Disclaimer: Je est un autre, d'accord. Mais elle c'est elle - Dame Joanne K. Rowling - et moi c'est moi.

1. Premier baiser

(« And Never Been Kissed » de Caligriphy)

Albus Dumbledore n'était pas ce qu'on appelle un homme... sexy.

Pendant une brève période de sa vie, il avait été le possesseur d'un physique dit « moyen ». Ce qui lui convenait tout à fait : « moyen » n'avait rien de déshonorant, et il y avait tant de choses à faire, à sonder, à saisir, à apprendre... Il n'avait pas trouvé le temps ou l'envie de se ranger, d'exploiter ses atouts « moyens », tant il avait répondu à l'appel de ce qui était grand, de ce qui était inouï.

Et par la suite... il avait perdu tout « moyen ».

Non qu'il eût beaucoup de regret. Son cœur allait à son travail, à ses collègues, à ses élèves.

S'il lui arrivait de s'imaginer avec un amant (lequel changea souvent d'aspect avec les années), il songeait simplement que même si un candidat potentiel se présentait, lui, Albus, ne saurait franchement pas comment s'y prendre avec lui.

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Lorsque la chose se produisit, ce fut un soir comme les autres.

Dans la salle de réunion, le brouahaha retombait à mesure que les professeurs passaient la porte un à un pour se perdre dans les corridors. Albus rassemblait ses notes éparses sur la longue table de bois poli.

Par la suite, il se rappela qu'il faisait presque silence. Le feu crépitait. Les hautes fenêtres montraient une brassée d'étoiles claires.

Près de lui, quelqu'un se râcla discrètement la gorge. « Monsieur le Directeur... »

Albus leva les yeux. « Oui, Severus, qu'y a-t... »

L'instant d'après, Albus Dumbledore faisait l'objet d'un baiser. Un vrai, un pour de bon. Les lèvres de Severus, d'ordinaire serrées en une ligne dure, se faisaient chaleureuses, humides, douces contre les siennes.

Hé bé.

Sur le moment, le Directeur se figea sous le choc.

Il sentit des doigts effleurer sa barbe sur toute sa longueur et frémit à ce contact. Ses orteils se contractèrent, pétrissant la laine de ses chaussettes toujours trop grandes, la malaxant, quand ses mains pouvaient empoigner ces épaules un peu trop maigres à qui un bon massage n'aurait pas fait de mal. Albus ferma les yeux et entendit les parchemins se froisser sous ses doigts.

Il ne savait que penser. C'était... intime. C'était un souffle mêlé au sien, un arôme lointain de berlingots à la menthe et de thé noir au citron.

La pointe d'une langue effleura sa lèvre inférieure.

Oh.

Puis le Maître de Potions mit fin au baiser, avec un petit bruit de succion bien reconnaissable.

Albus cligna des yeux derrière ses lunettes en demi-lune, fixant Severus — Severus ! — Severus, la terreur des élèves, le fléau des rendez-vous amoureux en haut de la Tour d'Astronomie — Severus, le grand jeune homme mince aux doigts fins, qui faisait usage de son intelligence comme d'un scalpel ou d'une arme contondante — Severus qui, à sa connaissance, ne s'était jamais montré enclin à cultiver une relation sentimentale avec qui que ce soit — Severus l'avait embrassé.

L'homme pâlit encore, si faire se pouvait, et inclina la tête. « Monsieur le Directeur... » lâcha-t-il avant de pivoter sur place.

Le cœur d'Albus accéléra. « Attendez ! », dit-il, mais le jeune sorcier avait déjà disparu.

Seul avec le silence, le Directeur posa ses doigts contre ses lèvres, retraçant leur contour, mimant la pression fugace, insolite, d'une bouche contre la sienne.

Puis il se laissa retomber lourdement sur sa chaise, serrant ses notes contre son cœur.

- On m'a embrassé, dit-il et, relevant la tête, il croisa le regard de l'elfe qui débarrassait la table.

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- On m'a embrassé, dit-il au miroir qui surmontait son lavabo.

