Bonsoir !

Je suis de retour avec une nouvelle histoire que je devais publier uniquement en anglais car elle me rappelle Rouages, en un sens. Mais cette histoire ayant une toute autre intrigue, j'ai décidé de la traduire.

Je tiens aussi à dire que cette histoire devait être courte. Cinq chapitres. Puis mes idées se sont transformées en dix chapitres, et maintenant je suis plutôt parée pour quinze voire vingt chapitres. Mes idées s'étendent, je ne peux donc prédire la longueur de cette histoire. Cependant, je doute m'aventurer trop loin, je veux pouvoir aller au bout de l'histoire, et il me faut pouvoir gérer mon temps.

Un dernier mot sur l'histoire : vous trouverez divers moments d'émotions. Des tristes, des joyeux, une bonne dose de dérision. Pour cette raison, j'ai choisi les genres "hurt/comfort" et "humor". Pour ce second terme, l'humour, vous le verrez bien un peu plus tard.

Enfin, comme pour toutes mes histoires, pas de fin tragique pour Clexa ! Je pense en avoir rassuré plus d'un avec mes explications, je vous laisse lire !

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce premier chapitre, le deuxième viendra très bientôt avec l'apparition du point de vue de Lexa. ;)


Clarke

Je déteste ça. Cette lumière éblouissante qui me brûle les yeux. Je les ferme, espérant faire disparaître cette lumière, mais elle me cogne les paupières. Je la sens osciller, créer de petites ombres sous mes yeux, comme s'ils n'étaient pas déjà assez sombres.

J'ouvre les yeux au bruit du bus qui s'arrête. J'aurais aimé avoir une voiture. J'aurais aimé rester au lit plutôt que d'aller à cette soirée. J'aurais aimé ne jamais recevoir cet appel de ma mère qui m'a demandé pour la millième fois de rentrer à la maison. J'aimerais qu'elle comprenne le fait que j'en ai fini de la fac de médecine.

Et pourtant, je vis encore sur le campus. J'y travaille. Je fais la plonge pour le restaurant universitaire. C'est le restaurant le moins cher du campus. Personne ne sait pour l'instant. J'ai arrêté mes études d'art en juillet dernier, un an après avoir arrêté mes études de médecine. Je ne supportais plus l'université. Mais j'aime bien le campus.

Je suis allée à la soirée de début d'année hier soir. Une fête hors de la ville, dans les bois. Normalement, il devait y avoir un grand feu de camp, mais pas cette année. La nuit dernière était crue. De l'alcool, de la musique sans intérêt et des gens qui s'effacent dans les bois pour aller chercher un peu d'intimité entre les arbres.

Je ne les juge pas. Je suis comme eux. C'est pour ça que je ne rentre pas chez ma mère. Je ne peux pas partir. Je ne me sens pas bien à l'idée de rentrer chez moi, pourtant je ne veux pas forcément rester ici non plus, mais ça va, pour l'instant. Le campus n'est pas mauvais. J'ai un travail, et je suppose que je vais trouver une solution dans les mois à venir.

Mais je n'espère pas trouver. Je n'espère plus.

Je rejoins ma minuscule chambre dans le bâtiment des employés. J'ai quitté ma chambre étudiante que je partageais avec une amie l'été dernier. Raven était une bonne colocataire, mais je lui ai envoyé un message la semaine dernière pour la prévenir que je déménageais. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète ou qu'elle se sente coupable. Je l'ai vue la nuit dernière, à la fête, et elle ne m'a pas demandé où je vivais maintenant, car je lui avais dit que j'avais loué un appartement en ville près d'un lieu de travail pour lequel je venais de signer. J'ai menti.

Je ne veux pas qu'ils sachent que je travaille pour l'université au lieu d'y étudier. Je ne leur ai pas dit que j'ai arrêté les cours, ils le découvriront bien assez tôt. Je ne veux pas qu'ils pensent que je ne vais pas bien, car je vais bien. Je vais bien.

Je retire mes vêtements et me laisse tomber dans mon lit. Il est huit heures du matin. Demain, je serai en train de travailler à cette heure-là. Huit heures dans le fond de la grande cuisine de la fac.

