Encore une autre journée comme toutes les autres…Oui, c'est bien simple, elles se ressemblent toutes. Mais je suis la seule à blâmer, je l'ai voulu, après tout. J'ai choisi cette nouvelle vie et souvent, je me demande si j'ai fait le bon choix. Cela fait huit ans que ma vie a pris un tout autre tournant, un tournant auquel je ne m'attendais pas. Je me souviens encore des deux années qu'il m'a fallu pour résoudre l'enquête de ma vie, l'enquête sur la mort de ma meilleure amie Lily Kane. J'étais enfin arrivée à bout de cette histoire, non sans quelques pertes et surprises en chemin. Et à vouloir trop en savoir je me suis brûlée les ailes. Juste en y repensant, cela me tue. Le nom du tueur raisonne jour après jour dans ma tête, même après tout ce temps. Le célèbre Aaron Echolls avait tué Lily Kane, et ce n'est pas la seule découverte que j'avais faite, bien au contraire. Je disais donc, après cette révélation, ma vie a subitement changé. Je suis partie, sans un seul mot, j'ai quitté Neptune et sans regret, du moins sur le moment…Cela fait huit ans que je n'ai pas remis le pied à Neptune, et je dois bien avouer que cela me manque. Mais y rester aurait été trop dur, je n'aurais pas pu, j'en suis persuadée. J'ai donc tout laissé derrière moi, des choses très précieuses à mes yeux, comme Logan Echolls par exemple. Mais je ne veux pas m'attarder dessus, c'est trop dûr. En fait, tout est trop dur dans cette nouvelle vie. La vérité est apparue trop violemment à moi, j'ai paniqué et voilà le résultat. J'ai 26 ans et je vis toujours avec Keith Mars. Mais attention, je ne suis plus sa vulgaire assistante, non, je suis son associée et je peux vous dire que nous, les Mars, on fait une équipe du tonnerre. Nombre d'enquêtes échouées depuis notre association ? Zéro. Quand je vous disais qu'on était imparables ! Mais je vis dans une routine qui est de plus en plus dure à supporter…Bon, assez bavardé…

Veronica Mars ouvrit paresseusement les yeux. Elle fit une légère grimace et tourna la tête vers le cadran du réveil. Elle s'aperçut avec effroi qu'elle avait déjà une demi-heure de retard, mais ce n'est pas pour autant qu'elle se leva immédiatement. Elle prit tout son temps, resta quelques instants dans son lit puis décida enfin de se lever. Elle se prépara très lentement, toujours dans la paresse la plus totale. Elle venait tout juste de sortir de la salle de bains quand son téléphone sonna, elle attendit la quatrième sonnerie avant de répondre :

-Allô ?

-Veronica, tu es ENCORE en retard, dépêche-toi, on a du pain sur la planche, dit une voix d'homme.

-D'accord, papa, je suis là dans dix minutes, répondit-elle d'un ton las.

Une fois le téléphone raccroché, Veronica attrapa son sac, les clés de sa voiture et sortit de son appartement. Après quelques minutes de trajet, elle arriva enfin à destination et regarda ce qui était écrit en grosses lettres sur une porte conséquente faite de marbre : « MARS INVESTIGATIONS ». Elle poussa un soupir et franchit la grande porte. Elle se dirigea vers le petit bureau qui se trouvait devant elle, où une jeune femme répondait au téléphone.

-Bonjour Mlle Mars, lança gaiement la secrétaire.

-Bonjour Sarah, est-ce qu'il y a quelque chose pour moi aujourd'hui ? Demanda Veronica.

-Vous avez reçu un appel concernant un couple adultère et Mr Mars vous attend dans son bureau, répondit Sarah.

-Très bien, rien d'autres ? Interrogea Veronica, qui s'attendait à autre chose.

-Si bien sûr, il y a aussi l'habituel courrier, dit Sarah avec un petit regard à Veronica.

-Vous faites comme d'habitude, et surtout, n'oubliez pas, pas un mot à mon père concernant cet argent, la mit en garde Veronica.