- On m'a embrassé, chuchota-t-il aux portraits assoupis dans son bureau.

- Il m'a embrassé, dit Albus. Fumseck se dandina sur on perchoir, crachant un rond de fumée pensif.

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- Vous me paraissez bien guilleret ce matin, dit Minerva.

« On m'a embrassé »... ne fut pas la réponse d'Albus tandis qu'il choisissait le beignet à la cannelle le plus crémeux du lot.

- Il n'y a que vous pour exulter à la perspective des examens. Les vacances, oui, je comprendrais. Mais avant, c'est un véritable parcours du combattant qui nous... tiens !

« Dites donc, j'ai été embrassé ! »... ne fut pas la réaction d'Albus.

- Mmm ?

- Ne le regardez surtout pas, mais notre collègue préféré s'est encore levé du pied gauche ce matin.

Albus, bien sûr, le regarda. Balaya des yeux la Grande Salle et son joyeux désordre pour voir l'homme en noir se faufiler d'ombre en ombre, dos au mur, mine boudeuse, tandis qu'il rasait les cloisons pour atteindre la table des enseignants. « On m'a embrassé. »

Petite toux. « Je vous demande pardon, Albus ? »

Albus détourna le regard. « Puis-je avoir la confiture ? »

Minerva haussa le sourcil. « Elle est sous votre coude. »

« Hé hé. De fait. Nous devrions peut-être commander de plus petits pots ? » Albus ne leva pas les yeux quand lui parvint, à travers le vacarme, le râclement sourd d'une chaise qu'on tirait pour s'asseoir. Il se trancha une part de beignet avec sa fourchette.

- Embrassé, hein ? demanda Minerva.

Il grommela une vague réponse. Recueillit sur sa fourchette une petite part de beignet couvert de glaçage sucré.

- Quelqu'un que je connais ?

- Ils sont délicieux, vous devriez en goûter un, suggéra Albus en mangeant sa part. Une miette se détacha du beignet pour atterrir dans sa barbe.

- Merlin nous préserve, Albus... Pas lui !

Le Directeur prit une gorgée de thé, réfléchit un peu et ajouta un nouveau morceau de sucre.

- Il a l'âge d'être votre arrière-arrière-petit-fils. J'espère que vous vous en rendez compte.

- Minerva, auriez-vous un peu trop serré votre chignon ce matin ?

- Il n'en adviendra rien de bon, et vous le savez.

Les mots de Minerva planèrent longuement au-dessus de la table, et tout le glaçage de ses trois beignets ne suffit pas à les faire disparaître.

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Les jours s'écoulèrent tout doucement.

Ce n'était pas ce qu'il voulait, vraiment pas. Chaque matin au petit-déjeuner, il regardait le sorcier faire son entrée et se poser sur sa chaise comme un grand freux, regardait ce jeune visage se creuser et s'assombrir imperceptiblement.

« Bonjour, Severus », voilà ce qu'il disait. Et : « Bon après-midi ». Et : « Comment vous portez-vous aujourd'hui ? ». Et : « Parlez-moi un peu de vos recherches. »

Albus avait affronté plus d'un Mage Noir, plus d'un petit fonctionnaire tyrannique, plus d'un élève à problèmes. Il avait mis fin à l'existence de nombreux sorciers et sorcières, les avait envoyé pourrir en prison. Il savait faire face à la peur. Il restait un Gryffondor jusqu'à la moëlle.

Et chaque jour, il allait vers Severus, ouvrait la bouche, et disait comme par accident : « Les Serpentards semblent bien partis pour gagner la Coupe ». Et : « Vous avez essayé les tartelettes aux fraises ? ». Et : « C'est vous qui accompagnez les élèves à Pré-au-Lard pour la sortie du week-end, au cas où vous auriez oublié. »

Réponses : « Je ne fais pas de pronostic. » - « Je n'aime pas les fraises. » - « Evidemment que je n'ai pas oublié. »

Severus était pareil à une plume — une plume affûtée, noircie d'encre, un instrument si utile qu'on ne s'arrêtait pas à observer sa beauté. Oui, Severus était beau. Il était tout le contraire d'une paire de chaussette chaudes et duveteuses. Il était la pièce florale qui empêche les invités de se parler à travers la table. Il était un jardin envahi de roses à épines.

