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Titre du chapitre: le quota de retenues
Tout à Jo, rien à moi, bla bla...
Publication initiale : 05 juillet 2010
Version corrigée/remaniée : 26 janvier 2013
Rating : pour la fic, M car il y a une scène de lemon vers le dixième chapitre
T pour ce chapitre
Note : lors du remaniement, le prénom de l'héroïne a été changé
L'immense pendule suspendue au dessus de nos têtes n'annonçait pas encore onze heure du matin mais en ce premier septembre, l'excitation était à son comble chez les usagers de la voie 9 ¾. Perdue au milieu de la foule, je scrutais l'horizon à la recherche de mon meilleur ami quand une main se posa sur mon épaule.
-Ah! Te voilà Remus! souris-je
-Bonjour, Sally.
Le regard de chacun de nous se posa sur l'écusson que l'autre arborait à la poitrine.
-Préfet-en-chef… soupira Remus Lupin, jamais je n'aurai imaginé que c'est moi que Dumbledore choisirait cette année!
-Pourquoi pas, Remus ? Tu vas voir, tu seras craint et respecté de tous!Plaisantai-je.
-Sûrement pas par ces deux-là, en tout en cas, rétorqua-t-il en me désignant deux compères au regard espiègle qui avançaient vers nous.
J'avais tissé des liens d'amitié avec Remus depuis notre 5ème année, où nous nous étions tous deux retrouvés préfets, mais jamais je n'avais réussi à comprendre ce qu'il trouvait aux deux hurluberlus avec qui il passait la majeure partie de son temps : James Potter et Sirius Black. Apparemment ce dédain était partagé puisque jamais les deux amis ne m'avaient accordé le moindre intérêt. Sans doute ne correspondais-je pas assez aux jeunes femmes qu'ils fréquentaient d'ordinaire. Je ne gloussais pas à leur passage et ne bavais clairement pas d'admiration devant eux.
Je ne supportais pas leur confiance absolue en eux-même, cette conviction qu'ils véhiculaient selon laquelle ils étaient le duo d'or de Poudlard que tout le monde admirait et jalousait.
C'était faux.
Je ne ressentais envers eux aucune admiration, ni aucune jalousie. Juste un profond déplaisir d'être en leur présence. C'est donc avec une certaine répugnance que je les vis s'approcher de Remus et accessoirement, de moi.
-Remus, mon ami! S'exclama Potter en gratifiant le pauvre Remus d'une grande claque dans le dos, alors te voila paré de la distinction suprême!
-Attention, James, gloussa Black, plus de Remus! Maintenant il faut l'appeler Mr le préfet-en-chef. Et j'imagine que cela vaut aussi pour son acolyte, ajouta-t-il en me voyant lever les yeux au ciel.
Pour toute réponse, je haussai les épaules.
-Oh ça va, vous-deux, rouspéta Remus pour la forme. Je vais pouvoir coller plein de retenues aux serpentards! Je ne vois pas de quoi vous vous plaignez!
Les yeux des deux nigauds brillèrent.
-Surtout à Rogue! S'enthousiasma Potter.
-Laisse Rogue où il est, tu veux? Soupira Remus.
-On verra!
-En tout cas je suis heureux de te revoir, mon vieux, conclu Black en serrant brièvement Remus dans ses bras. On va chercher de la place, quand tu auras fini tes obligations de préfet-en-chef, rejoins-nous! Ajouta-t-il en insistant lourdement sur le terme de « préfet-en-chef »
-Et si tu vois Peter, dis lui qu'on est déjà dans le train! Cria Potter, alors que déjà, ils s'éloignaient.
Ah, Peter. Parlons-en de Peter Pettigrow. Un drôle de type, toujours dans le sillage de Black et de Potter, à les regarder avec vénération. Je ressentais de la pitié pour lui, mélangée à une sorte de… dégoût. Ce dégoût n'était pas dû à son physique peu reluisant mais plutôt à sa façon de se comporter, de vivre par procuration à travers Black et Potter et de sembler incapable de prendre des décisions par lui-même. Il était pathétique.
