Dark Lord of My Heart
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Disclaimer : rien ne m'appartient (ou presque), je me contente de faire ma tambouille dans la cuisine de l'immense chef JKR...
Notes : et c'est reparti pour une nouvelle fiction ! Elle couvre la Révolution française et l'ère napoléonienne, c'est-à-dire la période précédent la Régence en Angleterre. Certains événements seront canon, d'autres non. Rating M, mais elle comportera peu de scènes à connotation sexuelle contrairement aux précédentes... De même que pour "Esclave du Prince", elle est rédigée au présent de narration. J'espère qu'elle vous plaira malgré tout :)
Synopsis : La vie d'Hermione de Fontanges bascule lorsque les Révolutionnaires arrêtent ses parents et les conduisent à la guillotine. Un homme mystérieux la sauve et la conduit en Angleterre où elle vivra désormais sous une autre identité dans la demeure de celui qui est devenu son tuteur. Quel avenir pour la jeune sorcière rebelle ? Quel est ce secret enfoui au fond de son cœur ?
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Lord Voldemort a disparu la nuit fatidique où il a tenté de tuer Harry Potter, mais ses disciples continuent de faire régner la Terreur partout dans le monde, notamment en France au travers de la Révolution de 1789. Les Mangemorts ont réussi à instiller dans l'esprit du peuple français la haine des aristocrates, des nantis. Les petites gens, après des siècles de soumission, prennent les armes et réclament de nouveaux droits. Pour faire aboutir leurs idées, ils déciment le Clergé et la Noblesse, ainsi que tous les opposants aux nouvelles idées républicaines. Les biens des deux ordres privilégiés sont confisqués et vendus. Aucune région, aucune ville, aucun hameau n'est épargné par cette folie meurtrière en ce beau pays de France gangréné par la guerre civile.
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Chapitre I - Un Mystérieux Inconnu
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Château de Fontanges, Auvergne - 18 août 1792
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"Oh mon Dieu, pitié ! Faites cesser tous ces cris, je vous en supplie !"
Hermione est terrifiée. Elle n'a jamais eu peur de toute sa jeune vie, même quand elle est tombée de son poney quelques mois auparavant, se fracturant la cheville et subissant une mauvaise commotion cérébrale. Elle a beau appuyer fortement ses mains tremblantes sur ses oreilles, rien ne peut empêcher les vociférations des paysans et des soldats qui saccagent le château et le fracas des meubles détruits de parvenir à ses oreilles. A travers la minuscule ouverture dans le bois de son refuge, elle a vu Noémie, sa gouvernante jetée au sol, ses jupes retroussées tandis que trois hommes se forçaient en elle, riant et braillant, indifférents aux suppliques de la jeune femme violentée.
Ses parents ont été malmenés et emmenés par quatre soldats de la République. Elle a surpris le regard inquiet que sa mère a lancé dans sa direction avant d'être entraînée hors du château. Elle sait qu'elle ne les reverra plus. Elle l'a compris. Elle l'a ressenti. Avant même qu'ils ne soient arrêtés. Notamment quand sa mère, à l'approche des soudards qui lançaient des injures aux abords du domaine, lui a ordonné sur un ton affolé de se cacher et de ne sortir que lorsque le silence règnerait.
Ce qui est loin d'être le cas. Les insurgés prennent soin de détruire chacun des meubles, des tableaux, des vêtements ou de voler ce qui leur semble posséder une quelconque valeur, notamment les bijoux et bibelots qu'ils emportent dans les draps ou tentures, voire dans des charrettes communes, ordinairement employées pour transporter le foin en cette période de l'année.
Les hommes sont toujours là, et s'approchent parfois dangereusement du placard secret dans lequel elle s'est réfugiée sur l'insistance de ses parents. Son cœur bat tellement la chamade qu'elle a la terrible impression que le son de ses battements désordonnés résonne et se répercute dans toute la demeure familiale. Ils vont la trouver. C'est certain. Elle s'accroche désespérément au médaillon qu'elle porte autour du coup, la Vierge du Puy qui lui a été remis par sa grand-mère, en l'assurant de sa protection divine. Elle adresse une prière silencieuse au Ciel.
Sainte Marie, Mère de Dieu, sauvez-moi, je vous en supplie !
