Chapitre 1 :
Hellow !
Alors ! Je publie ma première histoire (ça y est je me jette à l'eau !). Je tiens juste à préciser que c'est la première fois que je vais me faire lire par des personnes que je ne connais pas donc j'attends une honnêteté totale de votre part.
Ah oui ! Avant que j'oubli, il me faut une bêta alors si l'une d'entre vous se sent l'âme généreuse en temps et en compliments (non ?), je chanterais ses louanges jusqu'à Eryn Galen !
Et puis j'oubliais l'évident : les personnages ne m'appartiennent pas blabla vous connaissez la chanson.
Bonne lecture !
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«Plus haut ton bras ! Tends le bien ! Concentres toi sur ta cible ! Mais c'est pas vrai ! »
Aller ! Reprends-toi, ma belle. Respire.
« Hana ! Ton bras ! Ta flèche n'ira nulle part si tu ne fais d'efforts ! »
Elle peut encore te traverser le crâne…
Pour ceux qui ne l'auront pas encore comprit, il s'agit d'un cour de tir à l'arc. Un cour dont je suis la principale attraction, puisque mon coach n'a de remarques et de reproches que pour moi (pour changer). Ne me demandez pas pourquoi j'ai pris cette option à la fac. Je crois que je devais avoir encore l'esprit embrouillé par ma rupture. Tout ce que je voulais c'était le retrouver et en faire un chiche kebab. Pourtant je ne suis pas de nature violente, c'est vous dire à quel point c'est une enflure. Non, je ne parlerais pas de lui, n'insistez pas.
Au fait, je suis Hana Lowell, l'étrange mélange d'une mère marocaine et d'un père américain (blond comme un fétu de paille). Le résultat est que personne ne me crois quand je dis que je suis française (ironie), ni quand j'affirme mes origines hors du commun. Pour vous donner une image, je suis un mètre soixante-dix de formes méditerranéennes, de peau brune à la texane (merci papa) et d'une maladresse à toute épreuve.
Enfin bref, vous l'aurez comprit, je suis sans espoir quand il s'agit de fournir un effort physique , et vous devriez me voir avec une poêle…c'est désolant (au grand dam de mes deux grands-mères qui pour une fois ses ont mise d'accord pour m'initier à la casserole…bref). Tout ce que je sais faire, c'est m'attirer des ennuis. Malheureusement, c'est loin d'être un critère de réussite et on ne distribue pas de prix olympique pour ça non plus. Enfin, la poisse et mes deux mains gauches semblaient inscrites dans mon patrimoine génétique, comme mes yeux verts et mon bassin large. Ce qui expliquerait que lorsque ma flèche parti, elle arracha littéralement le sifflet des mains de mon coach.
« T'es un danger publique, Lowell ! Je veux te voir ici demain à sept heure sans faute, et pareil pour après demain et les jours suivants jusqu'à tant que tu me fasses un tir digne de ce nom ! » s'égosilla-t-il encore une fois, rouge comme un coq.
Je laissais retomber mes bras courbaturés, et soupirant sur ma maladresse, je regagnais les vestiaires en ignorant les gloussements des miss-médaille-de-la-perfection (on en a toutes vu ce genre de filles). En y réfléchissant bien, il y a une chose pour laquelle j'étais très douée. Je quittais en vitesse les vestiaires, en boutonnant sommairement ma chemise, et fonçais comme un train dans la salle de musique. Là, je m'assurais que personne n'entrerais derrière moi en bloquant la porte avec un empli, et jouissais un très court instant du calme ambiant. Mon regard croisa l'horloge sur le mur au-dessus de la porte. 14h20. J'avais encore une heure avant de chercher mon amphi pour le droit constitutionnel.
