Bonjour à tous !

Ceci est ma première fanfic sur Inception. Il n'y en a pas des masses en français et je les lis moi-même en anglais en général. Pour cette raison d'ailleurs, vous allez rapidement vous rendre compte que j'utilise les termes anglais liés à Inception (Notamment les appellations Point Man, Forger...etc) mais aussi pour les expressions et jurons. (Notamment Eames et ses "darlings";))

L'histoire se passe environ un an après le cas Fischer. Elle sera en 3 ou 4 chapitres. Le gros de l'histoire est déjà écrit, il ne me reste que quelques passages à compléter.

Disclaimer : Les personnages d'Inception ne m'appartiennent évidemment pas.

Ratings : M. Slash ArthurxEames

N'hésitez pas à laisser des reviews pour commenter/critiquer/suggérer des idées ^_^


Quittant l'ascenseur pour remonter l'interminable couloir menant jusqu'à la chambre, il sifflotait gaiment pour rythmer son pas, la mine réjouie, visiblement d'excellente humeur. La soirée avait été très bonne pour M. Eames. La réunion avait fini tôt et l'équipe s'était retrouvée pour dîner tous ensemble au restaurant de l'hôtel. Suite à quoi, ils avaient tous rejoint le casino, même Ariadne, et ce malgré les protestations de Cobb, et surtout, même Arthur et son fichu balai dans l'cul.

Eames aimait les jeux et les paris, ce n'était un secret pour personne, le casino était une sorte de paradis pour lui –même si sans nul doute, Eames préférait finir en Enfer qu'au Paradis, où il se ferait probablement foutrement chier. Mais avant d'aller s'adonner à son hobby, il avait d'abord passé quelques minutes au bar, à s'amuser des réactions excessives d'Arthur à son égard et à s'enfiler au passage quelques verres payés gracieusement par leur client.

Il avait ensuite été à la table du Black Jack où il avait passé quelques minutes. Entre temps, il avait aussi réussi à s'entourer de deux magnifiques jeunes femmes, manifestement un peu pompettes, mais surtout très attirantes. C'était ainsi que le Forger était à l'aise : entouré de belles femmes, de préférence plutôt câlines, un verre à la main, et la fièvre du jeu comme huile de moteur.

Il avait voulu un peu plus tard retourner tourmenter Arthur –c'était son sport favori après tout- mais il ne l'avait pas trouvé. Cobb lui avait dit, alors qu'il l'avait croisé au bar, que le Point Man était fatigué et était monté travailler dans sa chambre. C'était tellement Arthuresque comme attitude, de renoncer à une soirée de détente et de plaisir pourtravailler. Eames ne comprendrait probablement jamais cette attitude.

Il avait bien profité du reste de la soirée en si bonne compagnie. S'il ne devait pas se lever très tôt le lendemain pour entamer une longue et dure journée de travail, il aurait probablement prolongé cette excellente soirée jusque dans la nuit, en compagnie d'une ou deux des charmantes jeunes femmes qui l'avaient accompagné. Mais sans être un bourreau de travail comme Arthur, Eames savait faire preuve de sérieux lorsqu'il le fallait. Il renonça donc à sa nuit de frivolité et décida d'aller rejoindre sa chambre vers 1h du matin.

Avant cela, il voulait passer voir Arthur pour voir si ce fou du boulot veillait encore, penché sur son ordinateur à relire les rapports pour la énième fois. Une nouvelle bonne occasion de le taquiner. C'était un peu comme la dernière cigarette avant de se coucher pour Eames. Arrivé devant la porte de la chambre la plus éloignée de l'ascenseur, il sortit de la poche arrière de son jeans la carte. Il s'agissait d'un double du pass d'Arthur, qu'il lui avait piqué environs 2 semaines après qu'ils se soient tous installés à l'hôtel. Il ne s'en servait pas souvent en vérité, mais cette fois, n'étant pas sûr que le Point Man ne soit pas déjà endormi, il ne voulait pas risquer de le réveiller en toquant. Il y avait une différence entre titiller les gens et les déranger dans leur sommeil tout de même. Autant ouvrir la porte, aviser si la lumière était encore allumée ou non, et agir en conséquence.