Elle prie sans discontinuer. Longtemps. C'est enfin le silence. Elle attend encore par mesure de précaution. Elle a perdu la notion du temps. Combien d'heures se sont écoulées depuis le départ des assaillants ? Trois heures ? Quatre heures ? Plus ?
Je dois être forte. Il me faut sortir et retrouver Marie ou Catherine, elles sauront où m'emmener. Mère a dit que je pouvais leur faire confiance.
Elle pose ses doigts sur le loquet lorsqu'elle perçoit un bruit étrange, comme une rafale de vent tout près d'elle. Elle interrompt aussitôt son geste et s'oblige à rester immobile, telle une statue. Malgré l'angoisse qui la tétanise, elle approche son œil de l'orifice et dans la pénombre qui règne, aperçoit une silhouette sombre et longiligne, immense - au moins six pieds de haut - qui parcourt la salle, avec ce qui s'apparente à un bout de bois dans sa main droite et qu'il pointe devant lui, dans une attitude défensive.
Il lui semble entendre Lumos et l'extrémité de la tige produit un faisceau de lumière qui permet à son détenteur de se diriger avec aisance dans la salle. Hermione retient son souffle. Quelle est donc cette diablerie ? Serait-il l'un de ces pseudo-magiciens saltimbanques qui parcourent villes et villages en éblouissant la populace par leurs tours de passe-passe ?
Elle est intriguée par l'apparence de l'intrus. Il est vêtu différemment des assaillants précédents. Une certaine prestance se dégage de lui. Pourquoi tient-il une tige devant lui ? Croit-il faire peur avec ce morceau de bois ridicule quand les intrus qui ont envahi le château étaient armés de faux, de fourches, de bâtons... ?
Tout à coup, une idée incroyable se fait jour. Il ressemble à... à l'un des sorciers qui figure dans les illustrations du conte que lui a offert son père ! Oui, oui, bien sûr ! C'est exactement cela ! L'on dirait le Prince Noir ! C'est lui, à n'en point douter ! Que fait-il ici ? Est-ce le Ciel qui l'envoie ? Ma prière serait-elle exaucée ? Ou n'est-il qu'un brigand comme les autres ? Comment savoir ?
L'homme s'approche de sa cachette, comme guidé par son petit bâton. Le cœur d'Hermione bat à tout rompre dans sa poitrine. Elle retient sa respiration et ferme ses yeux fortement dans un geste puéril, comme si le fait de ne pas voir lui permettrait de ne pas être vue... Bien entendu cela ne fonctionne pas. La porte s'ouvre dans un grincement sinistre, la faisant sursauter. Ses orbes s'ouvrent et son regard est aveuglé par la lumière que projette la baguette. Elle cligne des yeux. Plusieurs fois. Une phrase chuchotée par une voix veloutée et la clarté s'atténue. Hermione plonge dans les prunelles obscures. Le tremblement de ses membres s'intensifie. Sa dernière heure est arrivée. Sa bouche se met à frémir. Elle va pleurer.
Severus est plutôt coutumier des meurtres et des atrocités commises par les Mangemorts sur la population magique et surtout moldue. Les quelques années passées au service du Seigneur des Ténèbres ont insensibilisé son cœur. Du moins c'est ce qu'il a cru jusqu'à présent. Néanmoins, en croisant le regard ambré empli de terreur, quelque chose remue son âme, comme s'il existait en lui une part encore intacte, pure, et le poids des atrocités commises le dérange soudainement. Il doit lutter pour empêcher que les émotions perturbatrices ne l'envahissent.
"Mademoiselle ? N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal. Prenez ma main," l'interpelle-t-il d'une voix qu'il essaie d'adoucir pour ne point effaroucher l'enfant terrée dans sa cachette.
Elle le regarde avec ses grands yeux interrogateurs et humides. Un pli se forme sur le front juvénile. Le sorcier s'impatiente. Ne le comprend-elle pas ? Fichtre, il s'est exprimé en anglais alors qu'elle est Française. Il murmure un Sort d'Elocution et réitère ses paroles, cette fois dans la langue de Molière en tendant à nouveau son bras.