-Désolé pour ces deux-la, soupira Remus. Ils vont bien finir par mûrir... Et peut être même plus vite qu'on ne le croit…
Ses yeux se voilèrent légèrement. Il pensait à cette menace qui planait autour de nous… Voldemort et la terreur qu'il instaurait lentement et insidieusement dans notre monde, cela suffirait-il à mettre un peu de plomb dans les cervelles de Black et Potter? Difficile à dire…
-On devrait monter dans le train et aller dans le wagon des préfets, tu ne crois pas? Suggéra Remus. Si ça se trouve McGonagall nous y attend déjà pour nous délivrer le quota de retenues que tout bon préfet-en-chef doit donner en une année.
Un deuxième année qui passait près de nous nous jeta un regard mi- surpris, mi-effrayé, qui nous fit rire.
Contrairement à la croyance commune, le wagon des préfets n'avait rien d'extraordinaire, il n'était ni plus beau, ni plus confortable. C'était juste un wagon semblable aux autres, dans lequel Remus et moi nous assîmes côte à côte et fîmes, pour la troisième année consécutive, semblant de prêter une grande attention aux recommandations de notre professeur de métamorphose, sur la « dure mais glorieuse fonction » qui était la notre.
Au bout d'une demi-heure, je crus le moment de la libération venue. Après une dernière tirade sur l'équité, McGonagall commença à nous congédier. Je m'apprêtai à me lever lorsqu'elle m'arrêta en disant :
-Miss Goldenstein et Mr Lupin, restez encore un moment, je vous prie. J'ai encore quelques mots à vous dire.
Remus et moi échangeâmes un regard. Je savais à son sourire en coin que lui aussi pensait au quota de retenues.
-Vous avez donc été nommés préfets-en-chef, commença-t-elle après que le dernier nouveau préfet, un serdaigle de 5ème année à l'air curieux fut sorti. Comme vous le savez, c'est un grand honneur mais aussi une grande responsabilité. Mais, poursuivit-elle et, à ma grande surprise, son visage se
fendit d'un sourire, je suis sûre que vous la remplirez de manière exemplaire.
Le regard que j'échangeai avec Remus fut, cette fois-ci, teinté d'incrédulité.
McGonagall ne parut pas s'en rendre compte et poursuivit :
-Il vous faudra veiller à l'ordre et donner l'exemple, d'une manière encore plus stricte que lorsque vous étiez de simples préfets. Il faudra superviser efficacement les autres préfets et pour cela il sera important, comme je le répète chaque année, de maintenir la cohésion entre les maisons.
Elle prit une grande inspiration et continua :
-Vous devez comprendre que, de par la fonction de préfet-en-chef, vous n'êtes plus deux gryffondors, mais des représentants de l'école toute entière et des élèves, toutes maisons confondues. C'est pour insister sur ce point qui lui a toujours paru fondamental, que le professeur Dumbledore a mis en place des dispositions qui permettent aux préfets-en-chef d'assurer leur fonction avec lucidité, au-delà des maisons, de leurs différences et de leurs rivalités. L'une de ces dispositions a été la création d'appartements, complètement séparés des dortoirs des autres élèves, destinés aux deux préfets-en-chef. Ces appartements n'ont bien sûr pas les mêmes restrictions que les dortoirs, c'est-à-dire que vous pouvez y recevoir n'importe quel élève, quelle que soit sa maison, ce qui vous permettra d'être à la disposition de tous. Des questions?
Remus et moi échangeâmes un nouveau regard incrédule. Ni l'un ni l'autre n'avions jamais entendu parler de ces appartements communs.
-Non, professeur..
-Très bien! Alors je vous attends ce soir, dans mon bureau, après que vous ayez vérifié que tous les élèves aient regagné leurs dortoirs, à la fin du banquet. Bien sûr, il va sans dire que vous avez un libre accès à chacun des 4 dortoirs de Poudlard.
Elle se leva et nous indiqua la sortie. Nous nous retrouvâmes dans le couloir du Poudlard Express, toujours pas remis de notre surprise.