-Bien, Mlle Mars, acquiesça la secrétaire.

Veronica mit donc fin à cette conversation et entra dans le bureau de Keith Mars, tout en pensant au courrier qu'elle avait encore reçu.

-Bonjour papa, lança-t-elle en lui déposant un baiser sur la joue.

-Enfin, je ne t'attendais plus, râla Keith.

-Je vois que tu n'as pas encore pris ton habituelle caféine, tu es toujours de mauvaise humeur quand tu ne la prends pas, fit remarquer Veronica en s'installant à son propre bureau.

-Je suis dans cet état seulement quand tu as près d'une heure de retard, résultat, je suis de mauvaise humeur depuis des années, répondit Keith.

-Très drôle, lui lança Veronica en attrapant le premier dossier de la grande pile qui s'imposait à elle.

-Notre premier dossier à régler aujourd'hui, commença Keith, est celui d'un père qui veut savoir pourquoi sa fille lui ment.

Veronica ouvrit alors le dossier et lut les premières lignes.

-Mais…Mon premier dossier à moi, concerne une femme qui veut que l'on retrouve son fils qui a fugué alors je…dit Veronica alors que la réponse lui sauta aux yeux. Oh, je vois, c'est de moi que tu parles. Alors laisse moi te répondre que je ne te cache rien du tout.

-Tu es sûre de ça ? Parce que moi, je suis persuadé que cela fait pratiquement 8ans que tu me mens, lâcha Keith.

-Papa, tu sais très bien que depuis cette période, je n'ai plus eu de secrets pour toi, continua Veronica.

-Alors pourquoi ne m'as-tu pas dit qu'il t'envoyait des lettres ? Questionna Keith.

Veronica poussa un profond soupir et baissa la tête.

-Je…je n'ai pas jugé que c'était important…répondit Veronica.

-On a beau avoir changé de ville et surtout de vie, cela ne t'empêche pas d'être restée la même. Oh non, tu n'as pas changé, tu es toujours autant pleine de secrets, pensant que cela ne touche que toi, mais c'est faux Veronica, ce secret-la en particulier me touche, m'importe, tu le sais mieux que quiconque, lui reprocha Keith.

-Papa, ne m'en veux pas, je ne savais pas comment te le dire, et puis je ne les ouvre jamais depuis que je sais ce qu'il y a dedans, lui fit remarquer Veronica.

-Là n'est pas la question. Je voulais simplement que tu me dises la vérité, Veronica, continua Keith.

-Comment l'as-tu su ? Interrogea la jolie blonde.

-Je suis détective privé, Veronica. Crois-moi qu'une enveloppe remplie d'argent envoyée toutes les deux semaines à ma fille, cela intrigue, lança Keith.

Et moi qui croyais que j'arriverais à le lui cacher encore quelques années ! Non pas qu'il ne sache pas ce qui me lie réellement à l'émetteur de l'argent, mais quand même…

-Bon, je vois qu'on a une tonne de boulot, alors on devrait s'y mettre dès maintenant, d'accord ? Proposa Veronica, innocemment.

-On y reviendra Veronica, tu n'y échapperas pas, lui fit remarquer Keith.

-Pour ça, je te fais confiance, lâcha Veronica en se levant.

-Tu penses pouvoir t'occuper de l'histoire du fugueur toute seule ? Demanda Keith.

-Un jeu d'enfants, répondit Veronica. Si je finis vite, je m'attaquerai à la troisième affaire. Ah, et ne m'attends pas pour déjeuner !

Veronica quitta rapidement le bureau pour se rendre aux divers lieux fréquentés par l'adolescent que la maman avait laissés.

Dans le bureau des Mars, le téléphone sonna et Sarah, la secrétaire, répondit :

-Mars Investigations, bonjour.

-Bonjour, pourrais-je parler au détective Mars s'il vous plait ? Demanda une voix de jeune femme au bout du fil.

-Accordez-moi deux minutes, je vais voir s'il peut vous prendre, dit Sarah.