Le front d'Hermione redevient lisse. Cette voix de velours, profonde, jamais elle n'en a entendu de pareille. Les cheveux de l'homme sont les plus sombres qu'elle ait jamais vus. Une vilaine cicatrice blanche - elle doit être ancienne - barre sa joue gauche, et ajoute à son apparence impressionnante. Un teint blafard, presque cadavérique, comme si les rayons du soleil n'avaient jamais éclairé son derme. Un nez crochu qui accentue son apparence de sorcier mais qui s'insère parfaitement dans son visage. Et ses yeux, noirs, comme deux puits sans fond, séparés par un pli amer.
Et pourtant, elle sent instinctivement qu'elle peut faire confiance à cet étranger. Une voix intérieure le lui souffle, et il y a cette souffrance qu'elle ressent en lui et qui fait écho à la sienne. Pourtant elle hésite encore. Sa gouvernante lui a toujours conseillé de se méfier des inconnus. Ses sourcils se froncent à nouveau. Peut-elle vraiment suivre cet individu sans risque ? A-t-elle un autre choix ?
Severus a surpris le regard étonné sur sa baguette. Il glisse cette dernière dans sa manche sans couper le contact visuel qu'il a établi avec la petite fille.
"Il ne faut pas avoir peur, je suis là pour vous sauver. Venez, insiste-t-il avec une douceur persuasive qu'il sait plus que nul autre utiliser. Il nous faut partir sans tarder, avant que les émeutiers ne reviennent.
Hermione tend finalement sa main dont il se saisit avec douceur. Des picotements et une étrange chaleur se propagent alors dans tout son corps. Sans qu'elle puisse l'expliquer, son appréhension s'envole subitement. Severus lui aussi a ressenti cette énergie que seuls les sorciers possèdent.
La magie est en elle... Dumbledore avait raison. Elle sera une sorcière puissante.
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Poudlard Ecosse, bureau de Dumbledore
"Vous désiriez me parler, Monsieur le Directeur ?
- En effet Monsieur Snape. D'après les informations de l'un des agents de l'Ordre opérant en France, une jeune sorcière, Née-Moldue court à l'heure actuelle un grave danger, commence Dumbledore en examinant son interlocuteur par dessus ses lunettes en demi-lune. Les Révolutionnaires menacent de s'emparer de ses parents et de les guillotiner, après un pseudo-procès devant le Tribunal révolutionnaire. Nous ne pouvons nous permettre qu'il lui arrive quoi que ce soit de fâcheux car nous aurons besoin d'elle dans notre lutte contre les forces des ténèbres. Il nous faut donc agir au plus vite afin de la soustraire à une éventuelle disparition. Elle aura besoin de grandir dans un environnement magique où elle apprendra à développer ses capacités de sorcière, explique le vieil homme d'une voix douce mais ferme en caressant machinalement la pointe de sa longue barbe grise.
- Qu'attendez-vous de moi, Monsieur ? s'enquiert le jeune homme en jetant un regard circulaire sur le mobilier disparate du cabinet directorial et le portrait des anciens directeurs somnolant dans leur cadre. Ses lèvres fines forment une ligne presque horizontale.
- Je compte sur vous pour transplaner immédiatement en France, au Château des Fontanges-Chabrignac qui se situe en Auvergne, à l'est et à trois lieues exactement de Clermont-Ferrand, pour sauver l'enfant et la ramener ici, poursuit posément son interlocuteur, son regard vif et pénétrant posé sur lui. Utilisez la magie avec parcimonie, nous ne tenons pas à ce que notre existence soit découverte par les Moldus, mais faites tout ce que vous jugerez nécessaire pour la mettre en sécurité.
- Bien Monsieur le Directeur. Il en sera fait selon vos ordres," répond Snape en se courbant légèrement. Il sait que son obéissance est une fois encore mise à l'épreuve depuis qu'il a juré allégeance au vieil homme pour lutter contre le Mal. Il ne décevra pas.
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- Qui êtes-vous ? parvient-elle à chuchoter en plongeant ses prunelles noisette dans les profondes obsidiennes. Un... un magicien ? Elle n'ose pas employer le terme de sorcier qu'elle juge effrayant.
