Bien le bonjour !

L'histoire se déroule avant les tomes six et sept mais comporte des spoilers (bien que la majorité des faits soient arrangés à ma sauce). Je rappelle bien sûr que l'œuvre originale appartient à J.K. Rowling.

Sur ce, bonne lecture !


Chapitre 1


La nuit était claire, et la lune brillait à travers les légers nuages. J'étais accoudée à la fenêtre de ma chambre, les yeux levés vers les étoiles, plongée dans mes pensées, lorsqu'un bruit attira mon attention sur la porte de la pièce. Mon père, un grand brun de quarante ans – mais qui en paraissait trente – se tenait là, la poignée encore en main. Il me sourit.

– Allez, c'est l'heure de dormir, Andy, dit-il.

Je soupirai.

– Mais papa, il est juste onze heures ! Allan vient à peine de se coucher !

Il rit et entra dans la pièce, refermant la porte derrière lui.

– Allons, mademoiselle, pas de jalousie chez moi, fit-il avec un sourire taquin que je connaissais bien.

Et sans prévenir, il se jeta sur moi et me chatouilla les côtes. Je m'écroulai sous le rire et sous son poids, tentant vainement d ′échapper à son emprise.

– Papa ! Arrête ! réussis-je à dire entre deux éclats de rire.

Il me lâcha, fier de lui.

– Alors, tu avoues ta défaite ?

– Oui, oui ! fis-je en levant les mains au dessus de ma tête.

Il se redressa alors et pointa mon lit du doigt, autoritaire.

– Alors dodo !

– Ok, ok ...

Je fermai la fenêtre et me glissai dans mes draps. Mon père s'assit sur le bord du lit, un sourire toujours scotché sur les lèvres.

– Alors, tu es prête pour demain ? Tu n'as rien oublié ?

Je haussai les épaules.

– C'était seulement les vacances de Noël, je n'ai pas amené grand chose, donc ma valise est seulement remplie de cadeaux pour les autres ...

– Tu ne les as pas envoyé par hiboux ? s'étonna-t-il.

– Loana est malade, Rub' avait proposé de la garder chez lui pour ne pas qu'elle se fatigue pendant les fêtes, donc je n'ai pas pu les envoyer à tout le monde. J'ai emprunté le hiboux familial pour les plus importants.

Il sourit.

– Je vois. Allez, dors bien mon ange.

– Bonne nuit 'pa !

Il referma la porte derrière lui et je fermai les yeux.

Je venais d'avoir seize ans, et j'étais élève en septième année à Poudlard, l'école de sorcellerie d'Angleterre. Normalement, j'aurais dû être en sixième année, mais mon second père, un blond d'à peu près le même âge que mon premier père, avait fait jouer ses relations auprès du Ministère de la Magie pour me faire passer en niveau supérieur.

Oui, j'étais née de l'union de deux hommes. Souvent mes parents me racontaient que quand ils avaient mon âge, les relations homosexuelles étaient assez mal vues dans le Monde des Sorciers, bien que légales. Cela m'attristait de savoir qu'une vingtaine d'années auparavant, plusieurs de mes amis auraient été rejetés par la société …

Ma naissance avait été une des premières du genre. Amona, une amie de la famille et l'une des plus grandes potionnistes, avait créé une potion capable de transformer les organes génitaux internes de la personne qui la bois, afin qu'un enfant puisse s'y développer. Ne me demandez pas les détails, je n'ai pas vraiment cherché à les connaître. Je sais juste que je suis née par césarienne, une pratique Moldue très courante lors des accouchements.

Mes parents s'étaient rencontrés à Poudlard. Ils avaient aidé à la guerre, puis s'étaient enfuis une fois le mal éradiquée. Ils en avaient assez de la chasse aux Mangemorts, ils avaient vu assez de violence, assez de morts … Tonton Aberforth, le père de Amona et très vieil ami de mes parents, leur avait trouvé une belle petite maison à la campagne, loin de l'agitation de Londres. Ils descendaient tous deux de grandes familles de sorciers, et avec leur héritage ainsi que la boutique que Papa avait ouvert au village, nous vivions comme des rois ! Et cinq ans après moi, Allan, mon petit frère, était né.