Je n'ai pas mangé là-bas pendant mes deux années de médecine. C'est quand j'ai arrêté la médecine pour essayer une licence d'art que j'ai dû considérer la restauration la moins chère, car ma mère ne m'aidait plus autant qu'avant. Je le cachais à mes amis, car je ne voulais pas qu'ils me posent des questions sur ma mère. Et sur les autres choses.

Je ne veux pas qu'ils me posent des questions sur moi, ça ne les regarde pas, ils s'en sortent très bien en cours et je veux qu'ils se concentrent sur leurs études, pas sur moi.

Je pense trop. Ma tête me fait mal, j'ai besoin de dormir. Je roule sur le côté et attrape la bouteille de vodka qui gît sous mon lit. Je prends une petite gorgée, puis en avale une longue.

Je me fiche que ça me brûle la gorge, je pense uniquement à l'état de confusion que cela va m'apporter. Au poids que l'alcool va poser sur moi avant de me libérer de tout pour me laisser flotter dans l'air. Pour que je puisse enfin dormir.


C'est déjà le soir. J'ai dormi toute la journée. Je prends une courte douche dans la salle de bain aussi large que moi que comporte ma chambre, puis je vérifie mes messages. Raven sera au pub de Luna avec les autres ce soir. Luna a le meilleur pub du coin, on passait beaucoup de temps là-bas tous ensemble avant que j'arrête la médecine. C'est drôle, j'ai plus de temps pour sortir depuis que j'ai arrêté les cours, et je sors moins. Depuis que j'ai arrêté les études d'art, quittant l'université pour de bon, j'ai de plus en plus envie de passer du temps dehors. Pour cette raison, je vais aller rejoindre tout le monde chez Luna ce soir. Ce n'est que le début de soirée, et en sortant je me rappelle qu'il vaut mieux que j'évite de dépenser trop d'argent dans l'alcool.

Ma mère ne m'aide plus financièrement. Elle pense que je ne vas pas être capable de survivre seule mais je m'en suis très bien sortie jusqu'ici et je continuerai ainsi. Ce n'est pas que je ne veux pas rentrer chez moi, chez elle, mais plutôt que je ne suis pas prête à lui faire face, à elle, à tout. J'ai besoin de rester seule pour l'instant.

Je prends mon téléphone, mes clés, quitte ma chambre et fourre tout dans les poches avant de mon jean. Je suis habillée simplement : jeans, pull à capuche, converses, une tenue confortable.

J'arrive au pub vingt minutes plus tard. Raven, Bellamy et Octavia sont déjà là. Les yeux de Raven s'illuminent quand elle me voit, elle a enfin une raison de fuir la dispute des frère et soeur. Je n'ai aucune idée du sujet de la dispute, mais c'est probablement futile.

- Clarke ! hurle-t-elle en s'approchant de moi.

On s'assoit au bar et nous commandons des bières.

- Alors, comment ça va ? me demande-t-elle.

- On s'est vues la nuit dernière, Rav, répondé-je. Elle est l'une des quelques personnes au courant du plus petit morceau d'information sur ce qui s'est passé il y a trois ans, et je sais qu'elle se doute que j'ai quitté la fac de médecine à cause de ça.

Elle sera encore plus inquiète quand elle remarquera que j'ai complètement arrêté mes études.

- Ouais, je sais, j'essaie juste de faire la conversation, répond-elle en levant son verre pour prendre une gorgée de sa bière.

On boit en silence. La nouvelle année d'études vient tout juste de commencer et je sais que Raven pense au fait que j'aurais dû être en dernière année de médecine avant de commencer mon internat. Je sens ses commentaires à chaque fois qu'elle me regarde, à chaque fois qu'elle lâche le moindre petit mot commun, mais je fais mine de rien.

- Alors, deuxième année d'art, hein ? demande-t-elle comme si sa question avait un réel sens.

La voilà, la question lourde de sens. Je peux presque l'entendre dire 'sauf si tu as abandonné ces études-là aussi' mais je ne dirai rien. Je ne suis pas venue ici pour être jugée.

