Bonjour à toutes et à tous !
Je me lance tout juste dans l'écriture de fanfics. Celle-ci est ma toute première, et j'espère l'avoir à peu près bien réussie.
Etant dans une période « Supernatural », j'ai donc choisi de débuter avec ce fandom, et plus particulièrement avec un Destiel. Cette fic' est inspirée par le défi Destiel Addict « La lettre ». J'espère que ça vous plaira.
Au départ, cette… chose était censée être un OS. Mais… disons que ça a un peu dégénéré. Voyant le nombre de mots devenir absolument astronomique (je ne changerai décidément jamais… *soupir*), j'ai décidé de diviser cet OS en deux chapitres. Voilà. Pour être honnête, je ne suis pas sûre que tout le bla-bla sur les sentiments de Dean et Cas' était bien nécessaire, mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas réussi à faire autrement. Désolée si c'est un peu long et verbeux.
Bon, comme je débute, les ratings et ce genre de choses restent assez confus pour moi, donc j'ai pu me tromper. N'hésitez pas à m'en faire part. De même, je ne connais rien à la pagination sur le site (je suppose qu'on a tous eu le problème !). Désolée par avance.
Mis à part ceci, je tiens à dire que j'accepte volontiers toutes les reviews, que ce soit pour me faire des compliments (ce que j'espère !) ou des critiques (dont je prendrai note, ça ne pourra que m'aider à m'améliorer !).
Voilà, j'ai tout dit. A présent, je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 1
Dean
Cher Castiel,
Dean fronça les sourcils, secoua la tête et ratura les deux mots qu'il venait d'écrire – après dix bonnes minutes gaspillées à chercher comment diable il pourrait débuter sa missive. « Cher Castiel »… Et puis encore ? C'était si… conventionnel. A la limite de l'impersonnel, en fait. Le problème, c'était que la lettre que Dean cherchait à rédiger – avec plus ou moins de succès – appartenait plutôt au genre très personnel, voire carrément intime, pour le plus grand dam du chasseur.
D'un autre côté, Castiel s'offenserait-il vraiment de recevoir une lettre commençant de la façon la plus simpliste possible ? L'ange n'y connaissait rien en matière d'échange de courrier – il avait déjà du mal dans le domaine des échanges tout court ! Non, Dean doutait que Castiel se formaliserait d'une telle formule.
La vérité, c'était que l'aîné des Winchester ignorait complètement de quelle façon il pouvait bien aborder le sujet.
Très cher Castiel,
Certainement pas. Dean barra très vite les trois mots qu'il venait de gribouiller. S'il commençait à écrire ça, Cas', en lisant la lettre, allait s'imaginer…
S'imaginer quoi, au juste ? Le chasseur n'était pas bien sûr de ce que son ami allait s'imaginer. C'était l'un des problèmes majeurs avec Cas'. On ne savait jamais ce qu'il allait penser ou pas. Quand Dean était sûr que l'ange allait réagir d'une certaine façon, ce dernier réussissait encore à l'étonner en faisant tout le contraire.
Cas',
Dean soupira. Non, ça n'allait pas non plus. Après ce qui s'était passé deux semaines auparavant, le chasseur n'était même plus sûr que son ami accepterait encore qu'il l'appelle par son bon vieux surnom. C'était une marque d'affection que Cas' rejetterait probablement, comme il avait rejeté d'autres formes de… sympathie. Ou pas. Même si ce n'était pas de l'affection. Ou peut-être que si. Oh, et puis peu importe.
Dean n'était pas tellement certain non plus que le surnom soit encore approprié. Etaient-ils toujours amis ? Est-ce qu'ils pourraient le redevenir ? Dean avait l'horrible sensation qu'appeler son ami « Cas' », sur le papier, sonnait comme une sorte de preuve d'à quel point rien n'était plus pareil entre eux. Comme une familiarité horriblement grossière qu'il lui était interdit de se permettre. Et puis, débuter sa missive comme ça, c'était tellement… simple. Tristement simple. Ça ne suffisait pas.
Et pourtant, l'humain avait parfois l'impression qu'il parvenait à comprendre Castiel – vraiment le comprendre. Qu'il connaissait son ami encore mieux que lui-même. Il ne savait pas très bien à quoi tenait cette sensation. Au fait, peut-être, qu'il devinait toujours quand Castiel allait pencher la tête sur le côté et lâcher son fameux « Je ne comprends pas cette référence, Dean » qui était inclus à la place numéro un dans le top dix des phrases cultes de l'ange. Ou peut-être au fait que même lorsqu'il lui tournait le dos, il captait les changements d'humeur de son ami en moins de temps qu'il ne faut pour le dire : quand Cas' était content, quand il était satisfait, ou triste, ou déçu, Dean le savait, comme s'il possédait un sixième sens spécial Castiel. Ou au fait que lorsqu'ils étaient en chasse, il parvenait toujours à sentir quand son ange gardien allait passer à l'action, et ce qu'il allait faire, et comment. Il sentait alors cette espèce de connivence à laquelle aucun des deux ne faisait jamais référence, mais qu'il ressentait toutefois au plus profond de ses tripes. Comme un secret qu'il ne partageait qu'avec Castiel.
