Feeding Sherlock, traduction de la fic d'Atlin Merrick. Lien vers la fic originale: www . fanfiction . net
/s/6574528/1/Feeding-Sherlock.
Merci à Atlin Merrick pour me laisser traduire cette fic complètement délirante sur tout ce qu'on peut faire avec de la nourriture :)
Chapitre 1
Les premières impressions sont des choses merveilleuses. Si vous êtes prudent, elles peuvent durer. Si vous n'avez pas de chance, elles ne s'effaceront jamais.
Voici les premières impressions que Sherlock Holmes traînait derrière lui comme autant de saletés indésirables : Brillant. Impitoyable. Remarquable. Arrogant. Puissant. Brutal. Elégant. Prédateur. Spectaculaire. Inhumain. Magnifique. Froid.
"Ouvre la bouche."
John Watson aurait eu quelques expressions choisies à ajouter à cette stupide liste si quelqu'un l'avait demandé. Personne ne l'avait jamais fait.
"S'il te plait?"
Blessé.
"Sherlock, il faut que tu manges."
Gentil.
"Juste un peu."
Masochiste.
"Un morceau."
Affamé.
Pour la cinquième fois en quinze minutes John Watson tendit un sandwich devant la bouche de son colocataire. Son colocataire ne mordit pas.
Une fois, des mois auparavant, John avait demandé à Sherlock dans quel but il se laissait mourir de faim. "C'est absurde. Même les machines ont besoin de carburant." La réponse de Sherlock l'avait surpris.
"La faim me donne le pouvoir, John. La concentration. La résolution. En maîtrisant cette partie extrêmement basique de mon corps, je maîtrise aussi mon esprit." Et il avait souri. "Et puis, trop de carburant ne fait que noyer le moteur de la machine."
Assis face à Sherlock à la table de la cuisine, John regardait son amant qui ne regardait rien. Il était resté assis là pendant une demi-heure, tiré du lit par la promesse du thé chaud qu'il n'avait même pas bu. John le regarda. Du papier. C'est à ça que Sherlock ressemblait. Comme s'il avait été découpé dans une feuille de papier et déposé là sur la chaise. Il avait l'air aplati.
John savait pourquoi, bien sûr. Sherlock ne pouvait pas résoudre chaque cas, même lui savait cela. Mais cette fois le détective avait vraiment vu la souffrance causée par le crime; il avait assisté à la mort. C'était la première fois.
"S'il te plait, Sherlock. Pour moi. Un morceau. Ou au moins bois le thé."
Le détective jeta un regard au sandwich qui planait invariablement et imagina John nourrissant des enfants à l'hôpital. Il pouvait le voir très clairement, John le gentil médecin qui prendrait le temps de parler avec un enfant malade. Qui apporterait une friandise. Qui lui donnerait la deuxième cuillerée après avoir fait semblant de manger -et de bien savourer- la première. John d'une patience infinie. John d'un amour infini. John, John, John qui n'arrêterait jamais d'essayer.
"Arrête d'essayer, John."
Quelle en était l'utilité, de toute manière? John pouvait travailler cent ans à le rendre meilleur, Sherlock passerait au moins cent-un ans à tout foutre en l'air, à manquer un indice vital, à dire ce qu'il ne faut pas et -
"Vas te faire voir."
La tête du détective se redressa , sa bouche grande ouverte, comme si un essaim d'abeilles furieuses s'était juste matérialisé sur la chaise en face. Le sandwich fut fourré dans sa bouche et il mordit dedans malgré lui.
John n'était pas Sherlock, mais il observait et était parfaitement capable de faire des déductions basées sur ces observations. Après un année de vie commune avec ce grand enfant prodige, après presque neuf mois à être son petit ami, il savait pour ses dépressions parfois paralysantes, ses doutes sur lui-même, sa croyance persistante qu'être un génie signifiait qu'il devait, qu'il était obligé d'être parfait. Et il avait appris que le meilleur moyen d'aider son amant à traverser ces moments était d'aller là où son instinct le menait.
"Ne m'ennuie pas, Sherlock."
Cette adorable bouche s'ouvrit encore (ça se passait mieux que prévu) et John y appuya le sandwich. Encore une bouchée, plus de mastication.
"Me dire quoi faire de mon temps est ennuyeux. Et c'est pire quand c'est moi qui m'ennuie parce que je n'ai pas la moitié des ressources que tu as pour combattre l'ennui. Alors tais-toi et arrête d'être ennuyeux."
