Voilà ce qui va commencer
Bonjour, bonsoir. Ceci est un crossover des web-shows Epic Rap Battles of History/Visiteur du Futur, respectivement créés car NicePeter et EpicLloyd, et François Descraques. Du coup, les univers et les personnages ne sont pas à moi (ce qui est domma...hrm, non rien).
Ce texte, était censé être un court OS intitulé Travel in History et puis...hahaha, ma capacité d'organisation, ma rigueur de travail, ma constance, tout ça *regarde ses quatre petits chapitres de prévus d'un air vaguement coupable*
Bonne lecture o/
Chapitre 1 : Les geôles
« Que ce soit clair : c'est officiellement de ta faute.»
Peter eut un sursaut d'indignation en entendant ces mots – opération délicate, car le plafond de la prison était si bas qu'il se cogna la tête en se relevant. Il maudit Castafolte qui le fixait d'un air narquois (pour sa maladresse) et furieux (pour leur engueulade) et tenta de garder un air digne en parcourant leur petite cellule de long en large.
« Ma faute, non mais t'es gonflé quand même, râla-t-il sans conviction. »
De fait, c'était effectivement de sa faute si lui et son ami étaient enfermés dans les prisons de Néo-Versailles. Mais il se devait de protester, pour la forme. Ok, Castafolte (Lloyd de son prénom) était son meilleur ami depuis des années et tout ça, mais Peter restait le chef de la bande, et en tant que chef il ne pouvait laisser son autorité faillir devant les autres.
« Si tu es en train de me bouder sous prétexte que tu es le chef et que tu refuses de laisser ton autorité faillir devant moi, sache que tu n'es plus crédible depuis des années, lança Lloyd d'un ton sec depuis le fond de la cellule. Et aussi, tu peux arrêter de tourner en rond dans cette cage de trois mètres carrés ? Tu me files le tournis. »
Peter grogna. Réflexion faite, Lloyd n'était pas son meilleur ami. En fait, il le détestait. Dès qu'il aurait trouvé un plan pour se barrer, il laisserait ce boulet manipulateur et narcissique tout seul derrière les barreaux. Ça lui ferait les pieds. Mais pour l'instant il n'avait aucun plan, et force était d'admettre qu'il était clairement le plus boulet des deux. Bref, Peter continua de bouder et s'assit. Il se pelotonna dans le coin de leur petite cage métallique au sol tapissé de paille, coin opposé à celui dans lequel Lloyd était tapi. Les prisons de Néo-Versailles, étaient, comme toutes les prisons, glacées, exiguës et déprimantes, et le Visiteur du Futur se félicita d'avoir gardé ce long manteau sombre de clochard qui lui évitait de mourir d'hypothermie.
« Je te préviens, voyageur du temps de mes deux, marmonna Lloyd en s'endormant à moitié. Si t'as pas un nouveau plan complètement chaotique et foireux d'ici demain...
- Oui bah c'est bon, je vais trouver ! S'énerva Peter. On vient à peine de débarquer ici et tu me mets déjà la pression, moi je- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Parce que t'es vraiment trop con, répliqua son comparse. Pour une fois dans ta vie, grandis et reconnais que tu as merdé, au lieu de te plaindre de la « pression ». Ça changerait un peu. »
Les dures paroles du robot ne firent qu'augmenter un peu plus l'anxiété chronique du Visiteur du Futur (sans compter les guillemets sur le mot « pression » qui faisaient un peu mal à son ego). Lloyd avait raison. C'était de sa faute s'ils en étaient arrivés là. Ils avaient foiré leur expédition, Mary et Zach étaient introuvables...Il passa une main nerveuse sur son visage sale et couvert de plaies, et aperçut Lloyd fermer les yeux avant de s'endormir aussi sec, roulé en boule contre les barreaux de la cage. Le voyageur du temps s'adossa au mur poisseux et laissa échapper un soupir d'angoisse, mêlé de culpabilité.
Pourtant, la mission avait si bien commencé...
Quelque part en 2016, quelques heures plus tôt
« Bon, lança Lloyd en se tournant vers Pete, on attaque le plan Q ? »
Zach regarda Mary qui dévisagea Peter qui loucha sur Lloyd qui grimaça en regardant ses pieds.
« Non, pas celui-là.
- Oh. Fit Peter en baissant la tête. L'autre plan Q. »
Après une série de petits toussotements gênants et de regards fixes vers le mur, Lloyd prit une carte et la déploya de toute sa largeur sur la table.
« ...Lloyd, dit Mary, c'est la carte de la pizzeria d'en face, ça.
- Oui mais...
- Oh non, ne fais pas ç-
- ...Les plans Q ça creuse.
- Oh my fucking god, fit mine de déplorer Peter qui en fait s'amusait vraiment beaucoup.»
