Petite histoire dédiée à Litany Riddle, puisqu'elle m'a poussée à l'écrire (on lui dit merci!^^) Deux chapitres pour cette semaine, pour vous donner le ton, mais attention, j'attends votre avis en échange :)
Dean Winchester leva les yeux vers le ciel. La nuit était claire et la chaleur clémente en ce début d'été à Seattle. Heureusement, car ses vêtements en haillons avaient eut du mal à lui faire passer l'hiver. Il n'avait probablement dû sa survie qu'à quelques généreux clients, des habitués, qui lui payaient la chambre d'hôtel et un café, ou des doughnuts de temps en temps…
Un violent frisson suivit d'une forte et atroce nausée le rappela à sa tâche précédente. Il se laissait facilement distraire ces derniers temps, bien trop facilement…
Les doigts tremblants, il fit coulisser le couvercle de sa petite boite en bois laqué, cadeau de sa mère quand il était petit et l'une des rares choses qu'il avait emportée en s'enfuyant de chez lui. Cependant, il doutait que sa mère, décédée depuis plus de dix ans, ai un jour pensé que ce qui se retrouverait dans cette boite serait ce qu'il était en train d'en sortir aujourd'hui...
Secoué de tremblements et de frissons de plus en plus violent, le goût âcre de la bile lui remontant dans la gorge, il sortit précipitamment ses ustensiles. Il était limite…
Il jura quand il renversa une partie de sa poudre à côté de sa cuiller, mais s'aperçut rapidement qu'il tremblait trop pour ramasser les grains orange. Il abandonna quand un haut-le-cœur le fit se courber en deux et qu'un jet de bile jaillit de sa bouche pour aller imbiber son pantalon. Maudit Spike. Il était toujours en retard…
Dean du s'y reprendre à plusieurs fois pour réussir à allumer son briquet. Lorsqu'il y parvint enfin, il saisit sa cuiller crasseuse en essayant de ne pas renverser plus de poudre, et positionna sa cuiller au dessus de la flamme tremblante. Lorsque la poudre orange se fut changée en un liquide visqueux que des bulles de chaleur faisaient bouillonner, il éteignit son briquet et posa sa cuiller sur le sol, juste à temps pour pouvoir réprimer un nouveau violent haut-le-cœur…
Il prit ensuite un vieux mouchoir en tissu, -ayant appartenu à son père, cette fois- et le mit par dessus sa cuiller. A bout, il prit sa seringue et aspira le liquide. Prenant bien soin de chasser les bulles d'air malgré son état fébrile, il s'empressa ensuite de poser son garrot, et de s'enfoncer l'aiguille dans le creux du coude gauche, là ou d'autres piqûres violentes avaient fini par faire un bleu...
En dessous du bleu, mais au dessus des blessures, sinon, ça faisait trop mal. Et puis, ces coupures si profondes sur ses avants bras et ses cuisses, n'étaient pas la pour ça. Pas plus que le reste des marques...
Dean inspira, bloqua sa respiration, puis expira lentement. L'héroïne commençait à courir dans ses veines, calmant sa faim, ses tremblements, ses haut-le-cœurs et ses nausées, brouillant sa vue, son ouïe et son raisonnement, alors que la drogue atteignait lentement son centre du plaisir et forçait son cerveau à inonder son corps d'endorphines…
Dean s'affala contre le mur de la ruelle crasseuse contre lequel il s'était assit. L'aiguille toujours dans son bras, il s'amusa des nuances colorées qu'il voyait passer devant ses yeux. L'odeur de poubelles et de pisse qui régnait dans la ruelle n'atteignait plus ses narines. A la place, il se sentait dans un monde cotonneux et doux, qui atténuait son mal de tête et rendait sa bouche pâteuse…
Après avoir plané un bon moment, Dean retrouva assez de force et de conscience pour se relever. Bien que toujours sous les effets de la drogue, il rassembla lentement ses affaires, resta longuement à penser devant son sac, incapable de dire si il avait tout pris, ou bien si il avait oublié quelque chose…
Ses pensées se mélangeaient, et finalement, sans avoir réussi à déterminer si il avait tout ramassé, il se résolut à se lever. Il empoigna son sac et s'appuya contre le mur pour se remettre sur ses pieds, puis, en titubant, il parti vers le petit parc ou il avait pris l'habitude de dormir les soirs de beau temps…
Peu assuré sur ses pieds, il réussit à en placer un devant l'autre, puis un autre encore, puis encore un autre, et un autre, et un autre. Il faillit basculer en avant lorsque son pied droit tomba soudainement plus bas que le pied gauche. Sans s'en apercevoir, il était sorti de la ruelle et avait atteint le bord du trottoir…
Il fit encore un pas, puis un autre, et un autre encore. Vacillant une nouvelle fois sur ses jambes, il leva de nouveau les yeux vers le ciel : les étoiles se confondaient les unes les autres en de grandes traînées blanches, la lune lui semblait plus lumineuse que le soleil, et les nuages semblaient vivants, monstres de cauchemars au milieu du noir du ciel…
Se concentrant sur les étoiles, Dean tenta de démêler les différentes traînées lumineuses et blanches. Il n'entendit pas les cris affolés des passants, ni le crissement des pneus sur l'asphalte. Son ouïe était brouillée, ralentie…
Il ne sentit pas le choc tout de suite, car ses nerfs étaient endormis par la drogue. L'espace d'un instant, il eût l'impression surréaliste de voler dans les airs, puis, il gémit faiblement de douleur en s'écrasant sur le sol… Il cligna stupidement des yeux un instant, la lumière crue des phares et des lampadaires brûlant ses pupilles dilatées par l'héroïne, avant de sombrer dans un univers de coton, à l'obscurité aveuglante…