Surprise. Ouvre. Engloutit. Mord. Mâche. Avale.
"Fais ce que tu fais si bien. Impressionne-moi. Tu dis que tu peux supprimer des choses de ton "disque dur". Eh bien prouve-le. Supprime ce cas. Réécris par-dessus. Efface cette saloperie."
Sherlock était encore en train de ruminer dans sa tête, John pouvait le voir, il pouvait voir le non-dit s'insinuer sur le visage du détective, il pouvait pratiquement entendre la remarque se former, brève et lapidaire. "Ferme-la. Peu importe ce que tu allais dire, tu peux juste la fermer. Ou encore mieux, donne-moi ça."
Cette fois Sherlock ne mordit pas directement, à la place il s'avança brièvement et referma ses lèvres sur un peu de moutarde à l'arrière de la main de John, l'absorbant sans s'en rendre compte.
Une idée traversa l'esprit de John rapidement; juste un éclair et elle disparut. Il secoua la tête. "Maintenant réponds-moi parce que tu m'aimes, Sherlock. Parce que tu m'aimes, n'est-ce pas? En fait, réponds à ça. J'ai besoin d'entendre les mots."
Les sourcils de Sherlock se froncèrent et il s'avança un peu sur sa chaise, bouche ouverte comme un oisillon. John y porta une cuillerée de soupe cette fois, puis une autre et une autre alors que Sherlock restait là, attendant encore et encore d'être nourri.
Enfin, l'homme pas-tout-à-fait-aussi-maigre-qu'avant dit: "Je sais que tu sais que je t'aime, John. Je sais que tu me demandes de le dire parce que tu essaies de m'empêcher de penser. Mais je vais te laisser jouer ce jeu transparent parce que comme nous le savons, j'adore écouter le son de ma propre voix et donc voici les détails, dans l'ordre: je t'aime tellement que je mange. Je mange de la nourriture chaque jour alors qu'avant...eh bien je ne sais pas ce que je mangeais, ni en quelle quantité ni quand. J'ai pris six livres et demie depuis que tu as emménagé et franchement je déteste ça, ça me fait me sentir lourd et épais et lent, mais je vais essayer de manger parce que quand je ne le fais pas, tu finis par arrêter de manger, toi aussi. Si, si, tu le fais."
"Je vais aussi dormir plus, non pas parce que j'en ai besoin ou parce que ça te fait sourire quand je me blottis contre toi la nuit, ou parce que ça te rend excité comme un lapin quand tu te réveilles près de moi certains matins, mais parce que tu ne rêves pas quand je suis avec toi, tu dors paisiblement."
"Je coucherai aussi avec toi chaque fois que tu auras envie de moi parce qu'alors tu m'aimeras plus, tu auras plus besoin de moi, tu me voudras plus, ce qui signifie que peux-être tu resteras, ou que tu resteras plus longtemps que si je ne le faisais pas. Et le sexe te rends heureux. Et plus intelligent - si, si! Même si je pense que ça me rend stupide pendant un moment, mais ça va, ça fait passer le temps - ne fais pas cette tête, je ne dis pas que c'est comme regarder la télé ou quoi que ce soit, je veux dire...ça me fait sortir de ma tête et...et ça me met dans la tienne et c'est un endroit très agréable, d'accord?"
"Aussi pour toi je n'utiliserai pas de drogues parce que, eh bien, quand je suis avec toi je n'en ai pas besoin. Même l'ennui est meilleur avec toi, John. Je m'en plaindrai encore mais au moins, quand je suis avec toi, eh bien ce n'est pas si mal."
"Donc oui John H. Watson, docteur en médecine, vétéran de la guerre, compagnon d'un Sherlock Holmes reconnaissant, je t'aime. D'accord?" En point final, Sherlock se pencha encore en avant et ouvrit la bouche.
La soupe mit longtemps à arriver. John était trop occupé à faire semblant d'avoir quelque chose dans l'oeil. Tous les deux d'ailleurs.
Ce n'est que beaucoup plus tard cette nuit, alors qu'il reposait éveillé dans son lit, Sherlock enroulé autour de lui et dormant du sommeil dont il prétendait ne pas avoir besoin, que le bon docteur se remémora son idée fulgurante de l'après-midi.
John eut un sourire diabolique dans le noir. Une idée tellement simple, élégante et sexy. Tellement parfaite. Il savait finalement comment inciter Sherlock à manger. A vouloir manger. A vraiment, absolument adorer ça.
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