Bonjour à tous !

Je vous présente une version revisitée de la scène de l'avion dans le film X-men : Days of future past. Ce qui suit est un texte court sans prétention et qui n'a rien d'original, mais j'avais envie d'écrire un CHERIK depuis longtemps. Charles et Erik sont l'un de mes couples favoris !

RATING : Cette fanfiction est un PWP (Porn Without Plot). Elle n'est donc pas classée M pour rien, il s'agit presque entièrement d'un lemon.

DISCLAIMER : Tous les personnages sont issus de l'univers MARVEL et des films réalisés par Matthew Vaughn et Bryan Singer. Je ne fais aucun profit avec cette histoire.

Bonne lecture !


ECHEC ET MAT

Les deux hommes restèrent silencieux un long moment. La partie d'échecs se poursuivit sans qu'aucun d'eux ne réussisse à prendre l'avantage.

Ils se jetaient des regards à la dérobée. Charles sentait le regard d'Erik sur sa nuque et cela le rendait nerveux. Des fourmillements familiers bouleversaient son estomac. Il voyait bien que ses mains tremblaient chaque fois qu'il déplaçait un pion sur l'échiquier. Erik ne pouvait pas manquer de s'en apercevoir. Que pensait-il de lui ? Quelles réflexions se dissimulaient derrière son regard gris magnétique ? Charles aurait aimé pouvoir lire dans son esprit pour ne pas avoir à se torturer ainsi. Il aurait pu capter les intentions d'Erik et agir en conséquence. Pour la première fois depuis qu'il avait commencé à s'injecter le sérum fabriqué par Hank, Charles regretta ses pouvoirs télépathiques. Et bien sûr, c'était à cause d'Erik.

Quelle ironie.

Lui-même, qu'éprouvait-il ? Sa colère et sa rancœur, il les avait déjà crachées au visage d'Erik. Il avait déjà exprimé son chagrin d'avoir perdu contact avec Raven. Que lui restait-il ? Pourquoi se sentait-il à la fois si fébrile et si bêtement paisible en présence d'Erik ? Etait-il possible que ses sentiments pour lui ne se soient jamais complètement éteints ? Après tout le mal qu'Erik lui avait fait ?

Charles leva les yeux de l'échiquier. Il venait de jouer un très mauvais coup.

— J'ai dit que j'allais te ménager, grommela Erik, mais si tu n'y mets pas un peu du tien…

— Il faut bien que je te laisse une chance, répliqua Charles.

— Ou bien tu as vraiment perdu la main.

— Tu m'excuseras, je n'ai pas eu tellement d'occasions de jouer aux échecs ces dix dernières années.

— Moi non plus, figure-toi.

Erik avança son fou et prit la reine de Charles sans difficulté.

— Mes gardiens n'étaient pas du genre à jouer aux échecs avec moi.

Charles riposta en prenant le dernier cavalier d'Erik.

— Comment c'était, en prison ? demanda-t-il, l'air de rien.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu veux connaître tous les détails sordides, c'est ça ?

— Pas du tout. Je voulais simplement savoir comment tu as vécu après notre…

Charles se mordit la lèvre. Il avait failli dire « séparation ». Mais ce mot lui semblait absurde et déplacé. Il ne voulait pas prendre le risque de briser la trêve tacite qu'ils venaient de s'imposer. Les mots qu'ils avaient échangés tout à l'heure lui avaient suffi.

— Oublie ce que je viens de dire, marmonna-t-il.

Erik avança un pion au hasard.

— En fait, ce qui était le plus dur, c'était... je crois que c'était de ne plus percevoir la moindre parcelle de métal autour de moi.

Erik se mit à parler. De ses journées passées dans sa cellule de béton, du mutisme éprouvant de ses gardiens, des traitements répugnants qu'on lui avait parfois infligés. De son sentiment exacerbé de solitude.

Charles réalisa à ce moment-là qu'Erik avait peut-être souffert autant que lui ces dernières années. Et aussi qu'il avait dû beaucoup changer pour mettre sa fierté de côté et accepter de se mettre ainsi à nu.