Lloyd s'essuya les yeux après avoir fini de pleurer de rire à sa propre blague, rangea la carte de la pizzeria et en déploya une autre. C'était, plus exactement, le plan de la ville qu'il avait grossièrement retracé, et un schéma de la Castasword. Mary se retint de lever les yeux au ciel devant le plan de cette invention, qu'elle pensait vouée à l'échec, et Castafolte se retint de lever les yeux au ciel en sentant sa désapprobation émaner par tous ses pores. Zach voulut abréger :
« Ok, c'est quoi le plan ?
- ALORS EN FAIT- Intervint Peter avec l'enthousiasme d'un enfant de dix ans.
- Et allez, c'est reparti, gémit Lloyd. »
Leur pote clochard du futur, comme on se plaisait à l'appeler, débita pendant de longues minutes et avec une joie de vivre inébranlable son plan en quatre étapes pour sauver le monde – une obscure histoire de cigarette, de divorce, de lunettes de soleil et de crash boursier qui mènerait inévitablement à la ruine mondiale et donc à l'apocalypse. C'était fou, insensé, et inutilement compliqué. Mais l'équipe du Visiteur avait un seuil de tolérance assez bas en terme de normalité, et ce plan n'était ni plus ni moins dangereux que n'importe quel autre. Le succès semblait garanti.
A 16h58 donc, lorsqu'un dénommé Alain (qui n'était pas assez intéressant pour mériter un nom de famille normal, donc appelez le Alain Jean-Michel si vraiment ça vous stresse qu'il n'ait pas de nom de famille) descendit la rue dans le but de rentrer chez lui, Peter se métamorphosa devant lui grâce à sa machine.
« NOOON, cria-t-il, surtout, n'allume pas une cigarette, sinon voilà ce qui va se passer ! Tu vas allumer une cigarette, et des voyous vont te demander de leur en passer une, mais comme c'est ta dernière clope tu vas refuser, et ils vont te tabasser la gueule, mon pote !
- Oh bah non, bredouilla Alain, un brin décontenancé.
- Et comme ils t'auront démonté, ta femme va te demander ce qui s'est passé, et elle va comprendre que tu continuais de fumer en cachette alors que tu avais promis d'arrêter, et vous allez vous engueuler. Vous allez tellement vous engueuler qu'au bout d'une semaine, elle va divorcer, tu vas devenir alcoolique et ton entreprise d'opticien va couler. Tu vas avoir des dizaines de milliers de dettes et les gens ne porteront plus de lunettes, et ensuite on sera tous aveugles, et même qu'après l'économie va s'effondrer, du coup les gens vont voter extrême-droite, et en 2156 ce sera la troisième guerre mondiale, et la fin du monde ! »
Alain Jean-Michel baissa les yeux vers sa cigarette, l'air de se demander comment une si petite chose pouvait faire autant de dégâts.
« Je pense que vous racontez n'importe quoi, lança-t-il dans un éclair d'intelligence.
- Tu vois ces deux types là-bas ? »
Alain suivit le doigt de Peter du regard, et vit deux silhouettes vaguement menaçantes, englouties dans des vêtements trop larges et le visage masqué par de grandes capuches. Peter, encore un peu essoufflé par sa tirade, et qui savait pertinemment que ces personnes n'étaient autres que Lloyd et Zach déguisés, conclut :
« Si tu allumes ta clope, dans dix minutes ces deux gros balourds t'auront fait la peau, et tu verras que je ne mens pas.
- Les gros balourds t'emmerdent, grésilla Lloyd dans l'oreillette qui le reliait tous entre eux, très vexé.
- Tu veux vraiment causer la fin du monde ? Poursuivit Peter sans l'écouter.
- Bah euh non, pas vraiment...
- Alors jette ta cigarette. »
Alain Personnalité-de-légume-bouilli jeta donc son paquet à la poubelle, un peu penaud. Il hoqueta lorsque Peter lui flanqua une grande claque enthousiaste dans le dos.
« Bravo ! Tu as bien agi. Tu devrais arrêter de fumer tout court, en fait, c'est mauvais pour les poumons...Essaye l'héroïne, plutôt. Bon, je me sauve. Les catastrophes, tout ça. Bye ! »
Il appuya sur un bouton, disparut dans un crépitement et...réapparut deux mètres plus loin.
« What the f...marmonna-t-il en appuyant de nouveau. »
Échec. Il pianota frénétiquement sur son clavier, et stressa un peu plus en sentant le regard placide d'Alain Bras-Ballants-Et-Oeil-Vide posé sur lui.
« Bon, c'était drôle, mais finalement je vais m'en griller une petite. Se reprit ce dernier en reprenant son paquet de cigarettes.
- NON attends, je suis vraiment un mec qui évite les castrophes, je dois seulement...