Le Maître des Potions cessa soudain de se laver les cheveux régulièrement. Le vendredi, au petit-déjeuner, Albus le regardait se glisser dans la Grande Salle, les cheveux pendant, masquant son visage. Les nez se froncèrent bientôt à la vue de Snape, avant même qu'il n'ouvre la bouche.

Albus regrettait de n'avoir pas rendu le baiser.

Un millier de jours passa en un clin d'oeil.

Albus n'était pas beau, la guerre grondait au loin et avec des affaires aussi pressantes, il n'avait ni le temps — ni le courage — d'évoquer un baiser.

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(Le baiser devint un trésor secret. Comme un élève cache les bonbons achetés à Pré-au-Lard, il gardait ce souvenir en lui, bien dissimulé, éprouvant une joie sereine à la pensée qu'il était là.)

(Le soir, il l'enfouissait sous son oreiller pour le préserver au cours de ses heures d'inconscience.)

(Et il fallut peu de temps pour que le souvenir croisse, se fasse fantasme... peu de temps pour que le contact de ces lèvres et ce petit plus qui allait avec ne s'étende au reste de son corps vieilli, pour que son amant imaginaire acquière deux yeux noirs étincelants et une expression énigmatique.

« Monsieur le Directeur », chuchota d'abord le fantôme. Puis : « Albus ».)

Albus prit l'habitude de dormir sur le côté gauche du lit et demanda aux elfes de maison de lui fournir un oreiller supplémentaire.

Au cas où.

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- Vous prenez soin de vous, Severus ?

- Autant que faire se peut, avec ces petits crétins sans cervelle qui bavent dans leur chaudron. Franchement, qui serait assez stupide pour ajouter de l'essence distillée de...

Le geste fut si furtif que tout autre sorcier, de moindre valeur, aurait hésité à l'identifier. Severus le remarqua et trébucha sur ses derniers mots. Ils retombèrent dans le silence en tournant l'angle du corridor.

- Il faut que je les lave, lâcha Snape au bout d'un moment.

Albus espérait que sa barbe masquait sa rougeur.

- Cela dit, je ne vois guère l'intérêt de jouer les gravures de mode. Vous ne m'avez pas embauché pour mon physique. J'en suis bien conscient.

- Vous avez des cheveux très noirs, dit Albus prudemment.

- Je n'utilise pas de teinture !

- Je n'ai jamais dit ça.

- Quel était votre sous-entendu, alors ?

- C'était une simple remarque.

- Une simple remarque... une simple rem... oh oui, tout comme « Je crois que notre petit Harry aurait besoin qu'on s'occupe davantage de lui » est une simple remarque. Je n'emploie ni charme ni teinture et j'ai bien l'intention de les laver après le dîner.

Lorsque leurs chemins se séparèrent, Severus ne répondit pas au « Bon après-midi » d'Albus. Ce dernier savait qu'il se montrerait boudeur et distant les jours suivants.

Mais il savait aussi, à présent, ce que donnait ce rideau de cheveux fins et noirs au toucher.

Se faisait-il des idées, ou ses doigts étaient-ils vraiment un peu gras ?

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Il y avait une guerre en cours. L'Ordre. Le Ministère. Les élèves. Voldemort. Les Mangemorts.

Severus était à bout de nerfs, à en juger par son tempérament et son hygiène de vie.

Albus... aussi.

Severus ne sortait jamais le dernier d'une réunion, d'enseignants ou de l'Ordre. Lorsqu'ils se voyaient seuls, ils échangeaient des propos brefs, hâchés et professionnels — sauf lorsque Severus pestait une fois de plus contre la tournure des choses. Albus le laissait alors déambuler dans sa bureau tout en se demandant si le sorcier était encore attiré par lui. A supposer qu'il l'ait jamais été. Peut-être Severus avait-il juste pressenti qu'il avait affaire à quelqu'un en manque, quelqu'un de réceptif.

