L'amant de l'ombre.

Chapitre : 1

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Fic coécrite avec Mimiyanina.

Enjoy.

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La grande silhouette blonde resta près du corps de sa victime un instant. Il s'essuya les lèvres devenues rouge et repris une position droite. La lassitude se marquait sur son visage oublié par le temps.

Il venait de se nourrir d'une pauvre biche cette fois, il évitait les humains dont beaucoup avaient le sang pourrit par les gaz des cités industrielles et les maladies. De plus, sa morsure était mortelle si sa victime n'était pas vierge. Heureusement, se dit-il, que son manoir se trouvait au fin fond d'une foret inhospitalière au cœur de l'Allemagne, un bois aux allures maudit que les gens évitent depuis longtemps. Il soupira à nouveau.

Il avait traversé les décennies en restant seul, cloitré près de ce village. Quelle année était-on, d'ailleurs ? 1800 ? 1810 ? Il ne savait plus, et il s'en fichait. La solitude le pesait terriblement. Jamais il ne put se trouver un compagnon ou un calice. Son maestro lui en avait pourtant parlé et vanter les mérite, mais rien à faire, il avait sondé sa ville et celles alentours en vain. En silence, il retourna dans son antre où il s'allongea dans sa boite noire alors que le soleil se levait

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-Je veux des nouvelles qui arrachent ! Qui fait peur à la population !

Levi grimaça devant son patron qui lui demandait la lune. Enfant des quartiers pauvre, vendeur de journaux dans la rue, il avait réussi au fur et à mesure des années à monter au niveau de journaliste sur les phénomènes étranges et les meurtres pour le plus grand journal de la ville. Mais depuis les histoires de Jack l'éventreur, les nouvelles se faisaient de plus en plus rare. Il essaya de se faire entendre.

-Il ne se passe rien de passionnant en ce moment... Peut-être devriez-vous plus développer les histoires des journalistes en politique ?

Le patron balaya les mots du brun de la main.

-J'ai un truc pour toi ! On trouve plein de cadavres d'animaux près du grand manoir à la sortie de la ville ! Tu sais, là ou il se raconte que la maison abrite le diable ! Demande-lui des informations, cherche dans sa baraque discrètement, il doit faire de la chasse illégale ou des sacrifices pour ces nouvelles religions à la mode dans le pays... Aller vas !

Le brun soupira et sortit du bureau avec une nouvelle mission. Veste, pantalon marron et chemise blanche entre ouverte, il prit son calepin et son paquet cigarette pour sortir du bâtiment.

-Patron à la con. Il devrait courir à l'info lui, avec tout le bide qu'il a, ça lui ferait du sport... Tss...

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Au plus profond de la noirceur de son manoir, Erwin Von Smith n'arrivait pourtant pas à trouver le sommeil, enveloppé dans son manteau de velours sombre, il grogna et ouvrit les yeux.

Lentement, il replaça son monocle dans la poche de sa veste et resta immobile un instant, grimaçant. Un étrange pressentiment le prenait aux tripes, mais il n'arrivait pas à lui donner d'explication... Le soleil semblait être bas et caché par les nuages.

Il décida de se lever et de sortir de son cercueil, qui ressemblait plus a un lit de bonne taille avec un couvercle noir et des draps de velours rouge.

Il erra dans sa demeure pendant un moment, tiraillé par ce pressentiment toujours plus fort. Il se passa la langue sur les deux canines de grande taille, peu être avait-il faim ? Le soleil ne se montrerait pas et il décida de parcourir le foret à la recherche d'un lapin ou d'un autre petit animal.

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-Oy ! Cocher !

Le journaliste leva la main, sautillant presque sur place pour que le cocher-taxi puisse le voir malgré sa petite taille. Alerté, il arrête sa voiture attelée par deux chevaux.

-b'jour m'sieur , J'vous emmène où?

-Le grand manoir à la sortie de la ville.

Le conducteur blanchit immédiatement.

-Ah non m'sieur j'vais pas là bas.

-Pardon ?