Et c'était donc quand il commençait à croire que, peut-être, il était plus proche de Castiel qu'il ne le pensait, ce qui le réjouissait, étrangement, lui qui détestait s'attacher à qui que ce soit, que l'ange faisait alors quelque chose qui plongeait Dean dans un abîme de perplexité… et de colère, car le Winchester détestait que quelque chose lui échappe. C'était viscéral. Quand Cas' faisait un truc parfaitement incompréhensible, parfaitement inattendu – voire inapproprié – Dean était furieux. Et déçu. Un tout petit peu. De voir qu'en fait, la personnalité de son ami lui échappait complètement.
C'était ce qu'il ressentait depuis deux semaines – deux longues semaines durant lesquelles il s'était senti vide, et comme amputé d'une partie de lui-même.
Mon ami,
Stupide. Stupide. Stupide ! Si vide. Si pompeux. Tant d'adjectifs à l'exact opposé de Castiel. Dean ratura rageusement les deux mots sur sa feuille. Ce n'était pas ce qu'il voulait dire à Cas' !
Il tenta d'ignorer la traîtresse de petite voix – cette pétasse – qui lui chuchotait, quelque part dans son esprit déjà bien assez malmené comme ça, merci : « Mais qu'est-ce que tu veux lui écrire, hein, Dean ? » Il valait mieux se concentrer sur l'en-tête de cette foutue lettre.
Castiel,
Trop lapidaire. Mais peut-être bien que ça correspondait au Dean de tous les jours, en fait, celui qui n'hésitait pas un seul instant à instaurer des distances dites « d'espace personnel » entre lui et Castiel – qui ne faisait rien de mal, pourtant, il devait le reconnaître s'il voulait être un minimum honnête envers lui-même. Le Dean qui le traitait de « bébé en trench-coat » sans se soucier de le peiner, avec une nonchalance quasi effarante. Celui qui le traitait comme… eh bien, comme de la merde, si on en croyait les dires de Sam. Celui qui ressemblait trop au Dean de 2014. Beaucoup trop. Ce Dean qui hantait ses pires cauchemars, en alternance avec ce Castiel détruit par la vie.
C'était tout ce à quoi il avait pensé ces dernières semaines. Quand il était au volant de l'Impala, quand il parlait avec Sam, quand il mangeait, quand il se couchait, quand il se réveillait. Castiel. Castiel partout.
Leur amitié. Une amitié parfois – souvent – tellement inégale, qui semblait parfois tellement à sens unique, que Dean avait envie d'enfoncer son poing dans le mur pour évacuer sa colère et sa frustration face à lui-même, qui se comportait en tel con alors que Cas', lui, avait toujours été là pour lui. Il était obligé de le reconnaître. Le connard, dans l'histoire, c'était lui.
Leur… relation. Pas leur relation amoureuse, non, pas du tout – leur relation tout court, évidemment. Qui vacillait si souvent, parfois à cause de Dean, parfois à cause de Castiel, mais qui se rétablissait toujours, parfois à l'extrême limite, mais qui était si précieuse au chasseur. Dean n'avait qu'un seul et unique ami, et il ne voulait pas le perdre. Cas' était… Cas'. C'était une raison suffisante, quelque part. Le meilleur des arguments. Le chasseur ne voulait pas se passer de lui. A présent, sa vie serait tellement fade sans Castiel à ses côtés !
Il en savait quelque chose. Deux semaines, deux longues semaines que l'ange ne répondait plus ni à ses appels – incessants – ni à ses prières – désespérées. Cas' refusait tout simplement de le voir, de lui parler. Dean ne pouvait pas nier qu'il s'était inquiété, au départ, passant en revue tous les scénarios possibles et imaginables des catastrophes qui pouvaient être arrivées à Cas'. Et il avait compris, brusquement. Et ça lui avait mal. Plus mal que lors de cette brouille mémorable avec Sam. Plus mal que l'abandon de leur père. Trop mal.
Il l'avait appelé, ce soir-là, inlassablement. Castiel n'était pas venu. Il n'était plus venu. Et d'après ce que Dean en savait, il ne reviendrait peut-être jamais.
Sauf si…
Dean secoua la tête et détourna son attention vers sa feuille maculée d'encre. Il fallait qu'il se concentre sur cette lettre – enfin, ce brouillon de lettre. Il n'allait tout de même pas donner un papier aussi raturé – et surtout aussi plein de stupidités – à Castiel.
Cher ange,
A vomir. A la fois trop formel et trop… indifférent. Castiel n'était pas seulement un ange aux yeux de Dean. Il était son ange. Enfin, son ange gardien, quoi. Un ami. Pas juste un emplumé comme un autre. Mais Castiel risquait de l'interpréter comme tel.
Réessayons encore, alors.
Mon ange,
Dean s'arrêta net, son stylo suspendu à deux centimètres au-dessus du papier, effaré. Bon Dieu de bon Dieu. Mais il écrivait quoi, là ?
N'importe quoi. Vraiment n'importe quoi. Mon ange. Il avait peut-être subi un sort. Oui, voilà, un sort qui transformait les trentenaires virils en préadolescentes gloussantes. Mon ange. Dean n'osait même pas imaginer la réaction de Cas' s'il l'appelait comme ça. Quoique…
Non, non, non et non, certainement pas.