-Je me demande ce que Sirius et James vont penser de cette histoire d'appartements communs, soupira Remus. Tu finis le voyage avec moi? Demanda-t-il gentiment.
L'année dernière, nous étions déjà très amis, mais après la conférence des préfets, il avait évidemment rejoint sa sympathique bande, auto-nommée « les maraudeurs », qui comportait Black, Potter et Pettigrow, tandis que j'étais partie retrouver ma sœur aînée, Iris. Mais Iris ayant fini Poudlard l'année dernière, je me retrouvais contrainte à faire le voyage toute seule. Je m'entendais bien avec la plupart de mes camarades de gryffondor mais n'ayant pas d'affinités particulières avec aucun d'eux, je me voyais mal m'imposer à cette heure-ci au sein d'un quelconque groupe. Perspicace, Remus l'avait compris. Alors, bien que la perspective de passer la fin du voyage avec les trois amis de Remus ne m'enchantait guère, j'acceptai pour ne pas le vexer, et le suivis le long du couloir, traînant ma valise derrière moi.
Nous finîmes par dénicher Black et les deux autres. A ma grande surprise, ils n'étaient pas seuls dans leur compartiment et je reconnus Lily Evans, une de mes condisciples pour qui j'avais le plus d'estime, accompagnée de deux de ses amies.
Trouver Lily et James Potter installés dans le même compartiment tenait du miracle, étant donné les relations qu'ils entretenaient. Potter, tentait par tous les moyens les moins subtiles possibles de la convaincre de sortir avec lui, se faisant de plus en plus détester par la jeune femme. Un simple coup d'œil sur son visage, où le dégoût se disputait à l'exaspération, permettait de comprendre qu'elle n'était pas ici de son plein gré. Sûrement n'y avait-il plus de place ailleurs.
-Tiens, s'exclama Black en nous voyant entrer, voila Mr et Mrs préfet-en-chef!
Il nous fit un salut militaire moldu.
-Très drôle, Black, bougonnai-je. Salut! lançai-je à l'adresse de Lily et de ses deux compagnes.
Lily m'ouvrit les bras comme si elle était en train de se noyer et que j'étais une bouée de sauvetage. Je remarquai que les deux filles qui l'accompagnaient bavaient d'admiration devant Black et Potter
-Sally! Comment vas-tu? Salut Remus! Lança Lily.
-Tu leur dis où je leur dis? Me demanda mon ami, suscitant l'attention de tous les membres du compartiment.
-A toi l'honneur.
-Merci. McGonagall vient de nous apprendre un truc incroyable, reprit-il aussitôt. En temps que préfets-en-chef, Sally et moi avons le droit à des appartements privés, pour nous rappeler que notre fonction dépasse le cadre des maisons ...
-Des appartements pour vous tous seuls?! Le coupa Black. Tout ça pour
récompenser une bande de rabats-joie…
-Oh ça va, Black, bougonnai-je
-Moi je trouve ça plutôt cool, intervient Potter, on va pouvoir organiser des fêtes gigantesques quand on voudra! Bien sûr tu seras la première invitée poupée, dit-il à Lily en employant un ton qu'il imaginait sensuel.
Elle lui lança un regard haineux, qu'il fit mine de ne pas remarquer.
-Ouais des méga-fêtes, renchérit Pettigrow en hochant frénétiquement la tête.
-Il faudra que Sally soit d'accord pour organiser des fêtes, les tempéra Remus d'une voix douce.
Black et Potter haussèrent les épaules d'un même mouvement.
Tant de considérations pour ma personne, c'était si flatteur.
Je m'installai entre Lily et Remus, en face de Black, Potter, Pettigrow et d'une des amies de Lily. Celle-ci engagea la conversation sur ma sœur, probablement pour évincer Black et Potter de la discussion. Technique qui marcha à merveille car ils se mirent aussitôt à planifier leur prochaine fête dans MES appartements.
