Disclaimer : l'univers et les personnages d'Harry Potter appartiennent à J.K. Rowlings.

Remarque : l'idée de cette histoire m'en venue en entendant Whithe Flag de Dido à la radio. Je me suis ensuite souvenue du clip réalisé pour la chanson où les deux protagonistes se croisaient sasns vraiment se voir. ( watch?v=j-fWDrZSiZs )

Dédicace spéciale pour la moitié de ma bêta. Merci pour ta relecture et tes commentaires constructifs qui ont permis d'améliorer cette histoire.

Bonne lecture à tous !


White Flag

Dix-neuf ans !

Dix-neuf ans se sont écoulés depuis la Victoire.

Dix-neuf ans depuis la fin du Psychopathe à tête de Serpent.

Dix-neuf ans depuis que le Monde Sorcier vit en paix.

Dix-neuf ans depuis que le mien a commencé à s'écrouler.

Une fois de plus, Harry Potter a été hissé sur un piédestal. Le Garçon-qui-a-survécu est devenu le Vainqueur, la figure de proue du Monde Sorcier. Comme d'habitude, on ne vit plus que lui. Son nom fit la une des journaux. Le Ministère se l'arrachait pour toutes les fêtes, commémorations et hommages divers. Ses amis se pavanaient à ses côtés, profitant sans vergogne de son aura.

Et Harry, juste Harry, fut oublié une fois de plus. Tous ne virent plus en lui que le Sauveur, que Potter. Tous, sauf toi.

J'étais amoureux et je le serai toujours.

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Quand on y pense, notre histoire a débuté d'une façon des plus étranges. Tu étais le premier enfant sorcier que je rencontrais et tu m'as fasciné. Et pourtant, nous sommes devenus ennemis plutôt qu'amis.

Tu as dissimulé ta peur derrière une carapace d'orgueil et de dédain et je n'ai pas su voir à travers. Je me suis caché de ma peur de l'inconnu en te repoussant et tu n'as pas su voir mon manque d'assurance. Notre obsession l'un pour l'autre a viré à une haine infantile, nous permettant de cacher la réalité de nos sentiments. Nous étions des enfants et ressentions tout avec la ferveur et la candeur de ceux-ci.

Les années ont passé, notre ressentiment a grandi en même temps que nous. Nous ne pouvions nous passer l'un de l'autre. Notre journée n'était pas complète si nous ne pouvions pas nous insulter. Nous ne pouvions vivre l'un sans l'autre, mais nous étions trop aveugles pour comprendre que la haine et l'amour était les deux faces d'une même pièce. Je crois que l'on peut considérer que personne d'autre que nous n'a mieux incarné cette sentence.

Les choses n'ont changé qu'en ce jour fatidique, alors que tu baignais dans une mare de sang, sur le sol des toilettes. Tes yeux de mercure me suppliaient tandis que l'horreur de mon acte me sautait au visage.

Ce soir-là, j'ai rejoint l'infirmerie, caché sous ma cape d'invisibilité. Tu étais allongé sur ton lit, les yeux grand ouverts, fixant le vide. Ton visage était marqué par l'épreuve que je venais de t'infliger mais aussi par toute la tension qui t'habitait depuis la rentrée.

Jusqu'à ce moment, je n'avais eu aucun doute sur le fait que tu avais rejoint Voldemort. En t'observant, abattu dans ces draps blancs, je me suis interrogé sur les circonstances qui t'y avaient amené. Avais-tu été consentant ? Avais-tu accepté volontairement que cette marque odieuse ne vienne souiller ta peau blanche ? Au fond de moi, je me disais que cela ne convenait pas à ton comportement habituel. Tu n'étais pas le genre de personne à te traîner au pied de quiconque, même pas un soi-disant Seigneur des Ténèbres.

J'allais partir quand je t'ai entendu prononcer mon nom. Pas « Potter » comme tu sais si bien le cracher. Non, tu as prononcé mon prénom d'une voix emplie de douceur. Je me suis figé un instant, croyant avoir rêvé avant de reprendre ma route. Mais tu l'as dit encore une fois, comme une prière. Je suis revenu vers le lit, à pas prudents, et ai laissé tomber ma cape. Tu n'as pas eu l'air surpris en me voyant apparaître. Tu semblais même plutôt soulagé. Nous nous sommes fixés un long moment avant que les larmes ne commencent à déborder sur tes joues pâles.