Elle mit l'appel en attente quelques secondes alors que Keith accepta de prendre l'appel.

-Keith Mars à l'appareil, lança alors le détective.

-Heureuse de vous entendre Mr Mars, j'ai un service à vous demander, dit la jeune femme.

-Nous nous ferons une joie d'accepter, donc, rendez-vous après-demain à l'Aéroport, nous avons hâte de vous revoir, acheva Keith en raccrochant le téléphone, le regard songeur.

-Sarah, dit-il, en sortant la tête de son bureau, annulez tous les rendez-vous que nous avons à partir de demain, s'il vous plait.

-Bien Mr. Vous allez quelque part ? Demanda-t-elle, un brun curieuse.

-Oui, nous allons à l'aventure, une nouvelle fois, répondit Keith. Mais pas un mot à Veronica.

« Décidément, les Mars aiment les secrets » ne put s'empêcher de penser Sarah.

Cela faisait dans les alentours des deux heures que Veronica était partie à la recherche du fugueur. Elle aimait bien ce genre d'enquêtes car elles ne requéraient pas principalement son intelligence, il lui fallait juste un peu de temps. Elle avait d'ailleurs trouvé une piste plutôt sérieuse grâce à un ami du jeune homme. Elle avait donc suivi cette piste et se trouvait à présent dans une petite ruelle très peu fréquentable. Grâce au numéro de portable de l'adolescent, elle avait pu le tracé pour savoir où il se trouvait exactement. Elle se retrouva devant une porte de garage, taguée de dessins plus provocants les uns que les autres. Elle trouva le moyen d'ouvrir la porte et laissa ainsi entrer la lumière dans la pièce aménagée. Une petite bande d'ados était installée sur des poufs de très mauvaise qualité et leurs visages s'affolèrent quand ils virent Veronica entrer.

-Sympa cette fête ? Lança-t-elle.

Les jeunes s'empressèrent de cacher toutes sortes de choses.

-Ne prenez pas cette peine, j'adore les histoires d'adolescents qui tombent dans la drogue sans aucune raison ! Alors ? Qui est Marvin ? Demanda-t-elle.

L'intéressé leva timidement la main.

-Alors c'est toi ? Tu as quitté la sûreté de ton foyer d'enfant gâté pour ça ? Tu préfères être dans la rue, à fumer des joins et à bécotter une gamine plutôt que rester chez toi, à jouer à la X-Boxe ? Qu'est-ce que les jeunes d'aujourd'hui ont donc dans la tête ? Allez, lève-toi, je te ramène à ta mère qui se fait un sang d'encre, quant à vous autres, rentrez chez vous rapidement avant que je ne contacte vos parents ! Menaça Veronica.

Les adolescents n'osèrent pas désobéir après le sermon de Veronica et se levèrent très rapidement, chacun rentrant chez lui. Veronica, quant à elle, raccompagna le jeune Marvin chez lui. Le trajet se fit sans un seul mot.

Je sais, vous me trouvez dure et à la limite du cynique, n'est-ce pas ? Et bien vous avez totalement raison. J'imagine qu'en vivant sans mère depuis des années et dans une vie de secrets, cela rend les gens plus durs avec les autres, je ne sais pas…

Veronica avait donc réglé sa première enquête de la journée ainsi que la deuxième grâce à des clichés très prometteurs, lorsque l'heure de Midi sonna. Comme deux fois par semaine, elle ne mangeait pas avec son père mais plutôt dans un restaurant assez discret et plutôt sympa. Elle se mit à sa table habituelle et commença à chercher son menu du jour dans la carte du restaurant. Malgré qu'elle allait bientôt passer commande, elle semblait tout de même attendre quelqu'un. Et son visage s'illumina enfin quand elle reconnut la silhouette de l'homme en face d'elle.

-Attends, c'est moi ou je rêve ? Lança le jeune homme, tu n'arrives pas très souvent avant moi, si je me souviens bien.

