BLACK JESUS

Posté le : 12 Avril 2013.

Un jour, il y a peu, une horde de groupie du Zabnott m'a dit que « Le Zabnott, c'est la vie ». Elles avaient raison.

C'est une petite fic sans prétention. Quelques chapitres. C'est surtout pour que mon cerveau me laisse dormir sans que je vois Blaise et Théodore partout (Non pas que ce soit déplaisant, mais…).

Je ne peux que vous souhaiter une bonne lecture et espérer que vous apprécierez.

Par ailleurs, mon autre fic « Et s'ils l'avaient fait », que je continue évidemment, me prend pas mal de temps alors je ne peux pas parier sur la date de la prochaine publication de ce Zabnott, mais je devrais y arriver, je suis un peu un super héros.

Disclaimer : J.K. ROWLING. Evidemment. « Black Jesus » est le titre d'une chanson de Everlast et l'idée vient de Fabiola. L'Histoire en elle-même, est à moi.


A Sam, Fabiola, Catarina et toutes les autres groupies du Zabnott

& à Victoria, parce que c'est comme ça.


Chapitre I :

Les jeux sont faits,

Rien ne va plus.


- Bien, j'ai taché d'effacer toutes traces d'injustices pour votre projet de fin d'année, par conséquent vous piocherez tous un nom dans la boite, l'ordre étant définit par les notes que vous avez obtenu aux précédents devoirs. Est-ce clair ?

La masse compacte d'étudiants répondit d'un « oui » collectif à son professeur.

- Vous me donnerez ensuite le nom inscrit sur le papier et prendrez le dossier de presse concernant l'heureux élu. Très bien alors voyons voir… Mr Nott, à vous l'honneur. Ne faites pas cette tête mademoiselle Granger, il ne vous bat que d'un quart de point.

Théodore Nott se leva et lança un sourire complice à sa camarade. Hermione et lui s'entendaient parfaitement bien, mais ils étaient en compétition constante pour la meilleure place. La devancer était pour lui une immense fierté.

Il se dirigea vers le bureau de son professeur et sembla hésiter un instant avant de piocher un papier.

- Faites le bon choix Monsieur Nott, ajouta le professeur Lupin, l'obtention de votre diplôme dépend peut-être du nom que vous piocherez.

Théodore prit une grande inspiration puis tira un papier. Il l'ouvrit sous le regard curieux de ses camarades, lu le nom inscrit et le referma tout aussi vite.

- Je… Monsieur est-ce que je peux changer ? S'il vous plait ?

- Je suis désolé Monsieur Nott, le jeu est le jeu. Quel nom avez-vous pioché ?

- Blaise Zabini.

La plupart des étudiants lancèrent des regards désolés à Théodore, même s'ils ne pouvaient cacher leur soulagement. Personne ne voulait piocher le nom de Blaise Zabini.

Même le professeur Lupin semblait désolé pour lui.

- Prenez le dossier et…

- Ouais.

Théodore haussa les épaules, attrapa le dossier sur lequel était inscrit « Blaise Zabini » et retourna s'asseoir.

Il était fichu.

.

- Passe-moi une clope Mélizia, s'teuplait ! Demanda Théodore.

La jeune fille sembla surprise un instant puis obtempéra. Théodore l'alluma et toussota.

- Lupin n'a rien voulu entendre ? Demanda Hermione.

- Lupin pense que je peux surmonter de telles difficultés. Et il est trop honnête pour revenir sur ses propres règles. Je suis baisé.

- Ne dis pas ça Théodore. Je suis certaine que tu peux t'en sortir.

- Foutaises Hermione ! On parle de Blaise Zabini. Personne ne peut s'en sortir face à lui. Mais estime toi heureuse, la première place t'es servie sur un plateau !

Théodore attrapa son verre et en but une grande gorgée. Il grimaça. Ce bar faisait des cocktails absolument immondes, mais c'était le seul proche de l'école qui restait à un prix abordable.

Il jeta un coup d'œil à sa montre. Dix-sept heures. Pour la première fois depuis longtemps, il n'était même pas heureux d'être en week-end.

- Je ne vais pas tarder, dit-il. J'ai encore un tas de truc à faire.

- Oh Théodore, je n'aime pas te voir comme ça.

