Titre : Addiction

Source : Naruto

Genre: yaoi, romance, UA (Ici, Konoha est un quartier de Kyoto. Et Sasuke est âgé de 2 ans de plus que Naruto).

Pairing : Naru/Sasu/Naru

Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masashi Kishimoto !

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Note : Bonjour à tous/toutes !

Je suis nouvelle et me lance pour une histoire qui, j'espère, vous plaira ! ^^

N'hésitez à me faire part de vos remarques pour m'améliorer !

Bonne lecture !

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Addiction


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Prologue

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POV Sasuke

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Six mois.

Cela fait six mois que j'ai tout perdu.

Tout ce qui avait de l'importance.

Tout ce qui me rendait vivant.

Tout ce qui me rendait heureux.

Jusqu'à ce maudit soir, je vivais dans l'insouciance la plus totale, indifférent aux drames familiaux dont j'entendais parfois parler dans les journaux, à la radio ou sur les écrans. Apprendre qu'un adolescent avait massacré ses parents ou ses grands-parents me faisait soupirer de lassitude face à la décadence du genre humain. Mais cela ne m'atteignait pas, car j'étais sûr d'une chose : jamais pareille hérésie n'effleurerait la dynastie Uchiha. Notre famille était différente. Nous étions hors du lot. Jamais notre sang, notre lignée n'abriterait un être capable d'une telle bassesse, d'un pareil illogisme envers ses propres géniteurs. Les Uchiha ayant toujours placé les liens familiaux au-dessus de tout, jamais notre nom ne serait associé à ce genre de tragédie sordide.

C'est ce que je pensais, six mois auparavant.

Cloîtré dans ma bulle, accaparé par mon désir de me surpasser pour récolter les éloges de mon père et de mon frère, je n'ai rien vu. Pas le moindre signe avant-coureur du cataclysme qui allait s'abattre sur nous et souiller le nom des Uchiha, me donnant l'impression de porter en moi une tare, du simple fait de partager le même patrimoine génétique que « lui ».

« Lui » qui était mon tout, m'a brutalement tout enlevé.

Itachi.

Mon frère aîné. Mon modèle. L'objet de mon admiration. Le moteur de mes efforts constants pour m'améliorer. Mon lien familial le plus cher.

Je croyais les Uchiha à l'abri de tout drame. Qu'engendrer un meurtrier était inconcevable pour une famille comme la nôtre. Toutes ces illusions naïves, Itachi les balaya d'un revers de la main cette nuit là. Cette main qui avait l'habitude de me faire des pichenettes pour s'amuser, cette main qui s'abattait sur mon épaule pour m'encourager, cette main qui plongeait dans mes cheveux pour m'endormir lorsque j'étais enfant. Il l'utilisa pour assassiner nos parents avant de se donner la mort. C'est elle qui appuya sur la gâchette sous mes yeux, détruisant nos vies, saccageant à jamais mon univers.

Après ça, le chaos s'installa en moi, par paliers successifs.

Tout d'abord, le vide. L'impression d'être sous l'eau et de se noyer. L'impression d'étouffer constamment. Puis le déni. Déni face au policier qui m'interrogeait, cherchant à percer à jour les problèmes psychologiques de mon frère et à mettre un nom médical sur son geste meurtrier. Était-il schizophrène ? Psychopathe ? Avait-il déjà malmené des animaux ? Avait-il de mauvaises fréquentations ? Était-il enrôlé dans une secte ? Était-il accroc à un jeu vidéo promouvant la violence gratuite ? Avions-nous de mauvaises relations ? Avait-il des raisons d'en vouloir à nos parents ?

Pourquoi m'avait-il épargné ?

De toutes ces questions, seule la dernière me fit réagir et je fus à deux doigts d'exploser sa sale gueule contre la table d'interrogatoire.

Qu'est-ce que ce connard cherchait à insinuer ?! Comme si je ne me posais pas cette foutue question en boucle dans ma tête ! Comme si je ne cherchais pas désespérément à comprendre ce que je foutais encore là, alors qu'ils étaient tous partis !

J'étais dévasté. Mais le déni perdura.

Déni durant la mise en terre de ceux que j'aimais le plus au monde.

Déni en voyant les cercueils couverts de fleurs se faire avaler par la glaise.

Déni face aux condoléances fades et hypocrites de mon entourage.

Déni face à la solitude qui était à présent la mienne.