Il glissa donc avec précaution la carte magnétique dans la fente, et poussa la porte après avoir entendu le déclic caractéristique. A peine eut-il entre-ouvert la porte qu'il aperçut une lumière provenant sûrement d'une lampe de chevet. Un sourire amusé s'installa sur les lèvres du Forger : évidemment, sans surprise, Arthur travaillait encore. Si prévisible, songea l'anglais tout en pénétrant dans la chambre, se dirigeant vers la chambre d'où provenait la lumière. Le bruit trop fort de la climatisation couvrait les éventuels bruits de clavier ou de page que l'on tourne qui pourraient trahir un Arthur en plein travail, mais l'américain n'était pas du genre à s'endormir en plein travail. Si la lampe était encore allumée, il était probablement encore debout.

« Arthur, darling, tu as vu l'heure qu'il est ? Même un accroc du travail comme toi doit prendre un peu de repos de temps à autre tu sais, sinon tu vas finir comme… »

Eames dut s'interrompre dans ses railleries lorsque ses yeux se posèrent sur Arthur. Enfin, sur ce qu'il voyait d'Arthur, car un grand homme lui tournant le dos lui cachait une bonne partie de l'américain. En fait, seules ses jambes étaient visibles. Les yeux du Forger s'écarquillèrent autant que possible, lui donnant un air assez ridicule, tandis que les mots se coinçaient dans sa gorge, refusant de sortir. D'accord. Arthur n'était peut-être pas si prévisible que ça en fin de compte. Figé, il garda le silence encore quelques longues secondes. Entre temps, Arthur s'était penché sur le côté, avait aperçu et reconnu son coéquipier et avait lâché un « Et merde » résolu.

« Ecarte toi… » ordonna-t-il à l'homme, visiblement un peu plus jeune que lui, assis à califourchon sur ses cuisses.

Tous deux étaient torses nus, leurs chemises ayant fait un vol plané jusqu'au sol, près de la table de nuit. A en croire la position de la main d'Arthur, à moitié glissée sous le pantalon de l'inconnu, au niveau de sa hanche, les vêtements du bas étaient les prochains sur la liste. Agacé par l'immobilisme de son compagnon de jeu, Arthur le poussa fermement sur le côté pour lui indiquer qu'il devait s'éloigner. Le jeune homme obtempéra finalement, et resta planté à côté du lit, visiblement très mal à l'aise et ne sachant que faire, dévisageant Eames et Arthur à tour de rôle avec un mélange de surprise et de gêne. Ce fut lui qui, finalement, brisa le silence qui s'était réinstallé.

« Arthur, tu n'avais pas dit que tu étais seul et qu'on ne serait pas dérangé dans ta chambre ? »

Murmura-t-il doucement, sur un ton mal-assuré, s'adressant à son partenaire même si ses yeux verts ne lâchaient plus Eames une seule seconde, sa voix trahissant qu'il était aussi embarrassé qu'on pouvait l'être dans pareille situation. Pour toute réponse, Arthur poussa un long soupir, rapidement suivi par un grognement, enfouit sa tête dans ses mains et se laissa tomber en arrière, allongé sur le lit, visiblement pas décidé à apporter son aide à son compagnon d'un soir.

Eames, quant à lui, était partagé entre l'envie irrépressible d'éclater de rire – lui qui voulait une situation pour taquiner Arthur, il n'aurait pu rêver mieux- et son bon sens qui lui soufflait que ce n'était pas le bon moment pour en remettre une couche. L'ennui avec lui, c'était qu'il n'écoutait que très rarement son bon sens…

« Eh bah darling ? Tu as une façon très, trèèès intéressante de travailler… » Il se tourna vers le jeunot qui, entre temps, avait eu le bon sens d'aller récupérer sa chemise au sol. « Moi c'est Eames, au fait, coéquipier du type sur lequel tu grimpais » Il lui adressa un grand sourire sans gêne à moitié amical, à moitié inquiétant, comme il savait si bien les faire. « Arthur sweetie, tu ne nous présentes pas ? »

Arthur semblait trop occupé à essayer de se couper du monde qui l'entourait. Immobile, toujours allongé sur le dos, son visage dissimulé dans ses paumes, il ne bougeait plus, ne parlait plus, Eames n'était même plus sur de l'entendre respirer. Il fallut attendre quelques secondes avant qu'il ne manifeste un signe de vie. Se redressant, il écarta ses mains, laissant réapparaitre son visage, que le Forger n'avait pas encore vraiment pu admirer depuis qu'il avait débaroulé dans la chambre. Toujours dans la retenue, malgré sa gêne, Arthur conservait un visage sérieux et grave. En revanche, sa coupe de cheveux était tout à fait inhabituelle : à la place de ses cheveux plaqués en arrière, le front dégagé sans qu'aucune mèche n'ose s'y aventurer, Eames avait devant lui un Arthur échevelé, aux mèches éparses et désordonnées, comme s'il sortait du lit –ce que, littéralement parlant, il faisait. Ayant probablement conscience de son état capillaire tumultueux, il passa une main dans ses cheveux pour tenter de les repousser et les aplatir. Tentative ratée qui provoqua une nouvelle envie de rire chez l'anglais.