- C'est bon Hermione. Je ne vais pas me mettre à chouiner ou je ne sais quoi. Je vais juste rentrer et repensez à tout ça. J'ai besoin de… Laisse tomber. On se voit plus tard. Passe le bonjour à Ron.

Théodore déposa un billet sur la table, salua ses camarades, attrapa son sac et quitta le bar. Il savait exactement comment clore une discussion avec Hermione. Il suffisait de lui parler de son petit ami et elle se mettait à sourire niaisement, incapable d'aligner deux mots. Conneries.

Le jeune homme s'engouffra dans une bouche de métro et pensa une énième fois à son projet de fin d'études.

Quelle merde !

Cela remettait en question tous ses projets. Il comptait juste obtenir son putain de diplôme, voir un de ses premiers articles publié dans un journal et quitter son minuscule studio. A la place, il allait devoir écrire sur un stupide créateur imbu de sa personne et trouver un moyen de financer une nouvelle année dans son école de journalisme.

C'était à croire que le sort s'acharnait sur lui. Bien sûr, il était conscient de ne pas être l'homme le plus chanceux de la planète, mais de là à piocher le nom de Blaise Zabini. Qu'avait-il pu bien faire pour mériter ça ? Et puis d'ailleurs pourquoi ce type avait-il donné son accord pour que des étudiants en journalisme rédigent un article sur lui ? Il devait très certainement détester les étudiants. Il détestait tout le monde de toute façon.

Quel con.


- Neville, je suis rentré ! S'exclama Théodore.

- Je suis dans la salle de bain, viens voir ! Lui répondit son colocataire.

Théodore déposa ses affaires sur le canapé bousillé qui lui servait également de lit et partit à la rencontre de Neville.

Ce dernier se trouvait en effet dans la salle de bain et s'occupait vraisemblablement d'une plante qu'il avait installée dans la cabine de douche.

- Tu fais chier Neville, je refuse de me laver encore une fois avec une de tes plantes !

- Arrêtes un peu de râler, je l'emporterais à la serre ce soir de toute façon. Regarde.

Théodore se pencha au-dessus de Neville et regarda vaguement la plante dont son colocataire s'occupait. Elle avait l'air des plus banales, mais devait renfermer quelque chose de spécial étant donné l'intérêt que l'étudiant en botanique lui portait.

Théodore sourit. Neville était un grand malade.

Il se souvenait de la première fois où il l'avait vu, l'étudiant en botanique avait mis une annonce dans un journal étudiant pour trouver un colocataire. Il avait précisé que la personne en question devrait aimer les plantes. Théodore avait d'abord pensé qu'il s'agissait d'un étudiant paumé qui faisait pousser de la marijuana, mais l'appartement était bien situé et le loyer pas trop cher alors il y était allé quand même. Une fois sur place, il avait été surpris de trouver ce bonhomme un peu paumé qui disposait de plus de plantes que de meubles et qui parlait des fleurs d'une façon quasi-amoureuse. Théodore avait posé ses valises deux jours plus tard et il n'avait jamais regretté son choix.

- Tu es là ce soir ? Demanda Théodore.

- Bah si tu reçois quelqu'un je peux rester un peu plus longtemps à la serre, mais j'apprécierais tout autant de dormir dans mon lit.

- Je comptais plutôt faire en sorte de me réveiller avec une bonne gueule de bois demain matin. J'ai pensé que tu pourrais m'aider.

- On fête quelque chose ?

- Pas vraiment. C'est même plutôt l'inverse.

Neville lui lança un regard suspicieux.

- Ton projet de fin d'année ?

- Ouais.

- Bon, je dépose quelques fleurs à la serre et je reviens. Je suis à sec mais je peux sans doute trouver une bouteille de Whisky pas trop cher, ça te va ?

- Ok. J'appellerais le livreur japonais.

- Ca me va.

- Bien. Alors maintenant vire ta putain de plante que je puisse me laver.

Neville rigola et attrapa sa plante avant d'enfiler une veste et de quitter l'appartement en faisant claquer la porte.

Théodore se déshabilla et fila sous la douche.

De longues minutes plus tard, une fois lavé et vêtu de vêtements propres, il se servit un verre d'un vin bon marché qui trainait dans l'appartement, appela le livreur de sushi, s'installa sur le canapé et sortit son ordinateur portable de son sac.