Si j'avais hérité de la blondeur et du teint pâle de mon premier père, ainsi que des yeux verts et du caractère du second, Allan avait quant à lui reçu le physique parfait du brun ténébreux typique ! Des yeux gris tirant légèrement sur le vert, un regard d'une profondeur à vous couper le souffle et un caractère renfermé en apparence … Il était mon exacte contraire, mais malgré cela et notre différence d'âge, nous nous entendions à merveille ! Ainsi, sans surprise, j'avais été envoyée à Gryffindor, et lui à Slytherin, juste cette année.

Je me souviens encore, lorsqu'ils m'avaient raconté leur histoire respective, que leur union en avait choqué plus d'un. Durant leurs années à Poudlard, ils avaient eu du mal à se supporter, aussi leurs amis n'avaient pas bien compris comment ils avaient pu aller jusqu'au mariage sans s'entre-tuer ! Mais chacun a fini par s'entendre, et petit à petit on a même fini par passer Noël en compagnie des Weasley et des Zabini !

Je retins un sourire alors que le sommeil commençait à m'emporter. Mon père avait vécu tant de choses dans sa jeunesse ! Je n'avais appris qui il était qu'à mon entrée à Poudlard, pour mes onze ans. Après tout, il avait eut raison de le faire à ce moment là : plus tôt, j'aurais été trop jeune pour comprendre l'importance de ce qu'il avait fait ; plus tard, cela n'aurait servit à rien. Sitôt un pieds dans le Poudlard Express, j'avais été assaillis de questions par une foule d'inconnus ! Je comprenais mieux pourquoi le célèbre Garçon-Qui-A-Vaincu aspirait à un peu de tranquillité, loin des médias et des harcèlements.

Mon père avait affronté le plus puissant mage noir de son époque. Il m'avait raconté comment il avait combattu un Basilic, puis un dragon et même un loup-garou ! Mais son nom était ce qui lui valait sa célébrité, et il en avait eut assez. Aussi, lors de son mariage, il avait décidé d'abandonner le nom de Potter pour prendre celui de mon deuxième père, Malfoy. Ils avaient dû en baver, toutes ces années de guerre et de conflits …

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Des gouttes gelées tombèrent sur mon visage à intervalles réguliers, puis par torrent. J'ouvris les yeux et grognai avant de me redresser du mieux que je pu. J'étais allongée dans la boue et les feuilles, à même le sol, au milieu d'un forêt sombre. Il pleuvait désormais averse, et la nuit réduisit d'autant plus la visibilité.

− Mais qu'est-ce que … Bordel, qu'est-ce que c'est que ce délire ?

Je me relevai, tremblant sous les trombes d'eau qui me glaçaient la peau.

− Hey ! 'Y a quelqu'un ? criai-je.

Mais seul le vent et le bruit de l'eau sur les feuilles me répondirent. Je m'avançai à l'aveuglette, distinguant les arbres et les buissons, cherchant un sentier un chemin ou quoi que ce soit qui aurait pu m'aider. Puis soudain je vis briller enter les feuillages une faible lumière. Une bouffée de soulagement s'empara de moi et je me précipitai vers la provenance de la lueur. Plus je me rapprochais, plus je me posais de questions sur ma présence à cet endroit. Était-ce un rêve, une hallucination ? Je me souvenais pourtant bien m'être endormie dans mon lit …

La lueur provenait d'une lampe, tenue par une personne que je pensais connaître parfaitement. Arrivant derrière lui, je levai haut le bras pour arriver à son omoplate, et je posai la main dessus pour attirer son attention. Il se retourna brusquement et me toisa de toute sa hauteur.

– Rub' ! souris-je, soulagée mais essoufflée par ma petite course.

Il me fixa étrangement, et prit la parole d'une voix mal assurée, gardant son habituel ton bourru.

– Que faites-vous dans la Forêt Interdite à cette heure-ci de la nuit, jeune fille ?

Je tiquai une seconde sur le vouvoiement qu'il utilisa.