Dean ratura les deux mots avec une telle brusquerie que son stylo passa à travers le papier, inscrivant un long trait noir sur le Asian Beauty qui lui servait de support – il était tellement frustré que, pour écrire sa lettre, il avait pris le premier magazine qui traînait.
Puis, estimant que les deux mots incriminés n'avaient pas encore tout à fait disparu de son esprit à vif, le chasseur gribouilla par-dessus rageusement. N'importe quoi pour faire taire cette pétasse de petite voix qui susurrait « Mon ange ? Dean, est-ce que ça te dégoûte vraiment d'appeler Castiel ainsi ? C'est pourtant comme ça que tu l'as abordé, il y a deux semaines… Mmh ? »
- RAAAAAAH ! s'emporta Dean en jetant le stylo sur le lit de la chambre du motel.
Il froissa violemment la maudite feuille, la déchira en deux et en fit une boulette qu'il balança avec fureur vers le mur en face… Boulette de papier qui rebondit sur le nez d'un Sam Winchester stupéfait, avant d'atterrir à ses pieds.
- Hum.
- Kestufouslàtoi ? grogna Dean, qui n'était pas – on le devine aisément – de la plus charmante humeur qui soit.
Sam haussa les sourcils en un air qui – par un miracle quelconque – réussissait à être à la fois amusé, étonné et vaguement réprobateur.
- Hé bien, je viens rendre visite à mon charmant frangin qui est dans la chambre juste à côté de la mienne, et je lui apporte, avec ma générosité habituelle, la bière et le hamburger qu'il m'a ordonné de lui rapporter quand je suis sorti.
- Ah, ouais. Bière. Hamburger. Ouais. Merci.
Sam le regarda avec suspicion et baissa les yeux vers la feuille réduite en charpie à ses pieds. Il se pencha pour la ramasser.
- Non ! Touche pas à ça ! Je te l'interdis ! Rends-la moi ! rugit Dean en se ruant vers son cadet avec une vitesse surprenante.
Hors de question que son frère voie le ramassis de conneries qu'il avait écrites là-dessus en son absence ! Il était bon pour une éternité de moqueries, avec ça.
Les sourcils de Sam disparurent sous ses cheveux tandis qu'il faisait tourner la boulette entre ses doigts.
- Ah ouais ? Et pourquoi je t'obéirais ?
- Parce que si tu ne le fais pas… ma vengeance sera terrible ! menaça Dean, en cruel manque d'inspiration – une fois n'était pas coutume.
- Hmm, je vois. Et tu vas faire quoi ? Me priver de télé ? ironisa le cadet en question.
- Ta gueule. Rends-moi cette lettre.
- C'est dit si gentiment. (Sam s'interrompit et plissa les yeux.) Attends. Une lettre, tu as dit ? Une lettre à qui ?
- Va te faire, rétorqua Dean en lui arrachant des mains l'objet du délit.
- Tu écris à Castiel, c'est ça ? insista Sam.
Dean lui répondit d'un doigt d'honneur. Sam leva les yeux au ciel et sortit de la chambre en claquant la porte derrière lui.
Le chasseur baissa les yeux vers le brouillon qu'il tenait en main, et le fourra dans la poche arrière de son jean – là, au moins, Sam Fouineur Winchester ne viendrait pas y fouiller, du moins tant qu'il le porterait. Peut-être devrait-il dormir avec, histoire d'être sûr que le document compromettant ne tomberait pas entre les mains de Gigantor, jusqu'à ce qu'il ait l'occasion de faire un grand feu et de brûler ce putain de brouillon.
Dean était conscient que depuis cette fameuse soirée, son comportement était vraiment bizarre – voire carrément suspect. Mais il n'y pouvait rien. Ce qui s'était passé le hantait à chaque instant, et son attitude, notamment envers Sam, s'en ressentait. Ce dernier le regardait d'un air soupçonneux depuis plusieurs jours, et Dean était quasiment certain que le whisky qu'il s'était enfilé la veille au soir était coupé à l'eau bénite.
Sam l'encourageait à parler de ce qui n'allait pas, mais Dean n'avait aucune intention de le faire. Parler ? De quoi ? Et pour quoi faire ? Il n'était pas une gonzesse, lui.
Le chasseur savait que Sam se posait beaucoup de questions à son sujet, qu'il essayait de lui remonter le moral et que, pire encore, il se doutait plus ou moins de ce qui s'était passé. Mais Dean ne voulait pas en parler. Enfin si. Mais avec Cas'. Pas avec Sam. D'où l'intérêt de la lettre.
Oui, la lettre. Il l'avait presque oubliée, celle-là. En soupirant, Dean se rassit sur le lit, s'adossa au sommier et sortit une feuille vierge qu'il plaqua sur le numéro d'Asian Beauty.
Autant laisser tomber l'introduction pour le moment, et passer directement au cœur de la lettre. Dean mordilla son stylo, ennuyé. Qu'allait-il bien pouvoir écrire ?
