Disclaimer : Ils ne sont pas à moi
1 ) Le déluge
-Fichue planète, fichus indigènes !
-McKay, ce n'est pas le moment ! hurla John Sheppard en tirant le scientifique par la manche, il faut trouver un abri et vite !
-Et Ronon et Teyla ?
Ils se débrouilleront, j'essayerais de les contacter plus tard.
Le colonel avisa un arbre énorme et entraîna le scientifique dessous. Ils se retrouvèrent plus où moins à l'abri de la pluie torrentielle.
Mais cela ne pouvait être que provisoire, ils étaient trempés et Rodney grelottait de froid. Il sautillait sur place les mains sous ses aisselles dans une vaine tentative pour les réchauffer.
-Je vais attraper une pneumonie, c'est certain, brailla t-il, vous allez voir et ce sera de votre faute. Carson va vous tuer !.
-Bouclez-là, McKay, grogna le militaire agacé. Là c'était sûr, McKay était bien fichu d'attraper une pneumonie rien que pour l'embêter. Et il n'aurait pas fini d'en entendre parler. Elisabeth allait le sermonner sur ses responsabilités, Beckett lui pomperait en représailles la moitié de son sang pour lui apprendre à prendre soin des membres de son équipe, surtout quand un de ces membres, le patient le plus pénible des deux galaxies risquait de se retrouver coincé pour un mois à l'infirmerie, mettant tout le monde sur les nerfs. La seule chose de positif était que le personnel médical organisait à chaque fois une petite fête pour célébrer le départ de Rodney.
Bien sûr le scientifique ne l'avait jamais su.
John Sheppard évalua la situation. Des trombes d'eau se déversaient autour d'eux, ils étaient frigorifiés et pour l'instant ils ne pouvaient pas rejoindre le jumper. D'ailleurs avec ce rideau de pluie autour d'eux ils n'y voyaient pas à cinquante mètres. Il espéra que Teyla et Ronon aient trouvé un abri de leur coté.
Il s'aperçut que le scientifique le fusillait du regard. Evidemment il n'avait pas apprécié l'injonction de se taire. Des petites rigoles d'eau coulaient de ses cheveux et ruisselaient sur son visage pour terminer leur course dans les plis de son blouson. Et les yeux bleus lançaient des éclairs.
-Vous me dites à moi de la boucler colonel ? Hurla t-il les poings sur les hanches. Si vous l'aviez bouclé tout à l'heure au lieu de faire votre joli-cœur nous n'en serions pas là mais non, monsieur n'a pas pu se retenir, une paire de … Rodney porta les mains à sa poitrine dans un geste mimant deux formes rondes et notre Don Juan perd tous ses moyens !
-Déjà, ce n'était pas une paire mais deux, répliqua le colonel vexé et figurez vous que je voulais seulement me montrer poli !
-En faisant du charme aux épouses du chef ? Sourires séducteurs, clins d'œils, regards lubriques, compliments douteux sur leurs formes généreuses et j'en passe. Décidément vous marchez le pénis en avant colonel !
-McKay ! s'écria le militaire outré, ce n'est pas vrai. D'ailleurs je ne savais pas qu'elles étaient les femmes du chef. Vous vous rendez compte quand même, des jumelles, il doit pas s'ennuyer cet homme-là ! Et puis ce sont elles qui me regardaient avec insistance, je ne sais pas si vous l'avez remarqué.
-C'est tout ce que vous avez à dire pour votre défense ? Cria le scientifique hors de lui. La vérité c'est que vous êtes un obsédé et qu'à cause de vous je vais tomber gravement malade et comment la cité va fonctionner sans moi hein ? Et en plus nous ne savons pas où se trouve le jumper et…
-Et combien de fois nous avons eu des ennuis à cause de vous McKay ? le coupa vertement le militaire. Je ne sais plus le nombre de fois où vous nous avez mis dans des situations impossibles avec vos réflexions désastreuses sur les peuples que nous avons rencontré !
Le regard bleu lança des éclairs.
-Peut-être colonel mais moi je sais me tenir quand je vois une femme, je n'ai pas le pénis qui se met au garde à vous à chaque paire de seins qui passe !
-Ca suffit McKay !
John Sheppard respira un grand coup dans une dérisoire tentative afin de reprendre son self contrôle. Il n'en revenait pas, ils étaient perdus, trempés, ils crevaient de froid et ils trouvaient tout de même le moyen de se disputer.
Le scientifique venait sans doute de saisir lui aussi l'absurdité de leur querelle parce qu'il se taisait, se contentant de rester là, transi. Il passa sa main sur son front et releva en épis les cheveux coupés courts, fixant le militaire avec embarras.