-C'est malsain et j'pense que c'est hanté ! On voit jamais l'proprio ! D'après le père shadis, c'est qu'le diable y vivrait là-bas!

Le brun soupira, il n'avait pas fini avec une telle bande de bras cassés.

-... Bon. Emmenez-moi au plus loin dans cette direction alors. Je ferai le reste à pieds.

Et sans attendre son approbation, il entra dans la calèche pour se faire conduire, jusqu'à se trouver à un kilomètre de la fameuse maison. Hanté hein ? Ça allait peut-être devenir intéressant finalement.

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Il avait vidé le pauvre écureuil, mais rien y faisait, le blond n'arrivait pas savoir d'ou provenait ce pressentiment si pénible et persistant.

Pressé de rentrer, il se changea en chauve-souris et retourna au manoir. Il alla s'installer dans son fauteuil au coin du feu et réfléchit. La solitude l'avait-elle rendu fou ?

Son instinct n'avait pourtant jamais failli, mais cette fois, il ne voyait pas ce qui pourrait se passer. Il se saisit d'un livre et ajusta son monocle au dessus de son nez. Il commença a lire pour s'occuper l'esprit, essayant de supprimer cette étrange sensation.

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-J'vais pas plus loin m'sieur.

Levi sortit de la calèche sans essayer de marchander et lui balança une pièce pour le trajet.

-Merci bien quand même. Je ferai le reste à pieds.

Reprenant alors le chemin seul alors que la voiture fit demi-tour, sa sacoche contenant son encre, sa plume et ses cigarettes sous le bras, il regarda le manoir qu'il commençait à approcher.

-Je pouvais voir ce manoir quand je grimpais sur les toits, plus jeune... Mais de près, il est encore plus immense... Et flippant. Hm...

Arrivant à la nuit tombée, il toqua à la porte.

-J'espère que le proprio n'est pas un couche-tôt...

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Quand il entendit les coups à sa porte, il faillit en lâcher son livre...

-quelqu'un ose s'aventurer ici ? Comment est-ce possible ?.

Il reposa son monocle, approcha de la porte et s'apprêta à regarder par le trou prévu pour voir les visiteurs, mais il s'arrêta net devant l'entrée...

Il respira lentement l'étrange effluve que dégageait l'intrus... Il la sentit avec délectation. Quel étrange individu pouvait avoir un sang si tentant ? Il réfléchit à toute vitesse. Devait-il le laisser entrer ? ... Il ne faudrait pas qu'il le tue en le mordant...

Il se décida cependant assez vite et fit s'ouvrir la porte tout en se cachant dans les recoins sombres de sa bâtisse sous sa forme animale. Lui pouvait tout voir, mais il était invisible aux yeux des mortels non-nyctalopes.

Voyant les portes s'ouvrir sans personne pour l'accueillir, le petit journaliste recula d'un pas, méfiant. Comment ? Comment ces portes s'étaient ouvertes toutes seules ?

-Il y a quelqu'un ?

Aucune réponse. Juste un grand hall d'entrée plongé dans le noir, vide. Toujours intrigué par les portes, il glissa l'une de ses mains sur les décorations gravées dans le bois de l'une des portes jusqu'à regarder derrière celle-ci. Mais rien, encore une fois.

-Hm... Étrange...

Et pour un journaliste spécialisé dans les phénomènes inexpliqués, il était maintenant servi. Il n'avait pas le droit de s'en plaindre.

Erwin regarda tout, il semblait si jeune, mais pourtant, il ne semblait pas bien diffèrent des humains habituels. L'odeur se fit pourtant plus forte, prouvant qu'elle venait bien du petit homme.

Oh qu'il était tenté, mais il ne pouvait pas le mordre. S'il le mordait maintenant, il le tuerait à coup sure. Il voulait d'abord savoir. Par souci de tirailler sa curiosité encore un peu plus, le blond émit un son de respiration fort, qui résonnait comme s'il venait de tout le château.