Je me suis avancé et t'ai pris dans mes bras, sans un mot. Tu as pleuré longtemps, sans que nous n'échangions un seul mot et tu t'es endormi. Je t'ai observé des heures durant, toi l'ange blond dépassé par les évènements. Je t'ai quitté à l'aube, ne voulant pas que Pomfresh me surprenne.

Je suis revenu la nuit suivante, toujours sous ma cape d'invisibilité. Tu étais assis, adossé à ton oreiller. Comme si tu avais senti ma présence, tu t'es décalé sur le matelas et a soulevé les draps, m'invitant à te rejoindre. Je n'ai pas hésité longtemps. J'ai déposé la cape sur la chaise à côté de ton lit, ai retiré mes chaussures et me suis allongé près de toi. Tu as posé ta tête sur mon épaule, passant un bras sur mon ventre. Sans échanger un mot, tu t'es endormi tandis que je te caressais les cheveux.

Ce fut le début de notre relation.

J'étais amoureux et je le serai toujours.

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Les évènements se sont précipités à la fin de cette année-là. Les Mangemorts ont réussi à pénétrer dans Poudlard, sans ton aide, faut-il le préciser, mais ils ont voulu te contraindre à remplir la mission que Voldemort t'avait confiée. Tu n'as pas pu. J'étais là, stupéfixé par le Directeur, caché sous ma cape, et j'ai tout vu. C'est Rogue qui a tué Dumbledore. Il a fallu un an pour que j'apprenne qu'en réalité, il n'avait fait que répondre aux dernières volontés d'un vieil homme faible et mourant. Et il t'a emmené loin de moi. Je ne t'ai plus vu, pendant des mois. Je menais ma propre quête pour mettre fin au règne du tyran, mais tu étais dans toutes mes pensées. Lorsque nous nous sommes revus, tu m'as sauvé la vie. Malgré la pression, tu as menti à ton père et à cette folle de Bellatrix. Mais moi je savais ! Je savais que tu m'avais reconnu. La lueur dans tes yeux n'aurait pu me tromper. Tout ton être transpirait le désespoir même s'il était parfaitement masqué aux yeux de tous. Sauf aux miens. J'y ai lu la supplication d'être délivré. J'y ai perçu toute la volonté qui te portait à tenir encore, espérant ma victoire.

C'est le souvenir de cet espoir qui m'a fait revenir des Limbes. Je ne voulais pas t'abandonner. Je savais que toi, tu m'attendrais. Toi, qui n'avait jamais vu personne d'autre que Harry, juste Harry. Toi, qui avait su voir au-delà des apparences et n'avait jamais porté le moindre intérêt au Survivant.

J'étais amoureux et je le serai toujours.

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Voldemort est mort le 2 mai 1998 et le cirque médiatique s'est déchaîné. Encore une fois, Harry Potter fit la Une des journaux, la proie des tabloïds. On m'a volé ma vie pour la énième fois. Le Ministère m'a propulsé sans crier gare sur le devant d'une scène que je ne demandais qu'à quitter. J'ai été exhibé à tous les évènements, étudié sous toutes les coutures. Mais tu étais là, juste à la lisière de la lumière, là où notre relation s'épanouissait, loin des pique-assiettes de toutes espèces. Tu étais mon roc, mon ancrage. Tu étais tout pour moi.

Et ce fut le début de la fin. Le 2 mai devint jour férié, jour de célébration pour tout le monde sorcier. Pour moi, il devint synonyme du début de la fin. Tu as longtemps résisté aux attaques, ne prêtant aucune foi aux élucubrations imprimées dans les feuilles de chou. Que je sourie à une jeune femme, aussitôt les gros titres annonçaient nos fiançailles. Personne ne se doutait de rien. Personne ne savait que mes goûts m'éloignaient radicalement de la gente féminine. Personne ne se doutait que tu étais le seul et unique gardien de mon cœur.