Machinalement, il tapa le nom de Blaise Zabini dans le moteur de recherche. Il cliqua sur un site au hasard et se laissa porter par les mots qui se trouvaient sous ses yeux...

.

« BLAISE ZABINI, PERE ?

C'est un nouveau scandale qui salit depuis quelques jours le nom de Blaise Zabini, le jeune créateur que l'on ne présente plus. En effet, mercredi matin une jeune mannequin du nom de Karen Bart annonçait à la presse qu'elle mettait sa carrière en pause suite à une grossesse. D'après ses dires, le père de son futur enfant ne serait autre que Blaise Zabini. « Nous nous sommes rencontré lors d'un défilé à Milan et nous avons passé quelques nuits torrides ensemble, il me jurait des tas de choses, mais maintenant qu'il est question d'assumer sa paternité, il n'y a plus personne » disait alors la jeune femme. Quand on l'a interrogé, Mr Zabini a simplement répondu : « Si j'étais vraiment le père de tous ses enfants, je pourrais sans problème organiser un tournoi de football ». Rappelons que ce n'est pas le premier scandale de ce genre qui touche le créateur depuis le début de l'année. »

.

« L'HOMME DONT LE TALENT N'A D'EGAL QUE SON ARROGANCE

Jeudi dernier se déroulait à Londres un défilé pour la collection printemps-été du nouveau créateur en vogue, Blaise Zabini. Si les critiques tombent d'accord sur le talent du jeune homme – rappelons qu'il n'a que 26 ans – ils ont également trouvé un terrain d'entente concernant la critique de l'arrogance du jeune homme. « Je n'ai jamais vu ça. C'est un de ses premiers défilés et il est arrivé avec plus de deux heures de retard à la conférence de presse. Il n'a répondu que succinctement à nos questions et est partit moins de trente minutes plus tard, lorsqu'il en a eu assez. C'est un réel manque de respect » nous déclarait Elisa Porter, journaliste pour le magazine Vogue. « Il a du talent, sans aucun doute, mais il ne passera bientôt plus les portes tellement il a la grosse tête » ajoute Brice Crosne, un intervenant local, « je ne parviens pas à croire qu'un homme aussi talentueux soit aussi désagréable ». Quant à l'intéressé ? Il a simplement refusé de répondre à nos questions, nous offrant à la place un magnifique doigt d'honneur ! »

.

« QUI EST VRAIMENT BLAISE ZABINI ?

[…]

J. : Vous avez conscience, naturellement d'avoir très mauvaise réputation dans la presse, comment gérez-vous cette situation ?

B.Z. : (rires) Evidemment que j'en ai conscience, mais que voulez-vous que ça me fasse ? Je n'aime pas les journalistes. Ils cherchent toujours des tas de choses là où il n'y a rien à dire. Et puis de toute façon qu'est-ce que vous voulez que ça me foute ? Mon travail reste le même. On est censé s'intéresser à mes créations, pas à l'endroit où je peux bien fourrer ma queue !

J. : Si vous n'aimez pas les journalistes, pourquoi continuez-vous d'accepter des interviews ?

B.Z. : Quelle question stupide ! Pour le fric évidemment. Je suis payé pour parler à des couillons – ne le prenez pas pour vous – qui se contentent de recopier ce que je dis pour que d'autres couillons les publient dans leurs journaux. La vraie question est pourquoi est-ce que je ne le ferais pas ?

J. : Malgré ça est-ce que vous n'aimeriez pas que vos frasques ne fassent plus la une des magazines mais qu'on parle plutôt de votre talent ?

B.Z. : Je trouve que vos questions sont un peu toujours les mêmes. Vous êtes un putain de mauvais journaliste. Mais ne le prenez pas mal hein ! On parle de mes frasques parce que c'est ce qui fait bander les gens. Des gens stupides qui ne s'intéressent qu'à la vie des autres parce que la leur est une pure merde. Ce n'est tout de même pas de ma faute si tous ces abrutis rêveraient d'être à ma place. »

.