Il n'avait jamais été très doué pour communiquer avec les gens. Force était d'admettre que Castiel n'était peut-être pas le seul handicapé en la matière. Dean ne se souvenait même pas de la dernière fois où il avait écrit une lettre. L'avait-il déjà fait, d'abord ? Il avait beau creuser dans ses souvenirs, rien de ce genre ne lui revenait en mémoire.
Et il n'était pas très talentueux dans le domaine de l'écriture non plus. Mrs Gates, l'une des innombrables profs de lettres qu'il avait eues au collège, lui avait dit un jour qu'il possédait en revanche un incroyable talent pour dire l'inverse de ce qui convenait et pour éviter les sujets les plus essentiels. Sam, lui, possédait selon elle une plume à la fois remarquablement évocatrice et d'une délicatesse extrême. Foutu Sam. Foutue prof.
Le fait était qu'écrire une lettre était probablement le seul moyen qu'il avait de communiquer avec Cas', en priant pour que celui-ci daigne la lire.
Dean prit une grande inspiration.
Cas', j'espère que malgré tout ce qui s'est passé, nous sommes toujours amis. Tu es très important pour moi, et je n'aimerais pas te perdre. Je sais que je n'aurais jamais dû faire ça, mais ce qui est fait est fait, et on ne peut plus rien y changer. Mais je pense que nous pouvons surmonter ça, et
Le stylo de Dean retomba. Il était définitivement une bille en matière de communication.
Merde, quoi ! C'était donc si compliqué d'écrire un truc sensé à son ami ? De lui expliquer à quel point il tenait à leur amitié ? De l'inviter à revenir le voir ? De clarifier la situation ?
Dans l'ensemble, c'était ce qu'il avait pensé écrire. Mais au final, quand il relisait ses écrits, ça ne sonnait pas du tout comme ce genre de choses, mais plutôt comme une espèce de… il ne savait trop quoi. Un truc rédigé par automatisme, vide d'émotion. Ça ressemblait même à un reproche déguisé en quelque chose d'horriblement policé. Beurk.
Mais il en voulait à Castiel. Il lui en voulait d'avoir pris la fuite. Il lui en voulait d'être toujours là, mais de faire comme s'il n'était rien pour lui.
Il l'avait entendu, deux nuits plus tôt. Il s'était réveillé au terme d'un énième cauchemar – Castiel qui mourrait, Castiel qui l'accusait de l'avoir trahi, Castiel qui lui annonçait qu'il le détestait. Essouflé, Dean avait ouvert les yeux, horrifié, tentant de se calmer. Et là, il l'avait entendu.
Un bruissement d'ailes.
Cas' était là quelques secondes plus tôt, Dean en avait été persuadé. Il s'en était allé à tire-d'ailes dès le réveil de son protégé, mais il était là.
Cette pensée avait réchauffé le cœur meurtri de Dean. Son ange gardien veillait toujours sur lui… ou du moins, il veillait sur lui. Il était toujours présent.
Mais quand il l'avait appelé, le suppliant à s'en casser la voix de revenir, Cas' n'était toujours pas apparu.
Toutefois, cette nuit même, Dean s'était réveillé une fois de plus dans son lit, en sueur, et surtout en sursaut – la faute d'une quelconque voiture et de son foutu klaxon qui s'était probablement bloqué. Et juste avant d'ouvrir les yeux, à la lisière entre sommeil et réveil, il avait réentendu Castiel s'envoler.
Il ne l'avait pas appelé, cette fois-là. Une idée lui était venue en lieu et place. Castiel se rendait dans sa chambre chaque nuit. Et s'il lui écrivait une lettre ? Il la poserait sur sa table de chevet, et Cas' la verrait, et il la lirait, et peut-être que…
Peut-être que… quoi ? L'imagination de Dean faisait un blocage dès qu'il arrivait à cette étape-là de son plan. A croire qu'il ne savait pas trop ce qu'il espérait.
Il fit une croix sur les quelques lignes qu'il avait écrites, et réessaya, se concentrant pour être le plus éloquent et le plus agréable possible.
Cas', je suis vraiment désolé. Je ne voulais pas faire ça. J'étais bourré, même si je sais que ce n'est pas une excuse. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais. Je regrette vraiment ce qui s'est passé. J'ai brisé notre amitié et je m'en veux. Je
« Tu es désolé ? Tu ne voulais pas faire ça ? Tu ne savais pas ce que tu faisais ? Tu regrettes ? Ah oui ? C'est nouveau, ça, tiens ! » ricana la Pétasse.
- Ta gueule ! aboya Dean à l'adresse de sa propre conscience, qui gloussa pour toute réponse.
Dean, écœuré, laissa tomber sa tête contre le mur derrière lui.
Oui, il était bourré à ce moment-là. Oui, il s'en voulait d'avoir brisé leur amitié. Non, ce n'était pas une excuse.
Mais la Pétasse n'avait pas tout à fait tort. Il n'était pas vraiment désolé. Et il avait parfaitement su ce qu'il faisait, il l'avait entièrement voulu.
Dean ne s'en souvenait que trop bien.