A son tour, Charles parla de sa paralysie, de la guerre du Vietnam et de son désespoir de voir ses étudiants et ses professeurs être enrôlés les uns après les autres, de la fermeture de son école. Il avoua lui aussi à quel point il s'était senti seul.

Ils terminèrent la partie. Charles avait perdu. Il leva les yeux sur Erik. Ce dernier le dévisageait d'un air détaché, comme il avait l'habitude de le faire, pourtant ses yeux étincelaient dans la semi-pénombre. Un léger sourire flottait sur ses lèvres. Charles ne savait pas comment interpréter son attitude. Est-ce qu'il se faisait des idées ou bien… Non, il reconnaissait ce regard. C'était ce même regard dont Erik le gratifiait autrefois quand ils s'apprêtaient à…

Charles eut soudain une bouffée de chaleur. Il frotta ses mains moites sur son jean. Erik continuait de le fixer sans dire un mot. Il ne tenterait rien. C'était à Charles de prendre la décision.

Ce dernier n'écouta pas sa raison, qui lui dictait pourtant de rompre tout contact avec Erik et de rejoindre Hank dans le cockpit. Il céda au besoin humain de rompre la solitude dans laquelle il vivait depuis trop longtemps et jeta un regard sans équivoque à Erik. Puis il se leva et se dirigea vers la petite cabine des toilettes de l'avion. Il avait l'impression de se mouvoir dans un rêve. Ses gestes ne lui semblaient pas naturels, il devait se concentrer pour parvenir à mettre un pied devant l'autre. Il entra dans la cabine et ferma la porte, sans verrouiller le loquet.

Et s'il s'était trompé ? Et s'il avait cru voir en Erik un désir qu'il essayait lui-même de refouler depuis qu'ils s'étaient retrouvés, quelques heures plus tôt ?

Mais les doutes de Charles se révélèrent infondés. Un instant plus tard, Erik entra à son tour dans la cabine. Charles se raidit. Avait-il pris la bonne décision ? Etait-ce vraiment ce qu'il voulait ?

Le loquet de la cabine se verrouilla sans qu'Erik ait esquissé le moindre geste. Les deux hommes échangèrent un regard. La tension était palpable. Charles comprit qu'Erik devait se sentir aussi mal à l'aise que lui. Il devina qu'il ne savait pas non plus très bien ce qu'il faisait.

Ils ne se trouvaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre tant la cabine était exiguë.

Erik fit un pas en avant.

Charles tendit les bras.

Ils s'étreignirent.

Une vague de chaleur et de bien-être se déversa sur Charles. Il n'arrivait pas à croire qu'il serrait Erik contre lui. Erik Lehnsherr. L'homme qui avait bouleversé sa vie. L'homme qu'il avait tant aimé. Les effluves qui se dégageaient de son corps l'étourdirent – un mélange d'alcool, de sueur et de cette fragrance exclusive qui l'avait si souvent enivrée autrefois. Erik avait changé. Et lui aussi. Mais en cet instant, serrés l'un contre l'autre, Charles avait l'impression de se retrouver projeté dix ans en arrière, quand ils ne formaient qu'un.

Doucement, Erik effleura sa nuque du bout des lèvres. Charles tressaillit mais le laissa caresser sa peau. La caresse se transforma en baiser, tendre, fugace, à peine plus concret qu'un souvenir. Charles tourna timidement la tête et les lèvres d'Erik remontèrent jusqu'à l'arête de sa mâchoire. Ils se figèrent tous les deux, ignorant l'un comme l'autre s'ils étaient vraiment prêts à aller plus loin. Quelques secondes s'écoulèrent, durant lesquelles leurs souffles se mêlèrent.

Puis Charles céda le premier. Il se pencha légèrement en arrière, offrant ainsi ses lèvres à Erik. Les deux hommes échangèrent un baiser timide, très doux, et encore inoffensif.