Peut-être avait-il cherché davantage.

Peut-être était-il sur le point de prendre une décision, de solliciter une relation nettement moins platonique. Et lui, Albus, avait tout chamboulé parce que dans sa jeunesse il avait joué les sorciers tout-puissants, couru le monde pour le changer, et fichtrement oublié de se documenter sur les baisers.

Et maintenant ? Ce serait ridicule d'inviter son honorable collègue et ami (qui ne le considérait pas nécessairement comme tel) à prendre le thé pour lui expliquer qu'une virginité de cent ans est une vieille habitude, mais qu'on peut toujours envisager de changer ses habitudes avec un peu d'assistance...

Ridicule.

Aussi garda-t-il le silence. Un jour, il parlerait. Un jour.

Le souvenir dansait dans ses pensées comme la flamme d'une chandelle, l'aidant à garder le moral haut, comme une miette de chaleur dans la nuit.

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Le temps passa. Il y avait une guerre en cours.

Severus disparut.

La chandelle s'éteignit.

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Lorsque la chose se produisit, ce fut un soir pas comme les autres. Le soir de Noël, quand tous les bons petits soldats étaient au lit.

Voldemort apprit qu'il y avait un serpent dans son camp.

Mais le serpent, toujours glissant, serpenta jusqu'à son foyer.

Albus arriva à l'Infirmerie en pyjama et robe de chambre.

- Coupez-le, bégayait Severus en se mordant les lèvres jusqu'au sang. Les larmes s'échappaient de ses yeux mais il ne sanglotait pas. La douleur était assez forte pour le jeter dans des convulsions. Arqué sur son lit de malade, s'enroulant et se déroulant comme un ver après la pluie. « Coupez-le », répéta-t-il en agrippant son bras à hauteur du coude.

La Marque palpitait d'un pouls qui lui était propre.

Remus, Kingsley, Harry étaient là qui regardaient.

- Tenez-le bien, dit Albus.

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Poppy lui proposa, dans la mesure de ses compétences, diverses prothèses.

Severus détourna ostensiblement les yeux de sa manche épinglée au coude, secoua la tête et dit « Je ne suis pas un mollusque ». Il quitta l'Infirmerie, suivi d'Albus.

D'un accord tacite, ils se rendirent dans le bureau d'Albus. Le Directeur servit deux verres de cognac.

Severus restait silencieux. Puis il dit : « Vous allez me conseiller de réfléchir à la chose. Pour ne pas attirer l'attention sur moi. »

Albus sirota son cognac. « Et c'est un conseil que vous seriez tenté de suivre ? »

- Sans doute non, répliqua Snape.

- ... Puis-je vous demander comment vous vous sentez ?

Un coin de sourire. « Très bien, à ma grande surprise ». Severus fit une pause. « Je ne devrais peut-être pas être si surpris. Mais je ne crois pas que j'ai envie d'une prosthèse. Ni de tester les sorts de repoussage. Je crois que je vais garder mon bras tel qu'il est. »

- Encore un peu ? dit Albus en remplissant de nouveau le verre de Severus.

- Ou alors, un crochet. (Severus eut un sourire sarcastique.) Un crochet fonctionnel, mais qui fasse bien peur aux gens.

- Je suis désolé pour cette perte, Severus.

- Je m'adapterai, j'imagine.

Ils burent.

- ... Nous avons failli vous perdre.

- J'en suis conscient.

Albus posa ses deux mains à plat sur son bureau. « ... Ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour en parler... »

- Parler de quoi ?

Albus déglutit malgré la boule dans sa gorge. Il sentait la sueur gagner ses paumes. « Eh bien... »

- Si c'est encore à propos de Potter...

- Vous m'avez embrassé, autrefois, dit brusquement Albus.

Silence.