– Figure-toi que je n'en sais rien ! J'étais dans mon lit, je venais juste de dire au revoir à papa – d'ailleurs il a dit qu'il passerait te voir durant l'année – et quand j'ai ouvert les yeux, je me suis retrouvée ici !

Je fis un petit tour sur moi-même, observant aux alentours, puis repris sans lui laisser le temps de parler.

– Alors c'est Poudlard, hein ? Ça me soulage un peu, j'avais peur d'être tombé dans une des forêts d'Irlande, quand on sait ce qu'oncle Seam' dit avoir vécu là-bas … Oh, Rub', j'ai tellement froid, on pourrait rentrer ? Je n'ai aucune affaire, ma valise était posée sur la chaise dans ma chambre ...

Hagrid était le garde-chasse de Poudlard. Il était assez vieux et connaissait mon père depuis sa naissance. Ils avaient lié une forte amitié lors de la scolarité de mon père, tout comme je l'avais fais en rejoignant l'école à mon tour. Hagrid Rubeus était un demi-géant, et me dépassait d'au moins une demi, voire une fois ma taille ! Mais derrière son apparence imposante se cachait un cœur en or et un homme près à tout pour aider.

J'avais pris l'habitude de l'appeler par son prénom dès notre première rencontre. Après tout, il était un grand ami de la famille, et je trouvais ça normal, même si tout le monde se bornait à l'appeler par son nom de famille, mon père comprit. Puis au fil des années, ''Rubeus'' était devenu trop long pour moi qui passais mon temps à l'appeler, et j'avais raccourcit un peu le mot. S'il avait grogné au début, il s'y était habitué, et ne bronchait plus.

C'est pourquoi, lorsqu'il fronça les sourcils et m'arrêta dans mon élan d'explications, je fus très surprise.

– Oh là, attend une seconde. ''Rub'' ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Et puis, je ne t'ai jamais vu ici, tu es une élève ? Quel est ton nom ?

Et si j'avais été surprise au début, j'étais cette fois-ci carrément choquée. Rub', un des meilleurs amis de mon père, mon presque-parrain me demandait avec un peu de méfiance et beaucoup d'embarras qui j'étais.

– T-Tu … Tu plaisantes, n'est-ce pas, Rub' ? … Rubeus, si c'est une blague, je vais avoir du mal à rigoler, tu sais. J'suis congelée, j'ai faim, j'ai sommeil, j'ai pas mes affaires et je sais pas ce que je fais là !

Il fronça de nouveau les sourcils, et je retins ma respiration.

– Écoute, je ne te connais pas, et je ne sais pas comment tu me connais mais …

Il marqua une pause, me détaillant rapidement de haut en bas.

– Si tu sais ce qu'est la Forêt Interdite, alors tu connais Poudlard. Je vais t'amener chez le directeur, il comprendra sûrement mieux que moi, et tu lui expliqueras ce que tu fais ici en pleines vacances scolaires !

Je ne répondis pas, trop choquée par ce qu'il venait de dire. La lanterne toujours à la main, il se fraya un chemin au travers des buissons et des arbres, regagnant le château de Poudlard, et je lui emboitai le pas, tête baissée.

Il me fallait comprendre. J'expirai, tentant de reprendre mon calme. Comme disait toujours mon père, lorsqu'on se retrouvait en situation inconnue et qu'aucun danger ne se montrait, on commençait par analyser. Bien. Tout d'abord, les questions de base. J'étais à Poudlard, ce qui répondait au ''où ?'', en pleine nuit, pendant les grandes vacances, ce qui répondait en partie au ''quand ?'', et j'avais Rubeus à ses côtés, ce qui résolvait le ''avec qui ?''. Mais c'était tout. Je ne savais pas comment j'étais arrivée là, je ne savais pas quand exactement j'étais … Car si Rubeus ne me connaissait pas, peut-être n'existais-je pas encore ?

– Rubeus, qui est le directeur ? demanda-t-elle alors.

L'autre se retourna et me dévisagea.

– Mais d'où sors-tu ? C'est Albus Dumbledore, bien sûr ! Allez, on est presque arrivé.

