Chapitre I
Il se dépêcha de sortir et parcourut le septième étage à toutes jambes, sans rencontrer personne d'autre que Peeves qui filait dans la direction opposée et lui lança quelques morceaux de craie, par simple routine. Avec un petit rire, il esquiva le maléfice de défense que lui jeta Harry puis disparut. Le silence revint aussitôt dans les couloirs.
Harry ne put s'empêcher de penser que, malgré l'interdiction formelle qui était faite chaque année aux élèves de se retrouver dans les couloirs la nuit, il avait fait de nombreuses escapades nocturnes durant sa scolarité ici, à Poudlard.
Il marchait ainsi, seul, essayant de ne pas penser à ce qui l'attendait peut être dans le bureau du directeur, le bruit de ses pas résonnant bruyamment dans le couloir du septième étage.
Lorsque enfin, Harry arriva devant la gargouille de pierre, il prononça l'habituel mot de passe, et grimpa les marches en colimaçon qui menaient au bureau. Son pas semblait nettement plus tendu que les précédentes fois ou il se rendait à ses cours particuliers. Peut être était-ce du au fait que c'était la première fois qu'il allait avoir une leçon depuis que Dumbledore lui avait appris l'existence des Horcruxes... Et surtout, que sa tâche à lui, Harry Potter, le Survivant, ne consisterait pas seulement à éliminer le plus grand mage noir de tous les temps, mais aussi à détruire les quatre autres morceaux de son âme, dispersés un peu partout, et surtout, bien protégés... Car, Harry n'avait pas oublié la main morte de Dumbledore, causée par la destruction d'un Horcruxe, et ce malgré la puissance magique de Dumbledore.
A peine Harry était il arrivé devant la porte en bois, que des cris se firent entendre dans le bureau du directeur. Pas des cris de détresse, mais plutôt des cris de colère. Harry essaya de faire le moins de bruit possible, mais ce ne fut pas utile, car tout de suite après, des bruits de verre cassé, puis d'objets lourds tombant à terre, émanèrent de derrière la porte.
Puis, d'un seul coup, tout cessa. Un silence pesant retomba, durant lequel Harry colla l'oreille à la porte pour tenter de distinguer le moindre petit bout de conversation.
Mais encore une fois, le silence s'évanouit rapidement, et pour cause : le protagoniste de la scène venait d'ouvrir la porte à la volée, se retrouvant nez à nez avec un Harry qui n'avait pas eu le temps de changer de position pour masquer sa curiosité. Lorsqu'il releva la tête, Harry aperçut une des dernières silhouettes qu'il s'attendait à voir sortir de ce bureau.
- Malefoy? s'intrigua Harry en dévisageant le serpentard.
- Ton directeur cheri te manque tant que ça Potter que tu te sens obligé d'essayer d'écouter aux portes pour savoir ce qui le retient...
- La ferme Malefoy, s'insurgea Harry en se redressant totallement.
- Oh, mais ne t'inquiètes pas, ton vieux fou n'a pas changé : il est toujours minable et sénile, railla Malefoy.
Cette fois ci, Harry sortit sa baguette, prêt à en faire usage sur Malefoy. Il allait répondre à sa dernière remarque, lorsque la voix de Dumbledore s'éleva de l'intérieur du bureau :
- Harry? Pourrais tu te dépêcher s'il te plait, j'aimerais assez régler cette affaire le plus tôt possible.
Sans lacher Malefoy du regard, ni ranger sa baguette, Harry franchit la porte déja ouverte du bureau, tandis que Malefoy lui adressait un signe de la main assez impoli, mais que Dumbledore ne pouvait pas voir depuis sa chaise de bureau.
- Bien, lança ce dernier une fois que Harry se fut installé et eut refermé la porte. Heureux de voir que tu préfères me consacrer ton temps plutôt qu'à Drago Malefoy.
Le directeur lui lança un sourire bienveillant, que Harry eut du mal à lui rendre. Dumbledore semblait avoir rangé et réparé tous les dégats que venaient de causer Malefoy, car il n'y avait aucune trace de débris en tous points de la pièce.
