Salut tout le monde !
Et bien voici mon deuxième one-shot. Oui, alors, pour celles qui seraient en train de se demander « mais de quoi qu'elle cause ? o_O », je rappelle que j'ai écrit un précédent one-shot l'Etoile-Guide (un petit peu de pub, ça ne fait pas de mal hein XD). Bon, a priori, les one-shots peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre. Mais je vous encourage tout de même à aller lire le précédent XDDD
Disclaimer : l'univers des Légendes ©William Joyce, Les Cinq Légendes ©Dreamworks, les deux jumelles ©moi-même, l'évocation d'un personnage bien particulier ©Bel Oujisama
D'ailleurs, merci beaucoup à Bel Oujisama ! Vraiment gentil de ta part d'avoir accepté que je parle de ton perso
Bonne lecture !
Chapitre 1 : L'office de Cupidon
Quand vient le printemps, il y a dans l'air comme une atmosphère étrange. Tout le monde est plus joyeux, plus tendre, plus rêveur aussi. Le printemps marque la renaissance, le renouveau, le grand retour de la vie en somme. Juste en tendant l'oreille, il est facile de s'apercevoir que tout semble plus beau ou plus doux : le chant des oiseaux et le souffle du vent par exemple. Il suffit de se pencher pour apercevoir primevères et crocus se développer tandis que les lilas bourgeonnent. Et avec toutes ces senteurs qui explosent dans la brise accompagnant de douces températures, les humains débordent de sentiments agréables et d'envies soudaines. Envie de sortir, de rire, de voir ses rêves se réaliser. Mais l'envie qui submerge le plus les humains est sans nul doute l'amour. Amour pour sa famille, ses amis, une personne particulière amour de tout et de tout le monde. Au printemps, le monde veut aimer et être aimé.
Cependant, si la planète est en joie, il demeure un lieu qui redoute cette période plus que tout. Le Temple de Cupidon. En effet, tandis que Bunny dépose ses œufs colorés et entraîne les enfants dans sa chasse de Pâques, au Temple, c'est la croix et la bannière pour répondre à toutes les demandes relationnelles de la planète entière.
Perdu dans les Apennins du centre de l'Italie, à proximité du massif Gran Sasso, le Temple de Cupidon était une preuve même de la Rome antique : les colonnes de marbres surmontées de leur chapiteau où était sculptée l'histoire du bâtiment mais aussi de ses résidents. Malgré quelques deux mille cinq cent ans de passés, l'architecture était impeccable, les couleurs étaient aussi brillantes qu'au premier jour et toutes les pierres de l'édifice semblait aussi neuves qu'à l'inauguration. Lorsqu'on entrait, on découvrait une vaste cour à colonnades où s'entrelaçaient des roses rouge de toute part. Au centre, l'eau calme miroitait à la surface d'un bassin. Puis, on entrait dans le bâtiment à proprement parlé. Rapidement, on tombait nez à nez avec de lourdes tentures. Lorsqu'on les soulevait, on pénétrait véritablement dans le Temple de Cupidon. Et cela n'avait absolument rien à voir avec ce que les humains croyaient…
Cette large salle ne disposait que de deux bureaux en pierres, l'un à côté de l'autre, et en face un long sofa. Sur les colonnes couraient d'innombrables roses qui grimpaient jusqu'au plafond. Et c'était tout : aucune décoration, aucun artifice. Cependant, quand on voyait les feuilles de papier s'accumuler sur et à côtés de deux bureaux, ce n'était peut-être pas plus mal ainsi. Deux êtres à l'apparence juvénile étaient affairés. L'une comme l'autre avaient de longues boucles blondes, une peau légèrement bronzée et de grands yeux d'un blanc translucide, dont la pupille était simplement marquée par une légère teinte grise. En revanche, si la première était vêtue de blanc et disposait de majestueuses ailes azur veinées d'or, la seconde portait une tunique rose et possédait d'immenses ailes pourpre veinées d'or. Oui : Cupidon, c'était elles deux.
L'être aux ailes azur prenait les feuilles une à une, les lisait et les empilait à côtés. Elle semblait désabusée et ne cessait de soupirer, profondément ennuyer. En revanche, l'être aux ailes pourpre être désemparée et s'agitait avec frénésie. Elle prenait une feuille dans le tas, la lisait rapidement, rédigeait nerveusement une réponse, et la délaissait aussitôt pour une autre demande. Mais peu importe combien elle s'activait, le tas ne semblait pas se réduire, bien au contraire. Lorsqu'elle relevait parfois la tête, contemplant fièrement une réponse qu'elle jugeait tout à fait adaptée, elle déchantait bien vite en constatant tout le travail qui lui restait à faire. Elle souffla exaspérée et laissa brusquement sa tête retomber sur le bureau de pierre.
