Tout d'abord bonjour à tous. En hommage à cette fabuleuse série qui, au désespoir de beaucoup, touche à sa fin, je concocte une petite histoire pour les amoureux fous du Sanctuaire et pour tous ceux à qui Magnus et son équipe ont su faire passer du bon temps! Elle sera d'un ton plutôt léger si ce n'est pour dire frivole. Vous pouvez la replacer un peu n'importe où après la découverte de Praxis et avant sa destruction, ça n'a pas vraiment d'importance étant donné la relative indépendance de mon intrigue face au reste.
Chapitre I
- 11h19, Old City, Sanctuaire, bureau du docteur Helen Magnus-
«_ … Si quelqu'un a emporté quelque chose ? Helen comment veux-tu que je m'en souvienne, c'était il y a 100 ans, bon bien sûr je ne serais pas vraiment surpris qu'avec ses mains baladeuses, ton détective ché …
_ Nikola, est ce que tu as VU quelqu'un prendre quelque chose, oui ou non ?
_ Pourquoi est-ce que tu me sembles toujours plus agressive au téléphone ?
_ Nikola !
_ D' ailleurs comment tu as trouvé à quel numéro me joindre ?
_ Tu me sous-estimes, je te connais par cœur.
_ Ah Helen, j'aimerais tellement que ce soit le cas….
_ Nikola, arrête de tourner autour du pot, qui l'a volé?
_ Bon sang mais je n'en sais rien, peut être Watson, il s'entendait bien avec Dodgson quand il s'agissait d'herbes aromatiques, feuilles de coca et tout ça, alors pourquoi pas des champignons ? Dis, j'espère que tu te rends compte que tu m'interromps en plein travail là?
_ Je cite Nikola Tesla : « C'est toujours un plaisir de t'entendre Helen ». Non sans rire, tu ne te souviens de rien, vraiment ? » L'impatience d'Helen commençait à glisser une dangereuse amertume dans le ton de sa voix.
_ « Oh, si, bon j'avoue que je ne me souviens que très vaguement des funérailles mais je peux te revoir dans cette robe de deuil comme si c'était hier. My my, quelle robe Helen ! bien trop échancrée pour une robe de deuil d'ailleurs. Et les longs gants en dentelles, moi j'aimais beaucoup mais James avait l'air de penser que ça faisait un peu trop, c'est pour ça que tu les portais, admets-le. Bon sang, il y avait de jolis petits bouts ce jour-là mais on ne pouvait remarquer que toi et Griffin qui avait l'air constipé pendant toute la cérémonie, il aurait mieux fait de se rendre invisible ce jour-là, c'est peut être lui qui a volé chez Dogson, c'était sa spécialité non ? Ahhh notre bon vieux temps de … »
Ses ongles pâles heurtèrent le bois du bureau dans un petit coup sec avant qu'elle ne souffle d'exaspération en renfonçant sa tête dans le dossier. Intérieurement elle était en train de lui cracher des insultes en dix-huit langues.
_ « Et comme d'habitude, tu n'es d'absolument aucune utilité Nikola, dommage j'aurais sincèrement apprécié ton aide…
_ Dis donc, je n'y suis pour rien si la mémoire est sélective, et puis pourquoi cet intérêt soudain pour la botanique ? Qu'est-ce que tu … » Commença-t-il, mais elle le salua et raccrocha le vieux combiné avant qu'il n'est pu finir sa phrase, s'il avait une idée, il rappellerait, ou peut-être pas, il s'agissait de Nikola après tout.