- Pourquoi Malefoy était il en colère tout à l'heure, professeur, demanda poliement Harry.
- Et bien, Mr Malefoy a un peu perdu ses moyens lorsque je lui ais fait comprendre que les plans qu'il manigançait étaient vains...
- Les plans ? répéta Harry éberlué.
- Et bien Harry, comme tu avais toi même émis l'hypothèse au cours de l'année, il s'est avéré que Drago Malefoy est bel et bien un mangemort au service de Voldemort. Et, cette nuit même, il comptait faire entrer à Poudlard quelques mangemorts... Ce que je lui ai interdit, pour la sécurité des élèves de l'établissement.
Harry ne put s'empêcher de sourire. L'idée que Dumbledore venait d'annoncer à Malefoy que son plan tombait à l'eau, et que les mangemorts ne pourraient pas pénétrer dans Poudlard ce soir, et plus encore, que celui ci l'avait sans doute fait comme un professeur qui donne une retenue à un élève, était particulièrement risible. Au moins, demain, Malefoy ferait moins le fier...
- Mais si je t'ai demandé de venir ce soir Harry, repris Dumbledore, ce n'est pas pour t'informer des plans ratés de Mr Malefoy. Non, je voudrais te montrer un nouveau souvenir, bien que je pensais avoir conclu la dernière fois... Ce souvenir, poursuivit Dumbledore après avoir marqué un temps de silence, nous vient d'une fille nommée Laura Tearys. Et aussi bizarre que ça pourra te paraitre après avoir vu le souvenir, cette personne a été la première victime de Lord Voldemort.
- Mais professeur, comment avez vous fait pour vous le procurer alors?
- Et bien, commença Dumbledore dont un mince sourire s'était formé sur son visage, disons que l'Ordre contient des membres qui fréquetent régulièrement des sorciers trimbalant des choses douteuses...
- Mondingus? s'étonna Harry à haute voix. Mais je pensais qu'il était à Azkaban...
- Oui, jusqu'à ce qu'il me fasse vent d'une rumeur qui circulait dans la prison... Et ne me convainct alors de le libérer, sous la promesse de se procurer ce souvenir, Harry. Enfin... Le souvenir de Laura Tearys prend place à la fin de la cinquième année de Tom Jedusor. Laura Tearys est à la maison Serpentard, et, une excellente élève, tout comme Tom. Je me souviens que ces deux là passaient beaucoup de temps ensemble, sans pour autant que je ne les ais jamais vus plus proches... Leur relation était purement amicale.
Un silence vint ponctuer les derniers mots de Dumbledore, et Harry avait l'impression que le directeur avait accentué le mot "amicale".
- Maintenant, si tu veux bien, nous allons voir ce souvenir Harry, dit Dumbledore, en versant le contenu argenté de la fiole dans la pensine, qui avait changé de place remarqua Harry.
Harry plongea la tête dans la bassine magique et se sentit aussitôt tomber dans le vide. Quelques secondes à peine plus tard, il sentait à nouveau le sol ferme sous ses pieds.
Il commenca à observer les alentours, tandis que Dumbledore le rejoignait. Visiblement, ils se trouvaient à Poudlard, dans une salle qui disait vaguement quelque chose à Harry. Le murs étaient en marbre, et par endroits, un long tissu vert s'étalait, flottant à ce qui devait être un vent magique.
- C'était la grande mode à l'époque, lança Dumbledore en souriant. Toutes les maisons ensorcelaient leurs bannières pour qu'elles flottent automatiquement.
- Vous voulez dire que...
- Parfaitement Harry. Nous sommes dans la salle commune de Serpentard.
Harry regarda éberlué, la salle ou Jedusor devait passer son temps à se pavaner, tel Malefoy le faisait dans le Poudlard actuel. Elle était simple mais froide, malgré qu'un feu alimentait encore la cheminée. Des elfes venaient sans doute de passer, car tout était superbement bien rangé. Donc, l'heure devait être très tardive...
- Ah, les voilà, annonça Dumbledore d'un geste théâtral.