Le retour à la réalité survint sans crier gare. Et avec lui, la haine. La rancœur, amère et écœurante. L'envie de ressusciter Itachi pour le tuer de mes propres mains. L'envie de revenir en arrière. L'envie de pleurer comme un abruti. Comme l'orphelin que j'étais désormais.

Cette phase dura des mois. Des mois d'un enfer sans nom. Des mois où je me suis laissé mourir à petit feu, attendant de les rejoindre, mais refusant de partir comme l'avait fait mon frère. Je le haïssais autant que je cherchais à comprendre les raisons de son acte. Et je le hais encore. Je le haïrais toute ma vie, pour le simple fait d'avoir sombré sans chercher mon aide, sans m'avoir parlé, sans avoir tendu la main pour que je fasse l'impossible pour le tirer de là. Je le hais d'avoir osé porter la main sur nos parents. Je le hais de s'être rabaissé au point de mourir ainsi, comme un chien. Mais celui que je hais le plus, c'est bien moi. Sasuke Uchiha, le « survivant ». L'imbécile qui n'a rien vu, rien compris. Le fils et le frère indigne qui n'a rien pu éviter. Même pas foutu de dire quand les choses ont commencé à déraper. Je me hais.

J'aurais souhaité disparaître, mais cela aurait été salir davantage le nom des Uchiha. Je refuse de permettre à qui que ce soit de nous regarder de haut, d'associer ma famille au geste d'Itachi. Je me suis juré d'incarner à moi seul notre nom, de laver la bassesse de mon frère par ma réussite. D'écraser son infamie par ma renommée. Ainsi, si le monde devait retenir un seul nom, ce serait le mien. Mon nom effacera le sien, voilà mon unique raison de vivre.

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Perdu dans mes pensées, je me suis arrêté en plein milieu de la rue, ce qui semble perturber certains passants, car je me sens brusquement épié, ce qui me déplaît au plus haut point. Aussi, je reprends ma course sans attendre, en prenant soin de rabattre les pans de ma capuche noire sur mon visage. Je suis sorti prendre l'air et courir un peu pour éviter de penser. Mais ça ne me réussit pas comme je l'aurais voulu. Au-dessus de moi, le ciel est couvert, annonçant l'arrivée prochaine de la pluie, comme l'annonçait la météo du matin. A Kyoto, l'après-midi touche lentement à sa fin.

Je jette un œil à ma montre tandis que je tourne à l'angle d'une rue que je n'ai encore jamais empruntée. Ayant emménagé à Konoha depuis deux mois, je n'ai pas encore de parcours arrêté. Je profite donc du jogging pour m'aérer l'esprit autant que possible et découvrir les rues du quartier. Et il n'y a rien à dire de particulier. Les rues et ruelles sont pavées et les trottoirs bordés de lampadaires anciens. C'est assez calme. Au moins ça.

Tournant de nouveau, je m'engage dans une rue emplie de petits commerces bas de gamme, dont quelques "restaurants" qui ne me disent rien qui vaille. Réprimant une grimace face aux minables devantures, j'interromps brutalement ma course lorsque, à quelques mètres devant moi, un gamin se fait éjecter d'une échoppe de ramens par un type imposant gueulant comme un porc qu'on égorge. Répugnant. C'est la seule pensée qui me vient, tandis que je songe à changer de trottoir, refusant de croiser la route d'individus aussi peu ragoutants. Enfin, surtout le vieux.

Jeté au sol comme un vulgaire déchet, le gamin se relève en titubant. C'est alors que je remarque qu'il tient une bouteille dans ses mains. De l'alcool ? Ça y ressemble bien, et son attitude agressive et déboussolée l'atteste. Il est complètement bourré, alors qu'il a quoi ? 14 ? 15 ans ? Le tableau me déplaît encore plus et je décide de faire demi-tour quand le gosse se met à brailler en frappant l'air en face de lui, cherchant à atteindre le gérant.

« Laisses-moi entrer ... espèce de gros lard ! J't'ai ... rien fais ! » Il crache, et sa voix rageuse et cassée me retient dans ma marche.

On croirait entendre un chiot qui hurle à la mort. C'est insupportable.

« Comment tu me parles petite merde ?! » Hurle alors le vieux, son visage boursouflé par des veines de colère le rendant encore plus révulsant.

