Bonjour/bonsoir à tous, voici le prologue de ma première fiction longue (mais oui, avec un vrai scénario et tous ça :D). Quand je dis "longue", je veux dire VRAIMENT longue, d'après mes prévisions, elle risque vraisemblablement de dépasser la trentaine voire la quarantaine de chapitres (OMG mais comment vais-je faire ? ? ?)

En tous cas, c'est un peu moins léger que mes premières publications sur ce site, et ceci est le prologue de cette fiction en cinq parties, dont la première partie (comme vous le verrez dans le chapitre 1 que je mettrai en ligne ce week-end) se concentrera sur les souvenirs des différents personnages, sur la finale de la Winter Cup et la période juste après la compétition. Joli programme, non ? Cette histoire s'annonce donc comme une "continuation" du manga, avec des choses plus ou moins arrangées à ma sauce (sauce AkaKuro en l'occurrence ;P), avec de l'amour, du basket, du drame et comme l'annonce le titre, des dilemmes en tout genre pour tous les personnages, que je mènerai joyeusement de Charybde en Scylla pour votre plus grand plaisir (ou désespoir, selon votre taux de sadisme personnel héhé). Sur ces bonnes paroles (certes inutile, mais ne serait-ce pas des plus inélégant de mettre directement les pieds dans le plat ?), je vous laisse lire ce petit prologue.

Enjoy~


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Disclaimer : Kuroko no Basket ainsi que ses personnages ne m'appartiennent pas. Je ne fais que me servir d'eux pour passer le temps, et en faire profiter d'autres personnes au passage, sans la moindre intention de m'approprier les fruits du travail de Tadatoshi Fujimaki-sensei et sans aucune autre rémunération que la reconnaissance (éventuelle) de mes lecteurs (éventuels).

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PROLOGUE : LES CHOSES AURAIENT ÉTÉ TROP SIMPLES

Ombre. Furtive. Rapide. Comme un courant d'air. Le garçon courait à toute allure dans le long hall d'entrée, sans se préoccuper de la foule d'invités qu'il dépassait sans même les frôler, et quiconque l'aurait vu courir à cet instant aurait pensé que sa vie en dépendait. C'était peut-être le cas d'ailleurs. Malgré sa course effrénée, aucune de ces personnes aux tenues élégantes et ornées de coûteuses parures ne lui prêtait attention. Après tout, si en temps normal il était considéré comme un fantôme du fait de son manque de présence, c'était encore plus vrai en ce moment, tant ces gens étaient centrés sur eux-mêmes, ne s'intéressant à leurs "pareils" que pour lancer des compliments hypocrites et en recevoir d'autres tout aussi peu sincères.

Mondanité. Vanité. Narcissisme. Aussi nauséabonds que les riches parfums à l'odeur capiteuse qu'ils portaient tous. Vacuité d'une vie faite d'apparences, de faux-semblant, tout cela pour un prestige et une gloire plus factices que des billets de Monopoly ou que les "caméras de surveillance" de la supérette du coin. Chaque détail de leurs comportements s'imprimait sur sa rétine observatrice et attentive. Rictus affectés. Sourires pincés. Rire forcé.

"Est-ce vraiment ce monde que tu as choisi ? Est-ce pour ça que tu es prêt à tout laisser derrière toi ?" songea le jeune homme, continuant à courir désespérément. Bourdonnement incessant, discussions sans émotions, sans profondeurs. Ces bruits, ces odeurs, ces images... Film médiocre, mis en scène par ses propres acteurs, dans des rôles aussi pathétiques que leur piètre manière de les jouer. Il ne comprenait pas. "Comment, toi qui te prétends l'Absolu, toi cet être si exceptionnel à mes yeux, magnifique, entier, à la fois unique et pluriel, tout simplement souverain, parfait, dis-moi, comment peux-tu plier face à ces gens ? Comment peux-tu préférer leurs artifices et leurs mensonges au détriment de la droiture et la franchise ?"

Il prit un autre couloir, s'éloignant de cette armada d'individus aux mœurs décadentes, déchets de l'Humanité, élevés au rang d'élite. À un autre moment, le jeune homme aurait été étonné par l'aigreur de ces pensées. Actuellement, il était dans un état de détresse émotionnelle que son visage impassible ne reflétait pratiquement pas. À l'exception des larmes qui commençaient à emplir ses yeux bleus, délavés, formant un voile qui rendait sa vision floue. Elles ne semblaient pas vouloir couler néanmoins. Son corps commençait à ralentir la cadence, il approchait de ses limites physiques, le garçon s'obligea donc à se hâter encore plus malgré son épuisement. Il sentait son cœur marteler contre sa poitrine. Ses battements lui faisaient penser au cliquetis d'une horloge détraquée dont la trotteuse trop vive laissait le temps s'écouler plus vite qu'habituellement. Une pensée idiote fit naître en lui une inquiétude. Cette impression que le temps était beaucoup trop rapide engendra la peur qu'il n'arrive trop tard, puisque les secondes semblaient s'enchaîner à une vitesse trop grande, et cela le poussa à accélérer davantage. Il tourna encore à l'angle. Dernier couloir avant sa destination. Complètement vide cette fois. Il avait traversé toutes la propriété. Il savait pertinemment qu'il ne serait pas dans sa chambre, pas un jour comme celui-là.