« Lawrence, est- ce que tu peux t'en aller s'il te plait ? »

Le jeune homme, debout à côté du lui, en train de reboutonner sa chemise, sursauta à l'entente de son prénom. Un éclair d'indignation traversa ses yeux verts, et il ouvrit la bouche comme pour répliquer, mais un coup d'œil vers l'air fatigué et las d'Arthur lui coupa toute envie de parlementer. Il y avait quelque chose dans cette scène embarrassante qui lui échappait, mais il n'était pas certain de vouloir tout savoir. D'un air furieux, il attrapa un sac marron suspendu à une chaise un peu plus loin et, sans rien ajouter, pas même un salut poli, quitta la chambre en claquant la porte.

« Tu es mesquin avec lui, darling, le pauvre garçon. »

Commenta Eames, dodelinant de la tête. Il n'était pas spécialement fier d'avoir interrompu ce genre de scène, et il n'était toujours pas sûr de s'être remis de son étonnement, mais la situation était trop amusante pour qu'il n'en profite pas pour tourmenter un peu son coéquipier.

« Mesquin, Eames ? Rappelle-moi donc qui est-ce qui rentre dans la chambre des gens sans frapper avant et sans prévenir ? »

Répliqua Arthur, imperturbable, comme souvent. Réalisant probablement seulement maintenant qu'il était toujours torse-nu, il se pencha en avant et récupéra la chemise gisant par terre. Il entreprit alors de la renfiler, avant de se rendre compte qu'un des boutons avait été arraché, probablement dans le feu de l'action. Il laissa échapper un nouveau soupir, ne se rendant pas compte que Eames ne le quittait plus des yeux, se délectant des moindres réactions décalées de l'Américain.

« C'est-à-dire que je ne m'attendais pas vraiment à te retrouver dans une telle position… avec un mec. Putain darling… » Il éclata de rire, comme s'il venait de réaliser à l'instant l'implication de la scène qui s'était déroulée partiellement sous ses yeux. « T'es gay ! Depuis quand est-ce que t'es gay ? »

Arthur roula des yeux, visiblement exaspéré. Eames était toujours aussi… fin dans sa manière d'aborder et d'exposer les choses.

« Ferme la, Eames »

Mais le Point Man savait bien que son partenaire ne la fermerait pas. C'était d'Eames dont on parlait, après tout. Il avait réussi à lui extirper 2 minutes de silence improvisé en le prenant –involontairement- par surprise, c'était probablement tout ce qu'il pouvait espérer de lui.

« J'aurais dû m'en douter. Avec un tel balai dans l'cul, y avait forcément une explication de ce genre là…

-Eames…

- Mais tu cachais tout de même drôlement bien ton jeu … Les autres sont au courant ? »

Eames s'était tourné vers Arthur avec un air interrogateur alors qu'il avait posé la question. Le Point Man tomba dans un silence de mort, fixant son coéquipier avec un air las. Un air qui ne plaisait pas beaucoup à Eames, car il sentait bien qu'il était à deux doigts d'être jeté hors de la chambre, alors que lui-même n'avait pas la moindre envie de mettre fin à cette discussion, il s'amusait beaucoup trop.

« Eames, si c'était tout ce que tu avais à dire, j'aimerais bien dormir, maintenant. »

Mensonge. Eames plissa les yeux, se doutant bien qu'après ce qui venait de se passer, Arthur ne trouverait probablement pas le sommeil tout de suite, et qu'il ne s'agissait donc que d'une excuse pour ne pas avoir à continuer cette discussion sans nul doute très embarrassante pour lui. Le Forger éclata d'un bref éclat de rire, ne manifestant aucune intention de quitter la pièce pour laisser son coéquipier se reposer. Il n'en avait toujours fait qu'à sa tête, pourquoi cela devrait-il changer maintenant ?