- C'est bien, l'art, commentai-je. Ce n'est pas un mensonge. J'aime bien l'art, mais je n'aime plus l'école. Je continuerais de dessiner si j'avais des idées, mais je n'en ai pas, alors je travaille, dors, me perds sur internet, et marche dans le campus.

J'espère en quelque sorte que quelqu'un va me payer un verre ce soir, car je ne veux pas payer pour boire seule, et je ne peux pas non plus payer des tournées aux autres. J'essaie d'être responsable. Je sais que je ne le suis pas. Mais j'essaie.

Le pub se remplit, je ne fais pas attention sauf lorsque des gens viennent me saluer. Bellamy a arrêté de se disputer avec sa soeur dix-sept minutes plus tôt. Je m'ennuie, alors je parle un peu avec lui.

- Je vais avoir un projet de psychologie à réaliser, me dit-il, et j'aurais bien besoin de ton aide. Ils veulent qu'on étudie la sexualité ce semestre.

Je soupire. Bellamy veut être conseiller d'éducation, au collège ou au lycée, il n'en est pas encore certain. Chaque année, il a travaillé sur différents sujets, et je me doutais que celui-ci viendrait. La sexualité. Evidemment, il est venu me voir.

- Je ne suis pas ta seule amie bisexuelle, va te trouver un autre sujet, rétorqué-je sèchement.

J'ai été plus dure que je voulais l'être, mais je n'aime pas ce sujet lorsqu'il est abordé par Bellamy depuis que ce dernier m'en a voulu pour avoir refusé de sortir avec lui en dernière année de lycée. Il s'est déjà excusé plusieurs fois depuis, mais je préfère tout de même garder ce sujet loin de nos conversations.

- Excuse-moi d'avoir demandé ton aide, me répond-il en quittant le bar. Il semble en colère, déçu, mais il sait pourquoi j'ai réagi ainsi. De plus, je ne veux pas être un sujet pour quiconque.

Je commande un autre verre, plus fort. J'ai pris quarante minutes pour finir ma bière car je sais que je veux toujours un autre verre, et je ne veux pas jeter l'argent aussi facilement. Je peux être responsable.

D'accord, peut-être que j'en commande encore quelques un après le deuxième. Et peut-être que j'en commande toujours de plus forts à chaque fois, si c'est encore possible. Je pense toujours qu'ils sont de plus en plus forts car je suis toujours de plus en plus ivre. Je refuse de jouer à des jeux avec Raven et Monty, puis repousse Octavia du bras quand elle vient me demander pourquoi je bois seule au bar pendant que tout le monde s'amuse.

Je veux juste rester assise ici et boire pour l'instant. Quoi que, en fait j'ai besoin d'uriner, alors je me lève calmement car je sais que j'ai un peu trop bu. Combien de verres ? Cinq, peut-être six. Pour certains, c'est peu, mais mon corps me dit tout le contraire. J'ai trop bu la nuit dernière, bière gratuite, et la moindre gorgée d'alcool aujourd'hui m'aurait assomée de toute façon. C'est pourquoi j'ai continué de boire. Oui, c'est une bonne raison.

Je me cogne dans la porte en entrant dans la salle d'eau et j'ignore le rire d'une rousse dont j'ai oublié le nom. Je me sens plus légère après avoir utilisé les toilettes et je me lave tranquillement les mains. Je ne fais pas attention aux filles qui entrent et sortent, jusqu'à ce que je réalise qu'il y en a une à côté de moi qui m'observe pendant qu'elle se lave les mains.

Je lui lance un regard confus et elle parle.

- Si tu veux continuer de te laver les mains pendant encore un quart d'heure, ce serait bien d'ouvrir le robinet.

D'accord. Mes mains sont pleines de savon. Le robinet se moque de moi, ou alors j'ai bu assez d'alcool pour ce soir. Je soupire et vise l'ouverture du robinet, mais la fille le fait pour moi. Elle prend même mes mains pour les rincer. Quand elle a fini, elle attrape du papier et les sèche. Elle jette le papier humide et quitte la salle, me laissant là stupéfaite.

Je jure qu'elle avait un petit sourire en coin. Je la connais. Je sais que je la connais, je suis juste un peu fatiguée. Je devrais rentrer. Je sors de la salle d'eau et me dirige vers la sortie du pub, mais la propriétaire, Luna, m'appelle.