La trahison survint et tout vola en éclat. Mon plus précieux secret fut divulgué par celui que je considérai comme mon frère. Mon meilleur ami exposa ma vie contre rétribution. Il alla chercher Skeeter et lui déballa tout. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il ne savait pas que nous étions ensemble et nous a surpris dans une situation compromettante. Furieux que je ne l'aie pas mis dans la confidence, enragé d'apprendre que notre relation durait depuis plus de deux ans, mais surtout dégouté. Oh oui, le parfait petit sorcier Ronald Weasley était homophobe et l'est encore aujourd'hui. Je n'ai pas réussi à le calmer et alors que je comptais sur Hermione pour le ramener à de meilleurs sentiments, mon amie m'a asséné le coup de grâce. Elle à l'esprit si ouvert m'a rejeté avec aversion. Et elle a soutenu Ron devant les journalistes.

Une fois de plus, Harry Potter a été jeté plus bas que terre, traîné dans la boue. Une fois de plus, le monde sorcier lui a tourné le dos. Mais toi, tu es resté aux côtés de Harry. Tu as tout supporté. Les Unes insultantes, les injures dans la rue, les Beuglantes … Tout y est passé.

Puis, les choses se sont tassées. Il n'y eut plus que les tabloïds pour parler de notre couple. Et pourtant, ce sont eux qui ont fait le plus de dégâts. Il ne se passait pas une semaine sans qu'on publie des photos de nous, seul ou en couple, ou avec d'autres personnes. Aussitôt, les rumeurs s'affolaient. Quand on ne prétendait pas que je te cocufiais avec le premier venu, on racontait que tu me gardais sous ta coupe grâce à un sortilège de magie noire.

Tu as tenu un an. Un an de calomnies, de mensonges, de malveillance. Et puis un soir, je suis rentré et je ne t'ai pas trouvé. A la place, un simple mot et une dizaine de flacon emplis de liquide brumeux. Je n'ai pas compris tout de suite la signification de ta note : « Je dois oublier. ». Trois petits mots qui n'ont pris leur sens que lorsque j'ai eu le courage de sortir une pensine. Ces fioles, c'était nous. Tes souvenirs de nous. Tu les avais retirés de ta mémoire comme on arrache un pansement. Tu avais fait place nette.

Lorsque je t'ai croisé dans les couloirs du Ministère, une semaine plus tard, j'ai eu l'impression de me retrouver à Poudlard, avant que tout ne commence. Ce même air froid et dédaigneux, cette insulte au bord des lèvres, que tu retiens pour te conformer à ton éducation. Tu m'avais éliminé de ta vie. Je me suis promis de ne pas te rendre la vie plus difficile, de te laisser partir sans tenter de revenir à ce que nous avions été.

Alors, j'ai tout abandonné. J'ai quitté le monde sorcier. J'ai quitté ceux qui se disaient mes amis, ma famille. Je suis parti à l'aventure. Pour la première fois, je n'ai plus écouté personne et me suis laissé guider par mon cœur brisé.

J'étais amoureux et je le serai toujours.

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J'ai voyagé durant deux ans, visité tous les grands sites historiques qu'ils soient moldus ou sorciers. Je ne restais jamais très longtemps au même endroit, quelques jours tout au plus. Je devais à tout prix m'empêcher de réfléchir. Me poser quelque part signifiait avoir du temps devant moi. Et alors, mon esprit se tournait vers toi et revivait nos plus beaux souvenirs. Parfois, je me surprenais même à te parler, imaginant les remarques acides que tu n'aurais pas manqué de proférer. A ces moments-là, je fermais ma valise et repartais sur les chemins. J'ai visité l'Afrique Noire et ses tribus ancestrales, j'ai grimpé au sommet de l'Everest et parcouru la Muraille de Chine. J'ai exploré toutes les pyramides que j'ai pu trouver. En Egypte, j'ai même failli croiser Bill Weasley qui intervenait dans un ancien tombeau pour le compte de Gringott's.