« Oh allez Arthur ! Est- ce qu'ils savent ? Ça me semble important… imagine que je laisse échapper une bourde demain ! Il vaut mieux que je sache si je dois faire attention à mes dires ou non… »

Il esquissa un sourire railleur en direction d'Arthur. D'accord, ce n'était pas très fair-play d'en venir à ce genre de basses menaces, mais l'anglais avait compris depuis bien longtemps qu'on n'obtenait pas ce qu'on voulait d'Arthur sans faire preuve d'un peu de fourberie. En plus d'avoir un balai dans le derrière, il était aussi têtu et obstiné qu'une mule, de quoi fatiguer n'importe qui –mais pas Eames, qui savait se montrer mille fois plus fatigant et insupportable encore.

Arthur venait de finir de reboutonner sa chemise toute froissée. Il leva son regard chocolat sur son coéquipier et l'observa en silence.

« Cobb » lâcha-t-il, dans un soupir, détournant le regard, le fixant sur la table de chevet. « Cobb sait »

Il reçut pour première réponse un haussement de sourcil étonné.

« Cobb ? » répéta Eames. « Comment ça s'fait ? Il t'a surpris en pleine action lui aussi ? »

L'idée paraissait saugrenue. Dom n'était définitivement pas le genre de mec à entrer dans la chambre des gens à leur insu. Ça, c'était la spécialité d'Eames. Alors comment il en était venu à découvrir le pot aux roses d'Arthur, le Forger avait du mal à se l'imaginer. Il cessa d'essayer d'ailleurs, reportant son attention sur le Point Man, qui se mordait la lèvre d'un air hébété, le regard toujours fixé sur cette foutue table de chevet.

« Eames, je suis vraiment fatigué »

Insista-t-il, évitant de répondre à la question. Avait-il soudainement honte ? Ça n'avait aucun sens. Le fait que Cobb l'ait surpris dans une position compromettante n'avait rien de plus embarrassant que la situation dans laquelle il était à l'instant, si ?

Le plus grand des deux haussa les épaules. Qu'à cela ne tienne, Arthur ne semblait pas d'humeur –ou en tout cas, encore moins d'humeur que d'ordinaire. Il serait toujours temps de reprendre les questions – et les moqueries- demain de toute façon.

« Ok ok darling, tu as bien besoin de récupérer après tant d'émotions... »

Le taquina-t-il, appuyant sa remarque d'un clin d'œil auquel Arthur répondit en levant les yeux au ciel, ce qui ne manqua pas, encore une fois, de faire rire le Forger. Ce dernier envoya un baiser de la main vers son coéquipier à l'air dépité, avant de repartir par là où il était entré. Arrivé dans sa propre chambre, il ne trouva pas de suite le sommeil, se repassant en boucle la scène, trouvant ça de plus en plus amusant au fur et à mesure que certains détails lui revenaient en tête. Sacré Arthur. Pour un type plan-plan, il était parfois plein de surprises.


Arthur ne lâchait plus des yeux ce fichu rapport, dont il lisait la 13eme ligne pour la énième fois, la connaissant presque par cœur maintenant, essayant tant bien que mal de faire abstraction de la présence du parasite anglais gigotant à côté de lui.

« Pour la cinquantième fois, Eames : je travaille.

- Mais c'est la pause déjeuner »

Protesta le Forger qui, assis sur la grande table ovale, surplombait un Arthur à l'air concentré qui essayait de lire le document en ignorant les questions incessantes avec plus ou moins de succès.

« Allez, comment il a découvert, Cobb ? »

C'était la 4eme fois au moins qu'il posait la question, et Arthur sentait la migraine pointer le bout de son nez. Résigné à faire preuve de calme en toutes circonstances, il garda les yeux obstinément fixés sur son rapport. Ce n'était pas possible d'être aussi tenace. Eames avait dû être un pou, ou autre charmante bestiole collante et acharnée du genre, dans une autre vie.

« Est-ce que ça va changer quelque chose ?

- Evidemment. Je perdrais le privilège d'être l'unique spectateur de tes ébats…

- Eames… »

Arthur s'était remis à gronder, comme toujours lorsque le Forger dépassait les bornes, le rappelant à l'ordre. Pause déjeuner ou pas, ils étaient dans la salle de réunion, et n'importe qui pouvait débarquer à n'importe quel moment. Ce n'était donc ni l'endroit ni l'heure pour avoir ce genre de discussion. Et puis… un privilège ? Sérieusement ? Qu'est-ce que c'était encore que ces histoires de mômes ? L'américain n'était cependant pas dupe : il était inutile d'essayer de raisonner Eames avec une quelconque logique, l'anglais semblait prendre un malin plaisir à la contourner ou l'ignorer dans tous les cas.