« INCIDENT DANS UN HOTEL PARISIEN

Samedi dernier c'est la police qui a ramené Blaise Zabini chez lui après que ce dernier ait, pris d'un excès de colère, briser une des vitres de l'Hôtel xxx à Paris et frappé violemment un homme au visage. La victime a été transportée d'urgence à l'hôpital le plus proche mais ne souhaite pas, à la surprise générale, porter plainte contre le jeune créateur de talent. « En plus d'être arrogant et imbu de sa petite personne, cet homme est violent. Je ne vois vraiment pas pourquoi on lui porte tout cet intérêt », nous déclarait une femme témoin de la scène. »

.

Théodore fut tiré de sa lecture par Neville ouvrant la porte d'entrée.

- Tu as l'air bien concentré, qu'est-ce que tu fais ?

- Rien, répondit Théodore en posant son ordinateur sur le côté. Je vais sortir des verres. On n'a qu'à prendre l'apéro, le repas ne devrait plus tarder.

.

- Bon alors, tu vas me dire ce qui t'as mis dans un tel état ? Demanda Neville un repas et de nombreux verres plus tard.

- Blaise Zabini.

- Hein ?

- C'est le nom que j'ai pioché pour mon projet de fin d'étude. Blaise Zabini.

- Tu vas dire que j'exagère, mais…

- On a tous piocher un nom. Le hasard fait bien les choses. Quelle connerie ! On doit rédiger un article et le meilleur d'entre nous sera publié dans un magazine. Et Blaise Zabini est l'un des pires connards que l'humanité n'ait jamais porté.

- Mais encore ?

- Viens voir.

Théodore posa son ordinateur sur les genoux de son colocataire et lui laissa le temps de lire.

- Il a l'air…

- D'être un connard fini ? Ouais, c'est aussi ce que je pense.

- Mais il… Enfin il a l'air de détester les journalistes, comment son nom s'est-il retrouvé sur le bout de papier que tu as pioché ?

- J'en sais foutrement rien Neville, mais ça remet sérieusement en question mes projets. Comment veux-tu que j'écrive quoi que ce soit sur un type aussi… Enfin tu sais un… Un type dans ce goût-là quoi !

- Et il ressemble à quoi ton créateur détestable ?

Théodore haussa les épaules et lança une recherche image. Le visage souriant de Blaise Zabini apparut sous ses yeux et Théodore comprit un instant comment il avait pu faire craquer un aussi grand nombre de mannequins.

Il avait le pouvoir, le talent et putain il était bandant.

Dommage qu'il soit aussi con.

- Il est pas mal du tout ! Déclara Neville. Enfin je suppose que pour un mec il… Non ?

- Bof, il est pas mal, ouais, pas mon genre, répondit Théodore, de mauvaise foi.

- Pas ton genre ? Mais ce type c'est le genre de tout le monde, tu l'as regardé ? Je comprends que toutes ces cocottes craquent sur lui !

- Ca ne change rien. Je ne suis même pas une fille, alors même en passant sous le bureau je n'obtiendrais pas de travail correct !

- Qui sait, peut-être que les petits élèves en journalisme, c'est son truc…, se moqua Neville.

- C'est ça ! Te fous pas de moi Neville !

- Tu sais Théo, j'pense que…, j'ai surement trop bu, mais j'pense vraiment que ça peut être un très bon exercice. Après tout, plus tard tu seras certainement amené à travailler sur des cas plus complexes que celui d'un petit con prétentieux et nombriliste. Tu n'as qu'à voir ça comme un entrainement.

- Je sais bien, mais c'est juste que… J'ai vraiment envie de me lancer. De quitter l'école. De faire mes premières piges et gagner une misère mais n'en n'avoir rien à foutre parce que je publierais dans un journal. J'ai envie de voyager, d'avancer. De prouver à mon père que…

Théodore se tut.

- Tu sais Théo, ici c'est chez toi autant que chez moi et si tu dois étudier pendant encore un an, tu seras le bienvenue ici. T'es plutôt pas trop nul comme coloc' et puis je sais que j'aurais un mal fou à trouver quelqu'un pour te remplacer. Mais si tu veux vraiment partir, tu as juste à t'en donner les moyens et à botter le cul de ton Blaise-je-suis-un-gros-con-Zabini ! Et je sais que si quelqu'un peut le faire, c'est toi ! Et nous allons nous arrêter là parce que sinon ça va virer au mélodramatique et personne ne veut de ça pas vrai ?