- Quand est-ce qu'on installera l'informatique dans ce foutue temple ? maugréa-t-elle à demi-voix
L'autre être ailé haussa les épaules et poursuivit son mouvement, tout à fait mécanique : prendre une feuille, la lire, l'empiler et ainsi de suite pour les quelques millions d'autres bout de papier s'amoncelant autour de son bureau. L'être aux ailes pourpres eut un regard interrogatif.
- Pourquoi tu ne réponds pas à toutes ces demandes ? Faudra bien que tu le fasses un jour.
- Mais ce sont toutes les mêmes, se plaignit celle vêtue de blanc, tiens écoute.
Elle prit une feuille au hasard dans le tas et lut :
- « Le printemps est là : ah ! J'aimerais trouver l'amour cette année. »
Elle en prit une autre :
- « Il fait beau en ce moment. Je devrais sortir pour rencontrer des filles. »
Et encore une :
- « C'est le bon moment pour draguer. Maman attend que je me marie avec impatience. Il faut que je trouve la femme de ma vie. »
Enfin, une dernière :
- « J'arrive à la fin de ma seconde et j'ai toujours pas de copain ! Bon, avec le retour du printemps, je vais bien trouver quelqu'un. »
L'être aux ailes d'azur soupira profondément et posa négligemment la dernière lettre sur sa pile. Celle vêtue de rose releva la tête et la posa dans le creux de la main, son coude s'appuyant sur le bureau.
- Bah ! C'est plutôt cool : ils veulent tous de l'amour. Ça tombe bien : c'est tout à fait ton job.
- Non, s'indigna-t-elle, ils cherchent l'amour, pas une personne qu'ils aiment. Mon boulot, c'est d'amener les gens à s'aimer, Idon.
La dénommée Idon se releva brusquement et frappa d'un poing rageur le bureau de pierre.
- Rah ! Ne m'appelle pas comme ça !
- Mais, les gens nous ont nommées ainsi.
- Oui, ben justement. J'aimerais bien que ma sœur m'appelle, elle, pas mon vrai prénom, rétorqua-t-elle, est-ce que je t'appelle Cup, moi ? Hein ? Non, je t'appelle Cupamor, ou Cupa, à la limite. Je suis Desidone, ou Desi si tu veux. Pas Idon ! En plus de ça, ces idiots, ils nous prennent pour un homme. Non, mais est-ce que j'ai l'air d'avoir des couilles ?!
- C'est peut-être justement à cause de ton vocabulaire qu'on nous prend pour un homme… soupira Cupamor
La colère de Desidone retomba soudain. Elle s'affala de nouveau, au milieu des dizaines de feuilles jonchant son bureau.
- Bah ! Laisse tomber… ils croient bien qu'on se trimballe en couche-culotte…
L'être aux ailes azur réprima un petit rire. En effet, il était très drôle de voir à quel point les humains pouvaient déformer la réalité. Certes, elles pouvaient prendre différentes apparences, dont celle d'un homme, chose que Desidone affectionnait particulièrement pour s'adresser aux mortels, mais leur véritable forme était bien celle de jeunes femmes. D'autant que les deux jumelles avaient eu beau chercher à comprendre pourquoi les humains leur avaient attribué le physique d'un enfant en couche-culotte, elles n'avaient jamais trouvé la réponse à ce mystère. De toute façon, à l'heure actuelle, personne ne les verrait. Les humains ne pensaient pas un seul instant que deux légendes pouvaient leur souffler quelques trucs. Ajouté à ça qu'ils pensaient de plus en plus rationnellement : il était plus question de se marier pour gagner une situation et des moyens que se marier par amour pur et véritable. Quoique Desidone ait plus de travail que sa sœur, car quand bien même elle n'avait aucun couple à former, il y avait toujours des libidineux en cherche de coup d'un soir.
Alors que Desidone avait repris son stylo, et marmonnait qu'il était grand temps qu'elle contacte le Père Noël pour qu'il leur installe des ordinateurs de son invention, les pétales d'une rose s'épanouirent et, dans un tourbillon de poussière écarlate, une nouvelle feuille de papier fit son apparition. Lorsqu'elle l'aperçut du coin de l'œil, Desidone passa une main enragée dans ses cheveux, les arrachant quasiment.