« Ça t'arrive souvent ? »

Arthur lâcha un grognement. Infatigable, mais diablement fatigant, Eames était probablement une espèce rare. Rare, mais trop existante au goût du Point Man en ce moment-même.

« De ? »

Demanda-t-il, regrettant déjà d'avoir posé la question. Pourquoi, au juste, encourageait-il cet enquiquineur à poursuivre ses questionnements ? Il ne le savait pas lui-même. Pour une raison incompréhensible, Eames était difficile à ignorer. Peut-être était-ce parce que, au fond, il le savait, le Forger finissait toujours par obtenir ce qu'il voulait. Alors autant le lui donner rapidement pour en être débarrassé.

« D'aller à la messe. » Eames marqua deux secondes de silence, laissant juste le temps à son interlocuteur de lever un œil réprobateur vers lui. « Enfin, darling, de quoi veux-tu que je parle ? Est-ce que ça t'arrives souvent de te taper des mecs comme ça ? »

Arthur sentit le rose lui le monter aux joues, et le seul moyen qu'il trouva pour le cacher fut de se pencher vers sa sacoche, posée sur la chaise à côté de lui, pour faire semblant d'y fouiller, et ainsi tourner le dos à son coéquipier. Ce dernier avait l'art et la manière de mettre sur la table des sujets délicats ou gênants. Le Point Man ne pouvait définitivement pas répondre honnêtement à sa question sans compromettre le secret qu'il portait et taisait depuis maintenant de longs mois. Non, décidément, il ne pouvait pas lui dire que cela arrivait à chaque fois qu'il voyait Eames flirter d'un peu trop près avec une femme. Comme une consolation, ou bien une revanche, il essayait de contrebalancer sa peine et le sentiment d'être trahi –sans raison, il en avait bien conscience- en se perdant dans d'autres sensations plus fortes, et notamment, le plaisir. Mais ça ce n'était, bien sûr, pas avouable. Pas après avoir fait tant d'efforts pour dissimuler ses sentiments.

Loin des inquiétudes muettes d'Arthur, Eames continuait de manifester sa trop grande curiosité, s'étant levé de la table pour faire des allers et venues dans la grande pièce, semblant se délecter du sujet de la conversation.

« Allez allez, ne fais pas ton timide, sweetie, on a tous nos besoins, moi aussi ça m'arrive souvent. Je suis juste étonné que tu ais réussi à le cacher aussi longtemps »

Arthur délaissa finalement sa mallette, refaisant face au dossier sur la table. Il leva les yeux au ciel mais n'ajouta rien, se gardant bien de répliquer que le fait que Eames soit lui-même quasi tout le temps occupé à s'envoyer en l'air l'avait quelque peu aidé niveau discrétion. Mais cette phrase aux accents de jalousie risquerait un peu trop de le trahir, et il préféra se taire.

« Ce qui nous ramène à ma première question » poursuivit Eames, visiblement peu gêné d'être le seul à parler.

Arthur daigna finalement relever les yeux sur lui, l'air un peu bourru.

« Comment est-ce que Cobb s'en est rendu compte ? Tu t'es pourtant montré discret. »

Pas assez, songea le Point Man, retenant un autre soupir. C'aurait pu être pire, bien sûr : Eames n'avait au fond découvert qu'une partie du secret. Tant qu'il ne s'apercevait pas qu'Arthur avait des sentiments pour lui, ce dernier arriverait à gérer la situation. Après tout, le fait qu'il soit homosexuel ne changerait pas grand-chose à leur relation. Preuve en était : depuis qu'il avait découvert cela, Eames ne cherchait pas spécialement à le fuir. C'était même tout le contraire, puisqu'il en avait fait son nouveau sujet de prédilection pour taquiner l'extracteur. En revanche, il était sûr et certain que s'il découvrait la nature de ses sentiments envers lui, Eames chercherait à l'éviter. Le Forger n'avait jamais été doué pour les relations durables. Son truc à lui, c'était les histoires sans lendemain, qu'il collectionnait d'ailleurs allègrement.