Arrêt net. Une pièce entrouverte. Celle qu'il cherchait. La seule ayant une allure "traditionnelle" japonaise dans cette demeure à la mode occidentale. Courte pause le temps de reprendre son souffle et de ravaler les larmes qui se bousculaient au coin de ses yeux. Enrayer la menace d'un sanglot indésirable au fond de sa gorge. Faire cesser les tremblements de ses mains. Retrouver la maîtrise de son corps, de ses expressions, faute de pouvoir contrôler l'ouragan interne. Bien.

Il entra discrètement, se glissant dans la salle dans un silence sépulcral. Il parcourut la pièce du regard. Une table basse renversée. Une théière en fonte gisant sur le sol, laissant dégouliner son contenu encore chaud sur les lattes du plancher. Un plateau de shogi complètement éparpillé à travers la pièce. De vagues formes de tissus d'où s'échappaient un rembourrage moutonneux, sans doutes des vestiges d'oreillers lacérés. Triste spectacle, apportant de façon tout à fait contradictoire un certain réconfort au jeune homme. Il n'était donc pas le seul à ressentir de la frustration. De la colère. Le panneau de bois et de papier tout au fond était lui aussi ouvert, et donnait sur un jardin intérieur familier au garçon. Il s'avança jusqu'à celui-ci.

« Tetsuya. »

Le son calme et grave d'une voix coutumière, presque rassurante sur le coup. Mais le garçon ne se laisserait pas attendrir. Pas aujourd'hui. Il se tourna face au jeune homme roux qui venait de parler.

« Akashi-kun. »

Tressaillement presque imperceptible chez son interlocuteur à l'entente de son nom de famille. Kuroko Tetsuya savait qu'après tout ce temps où ils s'étaient appelés par leurs prénoms, "son Seijûrô" ne serait pas indifférent à ce changement. Maintenant qu'il avait porté le premier coup, il pouvait se permettre de poser la question.

« Pourquoi ? »

Le silence suivit ses paroles. Il détailla Akashi, drapé dans un haori et un kimono sombre noué négligemment, col largement ouvert, laissant voir toute la partie supérieure de son torse, juste avant le nombril. Il s'attarda sur son cou, posa ses yeux sur sa pomme d'Adam légèrement saillante. Il aimait ce cou blanc, délicat comme la porcelaine la plus fine, et pourtant si fort et masculin. Toute son apparence évoquait une singulière forme d'élégance sauvage. Un paradoxe. L'unité dans la dualité. Cela le résumait parfaitement. Son regard rencontra deux prunelles captivantes. Oui, la dualité dans cette seule et unique personne qu'était Akashi Seijûrô.

« Il y a des choses auxquelles on ne peut pas échapper, des règles qu'on ne peut pas contourner, Tetsuya. C'est le monde où je vis, c'est celui où tu vis aussi.

- Fausse excuse. Tu ne dirais jamais ce genre de chose. Akashi Seijûrô ne s'abaisserait pas à des détails aussi insignifiants que les prétendues valeurs de gens soi-disant bien-pensant. Il y a forcément autre chose. »

Le roux haussa un sourcil, déconcerté par le ton offensif de Kuroko. Comme quoi, même maintenant, alors qu'ils se connaissaient depuis le collège, le bleuté parvenait toujours à le surprendre. Un sourire las, vaguement amusé se dessina sur son visage.

« Il n'y a rien de plus que ce que je t'ai déjà dit. Il y a des limites, j'ai cru pouvoir les dépasser sans aucune crainte, j'ai cru pouvoir m'en affranchir pour faire ce que je voulais et qu'il n'y aurait pas de conséquences. J'avais tort.

- Menteur.

- Si ça te fait plaisir de le penser. Quoi que tu dises les conventions sociales...

- Mais qu'est ce que tu racontes ! le coupa le Kuroko. Cesse de dire n'importe quoi, NOUS sommes au delà des règles artificielles, des limites arbitraires et des conventions sociales !

- Ne t'emporte pas. Je ne veux pas voir quelque chose d'aussi pitoyable. Inutile d'insister. Cette histoire a apporté plus de malheurs qu'autre chose. Fais face à la réalité. Tu devrais tourner la page.

- Des phrases toute faites, les aurais-tu répétées devant ton miroir en attendant cette confrontation ? » persifla le joueur fantôme.

Il avait perdu son sang froid et l'avait montrer en criant sur le roux. Mauvais. Décidément il n'y avait qu'Akashi pour parvenir à abattre son masque de neutralité. Se forçant à retrouver son calme, il reprit posément :

« Nous ne sommes plus au collège, tu ne pourras pas me briser avec des mots, qui plus est des mensonges, aussi blessants soient-ils. Je te l'ai déjà dit à l'époque de Teiko : je ne fuirais plus. Je suis celui qui fais face à la réalité. Et tu n'as pas le droit de me reprocher mon emportement vu l'état dans lequel tu as mis ta salle de repos.