- Monsieur Snape, Mademoiselle. Severus Snape, répond-il simplement en la mettant sur ses pieds. Pour vous servir", ajoute-t-il avec un grand sérieux.
Quel nom étrange ! s'étonne-t-elle en baissant les yeux devant le regard pénétrant.
Mais il sied à sa personne. Il ne pourrait certes pas s'appeler Gaston Pouillard comme l'un de leurs métayers. Cette pensée amène un sourire sur son visage.
"Oui, je suis un magicien, concède-t-il, intrigué par le comportement anormalement calme de la fillette.
Pas de cris, pas de larmes, pas de perte de connaissance. Peut-être ne réalise-t-elle pas réellement ce qui se joue aujourd'hui ? Si petite et si courageuse. Un léger sourire éclaire même son visage. Elle lui arrive à peine à la taille. Elle est si jeune, six ou sept ans tout au plus. Un joli minois, dévoré par deux grands yeux couleur de miel bordés de cils interminables. Une masse incroyables de boucles sauvages maintenue - à grand peine - par un ruban de satin jaune. Elle est habillée avec goût, des vêtements français découpés dans des tissus de qualité. Mais elle va devoir oublier sa famille, son pays, sa naissance, son haut lignage pour vivre certes dans une maison respectable - certainement celle d'un membre de l'Ordre -, mais à cent lieues de la vie aristocratique qui aurait dû être la sienne.
- Oh ! Mais je croyais qu'ils n'existaient que dans les livres ! s'exclame-t-elle dans le silence de la pièce. Vous allez me ramener auprès de mes parents, Monsieur ? s'enquiert-elle avec dans la voix une note d'espoir. Elle a toujours su au fond d'elle que la magie existait.
Une ombre passe dans le regard onyx. Il ne veut pas mentir. Il s'y refuse. Cela ne serait pas correct.
- Hélas non, cela m'est impossible. La magie ne peut malheureusement pas tout régler, reconnaît-il avec l'accent du regret dans sa voix soyeuse.
La fillette mâche nerveusement sa lèvre inférieure avec ses incisives proéminentes. Le poids de l'anxiété s'insinue brutalement en elle. La douleur dans sa poitrine qui s'était apaisée, revient avec plus de violence. Les larmes affluent et s'écoulent sur ses joues, traçant des sillons humides sur ses joues.
- Ah, laisse-t-elle échapper sur un ton laconique sans chercher à retenir les sanglots qui secouent son corps.
- Ne pleurez pas Mademoiselle. Une autre vie vous attend. Une vie différente, plus insolite mais qui vous apportera d'autres joies, croyez-moi," affirme-t-il avec sérieux et elle veut tellement le croire.
Hermione se jette contre lui, paraissant ignorer le mouvement de recul amorcé par le sorcier. Ce dernier n'est point homme à apprécier les contacts humains. Il en a une aversion naturelle. Dans le confort de son corps protecteur, elle pleure de tout son soûl, inspirant les arômes boisés et épicés que diffuse la cape qui le recouvre entièrement. Elle sent le cœur de l'homme pulser dans un rythme lent et sûr contre sa tempe. Elle ne reverra plus jamais les personnes qui lui sont chères...
Severus ne dit rien. Il reste là, les bras le long de son corps, raides, comme désemparé. Il est incapable d'encercler les épaules de l'enfant avec ses bras. Il attend, faisant tout de même preuve d'une patience qui ne lui est guère coutumière avec autrui. Laisser épancher sa douleur ne peut être que bénéfique. Ce que lui-même a été incapable de faire lorsque le malheur l'a frappé de plein fouet, en ôtant la vie de celle qu'il aimait - aime - d'un amour inconditionnel.
La douleur est toujours présente, comme un volcan qui semble endormi à la surface, mais dont les coulées de magma, profondes, brûlantes mais latentes menacent de provoquer une éruption.
Ses pensées reviennent au présent. Ils ne peuvent s'éterniser en ce lieu, les pillards sont susceptibles de revenir. Les sanglots de la fillette commencent à s'espacer. Il lève lentement sa baguette et l'approche de la chevelure brune.
Il murmure un seul mot :
"Stupéfix."
Et elle plonge dans une bienheureuse inconscience.
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Alors, êtes-vous prêts à vous lancer dans l'aventure ?