Arthur sursauta. Une main venait d'apparaître dans son champ de vision, à 5 centimètres à peine de ses yeux. Inutile de se demander à qui elle appartenait, il n'y avait qu'une seule personne qui ne se gênait jamais pour violer les notions d'intimité et d'espace vital. Et accessoirement qu'une seule personne dans la pièce à part lui. Agacé, Arthur écarta cette main de son visage avant de reculer sa chaise, l'air contrarié. Pourquoi est-ce qu'il ne lâchait pas simplement l'affaire ?

« Darling ? Tu es encore avec nous ?

-J'essaie de travailler, Eames. Tu devrais tenter toi aussi, pour changer »

Répliqua Arthur, essayant de changer de sujet, même s'il se doutait bien que l'autre mule ne renoncerait pas aussi facilement. Le Forger balaya d'ailleurs l'air d'un signe de la main, tout en claquant de la langue.

« Si tu ne veux pas me dire comment Cobb a découvert que tu étais homo je peux aussi le lui demander directement »

Les yeux d'Arthur s'élargirent alors que son cerveau tirait la sonnette d'alarme. La dernière chose dont il avait besoin, c'était que Cobb et Eames discutent de sa sexualité. En croisant les informations, il n'était pas impossible qu'ils en arrivent à la conclusion qu'Arthur avait des sentiments pour Eames. Il lui semblait parfois que Cobb en savait plus qu'il ne laissait le croire, même s'il n'avait jamais osé aborder le sujet de front avec lui. Dans tous les cas, il était juste hors de question que ces deux-là ne se mettent à parler de lui. Et même s'il se doutait un peu que Eames disait ça uniquement pour le faire parler, il n'avait pas vraiment envie de risquer le coup. Arthur était en effet la dernière personne à prendre des risques inutiles.

« Cobb a probablement mieux à faire »

Marmonna-t-il, jetant un regard sévère à Eames. Ce dernier y répondit par un de ses larges sourires chafouins. Un sourire aux accents de victoire, car il sentait bien qu'il allait bientôt arriver à ses fins.

« Alors est-ce que tu vas répondre à sa place ? »

Demanda-t-il pour la forme, sans se départir de cet insupportable sourire. Ses yeux perçants ne quittant par Arthur, il plongea son nez dans la tasse de thé qu'il ne cessait de trimballer dans toute la pièce au gré de ses allers et retours. Le Point Man se demanda d'ailleurs si le thé était encore ne serait-ce que tiède après tout ce temps. Le Forger semblait prendre un malin plaisir à se trimballer la boisson anglaise alors qu'il cuisinait son coéquipier.

Arthur lâcha un nouveau petit soupir pour se donner du courage, avant de lever les yeux au ciel, évitant ainsi le regard d'Eames.

« Ok. Cobb est au courant parce qu'on… rha merde. Parce qu'on l'a fait, voilà. »

Alors qu'il sentait les pigments de ses joues s'affoler à nouveau suite à cette déclaration, il fut ramené brutalement sur terre par le bruit d'Eames recrachant tout ce qu'il avait dans la bouche. Courbé en avant, sans doute pour éviter de se mettre du thé plein la chemise –ce qui était déjà fait pourtant-, les bras écartés sur le côté pour une raison similaire, Eames avait la bouche encore ouverte et les yeux écarquillés braqués sur Arthur. Ce dernier roula des yeux, exaspéré par la réaction excessive qui ne l'aidait aucunement à agir comme si de rien n'était. Le silence qui suivit aggrava les choses, et Arthur aurait voulu se rendre invisible. Il ne pensait pas que cette annonce aurait en vérité plus d'impact que de se faire surprendre en pleine situation compromettante avec un autre homme. Il était sur le point de quitter la pièce et laisser Eames seul avec son traumatisme, lorsque finalement, le Forger rompit le silence en éclatant encore de rire. Si déplacée soit cette hilarité, elle rassura quelque peu Arthur : il retrouvait là son coéquipier et son attitude joviale habituelle.