Puis ce fut Erik qui céda. D'un geste brusque, il scella leurs lèvres en un baiser plus passionné, plus possessif. Charles s'abandonna complètement. Leurs bouches ne tardèrent pas à s'entrouvrir et la langue de Charles redécouvra celle d'Erik. Ce dernier posa une main au creux des reins de son amant pour le serrer contre lui.

Aussitôt, Charles se cambra et retint son souffle.

— Je t'ai fait mal ? murmura Erik.

Charles secoua la tête.

— Non, ça me rappelle seulement… que je t'ai perdu…

— Je suis là maintenant.

— Je sais. Mais pour combien de temps ?

Charles se doutait qu'Erik ne pourrait pas répondre à cette question. De toutes façons, ce n'était pas le moment d'aborder le sujet. Erik s'offrait à lui et il brûlait de poser ses mains sur son corps, de sentir son cœur battre au creux de sa poitrine et de l'entendre murmurer qu'il était désolé, encore et encore.

— Je suis là maintenant, répéta Erik d'une voix rauque.

Sans laisser à Charles le temps de répliquer, il le plaqua contre la cloison de la cabine et écrasa ses lèvres contre les siennes, son corps contre le sien. D'une main, il agrippa une poignée de ses cheveux trop longs et emmêlés pour l'obliger à pencher la tête. Son autre main se glissa sous le col de sa chemise et il commença à sucer la peau qui couvrait son cou. Charles poussa un soupir. Il promena à son tour ses mains sur le torse et sur les hanches de son amant.

Leurs baisers devinrent plus ardents, plus impatients. Ils s'embrassaient avec une avidité qui déconcerta Charles. Il avait l'impression qu'Erik voulait avaler ses lèvres, sa langue, son corps tout entier. Son amant le serrait contre lui à l'étouffer. Un peu déstabilisé, Charles s'interrogea. Etait-il possible que… qu'Erik ait regretté autant que lui leur séparation ?

Erik dû croire que quelque chose n'allait pas car il s'écarta pour jeter à Charles un regard incertain. Ce dernier le rassura en tirant sur sa chemise pour la sortir de son pantalon et commencer à la déboutonner avec des gestes fébriles. Erik s'empressa de l'imiter. Charles le sentit s'impatienter alors qu'il essayait d'enlever les derniers boutons récalcitrants. Il finit par les arracher pour en finir plus vite. Charles aurait dû s'en agacer – sa chemise était foutue maintenant – mais, au contraire, la réaction d'Erik ne fit que l'exciter davantage. Il aimait quand son amant perdait le contrôle.

Les deux hommes laissèrent tomber leurs chemises sur le sol puis s'étreignirent à nouveau. Le contact de leurs peaux brûlantes, déjà recouvertes d'une fine pellicule de sueur, les fit frémir. Ils continuèrent à se caresser et à s'embrasser jusqu'à ce qu'Erik prenne les devants en débouclant la ceinture de Charles. Il ouvrit la braguette de son jean et regarda avec une délectation presque indécente l'érection de son amant. Il glissa ses doigts sous le caleçon de Charles et les enroula autour de son membre pour commencer à le masturber. De sa main libre, il agrippa la mâchoire de son amant et baisa brutalement ses lèvres. Charles réprima un gémissement. Il ferma les yeux et pencha la tête sur le côté. Il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir honte d'éprouver du plaisir.

— Charles, regarde-moi, exigea Erik à voix basse.

Charles s'exécuta, hésitant. Ce qu'il perçut dans les yeux de son amant reflétait sans doute les mêmes désirs contradictoires que lui. Erik avait indéniablement envie de lui mais il avait peur aussi. Pour lui comme pour Charles, c'était aussi brutal qu'inattendu.

Mais Charles ne voulait pas laisser passer cette occasion. Il venait de retrouver Erik et échangeait avec lui une étreinte inespérée. Il était mort de peur mais il se sentait également prêt à lui céder tout ce qu'il voulait. Il se serait mis à genoux pour le supplier de continuer à le caresser. Alors il choisit de s'abandonner au plaisir.