- Ouais, ouais, allez à la revoyure ! Et prenez une douche, aussi. »
Certains jours, Peter haïssait son métier. Sauver des gens qui disaient « à la revoyure » en 2016, de surcroît avec du matériel défectueux, c'était vraiment une occupation pourrie. Il flanqua un coup de poing sur l'écran de sa machine à voyager dans le temps avec un cri de rage, jusqu'à ce que Zach et Lloyd l'empoigne chacun par un bras avec autorité.
« Laisse tomber. On rentre au QG. »
« Lloyd, je te le demande une dernière fois, QU'EST CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ?! »
Peter entra dans l'appartement de Zach en claquant la porte, l'air furieux.
« Déjà, tu vas arrêter de crier. Répliqua le scientifique derrière lui, agacé. Ensuite, donne moi ta machine pour que je la répare. Tu as du abîmer un des composants.
- C'est au moins la troisième fois ce mois-ci qu'une de tes machines pourries tombent en rade. Je fais comment pour sauver le monde, moi ?! J'ai eu l'air d'un con devant euh...peu importe son nom, et on a pas pu empêcher le crash boursier à cause de tes conneries !
- ...J'ai envie de faire une blague sur la bourse, là tout de suite mais je ne sais pas si-
- Putain, Lloyd, je suis sérieux ! Écoute-moi quand je te parle ! »
Il avait cogné ses poings contre la table en disant ça – manquant d'écraser la télécommande du nouveau portail spatio-temporel sur lequel Castafolte travaillait depuis des mois – et son ami comprit que cette fois, il était vraiment furieux. C'était rare, pourtant. Le robot frôla pensivement le code-barres incrusté dans la peau de son avant-bras en réfléchissant à toute vitesse. Ce n'était pas seulement pour la mission. Il y avait autre chose dans la colère de Peter, quelque chose qui amplifiait sa colère et la rendait démesurée, qui-
« Tu nous laisses faire tout le boulot depuis des semaines, et tu sais quoi ? J'en ai ma claque. L'esprit d'équipe, tu connais ?
- Et mon turbo-poing dans la gueule, tu veux connaître ?
- La vérité, s'entêtait Peter sans l'écouter, c'est que tu es obsédé par ce bullshit de Castasword.
- Bullshit ?! Bondit le robot. Excuse-moi de ne pas arriver à contrôler une épée par la pensée du premier coup ! Je travaille sur cette machine depuis des mois...
- Justement ! C'est pour ça que tu as décidé de négliger-
- Donc d'après toi je fais exprès de négliger les missions ? Sursauta Lloyd, un sourcil levé. »
Peter ne saisit pas l'avertissement et se contenta de flanquer la machine à voyager dans le temps sur la table. Mary et Zach, comprenant que l'heure était grave, s'étaient discrètement éclipsés. Castafolte inspecta l'objet sous toutes ses coutures, soulevant l'écran grâce à un tournevis.
« C'est rien ça, grogna-t-il en évitant soigneusement de regarder son ami. C'est même étonnant qu'elle n'ait pas cramé avant. J'ai juste besoin d'un nouveau processeur Ultron 512 et ce sera réglé.
- Non. »
Le scientifique releva la tête, franchement décontenancé.
« Tu règles rien du tout. Je vais me débrouiller tout seul pendant que tu t'amuseras avec cette foutue épée robotique dans ton coin.
- Mon épée robotique sera bientôt un objet révolutionnaire, vu ? Hé, attends...c'est moi ou t'es en train de me virer ? »
Il y eut un long silence très gênant.
« On ne verra pas vraiment la différence, l'acheva Peter en regardant ses chaussures. »
De gênant, le silence vira au glacial alors que le scientifique se relevait lentement de sa chaise, sincèrement abasourdi. Très vite, la stupéfaction laissa place à la colère, et il serra ses turbo-poings très fort pour éviter d'étrangler slash mettre une baffe à son prétendu meilleur ami et compagnon de survie. Sans un mot de protestation, il emporta quelques affaires et quelques plans à la va-vite, et sortit sans un regard. Le Visiteur resta debout quelques secondes, attendant le bruit de la porte qui se referme, avant de s'asseoir au bureau et de se mettre au travail.
Peter poussa un second soupir, plus angoissé que le premier. Près de lui, Lloyd s'agitait et marmonnait dans son sommeil, pas aussi confiant qu'il ne voulait faire croire. Son acolyte tendit l'oreille en essayant d'attraper quelques bribes de phrase au passage, (on ne sait jamais, s'il y avait moyen de glaner quelques infos capitales...) en vain. Il refoula des larmes peu viriles en essayant de récapituler les évènements de la journée dans sa tête.
Pourquoi fallait-il qu'il foire toujours tout ?