« Holy shit ! » lâcha celui-ci, toujours hilare. « Je n'm'y attendais pas à celle la ! »

Arthur haussa les épaules, ne sachant quoi répliquer à ce genre de commentaire. Lorsque son rire fut à peu près calmé, Eames alla poser sa tasse maintenant vide sur la table et alla chercher des serviettes en papier pour s'essuyer le menton et la chemise. Tout en l'observant faire son petit nettoyage, Arthur ne put s'empêcher de se demander ce qui avait bien pu l'attirer chez ce type sans gêne et grossier. Si on lui demandait de faire un portrait d'Eames, il dirait probablement qu'il s'agit d'un type vulgaire, cavalier, effronté, bruyant, tapageur, souvent irrespectueux, indiscret, désordonné, emmerdant, avec un mauvais goût vestimentaire incroyable et une capacité à agacer hors norme. En contrepartie, il était beau, en plus d'être bien foutu, drôle, même si Arthur ne l'admettrait jamais devant lui, extrêmement intelligent et futé derrière ses airs benêts, inventif, courageux et, même s'il ne le montrait pas démesurément, fondamentalement gentil. En vérité, Arthur n'aurait su dire exactement pourquoi il était tombé amoureux de ce crétin, mais le résultat était là. Et après des mois à tenir ces sentiments cachés, le Point Man avait de plus en plus de mal à réprimer son attirance pour lui, et les évènements récents ne l'y aidaient en rien.

« Attends mais… »

Arthur secoua la tête, reprenant pied dans la réalité avec la voix de son compagnon. Dans cette réalité où Eames et lui parlaient de sa sexualité comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.

« Tu veux dire que Cobb est en fait… gay ? God damnit ! Cette histoire avec Mal lui a vraiment retourné le cerveau ! »

L'américain se garda bien de faire tout commentaire sur le fait qu'être gay signifierait avoir le cerveau à l'envers. Comme d'habitude, Eames ne prenait pas de pincettes et disait tout ce qui lui passait par la tête, sans trop se soucier de savoir si ça pouvait heurter la sensibilité des gens autour de lui. Arthur n'avait de toute façon pas envie de s'attarder sur le sujet, mais quelque chose lui disait que ça ne dépendait hélas pas que de lui.

« Cobb est tout ce qu'il y a de plus hétéro si tu veux tout savoir »

Lâcha-t-il finalement, jouant à marteler du bout des doigts la table ovale. Pas que ça le détende réellement, mais ça lui permettait de se concentrer sur autre chose que sur Eames. Eames, Eames, Eames et encore Eames. Quand était-il devenu si central dans la vie et surtout dans les pensées d'Arthur ? Et, nom de Dieu, comment était-il supposé agir normalement alors que son cerveau tout entier était en ébullition ?

« On était tous les deux très ivres et… voilà. »

Son explication, très concise, déclencha un nouveau petit rire chez le Forger. Arthur ne réagit même plus.

« Arthur, toi, saoul ? Ça t'est sérieusement déjà arrivé ? C'était quand ? »

L'américain soupira. Pourquoi, au juste, avait-il cette conversation avec Eames ? Cet emmerdeur l'épuisait mentalement. Il avait hâte que les autres aient fini leur pause de midi et rappliquent pour reprendre la réunion, lui donnant une excellente excuse pour couper court à cette discussion ridicule. Même Ariadne, pourtant toujours en avance, semblait traîner la patte pour laisser le temps au Forger de finir son interrogatoire. C'était un complot, il ne voyait pas d'autre explication.

Se rendant compte qu'il ne s'en sortirait pas sans avoir déballé son histoire, Arthur se résigna à révéler quelques informations à son vis-à-vis. S'il prenait son temps avec son récit, peut-être cela laisserait-il le temps aux autres de revenir ?

« C'était à l'anniversaire de Yusuf. »

commença-t-il, tapotant à nouveau du bout des doigts sur la table. Il allait devoir éviter toute une partie de l'histoire. Celle où il s'était mis à boire comme un trou parce que Eames, comme à sa mauvaise habitude, s'était mis à flirter on ne peut plus vulgairement avec des filles manquant cruellement d'élégance du point de vue d'Arthur. L'ennui, c'était que dès qu'une demoiselle s'approchait un peu trop près du Forger, elle perdait automatiquement toute forme d'élégance ou de charme aux yeux de l'américain. Réaction tout aussi puérile qu'inutile, mais Arthur ne pouvait pas faire ce qu'il faisait d'ordinaire dans ce genre de situation : fuir. Il ne pouvait pas fuir, car c'était l'anniversaire de Yusuf et qu'on ne part pas d'un anniversaire, comme ça, sans prévenir –ni même en prévenant d'ailleurs. Il s'était alors dit qu'il pouvait toujours essayer la méthode classique et, selon lui, pathétique, consistant à boire pour oublier.