Sans attendre, il se rue sur le gosse et lui flanque un poing énorme dans l'estomac, le faisant chuter lourdement contre le mur.

« Ça picole à cet âge et ça vient m'insulter?! Tu te prends pour quoi ? T'es une nuisance ! Tes parents peuvent avoir honte d'avoir pondu une saleté pareille ! »

A ces mots, le gamin tente furieusement de se relever, grognant des insultes indéchiffrables. Mais il retombe au sol, sans lâcher sa foutue bouteille, s'y accrochant comme à une bouée. Cela ne suffisant pas pour lui, le gérant reprend la parole, mais cette fois, je ne parviens plus à rester spectateur.

Les mots qui franchissent ses lèvres me font pivoter d'un coup sec et avancer vers lui à une vitesse sur laquelle je n'ai aucun contrôle. Et dès qu'il se retourne, j'écrase mon poing dans sa face de raclure méprisable. Il hurle comme une truie à l'agonie en saisissant sa joue meurtrie tandis que j'attrape son col blanc tâché de sauce. Répugnant. Plus que répugnant. A vomir.

« Tu fermes ta grosse gueule et tu retournes dans ton resto de merde avant que je t'éclate contre un mur. » Je lance, mes yeux ancrés dans ses pupilles suintant la colère et la peur.

Dégoûté du contact avec lui, je le relâche d'un coup sec, sans cesser de le foudroyer du regard. De nouveau libre, le vieux arrange son col avant de jeter un regard haineux au gamin et de rentrer dans son minable réfectoire de rue.

« Disparaissez ! Et emmenez cette petite enflure avec vous ! Plus jamais je veux le voir mettre un pied dans mon restaurant ! » Beugle-t-il avant de claquer la porte avec violence.

Un restaurant, cette porcherie ? L'imagination des minables comme lui n'a vraiment aucune limite.

Sifflant entre mes dents, je m'apprête à partir lorsqu'un grommellement incompréhensible me rappelle l'existence du gamin.

Celui-ci s'est relevé tant bien que mal, sa bouteille de whisky solidement vissée à sa main droite. Habillé d'un jean délavé et d'un tee-shirt blanc tâché et déchiré par endroits, il porte un bonnet orange qui laisse à peine dépasser quelques mèches blondes. Ses yeux sont enflés, rougis par l'alcool, son visage est couvert éraflures. Il craint grave, pour un gosse. Et ça me met les nerfs à vifs. Encore un qui fout sa vie en l'air, sans penser à sa famille. Encore un putain d'égoïste, comme mon connard de frère.

A la recherche de ses repères, il me remarque à peine et porte la bouteille à ses lèvres, lorsque je l'empoigne vivement par le bras, sans même y penser.

« Arrêtes ça ! » J'ordonne sèchement. « Qu'est-ce que tu fous à te saouler à cet âge? Jette ça tout de suite ! »

Mon ton n'a jamais été aussi autoritaire et ça ne lui plait pas, car il me fixe brusquement de ses yeux embués, mais brûlants d'une colère sourde.

« T'es qui toi ?! Tu me ... parles pas ! Tu te ... prends pour qui ?! Lâches-moi ou je te ... pète ta gueule ! »

Joignant le geste à la parole, le gosse se dégage violemment et fend l'air entre nous à l'aide de sa maudite bouteille à demie consommée. Il continue de brailler des insultes en me fusillant du regard tandis que, perdant patience, je saisis la bouteille pour lui arracher des mains. Dans la confrontation, celle-ci heurte le mur du restaurant, se brisant en miettes pour mon plus grand plaisir. Trop perdu à savourer cette petite victoire, je me désintéresse de mon « adversaire » durant une poignée de secondes qui lui suffisent pour se jeter sur moi avec l'énergie du désespoir.

Les poings tendus à l'extrême, il vocifère des insultes que je n'entends plus lorsque le débris resté dans sa main vient se planter dans mon avant-bras, l'entaillant légèrement avant que je lui foute mon poing dans la gueule, histoire de le calmer. Regardant le filet de sang qui se perd sur ma peau, je n'en reviens pas qu'il soit allé si loin, et ce, par désespoir. Car il n'émane rien de ce gosse, hormis du désespoir. Et une fois encore, je ne contrôle plus mes nerfs.