J'avais retenu de justesse une exclamation de surprise. Albus Dumbledore, un des plus grands sorciers de Grande Bretagne, était encore en vie. Me concentrant, je soupirai. Cela signifiait que je me trouvais à une époque antérieure à ma naissance … antérieure à la fin de la guerre. Voilà pourquoi Rubeus ne me reconnaissait pas.

Le château fut enfin en vue, et je sortis de ses pensées en souriant. Poudlard m'impressionnait toujours autant, même après six ans passés dans cette école. Nous passâmes les portes du château et la douce chaleur des bougies accrochées aux murs me réchauffa un peu, alors que Rubeus éteignait sa petite lanterne.

– Suis-moi, c'est par là.

Alors que nous arrivions devant la gargouille, entrée du bureau du directeur, celle-ci pivota, dégageant un escalier en colimaçon que j'avais tant de fois emprunté. Une dame que je reconnus immédiatement pour lui avoir souhaité un joyeux Noël quelques jours auparavant descendit les marches et se figea en nous voyant.

– Hagrid ? Mais … Est-ce une élève ?

– Oh, professeur McGonagall, bonsoir. En fait je l'ai trouvée dans la Forêt Interdite. Elle ne semble pas être élève ici, aussi je l'amenais vois le professeur Dumbledore.

Minerva me détailla une seconde.

– Ma pauvre enfant, dans quel état êtes-vous ! Enfin, Hagrid, vous auriez pu lui proposer une couverture, au moins. Avec cette robe de chambre trempée, c'est un miracle si elle n'est pas malade demain !

Rubeus bougonna quelque chose ressemblant à « 'Peux pas faire de magie, moi, vous le savez bien ... », puis partit après s'être excusé et avoir marmonné que Crockdur l'attendait. Il me fallut quelques minutes pour comprendre que Crockdur était son chien.

Minerva, le regard toujours stricte malgré les douces paroles qu'elle avait prononcé à mon égard, agita sa baguette vers moi. Immédiatement, je me retrouvai entourée d'une couverture douce et chaude. Elle fit demi-tour et, me faisant signe de la suivre, remonta les marches qu'elle venait de descendre.

– Merci, Min', souris-je.

Ne la voyant pas réagir, je supposai qu'elle n'avais pas entendu.

En haut des escaliers, une large porte de bois préservait le bureau du directeur des regards indiscrets. Quoiqu'à Poudlard, rien ne pouvait être indiscret, car le moindre geste effectué pouvoir être reporté dans toute l'école, et tous avaient appris à faire avec. La porte s'ouvrit lorsque Minerva frappa un coup, et une douce voix un peu fatiguée m'invita à entrer. J'obéis et, détaillant la somptueuse pièce, je m'avançai vers le bureau derrière lequel un vieil homme à la longue barbe blanche et aux yeux bleus pétillants de malice me fixait, un doux sourire plaqué sur les lèvres.

– Bonsoir, monsieur le directeur, souris-je à mon tour.

J'avais déjà vu cet homme, dans le couloir reliant les chambres au salon. En effet, deux portraits restaient là à domicile, et j'avais toujours vécu avec eux. L'un d'eux était ce Dumbledore, que papa appelait toujours ''ce vieil Albus'' avec un sourire aussi doux que triste. Je savais qui l'avait tué. Je savais combien mon père en avait souffert …

Le vieil comme me sourit plus franchement et m'invita à m'asseoir sur le fauteuil face à lui.

– On m'a rapporté, commença-t-il, que tu te trouvais dans la Forêt Interdite. Sais-tu comment tu t'es retrouvée là-bas ?

Son sourire m'encourageait, il était là pour me dire ''je ne veux pas te punir, je veux juste comprendre et t'aider''. Alors je me décidai. Après tout, il avait été le mentor de mon père, je ne pouvais que lui faire confiance.

– Monsieur, je ne sais absolument pas comment je suis arrivée ici. Je connais ce château, je connais Rubeus ainsi que Minerva. Mais eux ne me connaissent pas.

L'homme sembla comprendre mais garda le silence, me laissant continuer.

– Je pense que je suis dans le passé ici, ou plutôt, je viens du futur.