Me voilà de nouveau assise au bar.

- Quoi de neuf ? me demande Luna. Voilà pour toi, ajoute-t-elle. Elle me tend un verre et je suis prête à refuser. J'ai dépensé assez d'argent dans l'alcool ce soir, et j'ai trop bu, mais elle ajoute encore : De la part de Lexa. Je suppose que tu es sa nouvelle cible.

'Quoi ?' est la seule pensée qui me traverse l'esprit. Puis je réalise que c'était elle dans les toilettes. Je n'avais pas fait attention, mais maintenant je peux voir les yeux verts me fixer à travers le miroir. Lexa Woods. Elle est populaire pour plusieurs raisons. Je regarde autour de moi et la vois, assise à une table, discutant avec des gars. Elle n'essaie pas de me regarder. Je suis sûre qu'elle sait que je suis en train de l'observer et pense que je vais aller la rejoindre avec le verre qu'elle m'a offert.

Mais ce n'est pas le cas. Au lieu d'aller la rejoindre, je dis à Luna de rendre à Lexa son verre et je quitte le pub. J'ai remarqué la surprise sur le visage de Luna, mais il me semble l'avoir vue hausser les épaules quand je lui ai tourné le dos pour partir. En passant la porte de sortie, je jure avoir de nouveau senti le regard de Lexa sur moi.

J'ai peut-être souhaité que quelqu'un m'offre un verre ce soir, mais pas elle. Pas Lexa. J'en ai assez entendu sur elle pour savoir qu'il vaut mieux ne pas accepter de verre de sa part.


La semaine est passée vite et c'est déjà dimanche soir. J'ai ignoré les messages et appels toute la semaine et suis restée dans ma chambre tout le week-end. J'espère qu'aucun de mes amis ne sera au pub ce soir, car ils ont dû remarquer que je n'ai pas été en cours de la semaine et je pense qu'ils ont compris.

Ils savent que j'ai arrêté les études.

J'ai travaillé à la cafétéria tous les jours de six heures à quinze heures. C'est beaucoup de nettoyage, pendant neuf heures avec seulement une pause de vingt minutes, mais ça ne me dérange pas. J'ai pris le job le plus simple à obtenir. Cela m'occupe, me donne de l'argent, je ne m'en plains pas.

Cela dit, le week-end fait du bien après cinq jours de travail. J'ai besoin de sortir un peu, respirer de l'air frais, m'asseoir au bar et siroter une bière. Je déteste la bière, je trouve ça répugnant, mais c'est l'alcool le moins cher alors je commence toujours par là.

Je suis surprise de voir une trentaine d'étudiants à l'intérieur du pub. Pour un dimanche soir, il y a du monde. Je m'assieds au bar et Luna me remarque aussitôt.

- Hey, Raven te cherche, elle m'a dit que tu n'as pas répondu à ses messages.

Elle ne prend pas la peine de me demander comment je vais, elle sait que je ne réponds jamais vraiment à ces questions-là.

- Je suis occupée en ce moment, je réponds en me confortant dans l'idée que ce n'est pas faux.

Je ne mens jamais vraiment. Elle me jauge du regard, recherche des indices, mais elle ne trouve rien. Elle regarde ailleurs et me donne une bière pour laquelle je paye de suite. Luna va devoir dire à sa copine que je vais bien, car elle n'a pu obtenir aucune information. Raven va probablement lui répondre 'Il faut vraiment tout faire soi-même !' et Luna soupirera, comme toujours. Peut-être même que la propriétaire du pub m'en voudra pour ne pas lui avoir donné les réponses dont elle avait besoin pour contenter Raven, mais je m'en fiche. Elles ont toutes les deux la tête dure, trop bornées pour que je me préoccupe de leur fierté.

Je sirotais un mojito lorsque mon ancienne colocataire entre en trombe dans le pub.

- CLARKE GRIFFIN ! hurle-t-elle en bondissant sur le siège à côté du mien. Je peux sentir les regards des autres clients sur nous. Raven et la discrétion sont incompatibles. Je lâche la paille de ma boisson tandis qu'elle ajoute : Où est-ce que t'es passée ces derniers jours ?