Sonné par mon coup, le gamin est étalé au sol, à peine conscient. J'écarte le débris de bouteille de sa main avant de m'accroupir face à lui. Je suis conscient de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je ne veux plus fermer les yeux face à un drame. Je n'ai pas pu éviter que mon frère commette l'impardonnable. Je ne resterais pas silencieux face à ce petit con.

« Tu te rends compte que tu fous ta vie en l'air ?! T'as quel âge ? 14 ? 15 ans ? Tu dois avoir tes raisons pour être si mal, mais là, tu donnes des armes à ceux qui veulent te traiter comme une merde ! »

« Foutez... moi... la paix ! J'ai... J'ai plus... rien... » Il lâche en toussant, tandis qu'il tente vainement de se redresser pour me faire face.

Sans que je le veuille, ses mots résonnent jusque dans mes os, faisant écho à mon propre désespoir.

Ce gamin est-il dans cet état parce qu'il a perdu les siens, lui aussi ?

De nouveau, je suis énervé.

« Alors construit quelque chose de tes mains ! » Je lance, et il semble se tendre et m'écouter, pour la première fois. Je poursuis, sans réfléchir au pourquoi du comment de mon obstination à me fourrer dans la vie d'un parfait inconnu. « Le destin t'a foutu à terre, qu'il aille se faire mettre! Pareil pour ceux qui te regardent de haut! Démènes-toi! Lèves-toi et prouve à tous, les vivants comme les morts, que tu avances la tête haute et qu'ils peuvent être fiers de toi! »

Dire ces mots me colle la migraine, et je sens que je manque d'air.

Sous mes yeux, le gamin remue légèrement. Il semble réfléchir et renifle, comme sur le point de pleurer. Je décide donc de partir, calmer les pleurnicheries d'un gosse étant la dernière chose que je veuille faire. Mais dans un dernier effort pour se relever, il succombe à la fatigue et perd connaissance. Pris de court, je me demande quoi faire lorsqu'un type débarque, le regard ancré sur le garçon au sol, le visage traversé par une inquiétude sans nom.

« Naruto ! » Hèle-t-il en arrivant à notre niveau, se penchant sur le gamin pour vérifier son état, reprenant son souffle avec difficulté, angoissé et paniqué.

« Il était bourré. Avec la fatigue en plus, il n'a pas tenu le choc. » Je soupire, épuisé moi aussi.

J'ai déjà tourné les talons lorsque la voix de l'inconnu m'interpelle.

« Attends ! » Lâche-t-il, presque suppliant. « Que s'est-il passé ? Dis-moi tout s'il te plait ! Je suis responsable de Naruto depuis la mort de ses parents. Je l'ai cherché toute l'après-midi, je sentais qu'il allait encore s'attirer des emmerdes... Tu dis qu'il était bourré... 'Tain... Ça n'arrête plus ces temps-ci... »

Sa voix est brisée, appel au secours d'un homme qui veut aider, sans savoir quoi faire. Et je n'en sais pas plus. Par ailleurs, ça ne me regarde pas. Je me suis suffisamment mêler d'oignons qui n'étaient pas les miens, et ça me ressemble si peu que j'en ai mal au crâne. Je veux rentrer, me plonger dans un bon bain chaud et chasser cette rencontre imprévue de ma mémoire. Mais c'est sans compter sur l'individu qui, prenant le gosse sur ses épaules se relève pour me faire face, déterminé à obtenir les réponses à ses questions. Une énième fois, je soupire et reporte mon retour à plus tard.

Brièvement, je raconte les événements au dénommé Iruka Umino, qui finit par me dévoiler les grandes bribes de l'histoire du jeune Naruto Uzumaki, gamin de 15 ans qui a perdu ses parents dans un accident de voiture causé par un chauffard, il y a cinq ans.

Etant le meilleur ami du défunt père et le parrain de l'enfant, celui-ci lui a été confié. Travaillant comme vigile dans un pensionnat, il occupe une chambre près de la loge et a pu obtenir une chambre de l'établissement pour Naruto. Mais le garçon n'a jamais pu s'intégrer parmi les autres enfants. Rejeté par eux, traité d'orphelin, il a enchaîné bagarre sur bagarre. Récemment, les choses ont empiré car il a commencé à boire, encouragé par de mauvaises fréquentations. Le résultat est qu'aujourd'hui, sa situation au pensionnat est plus que précaire. Son comportement est arrivé aux oreilles de certains parents qui exigent son expulsion. Ils demandent même son placement dans un centre pour adolescents à problèmes. Iruka a tenté de le ramener à la raison, mais il est hermétique à toutes les mains tendues vers lui. A cela s'ajoutent les problèmes d'argent, car le peu mis de côté par ses parents de leur vivant s'est épuisé au fil des années.

