A la première seconde où je t'ai vu, je t'ai désiré. Tu n'étais pas le premier. Dieu seul sait combien d'hommes ont croisé ma route !... Des forts comme des faibles. Des émotifs comme des machos. Mais aucun d'eux n'avait ton allure. Aucun d'eux n'avait ton charisme. Tu étais ma perle rare en ce bas monde.

La première fois que je t'ai vu, brillant de mille feux sous le soleil, le pas léger et le cœur lourd, j'ai été comme hypnotisée par cette aura qui émanait de toi. On aurait dit une apparition. On aurait dit un ange. Je t'observais de ma sombre cachette. J'espérais à chaque instant que tu viennes m'y rejoindre. Tu n'es jamais venu.

J'ai été déçue bien sûr, mais je ne me suis pas avoué vaincue. J'avais ce besoin en moi. Plus fort que tout ! Je te voulais toi et pour moi seule ! Alors j'ai attendu... attendu... encore et encore... que la nuit se lève... que sous les rayons de la lune discrète ta beauté enfin se révèle aux yeux de tous. Je te voulais ! Quoi qu'il en coûte ! J'étais prête à tout. Tu étais mon âme sœur ; j'en étais convaincue. Sinon, comment expliquer cet étrange sentiment en moi ?

Il m'aura fallu patienter bien sagement plusieurs nuits durant, errant dans les ruelles sans me préoccuper ni de la faim ni de la soif qui m'assaillaient. J'étais toute entière soumise à toi. J'étais toute entière soumise à ta volonté. Et tu ne le voyais pas... Et tu ne me voyais pas...

Le vent jouait avec mes cheveux et caressait mon visage, mais j'en n'avais que faire. Il n'était pas celui dont j'étais tombée amoureuse. Il n'était qu'un souffle alors que j'attendais un corps. Je restais là à respirer par grandes bouffées, toute frissonnante et pleine d'espoir. Qui savait si un jour mon Amour viendrait à moi ?

Et puis un jour je l'ai sentie. Cette douce effluve me caressait les narines et faisait chavirer tous mes sens. Elle faisait chavirer mon cœur... Je me laissai aller, la tête pleine de rêves d'amour et de tendresse. Les yeux fermés, guidée par ce parfum sans pareil, je m'approchai de toi. Je sentais cette chaleur m'envahir, moi, être de sang-froid. Je sentais autant que je voyais ton cœur battre, hypnotisée par le doux spectacle de cette veine qui se contractait et se dilatait à l'infini. Inconsciemment, je passai ma langue sur mes lèvres et je me sentis tout de suite coupable. Coupable d'être déjà trop gourmande... Coupable d'être trop pressée... Mais mon cœur si froid avait commencé à fondre et il me tardait de te montrer à quel point j'avais besoin de toi.

Je n'en pouvais plus. Je me languissais de toi pourtant à mes côtés. Quel supplice ! Ton corps si proche du mien... Ton souffle qui me réchauffait le cœur et semblait le faire battre à nouveau... Et cette passion qui me dévorait de l'intérieur... Je ne pus résister plus longtemps à la tentation. D'un pas à la fois timide et assuré, je me suis dévoilée à toi. Tu n'as pas paru surpris. Tu n'as pas tremblé lorsque je t'ai touché. Tu ne t'es pas soustrait à mes caresses. Toi aussi tu m'attendais... Mon âme sœur...

Plus heureuse que jamais, j'ai parcouru tes lignes parfaites d'un doigt, m'attardant parfois pour y déposer un baiser. Tu restais là, impassible, magnifique, parfait. Tu étais vraiment celui que j'attendais. Tu étais mon Amour. Il ne me restait plus qu'un pas à franchir pour que tu viennes me rejoindre toi, mon amour, mon roi, mon tout...

Avec une lenteur et une douceur infinies, je laissai reposer ma tête sur ton épaule, si près de cette veine, si près de notre salut. J'en approchai mon visage... J'en approchai mes lèvres... Et déjà je les sentais descendre sous l'impulsion de la soif et du désir... Oui, je les ai senties et pourtant je t'ai souri quand j'ai croisé ton regard. Tu as vu la fille. Tu as vu la bête. Tu n'as pas sourcillé. Tu ne t'es pas enfui. Ton visage ne reflétait aucun sentiment. Pas même de l'amour.

J'étais déçue et en même temps subjuguée par tant de flegme et de courage... tellement subjuguée que je n'ai pas même pas vu cette lame que tu tenais dans ta main. Et puis tout s'est passé très vite ; je n'ai presque rien senti. Peut-être est-ce là la folie qu'on appelle l'Amour, perdre la tête pour celui que l'on aime...

Une larme a perlé sur ma joue et encore une fois tu ne l'as pas vue... Je ne sais pas ce qui est pire... Mourir d'amour ou mourir ignorée... Mais sur le bûcher que tu as dressé pour moi, Dean, je me consume toujours d'amour pour toi. Tu es mon âme sœur... Tu es mon Amour... Je t'aime...