Et puis un jour, la nostalgie m'a envahi. Ce monde où j'étais né me manquait et je me suis résolu à rentrer. Etonnant de parler de nostalgie alors que je suis quand même resté en contact avec la magie, n'est-ce-pas ? Et pourtant, c'était bien ce sentiment qui me torturait chaque jour un peu plus. En fait, je ne vivais pas vraiment, je me contentais de survivre, comme je l'avais toujours fait. Et j'ai continué, presque malgré moi.

Je suis rentré en toute discrétion, retrouvant la maison de Square Grimmaurd un peu plus délabrée que je ne l'avais laissée. Je m'interrogeais sur les conséquences de mon retour mais finalement, je n'avais pas eu à m'en inquiéter. Comme attendu, le Monde Sorcier a accueilli le Vainqueur à bras ouverts. Mon poste d'auror m'attendait. Mes amis et ma famille m'ont aussitôt accaparé. Toute cette histoire n'était plus qu'un mauvais souvenir, m'a-t-on déclaré.

La Gazette du Sorcier avait sorti tout un article sur le sujet durant mon absence, s'appuyant sur des experts qui avaient expliqué par le menu que ma dérive se justifiait par le stress important qui reposait sur mes épaules. La pression de devoir sauver le monde m'avait selon eux totalement détourné des convenances, cherchant une échappatoire dans une relation déviante avec une personne représentant tout ce que je devais détruire. Pour eux, c'était une manière comme une autre de me figurer ma future victoire sur le Mal. La preuve que leur hypothèse était correcte résidait dans le fait que je me sois enfui une fois que l'horreur de mes actes avait été révélée à la face du monde. Ajoute à cela que tu aies toi-même repris une attitude plus conforme à ce que l'on attendait de toi, et tout se voyait confirmer.

J'avais été dégouté d'apprendre les horreurs que ce torchon avait publiées et encore plus que mes amis avalisent ce tissu de mensonges. J'ai tenté de rester à l'écart, me contentant de faire mon travail d'auror. Eh oui, mon poste m'attendait bien sagement, avec les compliments du Ministre.

Un jour, je t'ai vu dans les couloirs. Tu étais toujours aussi altier, toujours aussi fier. Un moment, j'ai aperçu l'ombre de ton père. J'ai croisé ton regard, de loin, mais ton mépris était toujours là. Ce soir-là, j'ai plongé dans la pensine et dans tes souvenirs pour la dernière fois. Le lendemain, je suis passé à Gringott's et j'ai rangé les fioles dans mon coffre. Tu vivais selon la règle du « Tout est fini » et il fallait que je l'accepte. Mais je ne pouvais pas être aussi impassible que toi. Je ne voulais pas me priver de mes souvenirs, comme toi tu en avais fait le sacrifice.

J'étais amoureux et je le serai toujours.

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Cette décision a marqué un nouveau tournant dans ma vie. En te tournant virtuellement le dos, je me suis exposé. J'ai ouvert une brèche dans mes défenses et elle s'est engouffré dedans, envahissant ma vie, ma maison, mon univers. Mais mon cœur lui est cependant resté inaccessible. Je me suis laissé faire. Je lui ai laissé le contrôle, me contentant de voguer au gré du courant. J'ai repris le rôle de Harry Potter, oubliant à mon tour Harry, juste Harry.

Je te dois en quelque sorte le premier maillon de ma chaîne. Jusque-là, j'avais résisté à toutes ses manœuvres. J'avais laissé les rumeurs de fiançailles courir. Je n'avais pas répondu aux questions indiscrètes ou aux insinuations quant à une date hypothétique de mariage. Je la côtoyais comme une amie. Mais ce soir-là, j'ai perdu ma liberté. Ce soir-là, elle s'est glissée plus profondément sous ma carapace et je n'ai pas su résister. Mes défenses avaient été brisées quelques heures plus tôt quand je t'ai vu avec elle, celle qui n'allait pas tarder à devenir ta fiancée.

Trois semaines plus tard, j'ai été mis au pied du mur. Elle était enceinte et il fallait que je l'épouse au plus vite. La cérémonie a été célébrée le plus discrètement possible, au Terrier. Elle a pris les choses en main. Godric's Hollow a été restauré de fond en combles et nous avons emménagé deux mois après le mariage. Elle avait atteint son objectif. Elle avait la notoriété de mon nom, la gloire de mes actes et la fortune des Black et des Potter.