Je retins un rire. C'était tellement étrange de dire cela ! Un peu plus et je me serais crue dans un film de science-fiction en compagnie d'aliens venus du futurs … Me reprenant, je continuai.

– Je ne sais pas en quelle année je suis, monsieur, mais il est possible que vous connaissiez mes parents, Draco Malfoy et Harry Potter … Vous les connaissez ?

Le vieil homme garda le silence une seconde, puis acquiesça.

– Tu es en 1996 et, en effet, je connais bien tes parents.

Il sembla vouloir ajouter quelque chose, mais il ne la dit pas. Il reprit.

– Ainsi donc tu es leur enfant ? Voilà qui est surprenant … Quel est ton nom ?

Je lui souris et me présentai.

– Je m'appelle Andrea Malfoy, monsieur. On m'appelle Andy.

Il s'inclina légèrement.

– Eh bien, Andy, je suis Albus Dumbledore, je suis le directeur de Poudlard à cette époque …

Il leva une main vers moi, et je retins un sursaut. Sa main était noire, desséchée … Elle semblait juste … morte.

– … Et si tu viens du futur, alors tu dois savoir que cela ne durera pas.

J'acquiesçai gravement.

– C'est une année de souffrance, soufflai-je en repensant à ce que mon père m'avait raconté.

Il m'arrêta alors, un large sourire que les lèvres.

– N'en dis pas plus. Il n'est jamais bon pour un homme de connaître son avenir.

Je retins alors un rire à cette réplique, que mon père ressortait si souvent et à tellement d'occasions. Puis un détail me frappa, et je me levai d'un bond.

– Mais alors … Mais alors ça veut dire que mes pères sont ici, à Poudlard ! Comment pourrais-je rentrer chez moi, monsieur ?

Il secoua doucement la tête.

– Pour l'instant, je ne sais pas, mais je te promet de faire tout ce que je pourrais pour te ramener à ton époque.

Et je le crus. Lui offrant un sourire éclatant, je manquai de m'affaler sur le bureau pour le serrer dans mes bras. Il rit doucement, puis contourna le bureau pour se poster devant moi.

– En attendant, il te faudra suivre les cours ici. Mais nous verrons cela demain, il reste près de deux semaines avant la rentrée, tu auras le temps d'y réfléchir. Il est temps pour toi d'aller te reposer, ajouta-t-il. Madame Pomfrey te fera amener un repas chaud dès que tu auras pris un bon bain et revêtu des habits plus confortables.

Je le remerciai chaleureusement, et il m'accompagna jusqu'à la porte. Là, Minerva attendait, et le regard hésitant qu'elle lança au directeur me convainquit qu'elle avait tout entendu. Au moins, elle était prévenue. Monsieur Dumbledore lui remit quelques consignes, et Minerva me conduisit jusqu'à l'infirmerie.

– Poppy ? appela-t-elle en frappant à la porte du bureau de l'infirmière.

Quelques secondes plus tard, Mrs Pomfrey apparut, en chemise de nuit, le regard encore endormit.

Je l'avais vaguement connu car ma marraine, Hermione, travaillait comme médicomage à Sainte Mangouste, et Mrs Pomfrey ayant été infirmière à Poudlard, il était fréquent de les trouver en pleine discussion sur telle ou telle infection, sur tel ou tel remède à apporter à tel ou tel sort. Mon père … Pardon, c'est vrai, vous ne risquez pas de vous y retrouver avec mes deux pères … Je les nommerais donc par leur prénom, à partir de maintenant. Je disais donc que Draco s'amusait beaucoup de les voir jacasser ainsi des heures durant ! Mais malgré ces relations entre elles, je n'avais vu que quelques fois Mrs Pomfrey, car elle avait prit sa retraite quelques années avant mon entrée à Poudlard.

Minerva lui expliqua rapidement la situation. Je venais d'arriver par un moyen inconnu, ma présence était compliquée et très difficilement explicable, et il me fallait un lit, un repas et un bain dans l'heure qui suivait, demande expresse du directeur.

Grommelant un peu, Mrs Pomfrey ouvrit la porte de l'infirmerie et nous laissa entrer.

– Je vais lui chercher un pyjamas, dit-elle avant de disparaître dans son bureau.