Ce soir-là, Sam, Cas' et lui avaient réussi à venir à bout d'une sorcière particulièrement puissante et rusée qui leur tenait tête depuis plusieurs jours. Ils l'avaient poursuivie à travers la moitié de l'Illinois avant de parvenir à la tuer. Ravis de leur victoire, et parce qu'il y avait juste à côté un bar qui organisait une soirée, Sam et Dean avaient décidé qu'aller faire un peu la fête ne pouvait pas leur causer grand mal. Le cadet avait décidé de se lâcher un peu pour une fois – il fallait dire aussi que depuis l'affaire Ruby il avait un solide grief contre les sorciers de tout poil, et qu'il s'était pas mal déchaîné contre leur dernière cible. Les deux Winchester avaient naturellement embarqué Castiel avec eux.
Dean avait pas mal bu, avait dansé avec deux ou trois jolies filles, branché Sam avec une jolie brunette, et constaté que Castiel ne se trouvait nulle part dans le bar. Il était sorti à sa recherche, et l'avait trouvé près de l'Impala, à faire il ne savait trop quoi. Regarder les étoiles, peut-être. C'était tout à fait le genre du guerrier.
- Hé Cas', tu fais quoi ? l'avait-il interpelé.
L'ange s'était tourné vers lui, l'air un peu étonné de le trouver là. Dean n'avait pas trop su s'il devait en être agacé ou pas.
- Pourquoi n'es-tu plus à l'intérieur, Dean ?
- J'suis venu te chercher, c'te question. J'te trouvais pas, avait répondu Dean.
Il s'était arrêté à quelques pas de l'ange et l'avait détaillé. Cas' avait détourné les yeux, ce qui avait abasourdi le chasseur. Son ami le regardait toujours droit dans les yeux. C'était même l'une des choses qu'il aimait et détestait le plus à la fois chez lui. Alors pourquoi évitait-il son regard ce soir-là ? Un relent de tristesse l'avait alors envahi – noir, froid et visqueux comme du poison.
- Y a un problème, Cas' ? s'était-il inquiété, se sentant nettement moins saoul d'un seul coup.
- Pourquoi y en aurait-il, Dean ? avait répondu Castiel d'un ton si neutre que ça en devenait presque flippant.
- Cas'…
- Rentre à l'intérieur. Ce genre de… soirées ne parvient pas réellement à me distraire, avait poursuivi l'ange.
Dean avait vu rouge.
- Cas' ? Tu vas pas t'en aller, au moins ?
Ces derniers temps, Castiel était moins souvent avec Sam et lui. Il prétextait avoir des choses à faire, des missions à accomplir – mais Dean n'était pas dupe. Il avait la forte impression que l'ange cherchait à les éviter… ou plutôt, à l'éviter, lui. L'ange détournait le regard quand il lui parlait. Ne répondait pas vraiment à ses questions. Se comportait différemment sans que Dean parvienne à déterminer ce qui changeait de d'habitude. Ça ne voulait toutefois pas dire que ça ne l'inquiétait pas.
Et si Cas' en avait assez de lui ? Et s'il ne voulait plus passer de temps avec lui ? Et si Dean ne le revoyait plus jamais ?
Dean en avait immédiatement conçu une intense panique, toute aussi noire et visqueuse que sa tristesse de quelques instants plus tôt. Cas' ne pouvait pas partir. Il devait rester avec lui. C'était son ange gardien. Il n'avait pas le droit de s'en aller.
Et s'il s'en allait quand même ?
Dean avait senti une peur glacée envahir son corps tout entier et former un nœud horriblement lourd et douloureux au creux de son ventre.
Il ne voulait pas que Cas' s'en aille.
Sans trop savoir pourquoi, il avait levé la main et caressé la joue de Castiel avant que celui-ci n'ait pu répondre. Il avait admiré les yeux bleus de l'ange, qui l'observait, interdit, sans bouger. Son visage. Sa bouche.
- Tu peux pas t'en aller, avait-il soufflé. J'ai besoin de toi, mon ange.
Et il s'était penché, et il avait posé ses lèvres sur celles de Castiel, l'embrassant à pleine bouche, glissant ses mains dans ses cheveux.
Quand le chasseur s'était écarté, il avait plongé ses yeux dans ceux de l'ange. Celui-ci le détaillait, l'air stupéfait, et avait regardé la bouche du chasseur, l'air secoué. Puis soudain, son visage avait été envahi par la colère, et une sorte de tristesse assez indéfinissable. Il avait repoussé Dean en arrière, et avait disparu en un bruissement d'ailes, laissant sur le parking du bar un chasseur désemparé, ahuri et troublé.
Castiel avait répondu à son baiser, pourtant, aussi inapproprié celui-ci avait-il été. Il y avait même mis un certain enthousiasme, hésitant certes, mais indéniablement de l'enthousiasme.
Alors pourquoi avait-il disparu ? Avec autant de fureur dans les yeux ? Avec autant de chagrin et de peine ?
Pourquoi ?
Dean retournait cette question dans sa tête depuis deux longues et frustrantes semaines, sans trouver de réponse. Néanmoins le fait était là : Castiel était parti et il n'était pas revenu.