-Bon Rodney, décida le colonel radouci, nous ne pouvons pas rester sous cet arbre, il faut trouver un abri sans quoi il va finir par nous pousser des branchies.
Le canadien eut un petit sourire et regarda autour de lui.
-Mais on n'y voit rien, objecta t-il.
Sheppard réfléchit. Quand ils étaient arrivés avec le jumper il avait aperçu au loin quelques vieilles maisons à moitié en ruine qui semblaient abandonnées. Ils avaient appris un peu plus tard qu'il s'agissait de l'ancien village que les habitants avaient déserté longtemps auparavent, quand les carrières qu'ils exploitaient avaient fini par gagner sur les habitations.
Puis tout avait mal tourné, ils étaient partis précipitamment et une minute plus tard la pluie s'était abattue, torrentielle et bouchant l'horizon, leur faisant perdre leurs repères. Il avait heureusement empoigné Rodney par le bras juste avant que les silouhettes de Ronon et Teyla ne disparaissent au loin.
N'empêche que…
Le militaire pensait être dans la bonne direction. Il lui semblait distinguer la masse sombre d'une falaise, celle dans laquelle la carrière avait pris naissance. S'ils pouvaient y arriver, ils pourraient se mettre à l'abri et peut-être même faire du feu. Heureusement ils avaient pu récupérer leurs sacs avant d'être expulsés manu militari du village. C'étaient des sacs de l'armée, solides et surtout étanches, ils pourraient grignoter quelque chose et mettre au moins un tee-shirt sec.
-Ecoutez Rodney, décida t-il, nous ne pouvons pas rester là. Vous me faites confiance ?
Le scientifique le regarda eberlué. Bien sûr qu'il faisait confiance à John Sheppard, sinon il n'aurait pas fait partie de son équipe. Ce qui était arrivé aujourd'hui n'y changeait rien. Le militaire était un homme sûr et il ne s'était jamais senti en insécurité avec lui.
Au contraire.
Il hocha la tête gravement.
John Sheppard regarda le canadien se demandant quelles étaient les pensées de l'autre homme. Rodney le fixait l'air un peu étonné mais confiant, ses yeux bleus semblaient immenses et des gouttes de pluie s'accrochaient aux longs cils alors que les petits épis des cheveux retombaient sous le poids de l'eau. Malgré lui Sheppard leva la main et repoussa la mèche en arrière, dégageant le large front.
-Allons-y, déclara t-il, coupant court au moment de gêne que son geste avait créé. Ne me lâchez pas McKay !
Le scientifique acquiesça. Le militaire referma fermement sa main sur son bras et l'entraîna sous l'orage au pas de course.
La pluie redoubla de violence et un premier éclair zébra le ciel sombre suivi d'un coup de tonnerre. Rodney eut l'impression que la terre tremblait sous leurs pieds. Aveuglé par l'eau qui coulait dans ses yeux, assourdi par le tonnerre, il se laissait guider, s'en remettant totalement au militaire qui serrait son poignet avec force, l'entraînant vers l'avant sans jamais le lâcher, même lorsqu'il trébucha dans une racine. John ne perdit pas de temps et le releva, insensible aux jérémiades du canadien.
Cette fois ci la chance fut de leur coté. Ils ne furent pas longs à atteindre l'ancien village. John distingua une masse sombre à quelques mètres devant eux. Il lâcha un cri de victoire.
Ils foncèrent sous la pluie crépitante jusqu'à l'entrée de la vieille bicoque qui céda sans effort sous la poussée du militaire, il entraîna Rodney à l'intérieur et d'un seul geste les deux hommes repoussèrent la porte.
L'instant d'avant ils couraient dans l'enfer bruyant d'un déluge antédiluvien et celui d'après ils étaient à l'abri, les joues posées sur une lourde porte de bois, les paumes encore plaquées contre les planches grossièrement clouées, haletants, épuisés, les yeux fermés, goûtant ces quelques secondes qui faisaient toute la différence.
A nouveau le tonnerre gronda, les assourdissant. Ils ouvrirent les yeux ensemble. L'eau ruisselait encore sur leurs visage. Ils se fixèrent quelques secondes, Rodney fasciné par cette bouche humide aux lèvres sensuelles, John, les oreilles bourdonnantes, la tête lourde, perdu dans les grands yeux bleus où il pouvait lire un peu de crainte mais également quelque chose que Rodney pouvait certainement déceler dans ses yeux à lui, de l'envie, un désir profond, violent qui devait être assouvi.
Immédiatement.
A suivre.