Constatant qu'il devenait plus réceptif, Erik accéléra son mouvement de va-et-vient. Charles le serra contre lui. Il se mit à haleter, les mouvements de son amant sur son sexe provoquant des décharges de plaisir qui lui faisaient perdre la tête. Oh, bon sang, c'était bon ! C'était tellement bon ! Putain, Charles adorait ça.

Au bout d'un moment, ses soupirs inégaux se changèrent en gémissements. Le plaisir qu'Erik lui prodiguait était trop intense pour qu'il puisse encore se retenir. Ses jambes tremblaient, menaçaient de céder. D'une main, il se retint comme il put au lavabo de la cabine. Quant à l'autre, il dû la mordre pour étouffer les râles qui montaient du fond de sa gorge. Il ne fallait pas que Logan l'entende. Et Hank encore moins. Que penseraient-ils de lui ? Que diraient-ils s'ils voyaient le professeur Charles Xavier en train de se laisser masturber par son pire ennemi ?

La honte menaça à nouveau de le submerger. Il se crispa, ce qu'Erik ne manqua pas de remarquer. Pour couper court à toute question embarrassante, Charles plongea à son tour sa main dans le caleçon de son amant. Il put constater qu'Erik se trouvait lui aussi très à l'étroit. Il prit alors l'initiative de faire glisser son pantalon et son sous-vêtement le long de ses jambes. Erik fit un pas de côté pour permettre à Charles de les lui enlever.

Ce dernier sentit son désir grimper encore d'un cran quand il se mit à caresser le membre palpitant d'Erik du bout des doigts. Il savait que ce qu'il lui infligeait était une torture insoutenable. Il lui en donnait juste assez pour l'exciter à en perdre la tête mais pas suffisamment pour qu'il prenne réellement du plaisir. Autrefois, il était arrivé à Charles de recourir à ce genre de supplice, parce que cela rendait Erik complètement fou et qu'il pouvait alors exiger de lui tout ce qu'il voulait.

Et c'était exactement ce qu'il s'apprêtait à faire.

— Charles… Charles… pas ça, s'il-te-plaît… gémit Erik, tremblant d'un désir qu'il avait visiblement du mal à contrôler.

Charles baisa doucement ses lèvres avant de murmurer à son oreille :

— Est-ce que tu as envie de moi ?

— Bien sûr que j'ai envie de toi ! Ça ne se voit pas peut-être ?

— Alors, prends-moi. Si tu as envie de moi, prends-moi ici, maintenant.

— Non ! s'offusqua Erik. Pas ici !

— Prends-moi, insista Charles en poursuivant sa délicieuse torture.

— Mais je… tu es sûr que… oh, putain, Charles… que tu ne veux pas… attendre ?

Erik allait céder. Malgré les risques, malgré la honte qu'il devait éprouver lui aussi, Charles était certain qu'il allait céder. Le désir les avait submergés l'un comme l'autre et ils ne pouvaient faire autrement que de capituler, poussés par le besoin irrépressible d'appartenir à l'autre, de s'abandonner, de ne faire qu'un. Ils étaient indéniablement liés – même si ce lien était à jamais pourri par la colère, la rancœur et les regrets.

— Pourquoi est-ce que je voudrais attendre ? demanda Charles, agacé.

— Tu ne préfères pas qu'on soit… dans un endroit plus confortable… plus adapté…

— Erik… Ça fait déjà dix ans que j'attends.

Charles repoussa Erik, posa les mains sur la taille de son pantalon et, sans quitter son amant des yeux, il le fit descendre jusqu'à ses chevilles, dévoilant toute son intimité.

Erik ne dit plus rien. Il glissa l'index de sa main droite dans sa bouche pour l'enduire de salive puis il introduisit celui-ci en Charles. Ce dernier ne put réprimer une grimace de douleur. Bon sang, ça faisait si longtemps, il avait oublié à quel point ça faisait mal. Contre toute attente, Erik fit preuve de délicatesse et parsema son visage de baisers pour le réconforter.

— Je ne veux pas te faire de mal, confia-t-il à voix basse. On ne devrait pas faire ça. Tu es sûr que c'est ce que tu veux ?