La nouvelle de sa grossesse et de notre union a alors fait les gros titres. Le Vainqueur avait préféré une romance secrète pour protéger l'intimité de son jeune couple à ses débuts. J'ai failli vomir quand j'ai lu les journaux. James Sirius Potter naquit en 2003, parce que je t'avais vu au loin, avec ta presque fiancée.

Albus Severus vint au monde neuf mois jour pour jour après l'annonce de ton mariage dans la Gazette. J'ai pleuré lorsque je l'ai vu pour la première fois. Il me ressemblait tellement. Mais ce qui avait brisé le barrage, ce fut notre rencontre devant les vitres de la maternité. J'ignorais alors que ta femme étais enceinte et que ton fils était né ce jour-là lui aussi. En voyant ton reflet dans la vitre, je me suis figé un instant. Tu m'as salué, crachant mon nom avec mépris, comme à ton habitude, puis tu t'es détourné vers le paquet de linge qu'une sage-femme venait de déposer dans un berceau face à toi. Il était ta copie conforme, stoïque au milieu de tous ses nourrissons qui s'époumonaient. Un instant plus tard, Albus fut installé à côté de lui, tout aussi calme. Et mes larmes se sont mises à couler.

Ne te méprends pas cependant, mes enfants sont mes plus précieux trésors. Mais il y en a un qui reste profondément enfoui au fond de mon cœur, le souvenir de mon amour perdu.

J'étais amoureux et je le serai toujours.

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Aujourd'hui, dix-neuf ans plus tard, je suis debout près du Poudlard Express et je regarde mes fils monter dans le train, en direction de Poudlard. James est déjà indépendant et sûr de lui. Parfois, je me dis que mon père devait sûrement être comme lui. Frondeur, fonceur et dans une certaine mesure arrogant. Beaucoup disent qu'il est mon portrait craché. Mais ils ont tort. C'est un Maraudeur, avec tout ce que cela implique. Si l'un de mes fils doit être mon clone, alors il s'agit d'Albus.

Il arbore les yeux verts de ma mère et la tignasse indomptable des Potter. Il est mon jumeau, tant physiquement que mentalement. Sa mère ne l'apprécie pas plus que ça. Il lui semble toujours trop calme, trop effacé. Et pourtant, il est exactement comme moi. Comme le Harry qui découvrit le monde sorcier à l'âge de onze ans, émerveillé par tout ce qui l'entourait. Comme le Harry qui manquait tant d'assurance qu'il laissa les autres contrôler sa vie, sa destinée. Parfois, j'ai peur pour lui. Peur qu'il ne commette les mêmes erreurs que moi.

Du coin de l'œil, je t'aperçois. Grand, beau, blond. Tu n'as pas changé, juste un peu plus mature, et cela te va bien. Pour ma part, je n'ai pas à me plaindre, quelques fils gris sur les tempes. J'ai été gâté par la nature, pour une fois. Ron, par contre, devrait vraiment envisagé de faire un peu de sport, il s'empâte méchamment. Je ricane en pensant cela. Nos relations n'ont plus jamais été les mêmes depuis ma fuite. Mais je suis devenu un bien meilleur comédien. Depuis quinze ans, je joue le rôle du mari comblé, du beau-frère jovial, du gendre parfait. Et personne ne voit rien. Il n'y a qu'avec mes enfants que je suis vraiment moi. Mon téméraire petit James, plus si petit cependant. Mon timide Albus qui part affronter le monde aujourd'hui. Ma jolie Lily si impatiente de grandir.

Une claque sur l'épaule me fait revenir au présent. Ron m'attend pour monter les malles des enfants. Je m'exécute et te vois parler à ton fils. A tes côtés se tient ta femme. Grande, élégante. En me tournant vers la mienne, je retiens difficilement une grimace. Comme disent les moldus, « y a pas photos ! ». Mais je m'égare.