- T'as raison ouais. Je risquerais d'en profiter pour te tripoter en plus ! Répondit Théodore qui semblait enfin retrouver le sourire.

- Petit con. Qui te fait croire que je te laisserais faire ?

- Tu fantasmes sur moi depuis le premier jour.

Neville ricana.

- C'est ça ! Bon maintenant si tu veux bien m'excuser, je vais aller me coucher pour pouvoir rêver de toi tranquillement.

- Ouais bah fais pas trop de bruit en te branlant !

- Va te faire foutre ! S'exclama Neville en se dirigeant vers sa chambre.

- Hé Neville… Merci, déclara doucement Théodore.

- C'est normal, ça sert à ça les amis.

Neville lui sourit avant de partir se coucher.

Une fois seul, Théo se perdit un long moment dans ses pensées puis, il lança un dernier regard aux photos de Blaise Zabini et se coucha, lui aussi.


Lorsqu'il se réveilla le lendemain, Théodore avait un mal de tête insupportable. Après avoir mis un cachet effervescent d'aspirine dans un grand verre d'eau il attrapa son téléphone portable et écouta ses messages.

« Théo c'est moi, quand j'suis parti tu dormais et j'ai pas voulu te réveiller même si à cause de toi je vais travailler dans un drôle d'état. J'espère que tu as la gueule de bois de tes rêves. Je resterais tard à la serre ce soir. Bonne journée. »

.

« Théodore ? C'est Hermione. Qu'est-ce que tu fiches il est déjà 13 heures, j'espère que tu ne dors pas encore ! Bon, j'ai parlé avec Ron et devine quoi ? Sa sœur, celle qui travaille dans le maquillage, et bah elle travaille pour Zabini ! C'est fou ça, non ? Appelle-moi dans la journée. Je t'embrasse ! »

.

Agacé, Théodore but son verre d'aspirine d'une traite, éteignit son téléphone et décida que passer la journée à dormir pouvait sans aucun doute être une très très bonne idée.

Il se recoucha.


- Excusez-moi Monsieur, déclara Théo en entrant dans la salle. Problème de métro.

- Ce n'est rien Monsieur Nott, asseyez-vous je vous prie, répondit le professeur Lupin en souriant. Le cours vient juste de commencer.

Théo hocha la tête et se dirigea vers le fond de la salle. Il tenta d'ignorer Hermione, il n'avait répondu à aucun de ses messages de tout le week-end. Aussi étrange que cela puisse paraitre, il ne voulait pas de son aide.

- Bien, alors où en étions-nous ? Reprit Lupin. Ah oui ! Donc, j'ai communiqué vos coordonnées aux différentes personnes avec qui vous allez travailler. On devrait vous contacter d'ici peu, si ce n'est déjà fait. Vous êtes en total autonomie, c'est à vous de gérer votre temps de travail. Je vous rappelle, cependant que vous devrez travailler dans le respect le plus total des professionnels avec qui vous serez en contact et ne pas gêner leur propre travail, évidemment.

Certains, au premier rang, prenaient des notes. Lui préférait réfléchir. Il avait rendez-vous le lendemain. A neuf heures trente. Précise. La dame qu'il avait eu au téléphone lui avait paru gentille, quoi qu'un peu désolé pour lui. Il n'avait pas encore parlé directement à Blaise Zabini et il en était plutôt content.

- Gérer bien votre temps aussi, continuait le professeur Lupin. Vous avez un mois. C'est à la fois très long et terriblement court. Je vous rappelle que vous n'avez que très peu de contrainte. Cet article doit vraiment représenter votre façon de voir le journalisme. Il doit représenter les trois ans que vous avez passés ici et toutes les choses que vous y avez appris. Et n'oubliez pas, vous allez être confronté à un vrai public, pas seulement à l'avis de vos professeurs.

Un vrai public. Théodore aurait pu avoir une érection rien qu'à se l'entendre dire. Des personnes lambda allaient peut-être lire son article.

Une double page.

Et l'apprécier.

Trouver qu'il avait du talent.

Admirer son travail.

Le bonheur.