Mon cœur s'apaisa instantanément lorsque je remarquais le magnifique piano à queue qui trônait sur une estrade au milieu de la pièce. Je m'en approchais en souriant, comme on le fait en revoyant une ancienne et fidèle amie, puis laissais mes doigts se promener sur la surface lisse des touches d'un blanc cassé. Personne n'utilisait jamais cette merveille, tous préférant la guitare que l'on peut déplacer, ou leur mp3 blindés de musique électronique, à croire que mes contemporains étaient nés avec de la merde dans les oreilles. Je m'installais presque religieusement sur le petit banc rembourré, et plaçais presque instinctivement mon pouce sur le Do. J'exerçais une légère pression sur la touche et mon sourire se figea lorsque le son doux et mat me parvint. Je calais mon pied sur la pédale qui ajouta un écho à la tonalité de la note. Il fallait que je pense à demander à ce qu'il soit accordé. Je pris une profonde inspiration, et jouais un air doux, avant de reprendre Rhapsody in Blue de George Gershwin que mon père me faisait pratiquer tous les été depuis mes 10 ans. Mon jeu n'était pas parfait, mais il me permettait de savourer quelques minutes avec un père absent physiquement, mais toujours présent dans mes souvenirs. Il me manquait, neuf mois sur douze. Ce n'était pas un manque dû à une absence soudaine. Mon père n'a jamais habité avec nous. Non, c'était de voir au fil des années mes amies offrir des chocolats à la fête des pères et moi qui devait me contenter d'un coup de fil limité en raison d'une facture salée, ou simplement d'avoir dû apprendre le vélo en observant les mouvements des autres filles au square, et tout un tas de petites choses qui ont fait que mon papa brillait de plus en plus par son absence. En fait, mes parents se sont séparés juste après ma naissance. Une erreur de jeunesse. Ils ne l'avaient jamais formulé comme ça, m'assurant que j'étais la plus belle chose qui leur soit arrivée. Mais je savais qu'ils ne se seraient jamais entendus. Ils ne sont pas du même monde.
Mon père est un artiste. Un homme de bohème, qui ne vit que pour cueillir le jour, « Carpe Diem » est son maître mot. Il vit de sa musique et de ses toiles (et de la ferme de mes grands-parents). Ma mère en revanche, en bonne avocate qu'elle est, pensait qu'une journée sans organisation était une journée bêtement perdue dans une vie trop courte pour être gâchée par des choix faits à l'arrache. Ils se sont rencontrés pendant un festival de Jazz à Lyon, où mon père venait faire une démonstration d'improvisation en solo. Une courte nuit et une étreinte plus tard, ils se disaient adieux. Neuf mois plus tard, je pointais le bout de mon nez, pour leur bonheur, même s'ils auraient souhaité ne plus jamais se revoir. Je souris en repensant à l'écart entre ma famille maternelle et ma famille paternelle. Aucun d'entre eux n'a voulu rencontrer l'autre, mais tous insistaient sur le fait que j'étais leur petit soleil. Comme si cela aurait suffit à mon équilibre, et à mon enfance heureuse.
Mon heure de détente touchait bientôt à sa fin. Je rechignais à l'idée de laisser mon meilleur ami prendre la poussière en attendant notre prochaine rencontre. Vous devez vous dire que je suis tarée, que personne de normal ne penserait à un instrument comme on pense à un être humain. C'est vrai. Mais je ne suis pas normale, je vous fais confiance pour vous rendre compte qu'après une rupture amoureuse douloureuse, on ferait n'importe quoi pour oublier le connard qui fait saigner son petit cœur. Pour certaines c'est le nutella, pour d'autres se sera les livres de Nicholas Sparks ou les adaptations de Jane Austen, moi c'est la musique. Je posais mon indexe et mon majeur sur mes lèvres et les reposais sur les touches du piano.
Le cour se passa dans une lenteur soporifique, et pour ne rien arranger, le micro du prof était tombé en panne. Au bout de sa cinquième blague vaseuse sur la maintenance de l'établissement, j'abandonnais toute tentative de prise de notes, frottais mes yeux fatigués par l'entraînement à l'arc intensif, et posais ma tête sur mes notes éparses sur le pupitre. Ma respiration devint de plus en plus lente, et je sentais mes mains s'engourdir autour de mes bras. Pour une raison inexplicable, je me retrouvais à penser à la position de mon bras pendant le cour de tir à l'arc. Plus haut…plus tendu…et puis soudain…
« Noro lim ! »
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Je sursautais, et glissais du banc de l'amphithéâtre. Un cri de surprise m'échappa lorsque je croyais que mes genoux rencontreraient le ciment du gradin. C'est en effet ce que je croyais. Alors pourquoi est-ce que mon genou droit de prend une pierre et mes ongles s'enfoncent dans de la boue ?