- Non mais ça va ! Calmez votre libido, les gars ! Ça commence à bien faire, là. C'est pas parce que c'est le printemps que, ça y est, faut sauter sur tout ce qui bouge !
Elle hurla un grand coup et fit même trembler les murs en pierre de taille. Les feuilles volèrent. Cupamor arrêta sa lecture et observa sa sœur du coin de l'œil. Puis, elle posa calmement sa lettre.
- C'est bon ? Ça va mieux ? lui demanda-t-elle
L'être aux ailes pourpres veinées d'or fit la moue. Elle attrapa violemment une feuille dans le tas et la lut à voix haute :
- « Les exams sont passés, j'ai besoin de me défouler. Il me faut une nana ! » « Il veut essayer de nouvelles positions. J'accepte ou pas ? » « J'ai rencontré un mec hier soir : trop canon ! On se revoit demain. J'aimerais bien coucher avec lui. » « Ça fait cinq mois qu'elle me demande de passer à l'acte. Je suis un peu stressé. Mais bon… c'est le printemps ! C'est surement le bon moment. »
Desidone poussa un long soupir à la fois agacée et désabusée.
- Mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec ces histoires de printemps ! Peuvent pas se disperser dans l'année, non ? Tous les ans, c'est la même chose : dès que les oiseaux roucoulent et les fleurs éclosent, faut qu'ils aient des envies dans tous les sens. Un rapport par ci, une sodomie par là et tiens une envie de jouir, et patati et patata. Peuvent pas avoir envie de faire ça toute l'année, histoire que j'ai pas trente six millions de réponses à formuler dans la journée ?!
- Moi, ce que je ne comprends pas, intervint sa sœur, c'est pourquoi j'ai droit au même cirque tous les ans de ta part.
Desidone s'offusqua.
- Excuse-moi de ne pas avoir la chance que tu as.
- Une chance ! se récria Cupamor, je n'ai qu'une seule et unique réponse pour ces pauvres gens : « c'est le moment d'osez, aller de l'avant ». C'est tellement impersonnel. Et j'envoie ça à toutes les consciences. C'est Etoile qui doit être contente, tiens. Non, je préfère largement la période estivale avec tous ces mariages. Les gens pensent alors vraiment à leur partenaire. Les fêtes de fin d'année aussi sont intéressantes. On s'inquiète des idées de cadeaux, on cherche à se faire aimé et on aime les personnes autour de nous.
L'être aux ailes azur soupira à son tour profondément. Au final, pour l'une comme pour l'autre, le printemps n'était vraiment pas la bonne période. Puis, après un silence, elle reprit d'une voix plus basse :
- D'accord, tu as beaucoup de travail durant cette période, mais au moins tu diversifie tes réponses. Les gens attendent de toi le vrai désir, le vrai plaisir. Ils cherchent vraiment à assouvir leurs envies personnelles…
- Ok, j'admets, concéda sa sœur, en même temps, de nos jours, les humains veulent s'en donner à cœur joie. Pas s'embêter avec des sentiments. Désolée pour toi, mais l'amour, c'est pas trop d'actualité.
Cupamor s'étrangla et froissa par la même occasion sa feuille.
- Pardon ? « Pas d'actualité » ?
- Ben oui, argumenta Desidone, les humaines préfèrent faire l'amour. Et ça, ils peuvent très bien le faire sans sentiment. C'est ça qui les arrange : ils n'ont pas à se prendre la tête.
L'être aux ailes azur veinées d'or se leva et croisa les bras. Elle toisa sa jumelle du regard avant d'abattre une main énervée sur le bureau de pierre. Elle répliqua alors :
- Comment ça les humains peuvent se passer de sentiments ? S'ils le pouvaient, cela ferait bien longtemps que tu serais fille unique, ma chère Idon.
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça ! bougonna Desidone
Mais Cupamor passa outre le remarque et reprenait avec toujours plus d'éloquence :
- D'ailleurs, je suis persuadée du contraire : on peut aimer sans en passer par toutes tes frivolités !
L'être aux ailes pourpre vit rouge à son tour. Elle frappa du poing son bureau jonché de feuilles, qui s'envolèrent alors, se leva et rétorqua :
- Frivolités ? Dois-je te rappeler comment l'espèce humaine procrée ?
- Non, merci. Je n'ai pas besoin d'un cours. Surtout venant de ta part, avec ton vocabulaire cru et vulgaire.
- Peu importe mon vocabulaire. Les humains couchent ensemble depuis la nuit des temps. Et ils n'ont jamais eu besoin de ton amour avec un grand A pour faire des galipettes.