Il avait vendu un ou deux papiers pour des journaux locaux. Il avait couvert des évènements stupides comme « Le pique-nique annuel des retraités ». Offrons leur un dernier repas gratuit à ces gens quasi-morts. Neville et lui avaient découpés l'article et il était accroché sur le mur de leur appartement. Un trophée.

Néanmoins, peu des jeunes gens présents dans ce cours ne savaient vraiment à quoi s'attendre. Et tout le challenge était là. Une des filles qui partageaient son cours, dont il avait oublié le visage et nom, publiait une page horoscope dans un mensuel. Théodore trouvait qu'elle avait le profil même du journaliste raté, mais il ne disait rien et faisait semblant d'être impressionné quand elle en parlait.

- Evidemment si vous avez le moindre problème, vous savez comment me joindre, je serais à votre disposition. Ne vous mettez pas trop la pression et surtout amusez-vous. Rappelez-vous que pour que quelqu'un trouve votre travail intéressant, il est important que vous-même trouviez ce que vous faites intéressant. Je ne sais pas si vous me suivez mais…


- Waouh tu nous as sorti le grand jeu ! S'exclama Neville en regardant Théodore se préparer à partir.

- Quoi, ça fait trop c'est ça ? C'est la chemise ? Tu crois que je dois l'enlever ?

- Non, non, non. Tu es très bien comme ça. Si je n'aimais pas autant les femmes, je…

Théo sourit à peine.

- Pas d'humeur ce matin ?

- Je suis pathétique Neville. Je stress à mort. Je sais que ce type est… Disons que je sais que ma journée risque d'être longue et insupportable et pourtant je suis une vraie boule de nerf. C'est dans ces moments que j'aimerais que tu fasses pousser de la Marijuana !

- Je peux toujours me lancer. On aurait peut-être à manger tous les soirs avec l'argent du trafic.

Théodore ricana.

- Crétin ! Lança-t-il. Bon, je vais y aller. Si jamais je survie à cette journée, nous nous verrons peut-être ce soir.

- Hé Théo ! L'alpaga Neville juste avant qu'il ne quitte l'appartement. Tu sais, tu te fais tout un cinéma, mais ça va peut-être bien se passer. Essaye d'arriver sans idée préconçues. C'est mieux.

- Ouais, j'y penserais.

- Vous allez peut-être très bien vous entendre !

- Réveille-toi Neville !

Et le jeune homme quitta l'appartement en claquant la porte.

Il descendit rapidement les marches et se dirigea vers la bouche de métro la plus proche.

Dans sa poche il y avait un petit papier avec l'adresse indiquée. Théodore l'avait mis là juste après l'appel qu'il avait reçu. Il n'avait pas voulu le perdre ou l'oublier. Il regarda sa montre, il avait le temps. Il voulait faire bonne impression. Certainement des restes de son éducation stricte et de son côté « Premier de la classe ».

.

En sortant du métro un peu plus loin, Théodore jeta un coup d'œil à son reflet dans la vitrine d'un magasin.

Il n'était pas trop mal.

Quand il était plus petit et que sa mère choisissait encore ses habits elle lui disait toujours : « Peu importe la situation Théodore, rappelle-toi toujours que lorsqu'il porte une chemine, un homme ne peut que réussir ce qu'il entreprend, tu comprends ? ». A l'époque, le petit garçon qu'il était hochait la tête en souriant, tout en se disant que de toute façon elle serait toujours là pour le lui répéter.

Est-ce qu'à cette époque elle savait déjà pour le cancer ?

Aucune idée.

Parfois sa mère lui manquait terriblement. Et d'autres fois il se disait qu'elle était mieux là où elle était après tout.

Il chassa ses souvenirs en fermant les yeux très forts et reprit son chemin.

Une fois arrivé devant l'adresse indiquée, il prit une grande inspiration et frappa.

Il aurait dû fumer avant, se dit-il en sentant ses mains devenir moites.

- Oui ? Demanda une dame grassouillette en lui ouvrant la porte.

- Bonjour Madame. Je suis Théodore Nott. C'est moi l'étudiant en journalisme. Je ne sais pas si c'est vous que j'ai eu au téléphone… Je sais que je suis un peu en avance mais…

- Trop d'information d'un coup. Attendez-moi là, je vais chercher Luna.

- Merci.