Levi sursauta, à l'entente de ce bruit. Après tous ces phénomènes, n'importe qui aurait pris ses jambes à son cou. Mais pas lui. Avança dans la pénombre. Il était beaucoup plus curieux qu'effrayé. Il était même un peu excité par la situation en fait. Ouvrant la première porte en face de lui, il tomba sur une grande salle à manger, sans pouvoir deviner les couleurs. Il haussa la voix, bien décider à faire sortir le propriétaire de sa cachette.

-Monsieur... Ou madame peut être. Vous m'avez ouvert... Votre rang devrait vous amenez à plus de politesses et à vous présenter...

S'il voulait une présentation en bonne et due forme, le blond allait lui la donnée. Il atterrit et reprit sa forme au sommet des escaliers au hall. D'un geste de la main, il fit claquer la porte d'entrer. Levi se retourna par réflexe en espérant apercevoir le propriétaire les mains posées sur les portes. Il revint sur ses pas, alors qu'une voix s'éleva, Indiquant au curieux ou se trouvait le maitre de maison.

-Mon ... "Rang" ... Me donne également le droit de vous inviter à rentrer en ma demeure, si vous ne l'aviez pas déja fait sans que je vous y invite... À moins que ce soit une politesse venant des gens de votre rang...

Il descendit les escaliers lentement, prenant soin de ne pas trop ouvrir la bouche quand il parlait. Il avait un regard froid, charismatique. Il s'arrêta sur les dernières marches.

Le brun leva le regard sur l'homme aux allures noble. Pas question de perdre la face devant ce genre d'individu.

-Chez les gens de mon rang, c'est à peine si l'on possède des portes. Alors à quoi bon toquer et se présenter, nous étions tous dans la même galère... Vous êtes ... ?

- Je suis le comte Von Smith... Erwin Von Smith... Puis je demander votre patronyme et la raison d'une telle infraction en ma demeure ?

L'homme en face de lui était beau, noble, grand et une allure charismatique... Et bizarrement, ça lui disait quelque chose. Une telle description... Il se secoua et se présenta.

-Je suis Levi Ackermann, reporter au journal de la ville... On ne se serait pas déjà vu par hasard ?

Le blond leva un sourcil et y réfléchit sérieusement, il l'aurait déja vu? Il n'était pourtant pas allé en ville depuis plusieurs décennies... Le brun devait le confondre avec quelqu'un d'autre...

-je l'ignore, je n'ai point la mémoire des visages. Mais je ne crois pas que nous nous connaissons.

Il finit de descendre les marches silencieusement et se plaça face au plus jeune, il l'observa un moment, laissant la maison dans un silence assourdissant. Puis il soupira légèrement.

-si je puis me permettre, vous n'avez point répondu à ma question... Pourquoi être venu en ma demeure, Monsieurs Ackermann?

Levi fronça les sourcils.

-Appelez-moi Levi, je n'aime pas que l'on m'appelle par mon nom. Et pour ce qui est de ma venue, je suis ici pour une histoire vous concernant. De nombreuses personnes ont découvert des cadavres d'animaux près d'ici. Et apparemment, on raconte que votre maison est hantée et que vous ne sortez jamais de chez vous. Je voulais donc vous interviewer pour obtenir des réponses.

-oh des cadavres ? Vraiment ?

Il simula la surprise, plaçant sa main sur son torse comme si les mots du journaliste l'avaient choqué.

-qui oserait faire une chose pareille? Et moi qui me sentais tellement en sécurité dans mon humble demeure...

Il fit mine de réfléchir.

-oh, mais j'y pense, si la populace croit ma bâtisse hantée, cela expliquerait qu'aucune intrusion n'a eu lieu ici, n'est-ce pas ? Me voilà plus serein...

Il resta silencieux un instant, cherchant intérieurement une excuse pour expliquer qu'il ne quitte que peu sa maison.

-mais les gens ont raison, je ne sors point de chez moi, Voyez, vous, Levi, ma santé est fragile, et l'air de la ville si proche peut m'être nocif. Comprenez-vous ?