-Je suis contente qu'elle ait si bien réussi, disait Lily en parlant de ma sœur et de ses ASPIC. Qu'est-ce qu'elle fait alors, maintenant?
-Elle est partie en France. Elle s'est fiancée avec Pierre, tu sais le type avec qui elle correspondait.
Il y a deux ans de cela, un professeur avait mis en place un projet de correspondance avec une classe de 6ème année de Poudlard et une de Beauxbâtons. C'est ainsi que ma sœur avait fait la connaissance de Pierre, un étudiant français. Une romance avait commencé à naître par lettres interposées, puis il avait plusieurs fois rendu visite à ma sœur, avant de la demander en mariage.
-Alors elle l'a suivi en France, comme ça?
-Exactement. Elle est partie il y a un mois. Elle a l'air d'être heureuse. Pour l'instant ils vivent chez les parents de Pierre. Il parait qu'ils sont très riches. Iris trouve que la maison est aussi grande qu'un château.
-Cool, intervient Francesca, une amie de Lily. Ta sœur a tiré le gros lot!
Je souris. Même si je n'aimais pas que ma sœur passe pour une femme vénale, je devais admettre que la situation prêtait à y croire. Iris aimait vraiment son fiancé mais je ne pouvais m'empêcher de penser que la perspective d'une vie dorée avait précipité son départ pour la France. Elle me manquait.
La répartition venait de s'achever. Une demi-heure plutôt Lily et moi avions abandonné Black et Potter avec soulagement pour nous installer à l'autre bout de la table des gryffondor. Elle regardait ses amies avec une certaine rancœur, certainement à cause de leur comportement digne d'une bande de groupies dans le Poudlard Express. J'espérais que cette année nous allions nous rapprocher. Lily était vraiment une fille bien.
Dumbledore se leva et prit la parole pour son traditionnel discours. Après avoir souhaité la bienvenue aux premières années, il nous félicita Remus et moi pour notre nomination en tant que préfets-en-chef. Coincé entre Black et Pettigrow, Remus rougit puis m'adressa un clin d'œil.
-Je suis désolée, me chuchota Lily, je n'ai même pas pensé à te féliciter pour ta nomination.
-Oh, ne t'inquiètes pas, lui répondis-je en souriant, c'est juste un stupide insigne.
-Et des appartements privés, me rappela-t-elle malicieusement.
-Je t'y inviterais pour faire des « méga-fêtes »…
-Tant qu'il n'y a pas Potter j'y viendrais avec plaisir!
Nous nous sourîmes.
Dumbledore ne s'attardait jamais en paroles inutiles, c'est pourquoi je m'attendais à le voir conclure bientôt et nous laisser au festin que mon estomac réclamait avec impatience. Mais après ses paroles habituelles sur la Coupe de Quidditch, qui, en général, venaient à la fin, il poursuivit :
-Certains d'entre vous, doués pour le calcul le savent peut-être déjà, mais je vais tout de même l'annoncer pour les autres : cette année, notre école bien-aimée fête ses 600 ans.
Il fut interrompu par quelques applaudissements et des sifflements admiratifs qui le firent sourire.
-Peu d'élèves, ni de directeurs d'ailleurs, peuvent se vanter d'avoir connu un tel anniversaire, reprit-il, j'ai donc décidé de marquer l'événement en organisant deux bals cette année. Un pour Noël et un autre pour cette adorable fête qu'est la saint Valentin.
Des gloussements et des exclamations en tout genre s'élevèrent dans toute la Grande Salle.
Je dévisageai Dumbledore, écœurée. Des bals ?! C'était une plaisanterie ? Il n'avait rien de plus kitch ? Le comble serait qu'on exige de Remus et moi que nous fassions « la police » pour empêcher des couples de se serrer d'un peu trop près... Je voyais déjà Black me cracher au visage que je n'étais « qu'une connasse de sale rabats-joie ».
Lily fut tout aussi peu enthousiasme que moi.
-Magnifique, soupira-t-elle, encore une bonne occasion donnée à Potter pour me courir après en prétextant m'inviter.
-C'est rien, on fera grève de bal, la rassurai-je.