— Ou-oui… répondit Charles d'un ton plus incertain.

L'index d'Erik exécuta de lents va-et-vient en lui durant un long moment. Le corps de Charles finit par s'habituer à cette intrusion inhabituelle et se détendit. Erik introduisit un deuxième doigt puis un troisième. Il avait beau dire, Charles le sentait trembler d'excitation et d'impatience. Malgré son air détaché, il crevait d'envie de le prendre et de le baiser. Mais il ne voulait pas non plus faire souffrir Charles et s'efforçait de réfréner ses ardeurs pour prendre le temps de le préparer. Charles lui en était reconnaissant.

Enfin, il déclara qu'il était prêt.

Erik cracha dans sa main pour pouvoir enduire son sexe de salive et le lubrifier. Puis il regarda Charles, noyant ses prunelles grises dans l'azur de celles de son amant. Il se figea, tétanisé par une ultime hésitation.

Charles comprit. C'était la culpabilité qui freinait Erik. Ce dernier avait conscience du mal qu'il lui avait fait autrefois. Et il ne se sentait pas capable de lui faire l'amour en le regardant droit dans les yeux, comme s'il ne s'était rien passé.

Charles prit alors l'initiative de se retourner, sans qu'Erik ait eu besoin de dire quoi que ce soit. Il posa ses deux mains sur le lavabo et se pencha légèrement en avant. Il prit la précaution de fermer les yeux, pour qu'Erik ne puisse pas par mégarde croiser son regard dans le miroir. Ce dernier passa un bras autour de son torse pour se coller à lui. Charles sentit son sexe le pénétrer avec une douceur inattendue. Mais même ainsi, il serra les dents et enfonça ses ongles dans ses paumes, s'efforçant de passer outre la douleur.

— Pardonne-moi, Charles.

Et Charles sentit ses yeux s'embuer alors qu'Erik commençait à onduler contre lui, exécutant un va-et-vient qui mêla à la douleur une vague de plaisir.

C'était exactement ainsi que leur relation se définissait autrefois – un mélange de souffrance et de bien-être, une blessure consentie, une satisfaction bestiale qui les poussait à chercher le contact de l'autre et qui les ravageait parce qu'ils étaient incapables de se rendre heureux.

Aujourd'hui, rien n'avait changé.

Charles avait mal mais pour rien au monde il n'aurait voulu qu'Erik se retire. Il avait l'impression de vivre un rêve ou l'une de ces hallucinations qui le prenaient parfois lorsqu'il abusait de l'ecstasy. Erik était en lui. Il pouvait presque sentir le cœur de son ennemi battre à tout rompre dans sa poitrine. Mais était-il vraiment son ennemi ? L'avait-il jamais été ?...

Charles chassa de son esprit toutes ces questions qui lui empoisonnaient l'existence depuis tant d'années. Tout ce qu'il voulait maintenant, c'était savourer pleinement cette étreinte imprévue avec l'homme qu'il détestait au moins autant qu'il l'aimait. C'était si bon d'être avec lui. De le sentir en lui.

Alors que Charles se retenait à grand-peine de gémir, Erik donnait des coups de reins de plus en plus violents. Il le pénétra plus profondément, étouffant les râles qui montaient du fond de sa gorge en écrasant ses lèvres sur la nuque de son amant.

Il ne tarda pas à heurter le point sensible de Charles et ce dernier se cambra, incapable de retenir un cri alors qu'une décharge de plaisir plus fulgurante que les autres lui faisait perdre le peu de contrôle qu'il avait encore. Erik plaqua une main contre sa bouche juste à temps pour étouffer son cri. Il continua à donner de puissants coups de reins, frappant juste presque à chaque fois, inondant Charles d'un plaisir frénétique, violent, exaltant. Charles poussait des râles qui se perdaient dans la main qu'Erik gardait plaquée contre sa bouche. Ce dernier soufflait comme une bête. Plusieurs fois, il dû lui-même se museler en mordant l'épaule nue de son amant.