- Tais-toi.

- Non. Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'un esclave au service d'autres esclaves. »

Intérieurement, Kuroko se réjouissait presque de s'attaquer à la fierté de celui que tous surnommait encore l'Empereur. Cet amusement pourtant partiel grandit toutefois encore lorsqu'il remarqua la grimace involontaire de son vis-à-vis, provoquée sans nul doute par l'usage du mot "esclave".

« Tu leur vends ta liberté pour qu'ils l'immolent sur l'autel de leur orgueil, affirma le fantôme de Seirin. Je ne sais pas en échange de quoi. Ce que je sais c'est que tu ne le veux pas vraiment... Tu peux mentir autant que tu veux, ça n'a plus d'importance maintenant que je t'ai vu, maintenant que j'ai senti la vérité que tu ne me dis pas. »

Il souriait doucement en disant cela, et cette mince esquisse sur ses lèvres laissait transparaître une certaine tendresse et surtout, une espérance. Son sourire, sincère et candide, était assez minime tout compte fait, nota le rouge, mais provoqua pourtant en ce dernier une impression chaude et apaisante, comme une couverture de laine douce un soir de neige. "Arrête ça..." supplia la voix dans sa tête.

« Tetsuya... C'est terminé.

- Non, ça ne peut pas se terminer Seijûrô. Justement parce que ça n'a pas de limites, ça n'a pas de fin. Ça n'obéit à aucune règle inventée par les hommes, ça ne s'enferme pas. Ça ne s'oublie pas.

- ... ça ne peut pas continuer. Quand bien même fondamentalement ça ne changera pas, ni pour toi ni pour moi. Au fond je ne change pas, ni maintenant, ni jamais. »

Le jeune homme aux cheveux cyans écarquilla les yeux. Il l'avait admit. Même si c'était de façon détournée.

« Akashi-kun reste Akashi-kun après tout... » murmura-t-il d'un air absent. Ses iris s'assombrirent soudainement. Le roux ouvrit la bouche pour parler mais Kuroko le prit de vitesse.

« Dis le.

- Je ne peux pas.

- Dis le moi et je te laisserai.

- Non.

- Ça voudrait donc dire que ça n'est plus le cas?

- Tetsuya.

- Seijûrô. Dis le moi... au moins une dernière fois. Si après me l'avoir dit tu ne changes pas de projet, je partirai et je cesserai de me mettre en travers de la route que tu auras choisi. »

Akashi, bien qu'il ne le montrait pas, hésitait. En soit, le compromis avait l'air correct. Trois petits mots et le bleu s'en allait. Sauf qu'il n'était pas sûr de comment lui-même réagirait s'il le disait à haute voix. Ou plutôt il avait peur de savoir justement comment il réagirait. Objectivement, il voudrait le lui dire. Le dire et le redire un nombre incalculable de fois, jusqu'à ce que sa gorge s'assèche et que sa voix s'éteigne. Et c'est précisément pour ça qu'il ne devrait pas prononcer ces mots. Parce qu'après ça, pas de retour en arrière sans calvaire, et en toute honnêteté il avait déjà eu son quota de douleur pour trois vies. Même s'il ne pouvait pas être heureux, il se contenterait d'une existence sans souffrance. Oui, mieux valait sans doute une vie anesthésiée et sans joie que de supporter à nouveau de tels supplices.

« Je t'aime. »

Il l'avait dit. Chuchoté. Contre sa volonté. Contre tout ce qui était raisonnablement faisable. Le pire, c'est qu'au fond il ne le regrettait même pas. Il lui avait offert la vérité qu'il cherchait à se dissimuler à lui même. Le garçon au yeux bleus s'approcha, et posa ses lèvres sur sa joue, réponse muette à la déclaration qu'il avait soutiré. Le temps s'était figé.

Kuroko se sentait rassuré. Par l'odeur de la gorge contre son visage. Par les bras chaleureux qui l'enlaçaient maintenant. Par le temps qui avait arrêté de courir trop vite. Les choses s'étaient finalement remises à leur place.

Akashi embrassa le front du plus petit. Celui ci leva les yeux vers lui. Phénomène d'attraction mystérieux, mystique. Vertige et volupté. Délice de l'ivresse de leurs sens. Les deux jeunes hommes pouvaient à présent ressentir le souffle de l'autre sur leur lèvre. Encore un petit centimètre à franchir.

« Seijûrô? »

Une voix. Inattendue. Désagréable. Brisure de l'étreinte des deux hommes, effondrement du sanctuaire créé par leur contact. Le rouge recula de quelques pas. Une silhouette traversa l'ouverture par laquelle le bleuté était arrivé. Hoquet de surprise. Indignation placardée au visage.

« Qu'est-ce-qu'il fait ici, Seijûrô ? »

Inflexion rageuse dans le ton du nouvel arrivant. Bien sûr, les choses auraient été beaucoup trop simple, sinon.

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Avis ? Conseils ? Hypothèses? Laissez libre cours à votre verve lyrique (euh... "verve lyrique" ? laissez tomber, aujourd'hui je suis en plein délire) dans une petite review si le cœur vous en dit, à dans quelque jours ;)

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