-A vrai dire, c'est la première fois que j'arrive la première, répondit Veronica.

-Alors ce jour est à marquer d'une pierre blanche ! Plaisanta le jeune homme en venant déposer un baiser sur la joue de Veronica.

-Je suis contente de te voir Wallace, dit affectueusement Veronica.

-Et c'est réciproque ma jolie, lâcha Wallace avec un clin d'œil.

-Ma jolie ? S'exclama Veronica. Tu es sûr que tu n'es pas malade ?

-Arrête V., je voulais juste essayer pour voir, répondit Wallace.

-Alors Wallace, comment va ta mère aujourd'hui ? Questionna Veronica.

-Elle va bien à ce que je sache. Je l'ai eu au téléphone il y a quelques jours, elle travaille toujours pour les Kane à Neptune et apparemment, on lui manque, répondit Wallace.

Le visage de Veronica sembla s'assombrir quelques instants puis elle reprit le contrôle et dit :

-On ?

-Bien sûr, tu sais bien qu'elle s'était attachée à toi malgré qu'elle ne soit plus avec ton père. D'ailleurs, comment va-t-il ? Interrogea Wallace.

-Tout comme Alicia, il va très bien, il est seul mais il va bien, lança Veronica.

-Et au fait, comment est-ce que cela se fait que tu sois arrivée en avance aujourd'hui ? Demanda Wallace.

-Les enquêtes que j'avais ce matin étaient faciles à régler, répondit Veronica.

-Au fait, V., la semaine prochaine, il est fort probable que je ne pourrai pas manger avec toi…lui rappela Wallace.

Et c'est ainsi qu'ils passèrent le déjeuner, à discuter de leur vie respective, comme ils le faisaient deux fois par semaines.

Que ferais-je sans mon petit Wallace Fennel ? Je ne sais pas…Il est l'un des rares avec lesquels j'ai gardé contact. Et comment en aurait-il pu être autrement, il y a 10ans, je lui ai assuré que qu'il serait mon meilleur ami pour la vie, et je compte bien tenir ma promesse, ce que je fais avec brio jusque là. Mais il y a plein d'autres promesses que je n'ai pas tenues. Comme celle de finir avec Duncan Kane, est-ce que vous avez vu mon visage quand il a parlé des Kane ?

Avant de rentrer à son appartement, comme tous les soirs, Veronica décida de rendre une petite visite à la maison de son père, histoire de savoir comme sa journée s'était passée et s'il avait réglé toutes les enquêtes en cours. Quand elle entra, sans frapper bien évidement, elle vit que quelques bagages jonchaient le couloir de l'entrée. Elle se dirigea donc vers le bruit pour en demander plus à son père.

-Papa ? Appela Veronica.

-Oui, ma puce ? Répondit Keith.

-Est-ce que tu vas quelque part ? Interrogea-t-elle, curieuse.

-En fait, NOUS allons quelque part, lança Keith en tendant une tasse de café à sa fille.

-Quoi ? Mais on ne peut pas s'absenter de la sorte, tous les jours, on nous confie des tonnes d'affaires et toi tu veux partir maintenant ? S'exclama Veronica.

-On ne restera là-bas que quelques jours, et j'ai déjà annulé tous nos rendez-vous, et puis s'éloigner un peu d'ici nous fera des vacances, tu n'es pas d'accord ? Lâcha Keith.

-On part pour des vacances ou une enquête ? Et puis, on va où d'ailleurs ? Demanda Veronica.

-C'est pour une enquête Vero, et pour la ville, tout ce que je peux te dire, c'est que c'est à une petite trotte de chez nous, mais tu verras, tu vas adorer, mais ne t'inquiète pas, c'est avant tout pour le travail que l'on y va. La jeune femme que j'ai eu au téléphone a été claire, c'est une enquête des plus importantes, continua le détective, en essayant d'être le plus convainquant possible.

Veronica sembla réfléchir un instant, puis concéda dans un soupire :

-Très bien, j'accepte, mais une semaine tout au plus.