- Je te le répète : les humains qui s'aiment vraiment ne passent pas tout de suite par la case lit. Ça, c'est uniquement pour la survie de l'espèce.
- La survie de l'espèce ! répéta Desidone, outrée
Elle tourna le dos à Cupamor et leva les bras au ciel. Puis, elle s'affala sur son siège. Elle attrapa brusquement une nouvelle pile de feuille, et se mit à griffonner dessus des réponses. Quant à l'être aux ailes azur, elle inspira profondément. Alors qu'elle se rasseyait en tentant de retrouver son calme, une nouvelle demande apparut à l'épanouissement d'une rose. Elle attrapa nonchalamment la feuille et la lut rapidement. A tous les coups, c'était encore une de ses multiples promesses de quête amoureuse pour les mois à venir. Cependant, la lettre était plus longue que les autres. Arrivée au bout, un air effaré trônait sur son visage. Elle décida de la relire attentivement. Enfin un peu d'action !
« J'ai toujours cru en eux. Les esprits. J'ai toujours cru qu'il y avait dans la nature, des êtres responsables de tous les phénomènes climatiques et naturels. Maintenant, je n'y crois plus. Je sais qu'ils existent. Je l'ai vu. Et depuis que je l'ai vu, je l'aime. J'aime un esprit. J'aime Jack Frost. »
Cupamor reposa délicatement la feuille sur son bureau. Elle resta un instant le regard dans le vague, légèrement bouche bée. Puis, elle parcourut de nouveau des yeux la lettre. Elle ne croyait toujours pas les mots qu'elle lisait. Elle n'en revenait tout simplement pas : une humaine était tombée amoureuse d'un esprit ! Ne sachant quoi penser de cette demande, elle tendit sans un mot le papier à Desidone. Celle-ci haussa un sourcil dédaigneux. Néanmoins, elles restaient très fraternelles toutes les deux. L'être aux ailes pourpre veinées d'or soupira, et par la suite, prit la lettre. Elle la lut une fois, puis leva des yeux perplexes vers sa sœur. Cette dernière haussa les épaules. Elle la relut une deuxième puis une troisième fois. Enfin, Cupamor posa tout haut la question qui brûlait leurs lèvres :
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- Bonne question…
Chacune s'arrêta dans son travail et partirent dans une intense réflexion. Que devaient-elles faire dans ce genre de situation ? Les jumelles ne savaient même pas si la personne en question s'était rendue compte de ses sentiments, auquel cas, la situation serait on ne peut plus délicate. A dire vrai, ce cas était tout à fait unique. Jamais une légende n'avait eu de relation avec un mortel. Enfin, si : Jackie O'Lantern. Mais pouvait-on seulement parler de relation ? Les demandes de ces conquêtes n'atterrissaient que chez Desidone bizarrement. Cupamor n'avait jamais eu affaire à elle. De fait, cette demande était tout à fait hors norme. Perdues, comme elles l'étaient, elles n'avaient d'autres solutions que d'aller quémander l'aide de l'Homme de la Lune. Il ne voulait jamais interférer dans les affaires des légendes. Mais là, c'était un cas de force majeur. Les enjeux dépassaient les fonctions des deux jumelles. Et toutes les légendes avaient en mémoire ce qui était arrivé à la Maîtresse des Bonnes Etoiles, aussi rigoureuse fut-elle. Cupamor déclara qu'elle s'en occuperait cette nuit. Puis, chacune retourna à son travail. Entre temps, les roses s'étaient épanouis et avait fait apparaître de nouvelles feuilles, qui s'éparpillaient alors sur le sol. Ce fut dans un grand soupir poussé à l'unisson que les deux êtres aux ailes veinées d'or se rassirent à leurs bureaux de pierre.
Voilà ! En espérant que ça vous ait plu ! J'attends vos commentaires et réactions !
Et je vous dis à dans quelques jours pour le chapitre suivant )
Disclaimer : l'univers des Légendes ©William Joyce, Les Cinq Légendes ©Dreamworks, les deux jumelles ©moi-même, l'évocation de Jackie O'Lantern ©Bel Oujisama
Et je réitère ma demande : avis aux amatrices (je suppose que je peux mettre aux féminins sans froisser une présence masculine XD) de dessins, je recherche quelqu'un pour donner une tête à mes OCs, histoire de pouvoir les mettre aussi en couverture. Si vous voulez me proposer des dessins, je vous donne rendez-vous sur ma « galerie » DeviantArt, ici même (voir profil). Mais vous pouvez aussi m'envoyer un MP ;)