La situation est critique, mais jamais il n'abandonnera le fils de son meilleur ami. Ça crève les yeux. Se donnant du courage par une grande inspiration, l'homme s'excuse et me remercie une énième fois. Je ne vois pas pourquoi.

« Ne laissez pas ce gosse foutre sa vie en l'air. Il est vivant. Il doit avancer et se faire une place parmi les vivants. »

Voilà ce que je finis par dire avant de tourner les talons, pour de bon cette fois-ci.

La pluie commence doucement à perler tandis que le ciel s'assombrit, annonçant la venue du soir auquel je ne porte qu'une vague attention, l'esprit ailleurs.

Finalement, c'était bien le désespoir d'avoir perdu les siens...

Cinq années de désespoir...

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POV externe

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Deux jours plus tard,

Pensionnat "La Feuille", Quartier de Konoha, Kyoto.

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Jiraya, directeur du pensionnat "La Feuille" depuis une trentaine d'années regarda par la fenêtre de son bureau, les traits tirés par le tracas. En effet, la conversation qu'il menait actuellement avec Iruka Umino, son vigile et ami de longue date était loin d'être facile. Il se savait dans une impasse.

La raison : le cas Naruto Uzumaki, un jeune garçon ayant élu domicile dans l'une des chambres de l'établissement sur la demande désespérée d'Iruka il y a cinq ans, suite au décès de ses parents.

Aujourd'hui, du fait de son attitude indisciplinée, de nombreux parents réclament son départ. Ils sont de plus en plus pressants et menacent de cesser toute aide financière en faveur de l'établissement. Et en tant que directeur, Jiraya ne sait que faire. Bien que le comportement du jeune Uzumaki soit problématique, il n'est pas le seul fautif, le vieil homme en est conscient. En effet, le pensionnat "La Feuille" accueille des jeunes originaires de Kyoto ou d'autres villes du Japon qui souhaitent étudier au Collège Privé de Konoha et au Lycée Seven, de bons établissements prisés par la petite bourgeoisie. Et ces pourris gâtés n'ont pas fait de cadeau au blond. Rares sont ceux qui lui ont laissé une chance. Et lui n'a plus de repères. Malgré l'appui d'Iruka, il se sent seul et perdu. Abandonné.

« Iruka... » Souffla Jiraya en se retournant vers son ami. « La pression des parents devient insupportable. Ils savent que Naruto-kun se bagarre souvent et qu'il a commencé à se saouler... »

« A qui la faute ?! » S'emporta Iruka, énervé. « Les autres gamins lui jettent sous le nez leur belle vie de famille sans réaliser le mal qu'ils lui font ! Ils le poussent à bout ! Accordez-lui encore une chance, Jiraya ! De plus, Naruto s'est calmé ! Depuis l'incident d'il y a deux jours, il est venu me parler et m'a dit qu'il n'allait plus se laisser aller. Il va arrêter les bagarres, les mauvaises fréquentations et l'alcool ! Il m'a demandé de l'aide ! Il a besoin de votre soutien aussi ! »

Le directeur regarda son collègue et ami, surpris de ces paroles.

« Le chenapan a reconnu ses torts et veut aller de l'avant ? » Interrogea-t-il, son visage adouci trahissant un réel soulagement.

« Oui... Sa détermination se lisait dans ses yeux autant que dans sa voix. Il ne me l'a pas dit, mais je sens que sa rencontre d'il y a deux jours y est pour quelque chose. »

« Un adolescent, tu m'as dis ? »

« Je ne suis pas sûr. Il portait un sweat à capuche et des habits de sport, donc je ne peux pas vraiment juger, mais je pense qu'il n'avait pas plus de 18 ans. Jiraya s'il vous plait... Si vous mettez Naruto dehors alors qu'il a décidé de se reprendre en mains, il tombera encore plus bas... Et je sais que vous ne le voulez pas non plus... »

Jiraya ne pouvait que le reconnaître. Il appréciait le petit blond. La méchanceté gratuite des autres enfants l'avait poussé à perdre pied. Mais il avait bon fond et méritait une autre chance. Néanmoins, qu'allait-il dire aux parents réfractaires ? S'ils décidaient de retirer leurs enfants de l'établissement, celui-ci serait perdu.

