L'effet boule de neige, c'était exactement la métaphore qui les représentait tout deux.

Il réfléchissait dans son bureau, les lunettes sur le bout de son nez, le regard perdu dans un monde qu'il frolait du bout des yeux.

Ca a commencé par pas grand chose...un regard, un sourire, deux trois paroles échangées et la petite boule de neige a commencé a roulé, innocemment.

Oui, le 10 mai 1996, la boule de neige qu'elle a fait naître en lui le réchauffe : paradoxal.

Une chose en entraînant une autre, à force de ne pas vouloir la désirer, il la désire, et s'aperçoit avec choc qu'il tombe amoureux de plus en plus. Alors avant qu'il ne reparte, il tente désespérement d'arrêter l'effet boule de neige.

Il s'aperçoit qu'il a faillit quand il se retrouve devant la porte de son appartement, sans trop savoir comment, le coeur battant à la chamade, les mains tremblantes mais le visage fermé.

Il n'était pas un homme comme les autres, sa mère le lui disait souvent.

Les femmes sont prêtes à tout pour aimer même à faire l'amour, les hommes sont prêts à tout pour faire l'amour même à aimer.

Il se considérait comme l'exception à la régle, proféré par un ami de fac.

Et quand la porte s'ouvre, le 20 mai 1996, les mots restent au fond de sa gorge mais les gestes sont là. Elle les accepte, les demande et les prie.

Il n'a jamais s'agit de son plaisir à lui, il n'a jamais s'agit de son plaisir à elle. Lorsqu'il trace du bout de la langue un papillon sur son abdomen frissonant, lorsqu'elle mordille ses lèvres dans un soupir, lorsqu'elle cache son nez dans le creux de son cou, lorsqu'il glisse ses mains contre ses hanches, lorsqu'il murmure des mots sans importance qui glissent sur son corps alangui.

Il ne s'agit que d'eux.

Et l'effet boule de neige vient d'être multiplié par deux, par cinq, par dix, par cent, par mille.

Quand il revient à Las Vegas, il repart en emportant avec lui la boule de neige qu'elle lui a laissé en souvenir, lui promettant secrétement de ne jamais la laisser fondre.

Jamais.

Pendant quelques années elle ne roule plus la masse de neige, elle reste là, au fond d'un coin de son coeur, elle continue de le réchauffer par les intermédiaires de leur corespondance par e-mails et coups de téléphones.

Et le 18 juin 2000...

Il l'apelle, la revoit, et la boule de neige trace de nouveau son chemin plus vite, plus fort, le dépassant de toute sa force.

Sauf que cette fois il n'arrive pas à coordonner ses gestes et ses paroles de peur que la neige ne fonde trop vite.

Et les années passent au compte-goutte, les éloignant et les rapprochant au gré de l'effet boule neige, qui ne se mouve plus et qui gèle même parfois.

Mais il réapprend à être lui, à se redécouvrir humain avec elle. Le jour où Nick a failli être emporté par la mort, il sent en lui l'effet boule de neige se remettre en marche et prend son courage à deux mains : il se jette à l'eau.

Ils se réapprennent alors tout les deux, et il retrace le même papillon qu'il avait tracé en 96, ils se répètent les mêmes mots, les mêmes réconforts.

Il repose sa paire de lunettes sur le bureau et se lève.

Elle est là face à lui un sourire malicieux aux lèvres :

- Emily veut son bisou du soir Griss...

Lorsqu'il atteint la chambre de sa fille et dépose ses lèvres sur son front, il sourit :

C'est étonnant comme une petite boule de matière blanchâtre et froide peut donner une si jolie petite demoiselle...