Et, comme pour me contredire, Dumbledore ajouta :
-Votre présence à ces bals est bien évidemment plus que vivement souhaitée. Ils seront une occasion de rapprocher les différentes maisons. Pourquoi ne pas faire l'effort d'inviter un de vos condisciple d'une autre maison ? Suggéra-t-il avec un enthousiasme qui me parut limite délirant.
C'était quoi, une sorte de foutu bal de jeunes premiers ?
Du coin de l'œil, je vis Potter regarder Lilly avec un œil de prédateur.
Quelques minutes plus tard, le festin nous avait redonné de l'entrain. Puis en vint la fin et avec elle, le traditionnel accompagnement des premières années jusqu'à leurs dortoirs par les préfets. Notre mission à Remus et moi était de superviser le tout. Lorsque j'eus vérifié que chaque première année de serpentard et de serdaigle avait bien rejoint son dortoir respectif, je retrouvais Remus devant la Grande Salle vide et nous partîmes vers le bureau de notre professeur de métamorphose en faisant des pronostiques sur l'aspect de notre futur appartement privé. McGonagall nous conduisit à travers un dédale de couloirs jusqu'à une armure qui se tenait contre un mur.
-Thé à la cannelle ! S'exclama le professeur et à l'écoute de ce mot de passe peu conventionnel, l'armure s'écarta pour laisser apparaître une minuscule porte d'à peine 10 centimètres.
Remus et moi échangeâmes un regard surpris mais très vite, la porte s'agrandit en suivant un mouvement de spirale et prit bientôt une taille acceptable. Mon ami et moi sourîmes. C'était un système ingénieux.
Nous pénétrâmes dans une grande pièce peinte dans les tons ocre dont le centre était occupé par une immense table ancienne en chêne massif accompagnée par plusieurs chaises. Deux des murs de la pièce étaient occupés par une superbe bibliothèque qui faisait coin. Au centre du mur du fond, on trouvait une cheminé d'une belle taille où crépitait un bon feu. Deux grands fauteuils et quelques poufs avaient été disposés autour. Enfin le dernier mur comportait deux portes, qui menaient probablement aux chambres.
-J'espère que vous vous plairez ici, dit McGonagall d'un ton moins sec que d'habitude.
-Ce ne sera pas difficile, je pense, sourit Remus.
-Mr Lupin, Miss Goldenstein est-elle au courant? Lança l'enseignante à brûle point.
-Vous parlez de ma lycanthropie? Demanda-t-il, gêné. Oui, je lui en ai parlé.
-Le directeur en était persuadé, affirma notre interlocutrice. Voila qui facilitera les choses pour vos sorties mensuelles, Mr Lupin.
Mon ami hocha la tête.
-Et je ne doute pas que nous pouvons compter sur la plus grande discrétion de votre part, Miss.
-Naturellement, professeur.
Remus m'avait confié son secret l'année dernière, ayant épuisé son stock d'excuses pour ses disparitions mensuelles. Une fois le premier choc passé, j'avais plutôt bien encaissé la nouvelle. Comment le condamner pour quelque chose qu'il n'avait absolument pas voulu?
Remus était quelqu'un de fondamentalement bon, il souffrait terriblement d'être ce qu'il était. Je n'avais pas d'à priori sur les loups garous, car ayant vécu dans une maison moldue pendant une grande partie de mon enfance, je croyais tout simplement qu'ils n'existaient pas. J'avais donc échappé aux stéréotypes du type « si tu n'es pas sage, le méchant loup-garou viendra te chercher, etc…». Notre amitié n'avait pas souffert de cette révélation. Mais je comprenais que Remus préfère garder le secret , la plupart des gens ont souvent bien trop vite une attitude de rejet envers ce qu'ils ne connaissent pas et qui leur fait peur. La peur de l'inconnu fait tant de ravages auprès des gens un peu différents...
-Eh bien, jeunes gens, il ne me reste qu'à vous souhaiter bonne nuit. Rendez-vous demain, 7H30 dans mon bureau pour les emplois du temps.