« Et comment vas-tu faire pour subvenir à ses besoins ? » Demanda le vieil homme, conscient que bien des difficultés se présentaient devant Iruka. « Cela fait des mois que l'argent laissé par ses parents s'est épuisé... Je veux bien augmenter ton salaire, mais cela ne suffira pas à tout payer... »

Iruka en était conscient. Jiraya était le directeur du pensionnat, mais pas le propriétaire du bâtiment. Et ce dernier voulait que chaque chambre occupée soit payée chaque mois. Grâce à l'argent laissé pas les parents de Naruto, il en avait été capable jusque là, mais depuis quelques temps il assurait ces dépenses lui-même, et la situation devenait de plus en plus difficile. Hélas pour lui, le propriétaire n'était pas tourné vers la discussion. Il comptait chaque centime que le pensionnat lui faisait gagner. De plus, Naruto n'étant pas un "pensionnaire comme les autres", il appliquait un loyer plus important pour la chambre qu'il occupait, et ce, sans le moindre scrupule.

Pensant à cet avare sans cœur, Iruka serra les poings, avant de reprendre.

« Je trouverais un moyen... » Souffla-t-il, sous le regard attristé de Jiraya, qui se sentait impuissant.

« Iruka. » Reprit le vieil homme en s'essayant derrière son bureau, les mains soutenant son menton, les yeux fermés, le temps d'une dernière réflexion. « Je vais faire mon possible pour calmer les parents. Toi, fais en sorte que Naruto-kun se tienne à carreaux et accomplisse ses nouvelles résolutions. »

Iruka resta un moment interdit, avant de laisser éclater sa joie en remerciant son ami pour sa bienveillance. Jiraya s'exposait à des problèmes pour aider Naruto et ça, c'était un cadeau qui n'avait pas de prix. Iruka le remerciait encore lorsque la porte s'ouvrit à la volée sur un homme tout droit sorti d'un film de yakuzas. Un grand gars svelte à la chevelure grisonnante pointant vers le ciel, au teint clair et dont une partie du visage était dissimulée derrière un cache noir. Il portait un costume noir bien taillé, des chaussures cirées dernier cri et tenait une mallette noire. Observant Jiraya et Iruka d'un air amusé, il leur offrit un large sourire avant de s'annoncer, d'une voix chantante :

« Bien le bonjour Messieurs ! Etant dissimulé derrière la porte, j'ai écouté votre échange avec grand intérêt, bien que ça ne se fasse pas. Je m'excuse donc et me présente : Kakashi Hatake, bras-droit du jeune homme que vous avez rencontré il y a deux jours auprès de Naruto Uzumaki. » Acheva-t-il en se tournant vers Iruka, qui avala sa salive difficilement, complètement dépassé par l'apparition de ce type aux allures de majordome décalé.

« Et que me vaut l'honneur de votre visite ? »

Bien que surpris lui aussi, Jiraya offrit un siège à cet hôte on ne peut plus attendu. Néanmoins, le dénommé Kakashi refusa poliment.

A cet instant précis, et sans savoir pourquoi, Iruka sentit que les prochains mots de cet original sorti de nulle part allaient bouleverser l'ordre des choses. La silhouette de l'adolescent à capuche lui revint à l'esprit au moment où le messager reprit, tout sourire :

« Je vous remercie, mais je ne reste pas longtemps. Je viens vous annoncer qu'à partir de maintenant, tous les frais liés à Naruto Uzumaki seront pris en charge par mon patron. Le loyer de sa chambre, qui par ailleurs sera réaménagée à nos frais, les dépenses liées à sa scolarité dans les collège et lycée de son choix, si vous jugez qu'il s'agit de bons établissements, y compris la faculté. Cela comprend également l'achat des vêtements, de la nourriture, les frais de santé et tous ceux nécessaires. Dites aux parents mécontents qu'ils peuvent retirer leurs enfants s'ils le veulent, notre contribution peut compenser à elle seule la totalité des départs. Par ailleurs, je doute qu'ils le fassent vraiment. Il existe peu de pensions à proximité des établissements scolaires qu'ils convoitent. Soyez rassuré, Jiraya-san. »

Les minutes passèrent dans un silence lourd d'incompréhension. Tandis que Jiraya éclatait d'un rire de pur remerciement pour cette bonne étoile tombée du ciel, Iruka ne savait pas sur quel pied danser et s'il devait y croire.