Je me tourne vers le train, tentant d'apercevoir mes fils une dernière fois avant le départ. Un éclair blond attire mon attention. Ton fils a rencontré le mien. Ils se tiennent face à face et il lui tend la main. Timide, Albus ne réagit pas tout de suite. En mon fort intérieur, je hurle « Vas-y, serre-lui la main ! ». Et avec un grand sourire, Albus Severus saisit la main de Scorpius. Une nouvelle amitié est née, je n'en doute pas.

Aussitôt, une vague de regret me submerge. Comme souvent, j'aimerais remonter le temps et changer ce jour-là dans le train. Ce jour où j'aurais dû accepter ta main tendue.

En tournant la tête pour suivre le convoi qui s'ébranle, je capte ton regard.

Mais je le laisserai passer.

Et je tiendrai ma langue.

Et tu penseras que je suis passé à autre chose.

Je vais sombrer avec ce bateau.

Et je ne vais pas lever les mains et me rendre.

Il n'y aura pas de drapeau blanc au-dessus de ma porte.

J'étais amoureux et je le serai toujours.

O°O°O°O°O°O°O°O°O°O

Au bout du quai, je regarde le Poudlard Express disparaître au loin. Je passe une main lasse dans mes cheveux, caressant la cicatrice sur mon front. Tout est en paix depuis dix-neuf. Mon monde s'est écroulé, il y a dix-neuf ans.

« Harry ? » demande une voix douce, pleine de prière.

Avec un immense espoir me remplissant le cœur, je me retourne et plonge dans tes yeux gris et je les vois, je nous vois. J'ignore comment, j'ignore pourquoi, mais tes souvenirs sont là. Tu nous as retrouvés.

Je suis amoureux et je le serai toujours.

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White Flag

I know you think that I shouldn't still love you, (Je sais que tu penses que je ne devrais plus t'aimer)

Or tell you that. (ou te le dire)

But if I didn't say it, well I'd still have felt it (Mais si je ne le disais pas, eh bien je le sentirai toujours)

where's the sense in that?(Quel est le sens de tout ça ?)

I promise I'm not trying to make your life harder

(Je promets que je ne tente pas de te rendre la vie plus difficile)

Or return to where we were

(ni de revenir là oû nous étions

I will go down with this ship

(Je vais sombrer avec ce bateau)

And I won't put my hands up and surrender

(et je ne vais pas lever les mains en l'air et me rendre)

There will be no white flag above my door

(Il n'y aura pas de drapeau blanc au-dessus de ma porte)

I'm in love and always will be

(Je suis amoureuse et je le serai toujours)

I know I left too much mess and

(Je sais que j'ai laissé trop de désordre)

destruction to come back again

(et trop détruit pour revenir à nouveau)

And I caused nothing but trouble

(Et je n'ai rien fait d'autre que du mal)

I understand if you can't talk to me again

(Je comprends si tu ne pouvais plus jamais me reparler)

And if you live by the rules of "it's over"

(et si tu vis selon les règles du "C'est fini")

then I'm sure that that makes sense

(alors je suis sûre que cela a du sens)

I will go down with this ship

(Je vais sombrer avec ce bateau)

And I won't put my hands up and surrender

(et je ne vais pas lever les mains en l'air et me rendre)

There will be no white flag above my door

(Il n'y aura pas de drapeau blanc au-dessus de ma porte)

I'm in love and always will be

(Je suis amoureuse et je le serai toujours)

And when we meet

(Quand nous nous croiserons)

Which I'm sure we will

(Et je suis sûre que cela arrivera)

All that was there

(Tout ce qui était là)

Will be there still

(sera toujours là)

I'll let it pass

(je le laisserai passer)

And hold my tongue

(et je tiendrai ma langue)

And you will think

(Et tu penseras)

That I've moved on...

(que je suis passée à autre chose)

I will go down with this ship

(Je vais sombrer avec ce bateau)

And I won't put my hands up and surrender

(et je ne vais pas lever les mains en l'air et me rendre)

There will be no white flag above my door

(Il n'y aura pas de drapeau blanc au-dessus de ma porte)

I'm in love and always will be

(Je suis amoureuse et je le serai toujours) 3x