Sous la chaleur citron du soleil incandescent les peaux brulantes des deux garçons étaient recouvertes d'une sueur ananas, leurs yeux de fauves pétillaient intensément concentrés, et ils s'agitaient dans un sport revigorant et juteux d'énergie: le volleyball.

«Fait moi la passe Kenma!»

Une balle vola haut dans le ciel, luisant sous le brasier de l'astre fruité du début d'après midi. Dans sa trajectoire voutée, elle vint se poser contre une main explosive pour être ensuite expulsée au sol en un flash éclair.

«Encore une!

-Il n'y a plus de ballon, Shoyo... Il faut aller en chercher...»

Une longue mèche dorée fut placée derrière une oreille, un souffle épuisé s'éleva entre les hautes herbes, et déjà le corbeau orange était de retour un chariot de ballons en main. Le jeu studieux repris de plus belle quelques heures avant qu'ils ne s'affalent finalement sur la terre molle de végétaux.

«La prochaine fois... demande à Kageyama...

-Pourquoi, je t'ai fatigué?

-Hum.»

Leurs bras s'effleuraient, le blond ferma les yeux, le roux souleva les siens. Il guetta les nuages: une jolie peinture mêlée de différentes teintes de bleus et de blancs. Il observa un être aérien: l'oiseau s'enfuit de ce cadre paradisiaque en un battement d'aile. Et il se tourna vers un ange: Kenma s'était endormi à ses côtés. Mais un encre noir, gras, coula et submergea le tableau lumineux, la vue d'Hinata s'était brouillée en une pénombre digne des ténèbres les plus sombres. Il dut attendre affolé de longues minutes avant de pouvoir redécouvrir la lumière.

Une main dans la sienne l'emporta dans un lit aux douces couvertures, une jambe sur son ventre redonna à son corps les couleurs chaudes d'antan, et un baiser dans sa nuque recousit une présence familière. Comme avant l'obscurité, il était allongé près de Kenma, mais il ne se trouvait pas dans le champ de fleur verdoyant, il était couché sur un oreiller inconnu d'une chambre inconnue, et il était nu. Son compagnon se redressa soudain, permettant à Hinata la découverte surprenante d'une longue queue de cheval basse.

«Kenma?»

Le passeur avait-il toujours eu les cheveux si long?

Le visage du blond se présenta à Hinata dans un geste lent et soigné. Son ami se pencha sur lui, les abdos puis les muscles de ses bras et de ses jambes se contractèrent, et très vite Kenma le surplombait de son corps trop vigoureux et trop adulte.

Empourpré d'un rose vif les joues du dominé générèrent un baiser suave qui longea son cou, sa clavicule et son torse. Puis Kenma se lovant contre son amant, autorisa son souffle à se répandre dans les mèches rousses d'Hinata, à danser en caresses sur sa peau, et à enivrer ses papilles. Le plus petit trembla d'un désir nouveau et étranger, il fit rouler ses hanches et ses épaules avec celles du blond pour échanger leurs positions, et l'embrassa d'un mouvement instinctif et enfantin. Mais, à peine eut-il le temps de se retirer, alarmé par la situation et par sa conduite, qu'il fut témoin, dans un petit miroir posé sur une table de nuit, de son propre changement de physionomie: il semblait vieilli d'un dizaine d'années. Non, lui et Kenma semblaient vieillis d'une dizaine d'années. Un brouillard de pensées tourbillonna dans son esprit, le gris puis le charbon submergèrent son âme, et il se réveilla essoufflé, allongé près du passeur, de nouveau adolescent.

«Kenma?»

Hinata était fondamentalement simple: il devait seulement avoir rêvé.