Le Directeur ne parvenait pas à regarder Snape. « Autrefois. Il y a si longtemps. Vous m'avez embrassé. Après une réunion du corps enseignant. »

Un des portraits fit entendre un bâillement.

- Je regrette de n'avoir pas... réagi... comme j'aurais dû. J'ai été pris de court. (Albus prit une grande respiration.) Voyez-vous... cela ne m'était jamais arrivé. Et... je voudrais que vous sachiez que... je suis désolé si je vous ai causé la moindre peine. Et... si jamais vous...

- Si je vous comprends bien, vous êtes en train de vous excuser pour un incident qui s'est produit il y a des années. Lorsque j'ai fait des avances inappropriées et indésirables à mon supérieur...

- Elles n'étaient pas inappropriées. Encore moins indésirables.

Albus agrippa son verre, luttant contre un sentiment croissant de honte. Contre l'envie irrépressible de fuir cette pièce à toutes jambes.

Le silence s'éternisait. Enfin...

- Pourquoi en parler maintenant ?

- Parce que je n'ai jamais cessé d'y penser. Je voulais que vous le sachiez, au moins. Je voulais que vous... (Albus secoua la tête.) C'est vous que je veux. Depuis si longtemps.

Silence.

- Ridicule, n'est-ce pas ? dit Albus.

Il se leva et quitta la pièce.

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- Surtout prenez tout votre temps, Snape, grogna Moody depuis le siège où il était juché près de la porte.

Albus regarda Severus entrer. Son bras droit tout entier pendait à la verticale de l'épaule comme un fil à plomb, attirant d'autant plus les regards sur la manche vide et épinglée. Si Albus fut surpris de ne pas voir Severus perdre son calme, il ne s'étonna pas de l'entendre riposter...

- On est un peu inquiet à l'idée de perdre son statut de membre le plus difforme de l'Ordre ?

Cris et menaces. Kingsley dût se jeter sur Alastor pour le retenir.

Snape s'installa confortablement dans un fauteuil et croisa les jambes, les joues rosies par le feu.

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Enfin la réunion se termina. Ceux qui passaient la nuit square Grimmauld se retirèrent à l'étage.

Albus rassembla ses notes et leur jeta un charme, pour qu'elles ne tombent pas sous un regard baladeur.

- Monsieur le Directeur...

Il se figea.

La porte se referma avec un bruit sec. « Je ne suis plus... exactement ce que je vous ai offert... il y a des années. » Severus s'éclaircit la gorge. « Toutefois... »

Albus laissa échapper son souffle et se retourna.

Les yeux de Severus étaient sombres. Ses lèvres rouges. Son sourire plus incertain que sarcastique. Il haussa ses épaules redevenues droites. « Toutefois, je maintiens mon offre. »

Cette fois, Albus était prêt. Il lâcha ses notes et enjamba la pile de parchemins.

- Ce n'était pas la p...

Albus embrassa Severus.

Une chose était de recevoir un baiser, remarqua-t-il aussitôt, une autre de le donner. Il fallait prendre en compte la trajectoire des visages et le positionnement des nez. Il refit une tentative, plus contrôlée cette fois.

De longs doigts fins entourèrent sa barbe.

Le baiser s'interrompit. « Vous ne me trouvez pas... répugnant ? Vraiment pas ? »

Albus se rapprocha, cherchant de sa bouche la bouche de Severus, attirant ce dernier contre lui. « Jamais. Jamais, Severus. »

Severus émit un rire qui ressemblait à un aboiement. « Vous devez vraiment être aveugle. » Mais il rendit l'étreinte de son mieux, embrassant le coin des lèvres directoriales. « Ce n'est peut-être pas très avisé de notre part. »

Albus déglutit. « Severus, si vous n'êtes pas... »

- Emmenez-moi dans vos appartements.

Albus s'éclaircit la gorge à son tour. « Je ne saurai pas comment m'y prendre », chuchota-t-il.

- Oh mais si, dit Severus.

Et il l'embrassa jusqu'à ce qu'Albus en fût convaincu.

FIN