Machinalement, il lissa sa chemise du plat de la main.

- Bonjour Théodore Nott, lança une voix qui lui sembla chantante.

- Bonjour Mademoiselle.

- Luna Lovegood. Mais appelle-moi juste Luna. Je suis l'assistante de Blaise. Mon travail consiste à regarder ses dessins et à lui dire que je trouve ça génial. Je n'ai pas à me plaindre. Oh mais je t'en prie, entre.

- Merci, euh… Luna.

- Allez, suis-moi.

Pour un début, Théodore trouva que les choses auraient pu être bien pires. Ils passèrent devant deux gros gorilles qui contrôlèrent son identité et fouillèrent son sac avant de lui donner un badge sur lequel était marqué « Invité ».

- Désolé pour le côté formel hein, lui dit doucement Luna, mais on ne sait jamais sur quel taré on peut tomber. Qui nous dit que tu n'as pas agressé le vrai Théodore Nott pour te faire passer pour lui et poser une bombe dans le studio ?

- Euh… Je n'ai pas fait ça…

- Je sais bien, tu es trop mignon pour ça. Mais eux deux, rien ne les attendri.

Une autre femme s'avança vers eux. Elle était immensément grande et avait de longs cheveux noirs.

- Bonjour, je suis Iris, lui dit-elle en lui tendant la main. Nous nous sommes parlé au téléphone.

- Oh, bonjour ! Répondit Théodore avec empressement en lui serrant la main.

- Vous êtes… Tellement jeune.

Théodore la regarda avec de grands yeux. Tellement jeune ? Comme « vous êtes trop jeune pour souffrir autant » ? « Vous êtes si jeune qu'il ne fera qu'une bouchée de vous » ? « Fuyez tant qu'il est encore temps » ?

- C'est le principe des étudiants, en général, répondit-il assez froidement, comme pour lui montrer qu'il n'avait pas peur.

- Je l'aime bien, décréta Luna en lui passant la main dans les cheveux pour le décoiffer. Comme un enfant. Est-ce que tu sais si Blaise est occupé ?

- Blaise est toujours occupé, répondit Iris. Il est là-bas avec une jeune fille qui a décidé de se teindre les cheveux sans lui en parler alors qu'elle doit poser avec une de ses créations dans trois jours. Je crois qu'il est énervé.

- Je… Je peux attendre, bégaya Théodore qui se sentit immédiatement stupide.

- Mais non, viens, il ne mord pas !

Théodore était dubitatif.

Elle lui attrapa le bras et le tira plus loin.

Plus ils approchaient, plus il entendait des cris.

Plus il entendait des cris, plus il avait peur.

- C'est lui, là-bas ! Lui dit Luna en lui montrant le responsable de tous ces cris, un peu plus loin.

Théodore déglutit. Zabini était là. Grand. Imposant. Plein de prestance. Une cigarette à la main et les traits tirés. Devant lui une jeune fille avec les cheveux noirs sanglottait.

Il entendit, en vrac les mots : Blond, désastre, moche, catastrophe, confiance, noir, gâchis et quelque chose à propos d'un agent qu'on emmerdait.

Soudain Zabini s'arrêta et regarda dans sa direction. Il le détailla de la tête au pied et Théodore trouva son regard gênant. Insistant. Perçant. Blaise demanda au mannequin de disparaitre d'un signe de main et s'avança vers Théo et Luna.

- Alors c'est vous Théophile quelque chose ? Demanda Blaise Zabini en le regardant de haut en bas une nouvelle fois.

- Euh… Théodore, Théodore Nott. Je suis l'élève en…

- Oui c'est bien ce que je disais ! Bon et bien bougez un peu, on pourrait vous prendre pour une plante. Posez vos affaires dans un endroit où vous serez sûr qu'elles ne gêneront personne. Si vous ne trouvez pas un tel endroit, et bien gardez les sur vous, ce n'est pas mon problème. Et surtout ne trainez pas dans mes pattes. Maintenant, circulez, j'ai des choses à régler !

Théodore le regarda partir sa cigarette à la bouche désormais et criant des ordres à droite à gauche, tandis que la fille aux cheveux noirs le bousculait, le visage couvert de larmes.

Le prochain mois allait être très, très long…


A suivre…