Et en effet, Harry entendit des éclats de rire provenir du passage reliant la salle commune au reste du château, puis, le passage s'ouvrit, laissant place à deux élèves qui riaient toujours aux éclats.
Lorsque Harry les aperçut, il fut d'abord surpris : il imaginait Voldemort, ou plutôt Tom Riddle, comme un être sanginaire assoiffé de sang, et non pas comme le garçon séduisant qui venait de rentrer dans la salle commune, riant aux éclats. Ses cheveux noirs de jais, comme ceux de Harry, semblaient ébourriffés, comme s'il venait de courrir. Et en effet, peu de temps après qu'ils soient rentrés, les deux arrivants posèrent leurs mains sur leurs genoux, comme pour reprendre leur souffle.
Laura elle, avait de longs cheveux chatains, quelque peu en bataille aussi, sûrement à cause du chemin qu'ils venaient de parcourir. Ses yeux étaient verts, et elle était de taille moyenne - plus petite que Riddle, et environ de la taille de Harry.
Lorsqu'ils se relevèrent tous deux, ils se regardèrent, et un nouveau sourire se forma sur le visage des deux élèves de serpentard. Finallement, Laura prit la parole :
- On l'a vraiment échappé belle, dit elle d'un ton amusé.
- Oui, répondit Tom. Heureusement que Picott n'était pas dans les parages, sinon...
Ils se regardèrent dans les yeux, et éclatèrent de rire. A ce moment, Riddle pouvait passer pour un élève ordinaire, et Harry avait bien du mal à l'imaginer en Lord Voldemort quelques années plus tard...
- Merci Tom, reprit Laura, en s'approchant un peu plus de lui, et lui déposant un baiser sur la joue. Je vais aller me coucher maintenant, il se fait tard...
Harry s'aperçut que visiblement, Riddle n'était pas très doué avec la gente féminine, car il s'immobilisa totallement, à partir du moment ou les lèvres de Laura touchèrent sa joue, jusqu'à ce qu'elle eut pratiquement atteint l'escalier menant au dortoir.
- Laura ! Attends ! cria Riddle, en courant vers les escaliers menant aux dortoirs, pour la rattraper. J'ai quelque chose à te dire... continua celui ci, la voix légèrement tremblante.
La dénommée Laura s'arrêta, et fixa Riddle avec ses yeux verts, ce qui sembla le mettre encore plus mal à l'aise.
- Oui? demanda t-elle après un court silence.
- Je... Je voulais te dire que... Je t'aime.
Sa voix s'était étranglée lorsqu'il avait prononcé les derniers mots. Riddle devint tout rouge, et sembla à ce moment là, extrèmement mal à l'aise, ne cessant de se tortiller les mains.
- Pardon? demanda Laura, interloquée.
- Je t'aime Laura, reprit Riddle avec un peu plus d'assurance, mais la voix toujours tremblante.
Un long silence tomba sur la salle commune, ponctué uniquement du crépitement du feu. Puis, enfin, Laura se décida à rompre le silence.
- Moi aussi je t'aime bien Tom... lança t-elle. Allez, Bonne nuit, conclut elle en lui adressant un signe de la main, et en montant rapidement les escaliers menant au dortoir des filles.
Harry se tourna vers Dumbledore, qui regardait toujours Tom Riddle d'un air de pitié, et Harry ne put que faire la même chose. Riddle semblait dépité, et son visage, si rieur et amusé il y a quelques secondes, s'était décomposé, et avait maintenant plus l'air d'une compote de fruits déconfits.
Le jeune homme, abattu, se laissa tomber dans le fauteuil le plus proche, et Harry était sûr qu'il allait passer la nuit là.
- Il est temps d'y aller maintenant Harry, dit Dumbledore.
Harry sentit alors le sol se dérober sous ses pieds, et il tomba encore une fois dans ce qui lui semblait être une longue chute.
Mais cette fois ci, la sensation dura un peu plus longtemps que d'habitude, ce qui étonna Harry, bien qu'il sentit le sol sous ses pieds quelques secondes plus tard.
Il s'apprêtait à poser la question à Dumbledore, mais ce qu'il vit le laissa sans voix...