« Et pourquoi votre patron ferait ça pour Naruto ? » Questionna-t-il. « Il ne le connait pas, non ? Il va vraiment engager de telles dépenses ?! Il réalise le montant que ça représente ?! Il est trop jeune pour avoir autant d'argent ! Sa famille ne le laissera pas faire ! Ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir ! »

Devant ces paroles, Kakashi tourna un regard d'un sérieux presque effrayant vers le parrain du blond, avant de sourire.

« Sachez que mon patron ne fait jamais de promesses qu'il ne peut tenir. » Déclara-t-il d'un ton sans appel. « Par ailleurs, ne vous préoccupez pas du montant, ni de sa famille... ».

Les derniers mots furent prononcés avec une tristesse qui n'échappa à personne.

« Et quelles sont les conditions de son aide ? » Reprit Iruka, prudent. « Faudra-t-il rembours... »

« Ne soyez pas bête. » L'interrompit Kakashi, presque outré par cette demande. « Il n'y a aucun remboursement d'aucune sorte. Nous serons liés par un acte stipulant ce que je viens de vous dire et précisant qu'il s'agit bien là d'une donation sans contrepartie. Mais ce jeune garçon doit aller de l'avant. Il est hors de question pour mon patron d'entretenir un bon à rien qui fout sa vie en l'air. »

Il ne mentait pas. Et ce n'était pas un jeu.

« C'est... Je ne peux pas le croire... » Lâcha Iruka, un poids immense semblant tomber de ses épaules. Les larmes perlèrent au coin de ses yeux, tandis que Kakashi poussait un soupir amusé.

« A qui le dîtes vous... » Souffla-t-il pour lui même, avant de présenter les papiers à Iruka qui en fit une lecture attentive avant de les signer, encore incrédule. Etait-ce un rêve dont il allait se réveiller bientôt ? Ou alors le destin de Naruto changeait-il enfin de tournure ?

Ne cachant pas sa joie, Jiraya sortit une bouteille de saké de son bureau et proposa de trinquer à cette excellente nouvelle, tout en remerciant le ciel et le patron de Kakashi. Mais Iruka ne l'entendait pas. Bien qu'aucun mot ne puisse retranscrire à quel point ce geste était inestimable, il remerciait Kakashi, et à travers lui, le mystérieux garçon qui venait de rééquilibrer les forces en présence en faveur du blondinet. Qui était-il ? Sur le contrat, son nom était masqué, ne laissant aucun indice.

Lorsque Jiraya posa un verra entre ses mains, Iruka revint à la réalité. Kakashi se laissait tenter bien qu'il soit en plein travail. Le vieil homme remplissait son verre lorsque Iruka posa le sien et entreprit d'aller chercher le principal intéressé.

« Je vais avertir Naruto ! » Lança-t-il. « Il faut qu'il sa... »

Aussitôt, vif comme l'éclair, Kakashi le retint fermement.

« Un instant, Iruka-san. » Déclara-t-il, avant d'avaler son verre d'une traite. « L'offre de mon patron ne nécessite aucune contrepartie. Néanmoins, il existe une condition qui nécessite d'être remplie. Vous pouvez dire à Naruto-kun que ses frais sont pris en charge. Vous pouvez dire qu'il s'agit de la personne de ce jour là. Vous devez lui dire qu'il a intérêt à se bouger sec. Mais ni lui ni vous ne devez essayer de découvrir l'identité de mon patron. Il ne fait pas ça pour obtenir des remerciements ou des éloges. Il le fait parce qu'il l'a décidé. Et il a également décidé de rester anonyme. Alors, si je suis ravi d'être votre interlocuteur, je vous remercierais en ma présence comme en mon absence, de ne pas outrepasser cette règle. »

Là encore, il ne plaisantait pas. Et bien que surpris, Iruka acquiesça, tout en espérant qu'un jour, le destin se charge de briser cet anonymat.

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(A suivre...)


Voilou ! ^^

Le prologue est terminé, j'espère que cette petite histoire vous plait !

N'hésitez pas à me laisser vos commentaires !

A bientôt pour la suite ! :-)

Bises à tous/toutes !