Oubliant un instant Minerva, je m'avançais dans l'immense pièce, un sourire s'épanouissant doucement sur mes lèvres. Le lieu était pareil en tous points à l'infirmerie de mon époque. Les lits drapées de blanc étaient disposés à la même distance les uns des autres. En journée, une fenêtre éclairait la pièce tous les deux lits, et la nuit, de lourds rideaux beiges recouvraient ces fenêtres. Je passai lentement un doigt sur le rebord d'un des lits, et mon sourire s'accentua. Lors de ma deuxième année, un de mes amis avait tenté un sors sur lui-même, et il s'était retrouvé à l'infirmerie, crachant des boules de flammes à chaque éternuement ! Quelques lits y étaient passés, et l'infirmière avait laissé quelques mèches cramées derrière elle !

Mrs Pomfrey revint, quelques vêtements pliés en main, et me les remit directement.

– Je suis Poppy Pomfrey, dit-elle avec un sourire. Je suis l'infirmière du château. Si vous avez besoin d'indications sur le château, ou si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir me voir.

Je lui souris et me présentai à mon tour.

– Merci beaucoup de votre aide. Je m'appelle Andy Malfoy. Je suis … J'ai été élève ici. Je connais le château.

Elle me dévisagea une seconde, puis retint un bâillement. Couvrant sa bouche de sa main, elle haussa les épaules, comme pour chasser les questions qu'elle voulait me poser. Elle m'invita alors à choisir le lit que je voulais, puis m'indiqua la porte de la salle de bain attenante à l'infirmerie.

– Lorsque vous aurez fini, je vous ferais monter un plateau repas. Vous devez être exténuée.

Je la remerciais, attrapant le pyjamas qu'elle venait d'apporter, je me dirigeai vers la salle de bain.

Refermant la porte derrière moi, je m'avançai vers l'immense baignoire au centre de la pièce entièrement carrelée. Ouvrant les nombreux robinets d'un simple sort, je me déshabillai, déposai le pyjamas prêté par Mrs Pomfrey sur un meuble et plongeai dans le bain, éclaboussant la salle. Je perçai la surface à la recherche d'air et lâchai un soupir de bonheur. Cela m'avait manqué ! Les bains à Poudlard étaient les meilleurs que j'avais pu tester ! Repérant une fiole de savon, je me lavai avant de m'adosser à une paroi, laissant ma tête partir en arrière. Je fermai les yeux et tentai de remettre les évènements passés dans l'ordre.

Je m'étais endormis chez moi, pensant à la jeunesse de mes parents et à tout ce qu'ils avaient vécu lorsqu'ils avaient mon âge. Puis je m'étais retrouvée dans la Forêt Interdite, vingt-quatre années auparavant, à la même époque où mes deux parents devraient avoir seize ans …

Rejetant mes cheveux blonds en arrière, je soupirai. Mais dans quoi étais-je encore tombée ? Dans la famille, c'était pourtant mon frère qui ne cessait de s'attirer des ennuis, pas moi ! C'était son rôle à lui de se retrouver dans des situations totalement improbables !

Mais bientôt une voix me sortit de ma révolte intérieure.

– Pourquoi es-tu là, toi ?

Je redressai la tête en ouvrant brusquement les yeux, et je tombai sur un regard gris, transparent, qui me regardait avec une certaine désapprobation. Le fantôme d'une jeune fille s'éleva de quelques mètres au dessus de moi, me fixant toujours, et je la reconnus.

– Mimi ! Bonjour ! Je ne t'avais pas vu …

Le fantôme haussa les épaules.

– Bien sûr, personne ne voit jamais Mimi ! Personne ne fait jamais attention à la pauvre Mimi …

Je me mordis la lèvre.

– Écoute, je suis désolée, tu sais bien que je ne suis pas très douée pour regarder autour de moi … Mais dis-moi, Mimi, me reconnais-tu ?

Le fantôme soupira et haussa les épaules.

– Mimi ne te connaît pas, mais de toutes façons, personne ne connaît Mimi ...

