquement faible.

« Qu'est-ce qu'il y a, Malfoy ? T'as l'air triste, tu te sens coupable ? Non, bien sûr que non, tu contemples juste ton œuvre, tu jubiles. Ou alors tu viens m'achever ? Mais je t'en prie, amuse-toi. Tu bouges pas ? Alors dégage. Dégage. DE-GA-GE ! »

Draco le fixa, interdit, quelques longues minutes. Puis, faisant fi de toutes ses bonnes résolutions précédentes, il se détourna et s'éloigna. Mais alors qu'il marquait un temps d'hésitation, il entendit un murmure, comme si le vent seul avec parlé, un chuchotement qui provenait en fait du brun qui s'était écroulait par terre, une fois de plus.

« Reste … »