Peut-être Castiel n'avait-il pas aimé ce baiser. C'était l'hypothèse la plus probable. Il devait comprendre ce que signifiait un baiser – il avait vu assez de comédies dégoulinantes pseudo-romantiques à la télévision pour saisir ce qu'il en était – et il en avait été effaré parce qu'il pensait que Dean ressentait un quelconque sentiment… amoureux envers lui. Ce qui était parfaitement faux, évidemment. Mais Castiel ne pouvait pas le savoir. Si lui ne ressentait aucun sentiment de ce genre envers Dean, il était logique qu'il disparaisse ainsi. C'est ce qu'aurait fait n'importe qui.
Dean tenta d'ignorer la nausée qui l'assaillit à ces pensées. Pourquoi avait-il la nausée, d'ailleurs ? Ce devait être l'idée purement hypothétique qu'il puisse avoir des sentiments pour Cas'. Evidemment. Certainement pas l'idée nettement moins hypothétique que Cas' n'en ait pas pour lui.
En revanche, la pensée de ne plus revoir Castiel, de ne plus jamais être son ami, ça, oui, lui donnait envie de vomir depuis deux semaines. Ce pour quoi il devait mettre les choses au clair avec lui. Faire en sorte que tout aille pour le mieux.
Cas', je suis sincèrement désolé. Ce baiser était un accident
« MENTEUR ! » rugit la Pétasse.
Dean ne prit même pas la peine de la corriger.
Castiel, ce baiser était une erreur. C'était probablement la chose la plus stupide que j'ai faite de toute ma vie.
La Pétasse se mit à grogner.
- C'est bon, c'est bon, je recommence, marmonna Dean.
Après tout, il était vrai que ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait écrire.
« Et tu veux écrire quoi, au juste, Ducon ? » Dean grogna. Le plus énervant était peut-être que c'était lui-même qui se faisait ce genre de réflexions – mais bon, il n'avait pas toujours tort, non plus.
Très bien. Recommençons. Inspire, expire, ouvre tes chakras.
Lààààààà.
Cas'.
Je ne veux pas te perdre. Tu es mon ami et tu comptes beaucoup à mes yeux. Notre amitié est la meilleure chose qui me soit arrivée, et je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans toi.
« Aaaaah, je préfère ça » s'extasia la Pétasse.
- Oui, moi aussi. Bon, continuons.
Je suis désolé si je t'ai fait croire des choses qui t'ont mis mal à l'aise. Ce n'était pas du tout mon but. J'ai merdé. Le fait est que je veux qu'on oublie tout ça et que tout redevienne comme avant. Je
« QUOIIIIIIIIIIIIIII ? » hurla la Pétasse.
Dean s'arrêta, stupéfait. Bon. Qu'est-ce qui n'allait pas, encore ? Qu'est-ce que son subconscient essayait de lui dire ? Tout ce qu'il avait écrit était vrai.
« Non, chuchota la Pétasse – mais cette fois-ci, elle avait l'air beaucoup plus grave qu'auparavant, et presque triste. Non, ce n'est pas vrai. Tu ne veux pas que ça redevienne comme avant. »
Bon, bien sûr, il y avait eu des hauts et beaucoup trop de bas dans leur relation, il fallait le reconnaître. Il y avait eu des disputes. Des mésententes. Des non-dits. Mais aussi une amitié simple, franche, qui l'égayait jusqu'au plus profond de lui-même. C'était ce qu'il voulait.
Mais à peine avait-il pensé ça, que Dean soupira. Quelque chose manquait à ce paysage. Mais quoi ?
Ce fut alors que les sensations qu'il avait réfrénées depuis deux semaines le submergèrent. Telle une vague, un ouragan, une lame de fond qui l'entraînait dans les tréfonds de son être. Et soudain, tous les interdits qu'il s'était imposés à lui-même volèrent en éclats sous le joug d'un seul souvenir.
Le baiser échangé avec Castiel.
Ses lèvres sur les siennes. Oh, bon sang, ce que sa bouche avait été douce… Dean avait dévoré les lèvres de l'ange avec une passion qu'il ne s'expliquait pas lui-même. Elles avaient été tendres et chaudes sous les siennes. Si délicates et pleines à la fois. Délicieuses. Dean n'avait jamais rien goûté de meilleur. Surtout quand Castiel avait répondu à son baiser, mordillant et léchant au même rythme que lui. Dean avait eu l'impression de se liquéfier sur place. C'était exquis.
Et quand il avait senti une ouverture, il avait forcé le passage et mêlé sa langue à celle de l'ange. Qui lui avait répondu non moins éperdument. Caressant la jumelle l'une de l'autre. Dean s'était laissé aller. La bouche de Castiel était savoureuse. Elle avait un goût de sucre et était chaude et délectable et lui faisait tout simplement perdre la tête. A ce moment-là, Dean s'était dit – à travers les vapes d'extase dans lesquelles il était égaré, pour son plus grand bonheur – qu'il aurait pu se damner pour embrasser l'ange encore et encore. Et il savait de quoi il parlait.
Il n'y avait pas juste la bouche et les baisers fougueux de Castiel. Il y avait également beaucoup d'autres choses. Tellement d'autres choses qu'il aurait fallu encore un bon millier d'autres baisers pour les explorer et les analyser toutes. Et sur le coup, Dean n'aurait certainement pas été contre.