Déjà avant mon entrée à Poudlard, Harry m'avait parlé de Mimi, il m'avait dit qu'elle avait été une des premières victimes de Tom Jedusor, et qu'elle avait souvent aidé mes parents durant leur scolarité. Alors, dès ma première année, j'étais allée la trouver dans les toilettes des filles du deuxième étage, et j'avais aussitôt engagé la conversation. Nous n'étions pas réellement amies, mais disons que nous nous entendions bien. Durant mes six années à Poudlard, je passais la voir une fois par mois, et il lui arrivait de venir elle-même me trouver, disant se sentir seule.

Je soupirai lorsqu'elle dit ne pas me reconnaître. Ainsi, elle non plus ne se souvenait pas. Il allait falloir que je m'habitue à ce que les gens m'ignorent.

– Je m'appelle Andy, enchantée de te rencontrer, Mimi. Je viens d'arriver dans l'école, et je devrais être là pour l'année.

Le fantôme haussa un sourcil, comme si elle doutait de mes paroles.

– Tu connais Mimi ?

J'acquiesçai.

– Oui, on m'a beaucoup parlé de toi.

– Qui t'a parlé de Mimi ? On parle de Mimi dans son dos, mais on ne vient pas la voir ! Personne ne vient voir Mimi, alors Mimi se sent seule …

Se mettant à sangloter, la jeune fille s'éleva de quelques mètres encore et alla se percher sur une arcade proche du plafond.

– Allons, allons, Mimi … Je n'aurais sûrement pas beaucoup de temps pour passer te voir au deuxième étage, mais si tu veux, tu pourras venir me voir, toi. Je ne sais pas encore dans quelle maison je serais répartie, mais je te promet de te le dire dès que je le saurais. Ainsi tu pourras venir discuter avec moi.

Le regard mort du spectre s'illumina, et je retins un sourire. Il était toujours aussi facile de la rendre joyeuse …

La jeune fille approuva vivement, et je finis par sortir de la salle de bain, habillée d'un pyjamas aux couleurs de Poudlard. Mrs Pomfrey et Minerva discutaient, debout au milieu de la pièce, et elles s'interrompirent à mon arrivée.

– Je suis désolée d'avoir mis autant de temps, m'excusai-je, un peu gênée. J'ai été retenue par un fantôme.

L'infirmière acquiesça et sourit.

– Voilà ton lit, me dit-elle en me montrant la couche la plus proche du mur de son bureau, je t'ai fais apporter ton repas.

Sur la table de nuit, un plateau encore fumant était posé. Un bonne odeur de pommes de terres s'en dégageait, me mettant l'eau à la bouche. Mrs Pomfrey se tourna vers sa collègue et elles échangèrent un regard que je compris. Minerva avait déjà mis l'infirmière au courant de mon arrivée pour le moins inquiétante, et elles se demandaient sûrement toutes deux qui je pouvais être, et si ce que Minerva avait entendu de ma conversation avec le directeur était la vérité.

– Bien, si tu as besoin de moi, je serais dans mon bureau. Bonne nuit.

Je la saluai alors que Minerva se tournait vers moi.

– Je vais faire de même, dit-elle sur un ton sévère qu'elle n'avait jamais eu qu'avec les autres élèves. Demain, le professeur Dumbledore aimerait s'entretenir de nouveau avec vous, afin de clarifier quelques points et de vous mettre au courant des détails pour cette année. Bonne nuit, ajouta-t-elle.

Je retins une moue de tristesse et lui souris.

– Bonne nuit, Min'.

Elle sursauta puis haussa les épaules, avant de franchir la porte de l'infirmerie. Avec un soupire, je m'allongeai sur le lit préparé. M'adossant au mur, je pris le plateau sur mes genoux et m'affairai à manger. Comme toujours, les Elfes de Maison faisaient des merveilles ! Après cela, je me couchai, me boudinant sous les couvertures, et je laissai enfin mon esprit épuisé par les quelques heures de stresse et d'incompréhension se reposer tranquillement …


A suivre …

Pour ceux que ça intéresserait, le titre « Am Taisteal » signifie « Voyage dans le temps » en irlandais. Pour la moindre question, demande d'explication, commentaire, n'hésitez pas.

Merci et à bientôt.