Et comme si cela ne suffisait pas, Erik fit glisser sa main libre le long du torse de Charles afin de saisir son membre gorgé de sang et de le masturber, encore et encore. Charles se sentit flancher. Ses jambes cédèrent et il s'affala sur le lavabo. Les sensations se mêlaient, de plus en plus intenses à mesure que les secondes s'écoulaient. Maintenant, il s'abandonnait complètement à Erik, à ses assauts violents et à ses caresses langoureuses. Il se sentait pris au piège dans l'étau du plaisir et il s'en voulait d'aimer cela à ce point. Erik l'avait trahi et abandonné, il l'avait privé de ses jambes et d'une certaine façon de ses pouvoirs télépathiques – pourtant, il était incapable de lui résister. Il le laissait le baiser dans cette cabine exiguë, après dix ans de séparation, et il aurait voulu crier de plaisir pour lui, il aurait voulu hurler son nom et lui avouer combien il lui avait manqué, malgré tout le mal qu'il lui avait fait. A cet instant, il adorait tout ce qui concernait Erik. Et tout ce qui n'était pas Erik n'existait pas.

Charles s'était mis à baver dans la main que son amant gardait plaquée contre sa bouche. Il le sentit accélérer la cadence et enfouir sa tête au creux de son épaule. Erik n'allait certainement pas tarder à jouir. Et ses coups devinrent si brusques que Charles craqua le premier. Le plaisir explosa dans son bas-ventre, le laissant sans forces après avoir poussé un ultime cri de jouissance. Sa semence se répandit entre les doigts d'Erik.

Ce dernier cessa tout mouvement, jouissant à son tour, étouffant son râle dans le cou de Charles. Un filet de salive s'échappa de ses lèvres, dégoulinant le long de la nuque de son amant. Le souffle court, Charles se laissa aller contre Erik après qu'il se fut retiré. Les jambes d'Erik cédèrent à son tour et ils s'effondrèrent sur le sol de la cabine.

Charles perçut à nouveau les vibrations de l'avion. Il se concentra sur la respiration d'Erik, sur les battements de son cœur et sur sa poitrine qui se soulevait et s'abaissait à un rythme encore irrégulier. Bon sang, il n'aurait jamais pu imaginer que leur trajet en avion se déroulerait de cette façon…

Ils restèrent immobiles un long moment, le temps de reprendre leur souffle. Charles finit par se redresser pour prendre la serviette qui pendait à un crochet près du lavabo. Il essuya son sexe, ses cuisses, partout où sa semence avait laissé des traces. Puis, timidement, il se retourna. Il n'osa pas regarder Erik dans les yeux. Avec des gestes embarrassés, il entreprit de nettoyer son amant de la même manière.

Les deux hommes se rhabillèrent en silence. Erik était en train de reboutonner sa chemise quand il entendit Charles pousser un grognement.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— C'est ma chemise. Regarde, je ne peux pas la mettre et sortir comme ça.

Erik remarqua les derniers boutons arrachés et proposa obligeamment d'aller lui en chercher une autre dans son sac. Il déverrouilla le loquet pour sortir de la cabine. Il revint une minute plus tard avec une chemise propre et en bon état pour Charles.

— Logan dort encore et Hank n'a pas l'air d'avoir bougé du cockpit, l'informa-t-il.

— Tant mieux.

Charles enfila sa chemise puis échangea un regard avec Erik.

Ce dernier sembla hésiter mais finit par le prendre dans ses bras pour l'embrasser. Ils ne parlèrent pas de ce qui s'était passé. Charles savoura ce dernier baiser qu'Erik lui accordait, conscient qu'ils ne pourraient peut-être plus bénéficier d'un moment d'intimité comme celui-ci avant longtemps.

Puis ils regagnèrent leurs sièges, de part et d'autre du plateau d'échecs. Ils commencèrent une nouvelle partie, passant presque sans transition du sexe au jeu, comme ils en avaient pris l'habitude dix ans auparavant.

Et ils auraient presque pu se persuader que rien n'avait changé.