Il y avait la chaleur de Castiel, son corps contre le sien, leurs torses collés l'un à l'autre. Son odeur suave – une odeur de miel qui rendait Dean complètement fou. Ses bras passés autour de la taille de Dean, et ses doigts qui caressaient lentement son dos, ses mains dont le toucher l'avait exalté. Sa peau. Si douce elle aussi, et appétissante même, il l'avait constaté lorsqu'il avait laissé ses mains remonter dans le cou de Cas' jusqu'à ses cheveux. Et ses cheveux, aussi, dans lesquels le chasseur avait passé les mains – et Castiel avait eu l'air d'apprécier, vu le petit grognement qu'il avait poussé à ce moment-là. Oh, ce grognement. Rien que d'y repenser, Dean se sentait tout chose. Très exci…
Une seconde. Une seconde une seconde une seconde.
Dean envoya valdinguer son brouillon de lettre et ouvrit à toute vitesse son numéro d'Asian Beauty. Là. Bien. Des femmes. Belles. Nues. Des seins. Des paires de fesses on ne pouvait plus féminines. Des courbes non moins féminines. Ce qu'il adorait, quoi.
Alors pourquoi était-ce Castiel qui lui apparaissait quand il tentait de visualiser la liste de ses fantasmes ? Pas l'infirmière, ou la bibliothèque, ou la serveuse, même, ou un couple de jumelles super sexy ? Pourquoi Castiel ? Castiel torse nu. Castiel qui lui souriait innocemment – ou beaucoup innocemment. Castiel avec sa cravate pour tout vêtement – oh, bon Dieu, sa cravate !
Castiel et lui dans un lit. Se couvrant de baisers l'un l'autre. Se caressant avec amour. Faisant l'amour.
Putain de bordel de merde ! hurla Dean.
Il avait adoré embrasser Castiel.
Il aurait aimé recommencer.
Il désirait Castiel.
Il aimait Castiel.
La Pétasse avait raison. Que tout redevienne comme avant ne lui suffisait pas. Maintenant qu'il avait embrassé Castiel, maintenant qu'il avait goûté à plus, il voulait encore davantage. Toujours davantage. Il voulait embrasser Castiel chaque jour que Dieu faisait. Il voulait se réveiller chaque matin à côté de lui, et détailler son visage harmonieux, ses yeux splendides, sa bouche désirable, son nez qui se plissait adorablement quand il souriait, ses cheveux toujours ébouriffés comme s'il venait de faire l'amour passionnément durant des heures et des heures – avec lui ? – en se disant qu'il était à lui, et à personne d'autre. Qu'ils fassent ce genre de choses de couple qu'il jugeait parfaitement ennuyeuses : se blottir dans ses bras – il s'y était senti tellement en sécurité, deux semaines plus tôt –, discuter de tout et de rien, passer du temps ensemble, tout simplement. Parce que déjà au quotidien, il adorait ça. Il aimait ce genre de moments passés avec Cas', même s'il s'appliquait à faire croire le contraire à tout prix.
Et s'il en avait eu l'occasion, deux semaines plus tôt, réalisa-t-il, si Castiel n'était pas parti, il aurait recommencé à l'embrasser. Il l'aurait enlacé une fois encore, et il aurait continué à passer ses mains dans ses cheveux, et il les aurait peut-être même conduites jusque sous le trench-coat de l'ange pour le caresser d'un peu plus près. Il aurait embrassé son visage tout entier, il aurait parsemé son cou de baisers, en envoyant au loin tous ses soucis et tous ses préjugés et tous ses interdits stupides, juste pour profiter encore et encore de l'instant, parce que c'était juste extraordinaire.
Il voulait Castiel.
Chaque révélation lui apparaissait sous la forme d'images qu'il avait soigneusement refoulées dans un coin de son cerveau dans le but de n'y toucher jamais au grand jamais, et chacune se manifestait à lui avec autant de délicatesse un coup de poing en plein visage. Et pourtant, c'était tellement vrai. Ça l'avait toujours été. A chaque sourire donné à Castiel, à chaque regard échangé, à chaque effleurement plus ou moins intentionnel de leurs deux corps, à chaque discussion qu'ils avaient eue, à chaque moment passé ensemble, ça avait été vrai.
Bon Dieu de bon Dieu.
Et il faisait quoi, maintenant, avec ce déluge d'informations ? Il reniait ses sentiments ? C'était probablement la meilleure chose à faire. Faire comme si ça n'avait jamais existé. La bonne vieille technique Winchester. Ça finirait bien par passer.
« Ou pas » soupira la Pétasse. Mais comme elle avait été bonne conseillère jusque-là, et qu'après tout elle était lui-même, Dean choisit de la croire, même si ça ne l'arrangeait pas, mais alors pas du tout.
Oui, il faisait quoi, maintenant ?
- Hum-hum.
Dean releva la tête. Sam se tenait dans l'embrasure de la porte, appuyé contre le montant et les bras croisés. Il l'observait avec compassion.
- Je t'ai entendu crier.
Merde.
- Mmh.