- Ici et là, je réponds simplement, et l'idée soudaine de prétendre un état d'ivresse me traverse l'esprit.

- Tu as lâché les cours encore une fois, n'est-ce pas ?

Je laisse quelques secondes s'écouler et murmure :

- J'aime la couleur des murs.

Elle me fixe longuement puis jette un regard au mur en face de nous. J'essaie de vider mon regard au maximum et ça fonctionne. Elle soupire et s'en va parler à sa petite-amie, sachant qu'elle n'aurait aucune réponse claire de ma part ce soir.

Je sais que je ferais mieux de ne pas la croiser demain, car Raven ne s'arrête jamais avant d'avoir ce qu'elle veut. Bornée, elle est, je disais.

Je sirote ma boisson paisiblement jusqu'à ce que quelqu'un se pose sur le même siège que Raven avait utilisé plus tôt. Au début, je pensais que c'était elle, mais ce n'est pas elle.

- Salut, Clarke.

Je reconnais la voix.

- Tu t'amuses ? la voix ajoute, et je crache :

- Lexa.

Je prends une longue gorgée de ma boisson, lui montrant que je me fiche complètement de sa présence.

Je l'entends commander deux verres et je sais qu'elle va continuer de me parler.

- Je peux savoir pourquoi tu as refusé le verre que je t'ai offert la semaine dernière ? me demande-t-elle.

Tellement prévisible.

Je sirote ma boisson pendant une bonne trentaine de secondes, convaincue qu'elle va s'ennuyer, mais elle continue de m'observer.

- Ce n'est pas parce que tu me payes un verre que je suis obligée de l'accepter, rétorqué-je.

Elle ne réagit pas tout de suite. Elle attrape son nouveau verre, l'avale en cinq secondes et en demande un autre. Elle n'est pas croyable. Je la regarde à peine. Je ne veux pas lui donner l'attention qu'elle recherche.

- Vas-tu accepter celui-ci ? me demande-elle, et je suis déjà fatiguée par ses questions.

Elle fait glisser le verre qui m'attend depuis au moins deux minutes maintenant, et même si j'ai envie de le boire, je ne veux pas d'un verre venant de Lexa. C'est une fille à problèmes, et j'essaie de rester en dehors de ceux-ci.

- Non merci.

Lexa ne perd pas sa contenance. Elle continue de me fixer et ça commence à m'agacer. Je n'aime pas être dérangée, surtout quand je suis agacée par quelqu'un d'aussi insistant que Lexa.

- Tu passes des heures seule dans des bars, mais tu ne veux pas que quelqu'un t'offre un verre ? Tu es plus intéressante que je ne le pensais, dit-elle, laissant mes oreilles souhaiter être sourdes.

Je termine mon verre, dépose de la monnaie sur le comptoir et me lève. Je ne veux pas rester ici si quelqu'un va continuer à me questionner.

- Tu pars déjà ? me demande Lexa.

Tout ce qu'elle sait faire est de poser des questions. Elle n'est pas très originale.

- Oui, quelqu'un m'ennuie, craché-je en la transperçant de mon regard bleu actuellement parfaitement noir.

C'est comme ça que je me rends compte que la ligne de ses mâchoires est plus fine que je ne le pensais, et ses yeux ne sont pas si verts que ça, ils sont plus verts avec des nuances de gris, et son regard me transperce sans effort. Cela me rend folle, mais je comprends aussi pourquoi tant de personnes ont déjà été envoûtées par cette fille.

Je tourne les talons et pars. Je suis déçue, en quelque sorte, parce que je sais que si Lexa n'avait pas été aussi agaçante, peut-être lui aurais-je donné une chance. Et pourtant, Lexa n'est pas reconnue pour être adorable. Par contre, elle est physiquement totalement mon type, même plus que mon type, elle est resplendissante, et je comprends comment elle a pu avoir autant de filles sur le campus. Ça me frustre pour le restant de la nuit.