« Avec Cobb on a fait des jeux d'alcool » mentit-il, songeant que de toute façon Eames n'irait probablement jamais vérifier avec Cobb. Cette petite phrase justifiait à elle toute seule toute la partie qu'Arthur voulait justement éviter. Le reste de l'histoire, il pouvait la délivrer en toute honnêteté, ou presque.

« Quand je me suis senti mal, j'ai voulu rentrer, mais Cobb ne voulait pas que je parte tout seul. »

Et il avait eu raison. Arthur n'aurait probablement pas été capable de retrouver le chemin de l'hôtel et de la chambre tout seul ce soir-là, son cerveau s'étant mis en veille après le 6eme verre de vodka pure.

« Bref, il m'a raccompagné à la chambre. M'a mis au lit parce que je n'étais plus capable de grand-chose et de fil en aiguille… bref, tu connais la suite »

Voilà, c'était dit. Avec un peu de chance, la petite histoire satisferait suffisamment la curiosité de l'anglais pour qu'il n'essaie pas de creuser un peu plus loin. Il en savait déjà beaucoup trop au goût d'Arthur… Ce dernier leva le nez vers son coéquipier, guettant sa réaction, croisant les doigts pour qu'il ait eu sa dose de récit pour la journée –et idéalement, pour la semaine et même le mois à venir. Eames était en train d'hocher lentement la tête, l'air pensif, probablement en train de digérer toutes ces nouvelles informations et, Arthur en était sûr, de réfléchir à comment les transformer en moyens pour le taquiner à loisir.

Sortant soudainement de sa méditation, Arthur se retrouva avec Eames penché sur lui, une main appuyée sur la table, l'autre sur le dossier du fauteuil, juste à côté du visage du Point Man. Visage qui avait repris d'instinct des couleurs un peu trop vives en sentant le Forger aussi près de lui. Recule, supplia mentalement Arthur. Loin de l'avoir soulagé, les révélations faites à Eames ne rendaient que plus insupportable son attirance pour lui. Et voilà que l'autre était d'humeur à la plaisanterie. L'anglais plissa les yeux alors que son visage se rapprochait de celui d'Arthur.

« Et si tu me montrais comment tu l'as séduit ? »

Susurra-t-il d'une voix doucereuse, sous le regard éberlué d'Arthur.

« Pardon ? »

Fut tout ce que le Point Man fut en mesure de répondre à cette attaque frontale.

« Cobb. Tu as bien dû le séduire pour qu'il te tombe dans les bras, non ? Montre-moi. »

Les yeux d'Arthur s'élargirent encore d'avantage, si c'était possible. Comment était-il supposé garder son self-control dans pareille situation ? Il avait beau être le roi du faux semblant, face à ça, ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Le brun en perdait ses mots, se contentant de fixer Eames avec un mélange d'incompréhension et de panique. Les secondes qui suivirent semblèrent durer des heures, avant que finalement, le Forger ne brise le silence par un autre de ses petits rires. Au même moment, il reculait, s'éloignant d'Arthur, lui rendant sa liberté de mouvement.

« Oh Darling ! Tu devrais voir ta tête ! »

Arthur n'avait pas la moindre envie de voir sa tête. Il devait être anormalement écarlate avec un air nigaud et un regard meurtrier parce que mon dieu, il aurait pu tuer Eames et son humour douteux à cet instant précis.

« L'air abasourdi te va comme un gant. Ça te rend même très sexy »

Poursuivit le Forger, jamais à court de moqueries, ponctuant ses dires d'un éclat de rire encore plus fort, avant de prendre la tasse de thé laissée sur la table, et de se diriger vers la sortie, sans laisser à Arthur le loisir de répliquer ou de réagir. De toute façon, l'américain semblait avoir perdu ses mots ainsi que sa faculté à se mouvoir, pire qu'une poupée de chiffon.

« Allez, je vais me chercher un thé avant qu'on ne reprenne la réunion »

Lança-t-il d'un air guilleret, avant de disparaître. Arthur attrapa son crâne entre ses mains, maudissant dans sa tête Eames, son humour nul, ses plaisanteries débiles, ses moqueries stupides, sa belle gueule agaçante, ses lèvres mille fois trop attirantes qui ne s'ouvraient que pour lancer des imbécilités et… et voilà. Le Forger avait encore une fois accaparé ses pensées.