-Bien, professeur, répondit Remus.
-Bonne nuit, professeur, ajoutai-je.
Elle sortit et j'entendis l'armure se remettre en place devant notre porte qui reprit dans l'autre sens sa rotation sur elle-même et disparut.
Nous nous retrouvâmes seuls. Aussitôt, j'ouvris une des portes pour voir à quoi ressemblaient les chambres. Elles étaient tout aussi belles que la salle commune. La première était peinte en rouge magenta, l'autre en bleu roi. Puisqu'il était de tradition que les préfets-en-chef soient toujours une fille et un garçon, j'imaginais que la première était pour la préfète, la seconde pour le préfet. La décoration de chacune des chambres se ressemblait.
Au fond, il y avait un grand lit à baldaquins de 2 places. Sur l'un des murs une armoire spacieuse permettait de ranger tous les effets personnels. Face à l'armoire, la fenêtre de la chambre rouge donnait sur le parc, celle de la chambre bleue sur la tour d'astronomie. Les draps et les rideaux étaient assortis à la couleur des murs. A coté du lit, une porte donnait sur une belle salle de bain pourvue d'une gigantesque baignoire, dont une inspection plus approfondie m'apprit qu'elle était capable de produire de nombreux jets et même de se transformer en jacuzzi.
-C'est vraiment le grand luxe ici, constata Remus qui venait de me rejoindre dans ma chambre.
-On pourrait difficilement rêver mieux, acquiesçai-je.
-Quand je pense que normalement je devrais être dans la tour de gryffondor en train d'écouter Peter ronfler…
J'éclatais de rire, tout en commençant à me faire à l'idée d'avoir tout cet espace pour moi toute seule…
Le mois de septembre était bien entamé et Remus et moi étions entrés dans une petite routine. Le soir, après les cours, il n'était pas rare de voir débarquer Potter, Black et Pettigrow dans nos appartements pour étudier en compagnie de Remus.
Comme il ne me voyait en rien comme une petite amie potentielle, Potter commençait à me sembler plus sympathique. Si on exceptait sa vantardise sur ses prouesses en Quidditch, sa compagnie était le plus souvent agréable. Il avait beaucoup d'humour. Je me surprenait parfois à l'appeler James plutôt que « Potter ».
En ce qui concernait Peter, il continuait de vivre par procuration, accroché à Potter et Black et il m'arrivait souvent d'oublier sa présence.
Mes relations avec Black ne s'étaient pas spécialement améliorées. Certes, je reconnaissais volontiers qu'il était très intelligent, même brillant et que leur présence à lui et James se révélait souvent stimulante pour Remus et moi quand nous étudions. Mais en dehors de ces moments, Black m'agaçait. Surtout lorsque nous étions en présence d'autres personnes et que je voyais toutes les filles baver sur son passage et le plaisir qu'il prenait à cette situation.
D'ailleurs, un beau jour, environ une semaine et demi après la rentrée, il nous avait pris à part Remus et moi pendant le déjeuner pour nous demander si le soir-même nous pouvions lui laisser notre appartement pendant une heure ou deux. Lorsque je lui en avais demandé la raison, il m'avait appris, tout joyeux, qu'il comptait y inviter sa nouvelle petite amie. J'avais échangé avec Remus un long regard. Mon pauvre ami était partagé entre son amitié profonde pour Black, sa réprobation envers le comportement de celui-ci et le désir de ne pas me blesser. Pour mettre fin à son dilemme je répondis donc:
-J'avais prévu de passer la soirée avec Lily à Gryffondor. Faites donc ce qui vous chante dans l'appartement, j'y serais de retour vers 10 heures.
-T'es une chouette fille, Goldenstein! s'était enthousiasmé Black
-Et toi, t'es un crétin, Black.
Je m'étais levée et avait croisé le regard désolé de Remus. En m'éloignant j'entendis Black demander à Remus d'un ton sincèrement étonné :
-J'ai dis quelque chose de mal?
Remus leva les yeux au ciel et je n'entendis pas sa réponse.