Je déteste le mercredi. La nuit de dimanche dernier n'a peut-être pas été géniale, mais au moins je suis rentrée ivre à ma chambre. Aujourd'hui, je nettoie. Et c'est mercredi, alors je nettoie trois cents couverts de plus que les autres jours. Je ne sais pas pourquoi autant d'étudiants viennent manger ici le mercredi, ils le font, et ça me fait regretter d'avoir accepté ce travail, mais je sais que je vais gagner de l'argent, et je me sens mieux.

Il est quatorze heures lorsque je termine à la plonge, et il est temps pour moi d'aller nettoyer les tables. La plupart des étudiants devraient être retournés en cours maintenant, ou sont repartis vaquer à leurs occupations. La salle est immense, nous sommes cinq employés avec des vieux torchons en main pour le moment. On a une heure pour tout remettre en ordre avant la fin du service d'aujourd'hui.

Je commence à essuyer, j'en profite pour me vider la tête en même temps. Au bout d'un moment, je me sens observée, et sans regarder je sais qui me regarde, car j'ai toujours eu le même sentiment à chaque fois que ce même regard se pose sur moi. Au début, je ne veux pas lever les yeux. Je ne veux pas avoir raison. Je ne veux pas la voir. Elle ne peut pas avoir découvert que je travaille ici, et si elle a réussi, j'appelle ça du harcèlement.

Je continue de nettoyer les tables jusqu'à ce que j'atteigne le rang avec le tout dernier étudiant assis à la dernière table. Tout le monde est parti, mais elle est restée. Je sais que c'est elle, je sais qu'elle va m'agacer. Je lève enfin le regard quand j'arrive à sa table. J'aurais aimé qu'un collègue prenne ce coin de la salle mais c'est moi qui m'en occupe et je me sens piégée.

Je croise son regard, elle sourit, téléphone en main tourné vers moi. Je lance un regard à l'appareil, vois une photo de moi. Elle explique alors que je réalise le piège.

- Quatre-vingt pour cent des étudiants de ce campus me suivent sur Twitter. Je me demande ce qu'ils penseraient de Clarke Griffin abandonnant ses études pour travailler ici en tant que femme de ménage.

C'est une grosse blague. Qu'est-ce que je lui ai fait pour qu'elle me harcèle ? J'ai refusé ses verres, ce qui est mon droit, et ç'a dû froisser son ego.

- Pourquoi fais-tu ça ? demandé-je froidement.

Je n'ai jamais été proche d'elle. Nos chemins ont dû se croiser à des soirées ou sur le campus auparavant, mais nous n'avons jamais discuté.

- Tu ne t'es pas montrée sympa envers moi, je retourne la faveur, me répond-elle, son sourire arrogant provoquant la fermeture de mon poing sur le torchon savonneux.

- Tu penses que refuser un verre est méchant ?

J'essaie de garder ma voix stable même si je ressens la forte envie d'essuyer l'arrogance de ce visage avec mon torchon sale.

- J'étais sympa envers toi, la moindre des choses aurait été de me donner cinq minutes de ton temps.

Je ne veux pas laisser la colère gagner, ça la satisferait, alors je réponds :

- Je t'ai assez donné de temps comme ça.

J'essaie de m'éloigner, j'ai du travail à terminer, mais j'entends sa voix insolente résonner à nouveau.

- Je suppose que ça ne te dérange pas si je poste cette magnifique photo de toi alors ?

Soit je vais boire un verre avec elle se moquant de moi tout le long du chemin, ou elle poste la photo et tout le monde apprend ce que je fais depuis le début de l'année scolaire. Dans les deux cas, ma fierté se fait abattre.

Je ne veux pas que tout le monde sache mais je ne peux pas laisser Lexa m'avoir. Je n'ai jamais rien voulu d'elle, et son comportement me dégoûte.

- Peu importe.

Je m'éloigne à peine ma réponse dictée. Je retourne dans le fond de la cuisine, loin de la vue de lexa. J'en ai beaucoup trop entendu sur Lexa pour considérer passer du temps avec elle. Au fond, je sais ce qu'elle veut. Je sais aussi que ça ne m'aurait pas dérangée si elle avait été plus sympa, différente.

Je ne sais pas pourquoi elle agit ainsi, mais ça me fait penser : peut-être a-t-elle autant de problèmes que moi, si ce n'est plus.