Le sang coulera
Prologue :
L'époque pendant laquelle se déroule l'histoire que je suis sur le point de vous compter est tellement différente de l'époque à laquelle nous vivons que je me dois de vous donner quelques explications.
Néanmoins, afin de ne pas y passer de longues heures, j'essaierais d'être bref et de ne concentrer votre attention que sur les lieux où les actions se déroulent.
Depuis de nombreuses années maintenant, l'Allemagne et le royaume d'Autriche se sont rassemblés afin de devenir l'Empire d'Autriche, dirigée par la famille impériale et Ludwig, le commandant en chef des armées. Grâce à cette association pour les moins fructueuses, on peut le dire, l'Empire domine le monde.
Ne craignant plus rien de leurs voisins avec qui ils entretiennent d'excellentes relations, cela fait bien longtemps qu'aucune guerre n'avait pas éclaté dans le monde, la paix avait été préservé depuis tellement longtemps que cela frisait le record. Mais cela pouvait-il durer ? Une seule ombre au tableau rayonnant de la famille persistait tout de même : les Ottomans. On les a toujours considéré comme les rivaux de l'Empire , a juste titre d'ailleurs, et de nombreuses batailles les opposant ont déjà eu lieu, mais l'armée du sable ne s'est pas montrée depuis bien longtemps, et malgré tout , certaines rumeurs promettant de nouveaux affrontements entre les deux peuples ne cessaient de circuler.
Mais pour le moment, le couple impérial avait d'autres soucis en tête, certes bien moins dramatiques, mais qui les mettait tout de même en émois : leur plus vieux fils, Roderich ( et donc successeur au trône de l'Empire lorsque son père ne serait plus ) , allait se marier à la fin de la semaine avec la belle et envoûtante Elizaveta.
Chapitre 1 : mariage manqué ?
Un doux froissement accompagna la broche qui venait finaliser la tenue de la magnifique jeune femme.
" - Voilà, c'est tout bon ! Tu seras magnifique ! Fit une vois féminine derrière elle.
- Merci ! Merci ! Franchement je ne sais pas ce que j'aurais fais sans toi Yekaterina ! S'écria la belle brune aux cheveux bouclés en se regardant dans le miroir, les mains jointes d'excitation.
- Oh, tu sais, répondit modestement la servante, c'est plutôt à moi de te remercier, ce que tu as fais pour que je puisse devenir ta servante et ainsi trouver un endroit où vivre, ça a été tellement généreux de ta part ! Je te dois bien ça.
- Après toutes ses année passées ensembles, c'est extraordinaire qu'on soit toujours amies, ici, dans cet endroit magnifique - d'un geste de main elle désigna la plafond-haut de l'endroit - plus proches que jamais.
- Je pense que tu y seras heureuse. "
Le ton de son ami Ukrainienne se voulait rassurant, comme une grande sœur, celle dont Elizaveta avait toujours rêvé. Et pourtant, malgré le lien si fort qui les unissait, elles avaient toutes deux eues un parcours tellement différent. Elizaveta, la fille de bonne famille faisant chavirer le cœur d'un des hommes les plus puissants de l'Empire, Yekaterina, la fidèle servante de la jeune femme, avec qui elle avait une relation qui n'avait rien à voir avec celle d'un maître et son serviteur. Lorsque Elizaveta avait emménagé chez son futur époux, elle avait insisté pour que son amie vienne avec elle en tant que servante personnelle, lui fournissant ainsi un toit et à manger.
Encore une fois, la jeune femme s'admira dans le miroir en face d'elle. Ca y était, elle avait enfilé la plus belle robe qu'elle avait vue dans sa vie, faite de soie vertes et brodés de fins symboles impériaux, elle resplendissait.
" - Un peu osé le vert pour un mariage non ? Remarqua Yekaterina, un sourire espiègle sur le coin du visage.
- C'était l'idée de Rod, il voulait un mariage extraordinaire pour quelqu'un qui l'est tout autant."
Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire, elles n'en revenaient toujours pas. Soudain, trois légers coups furent portés à la porte. Se retournant quelque peu surprise, la future mariée voulut aller voire qui c'était mais son ami lui dit de ne pas bouger, qu'elle s'en chargeait. Elle sursauta lorsqu'elle ouvrit la porte et qu'elle vit Léo, l'Empereur en personne venu amener sa future belle-fille.
" - Tu es resplendissante Elizaveta. Complimenta-t-il. C'est avec joie que je célébrerais votre union aujourd'hui. Me ferais-tu l'honneur de te mener jusqu'à mon fils afin que vos vies soient liées à jamais ?
- Comment refuser une telle invitation ? S'écria la jeune femme nageant en plein bonheur."
C'est alors avec délicatesse que le vieil empereur prit la bras de sa future belle-fille, et la guida à travers les longs couloirs de l'immense demeure et la mener jusqu'à la chapelle privée. Non loin derrière, Yekaterina observait la scène avec quelques larmes aux yeux, elle avait été choisie pour être le témoin du mariage, et essayait d'imaginer les années de bonheur qui les attendaient, elle et sa meilleure amie.
Étrangement, la grande chapelle était presque déserte. En fait Roderich avait insisté pour que leur mariage ne se déroule qu'en comité très restreint, il n'y avait que lui, ses deux parents ( dont le père conduisait Eliazveta ), Yekaterina, Ludwig, et quelques proches membres de la famille et amis. La fête et le banquet qui devaient suivre par contre, étaient ouvert à tous et plus de cinq cent personnes avaient déjà répondu présentes. Dans la chapelle régnait un long silence, seulement le froissement de la robe d'Elizaveta sur le sol de pierre.
Une fois qu'elle eut rejoint l'homme de sa vie, leurs deux regards pétillants de joie se croisèrent. Elle le trouvait tellement séduisant dans son costume bleu marine, sa chemise blanche, une rose rouge accrochée à sa veste par une broche aux motifs impériaux. Son épée ostentatoire était pendait le long de sa jambe gauche, lui donnant en plus un air rassurant, protecteur. Puis leurs deux regards se tournèrent simultanément vers l'homme en face d'eux, petit, rabougri, qui était censé célébrer leurs vœux. Le vieil homme ouvrit la bouche pour commencer la célébration, lorsque soudain, la porte s'ouvrit en un fracas, faisant sursauter tout le monde, et notamment Léo, l'empereur qui voulait que ce moment soit parfait pour eux deux et que personne ne vienne ne les déranger.
Quelle ne fut pas leur surprise en voyant arriver devant eux, essoufflé, l'armure tachetée ça et là de sang, un des soldats de l'armée impériale, l'arme toujours au poing. Le regard de l'Empereur se fit menaçant, cet homme venait de risquer sa carrière militaire en venant ainsi perturber les noces,mais les taches de sang et les blessures apparentes, notamment sur le visage de l'homme, firent froncer les sourcils du vieil homme. S'il était intervenu, c'était pour une bonne raison. Il bégaya alors, en un souffle :
" - Les Ottomans...attaquent...mon régiment...décimé... "
Ne pouvant plus se tenir debout, l'homme perdit conscience et s'évanouit, faisant pousser un cri à Elizaveta que Roderich prit aussitôt dans ses bras pour la rassurer.