Elle réajusta dans son escarpin le talon qu'elle avait laissé s'en échapper pour se redonner un semblant de vigueur et décroisa les jambes avant de se lever quand Will déboula en cahotant, un téléphone piégé entre l'épaule et l'oreille, agrippant d'une même main une tablette électronique et une tasse de café, et supportant de l'autre une pile de dossiers qui menaçaient de se déverser à tout instant. Helen ne put effacer un sourire en coin, les sourcils arqués dans une raillerie tacite. Il atteint le bureau embarrassé de livres, et toujours aux prises avec son interlocuteur, prit un air paniqué en voyant qu'il ne lui restait aucune place pour déposer ses documents. Helen se réinstalla pleinement dans son fauteuil et lui adressa un sourire plein de feinte pitié sans prendre la peine de lui dégager un peu d'espace. Will la fusilla des yeux comme dans une promesse de revanche et déposa les pochettes pêle-mêle sur les livres ouverts avant de raccrocher en grognant un « merci, au revoir ». Pour elle, il avait quelque chose de tellement adorable dans sa maladresse qu'elle préférait parfois s'en délecter et contempler la « spontanéité de la jeunesse » comme dirait Nikola, plutôt que d'y remédier. Et puis c'était Will, c'était comme ça depuis le premier jour quand elle lui avait foncé dedans, elle ne pouvait pas s'empêcher de le titiller, de le provoquer, de l'exaspérer, de le … En fait, par moment elle jouait un peu à être son Tesla à lui.
« _ Magnus ! cria-t-il en montrant le bureau des deux mains, si c'est une façon de me rappeler que c'est vous le patron, je n'avais pas oublié ! Si c'est une façon d'affirmer votre penchant sadique légèrement tendancieux, alors je conseille qu'on commence une thérapie, dès maintenant ! »
Helen gloussa, quand même, elle l'aimait bien son protégé. Will sourit avec un regard un peu dur et malicieux qui disait « ne me faites plus jamais ça ». Elle lui rendit un large sourire, insolent, et murmura une courte excuse qui sonnait volontairement faux. Il la fixa d'un air outré et pendant une fraction de seconde son désir oscilla entre la gifler ou l'embrasser rageusement mais il secoua la tête de dépit, chassant du geste les deux idées avant de s'asseoir lentement en face d'elle.
« _ Du nouveau ? demanda-t-il
_ Rien de probant, les autres sanctuaires n'ont jamais rien connu de tel, heureusement seul le personnel de Londres est touché pour l'instant, la seule idée qui me vienne en tête ne mène pas à grand-chose surtout que Nikola…
_ Oh non, non non, ne me dites pas que ça a encore rapport avec lui… Grimace horrifiée de Will, Helen sourit.
_ De très loin seulement, en fait, si mon intuition est juste, poursuivit-elle, c'est Charles Dodgson, une de nos connaissances commu…
_ Wow, Dodgson, comme dans Charles Lutwidge Dodgson alias Lewis Carroll, comme dans Alice aux…
_Oui celui là, Will.
_ D'accord, là vous avez capté mon attention !
_ Ce n'est qu'une hypothèse mais, est-ce que vous vous souvenez des champignons qu'Alice mange pour changer de taille ?
_ Attendez, vous allez me dire que si le second de Declan est brusquement devenu haut comme trois pommes c'est par ce qu'il a bu en rêve le contenu d'une fiole étiquetée « drink me » pour pouvoir suivre le lapin blanc ?
_ Non, ce que j'allais dire, c'était que Nikola, James, Nigel et moi étions présent le jour où les proches de Charles ont vidé son appartement après sa mort parce qu'on le soupçonnait de cacher des phénomènes. Et certaines des plantes et des insectes qu'on a retrouvés chez lui possédaient des propriétés vraiment stupéfiantes…
_ Comme celle de rétrécir celui qui les ingère ? Magnus, c'est un roman !
_ C'est plutôt un conte, en fait. Mais les débats littéraires devront attendre, Henry, vous et moi partons à Londres dans 2 heures, nous serons plus utiles sur place. »
Sur ces paroles, elle se leva et se dirigea vers la porte, laissant Will la suivre du regard, les yeux écarquillés.
_ Et notre week-end à Tan… ?
_ Dans deux heures ! » coupa-t-elle en quittant la pièce. Le claquement clair de ses pas résonna jusqu'au bout du couloir.