Levi afficha un regard blasé en voyons ce grand blond s'offusquer. Et en plus, l'air de la ville n'allait pas à son teint ? Quelle petite nature ! Le voilà devant un précieux alors qu'il s'attendait à un démon. Mais il ne pouvait pas partir les mains vides, il savait forcément quelque chose, ou quelque chose à lui avouer.

-Oh, je vois. Vous êtes l'un de ces petits nobles qui pensent être aussi fragiles et délicats que du cristal. Enfin bref, je suis sûr que vous savez quelque chose. Y a-t-il des chasseurs part ici ? Des fanatiques ? Pourquoi n'allez-vous jamais en ville ? Comment mangez-vous ?

Le propriétaire claqua la langue, agacé par les paroles du journaliste .

-pour être honnête l'air de la ville pourrait me tuer, mais s'il faut y aller pour vous prouver ma bonne foi, alors j'espère que vous êtes assez solide pour avoir ma mort sur la conscience...

Il resta silencieux un instant.

-vous posez beaucoup de questions qui me touchent personnellement, je vous prierais d'arrêter, si vous voulez courir après les chasseurs où je ne sais quoi, libre a vous, vous pouvez même rester au manoir si cela vous chante le temps de faire votre enquête sur la mort de lapin ou d'écureuil. Je serais ravi de vous accueillir. Mais n'empiétez point sur ma vie privée...

Il se frappa mentalement pour l'invitation, mais n'en montra rien, c'était sorti tout seul. Il ajouta tout de même.

-et je ne sais rien sur cette histoire.

Le journaliste releva un sourcil, pas vraiment convaincu. Une personne complètement en dehors de ces événements n'aurait pas perdu patience aussi vite.

-... J'accepte votre invitation. Il est plutôt difficile d'enquêter la nuit, j'aurai certainement plus de facilités et d'indices demain.

Au moins ça, ça l'arrangeait. Pas besoin donc de repartir en ville à pieds en pleine nuit pour galérer à revenir par la suite.

Le blond soupira... Il allait devoir rester réveiller la journée. Pour peu, il s'applaudirait pour sa bêtise profonde. Il fit signe au brun.

-Je vais vous montrer votre chambre... Je m'occuperais personnellement des repas... Je vous demanderais de ne pas empiéter sur mes quartiers, je tiens à mon intimité...

Il devança le plus jeune et l'amena vers la seule chambre possédant un lit. Profitant d'être derrière lui, Levi l'inspecta de la tête aux pieds. Il était grand, les épaules larges et un corps étrangement musclé pour une petite nature. Son pas également était étrange, trop fluide, comme si ses pieds ne touchaient pas le sol. La chambre n'était pas laide et plutôt propre malgré la poussière qui jonchait les meubles.

-voici, pardonnez le manque de soin, je n'ai plus accueillit de personne ici depuis bien longtemps. Le petit déjeuné sera servi à la salle à manger... Dormez bien...

-... Je vous remercie pour cet accueil.

Qu'il ait une chambre oui, mais il ne s'attendait pas à avoir à manger en prime. Ce type noble n'était finalement pas trop snob. Entrant dans la chambre, il se tourna pour lui souhaiter une bonne nuit. Mais il avait déjà disparu. Haussant les épaules, il se déshabilla pour ne garder que son sous-vêtement et se glissa dans les draps frais pour s'endormir rapidement. Son lit chez lui n'était pas aussi confortable.

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Erwin entra dans sa chambre d'un pas rapide et léger, qu'est-ce qui lui avait pris d'inviter un humain sous son toit ? Même s'il avait une odeur qu'il n'avait jamais sentie auparavant. Il allait devoir aller chercher a manger en ville... Et bien se nourrir cette nuit... Il attendit que la ville soit silencieuse et il sortit par la fenêtre, se transformant en chauve souris. Ce soir, en plus de sang frais, il allait devoir aller en ville pour s'infiltrer dans une boutique ... Il devra prendre des réserves pour ne pas avoir a refaire le trajet toute les nuits .

-tch, fichu journaliste.

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Fin chapitre 1.