Dean baissa les yeux. Il était perdu. Que faire ? Que dire ? Comment agir ? Que devait-il penser de tout ça ? Il n'avait pas voulu tomber amoureux de Castiel, lui. Ni même tomber amoureux d'un homme, en fait. Ni tomber amoureux tout court – quelle perte de temps, quelle idée stupide ! Et encore moins, se répéta-t-il, d'un homme. Sauf que Cas' était un ange, pas un humain. Ça changeait tout. Ou pas. Il avait un corps masculin, après tout. Et d'après ce que Dean pouvait en constater, ça ne le dégoûtait pas. Pas du tout. Peut-être que ce qu'on disait était vrai : l'amour n'a pas de sexe. Mais Dean Winchester ne tombait pas amoureux. Jamais. Sauf éventuellement d'un ange plurimillénaire aux yeux bleus comme le ciel d'où il venait, avec un trench-coat et une cravate (hum, Castiel vêtu uniquement de sa cravate, une fois encore… miam), donc, une cravate toujours de travers, et un air perpétuellement hébété. Ce n'était pas possible. Si ?
- C'est à propos de cette lettre, hein ? insista Sam – Dean avait presque oublié qu'il était là, tiens.
- Ouais, admit l'aîné, à moitié parce qu'il était trop fatigué pour tenter de nier, et à moitié parce que de toute façon, Sam avait probablement déjà deviné de quoi il retournait.
Ce devrait être effectivement le cas, car Sam referma la porte derrière lui et vint s'asseoir au pied du lit, près de son frère. Dean ne protesta même pas. Il n'était simplement pas en état.
- Arrête de te poser des questions et fonce, gros débile ! s'exclama le cadet, très sérieux. Profite de la situation, et c'est tout !
Dean en resta bouche bée. Oui, Sam avait peut-être raison. Peut-être que le mieux, oui, c'était d'arrêter de penser. Tout ce qu'il en retirait, c'était un gros mal de tête, et pas l'ombre d'une réponse.
Mais foncer ? Profiter de la situation ? Qu'y avait-il de positif là-dedans ? Lui ne voyait rien. Castiel l'évitait. Castiel ne voulait pas de lui. Point. (Oh, merde, ça faisait mal, de réaliser ça… Pense à autre chose, Winchester. Un gars comme toi n'a jamais mal.)
D'un autre côté… Cas' était encore là. Il le veillait toutes les nuits. Il ne l'avait pas abandonné. Cette simple pensée réchauffa le cœur de Dean. Castiel ne l'avait pas abandonné.
Ce qui ne voulait pas dire qu'il savait quoi faire.
Il constata que Sam le regardait fixement. Hum.
- Et sinon ? D'autres conseils Dr. Phil ? ironisa-t-il.
Le cadet souffla et le regarda droit dans les yeux.
- Tu sais, dit Sam en semblant mesurer ses mots, le mieux, parfois, c'est d'aller droit à l'essentiel.
- Ah ouais ?
- Ouais, rétorqua Sam en ignorant le sarcasme. Et d'être honnête. De dire la vérité.
- Et si elle me plaît pas, la vérité ? demanda Dean en se faisant l'impression de s'être transformé en Bourriquet.
Sam lui sourit – si sincèrement que Dean en oublia qu'il était censé jouer le grand frère invincible tous les jours de la semaine.
- On ne peut pas la changer de toute façon. Il faut que tu l'assumes, mon vieux.
Dean fit la moue. Oui, Sam était définitivement au courant de ce qui se passait. Il n'arrivait même pas à s'en sentir offensé. Il était plutôt soulagé, au contraire. Au moins quelqu'un qui pouvait l'aider.
Pouah. Vivement que cette histoire soit réglée. Il était en train de virer complètement gonzesse, là.
- Et puis… ajouta Sam. Dire la vérité peut rapporter, parfois. Tu peux gagner plus que ce que tu as l'impression de perdre, Dean.
L'aîné le dévisagea, perplexe. C'était quoi ce charabia ? Sam soupira et haussa les épaules.
- Ce que je te conseille, c'est de battre le fer tant qu'il est chaud. Ecris-tout ce que tu penses vraiment. Maintenant. Et tente ta chance. Sans regarder en arrière. Qu'est-ce que tu as à perdre ? Au pire… rien ne changera. Et au mieux… tu vois ce dont je veux parler. Tu le regretteras toute ta vie si tu ne le fais pas.
Dean fit tourner son stylo entre ses doigts. Ça faisait mal à avouer, mais Sam avait raison. Oh, il le lui ferait payer un jour ou l'autre – Dean connaissait trop bien son cadet pour douter du contraire. Mais c'était définitivement la solution la plus sensée, et Dean ne savait pas trop quoi faire d'autre de toute manière.
Il releva la tête vers son frère, qui refermait déjà la porte derrière lui.
- Merci, lança-t-il, sincère, même si ça ne lui ressemblait absolument pas de dire ce genre de choses, et même si Sam se foutrait de sa gueule dans les jours qui suivraient.
Parce que certaines situations méritaient qu'on prenne un peu sur soi et que certaines choses valaient la peine qu'on prenne des risques pour les obtenir.
Sam eut un petit sourire.
- De rien.
« Vas-y, fonce, mon pote ! » s'enthousiasma la Pétasse. Dean saisit une autre feuille, et prit une grande inspiration. Il savait ce qu'il avait à faire.