« U-Avorn ! »
Un bruit de sabots battants la terre fit vibrer le sol sous mes doigts, et je me refusais à ouvrir les yeux.
C'est quoi ce bordel ?
« Noro Lim, Ernilnîn ! »
« Daro ! »
Pourquoi est-ce que je rêve de chevaux et de langue bizarre ? Je devais absolument convaincre ma colocataire d'arrêter avec ses jeux vidéo à la con.
Les chevaux et les voix s'arrêtèrent vite, laissant place à des respirations saccadées de chevaux et de jeunes hommes. J'entendis un rire juvénile, lorsque j'eus la confirmation que mon rêve n'était décidément trop pas normal. J'ouvris les yeux, décrispant mes paupières, et battis des cils quelques secondes pour m'habituer à la trop grand luminosité dans laquelle je baignais. Mes sens semblaient bizarrement exacerbés, ou peut être était-ce la couleur de cette herbe qui était plus verte, et les abeilles considérablement plus grosses que dans la réalité. La présence d'un papillon à la taille démesurée et aux couleurs bucoliques m'arracha un soupire de soulagement.
Et pourtant je n'ai pas pris de médocs avant de pioncer !
Je ris de ma bêtise, et me relevais, lorsque je me retrouvais être la cible des regards de deux jeunes hommes blonds trop grands et trop beaux pour être réels. L'un d'eux porta machinalement sa main à son épée. Ah oui, parce que ces mecs étaient sapés comme pour un cosplay autour de Tolkien. J'ai eu envie d'éclater de rire.
Mais qu'est-ce que j'ai encore fumé ?
Je ne dis rien, souriant comme une niaise, et attendant que l'un d'eux se transforme en Schtroumpf et chevauche une licorne verte. Celui qui me paraissait être le plus âgé et le plus nerveux (et qui accessoirement était armé comme Rambo), s'avança dans ma direction et commença à me parler dans la même langue trop bizarre qu'il parlait avec son pote un peu plus tôt. Mon expression ne changea pas tout du long de ce qui semblait être un interrogatoire, avant que le nerveux ne le devienne un peu plus. Je crois qu'il devait penser que je me moquais de lui étant donné que mon sourire s'était élargit, mais cette fois, c'était nerveux.
Bon, faudrait peut être que je me réveille, moi.
Son ami le calma avec une injonction et une autorité impressionnante pour un morveux (il devait avoir dans les 17 ans), et il s'adressa à moi dans une toute autre langue, se disant peut être que comme ça je comprendrais. Sauf que non, et je commençais sérieusement à paniquer. Je hais les cauchemars à rallonge. Le gentil garçon continuait à me parler essayant une tout autre langue, sauf que je commençais à perdre patience, autant que Musclor qui me charcutait du regard. Une expression de panique devait apparaître sur mon visage, alors que le jeune homme arrêta totalement de me parler et regardait son ami avec étonnement, puis répéta quelque chose que j'avais entendu une bonne dizaine de fois :
« Pedich edhellen ? »
Et comme je ne répondais toujours pas, il reprit la langue que je n'avais pas comprit la première fois :
« Ma quetylië Eldarin ? » (Idem en quenya)
Et là je fondais en larme. Mes épaules se secouaient violemment dans mes sanglots, alors que le souffle me manquait.
Réveilles-toi abrutie !
Puis, j'eu l'impression que mon estomac se contractait. Je tombais sur mes genoux pour renvoyer la bile qui m'obstruait la gorge, alors que mes sanglots se transformaient en convulsions. Je convulsais sur le sol à côté de la flaque de gerbe qui avait éclaboussé les chaussures de ma voisine. Des voix montaient et descendaient en tonalités crescendo autour de moi, des ombres se profilaient devant mes yeux révulsés, et puis ce fût le noir complet.
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Lexique :
Noro Lim : chevauche vite
U-Avorn : Doucement
Ernilnîn : Mon prince
Daro : Arrête
Pedich edhellen : Parlez-vous elfique ?
Ma quetylië Eldarin : Idem en quenya
