Chapitre I
L'hiver s'installa avec aisance, laissant son blanc manteau recouvrir l'intégralité du paysage montagneux. La verdure de la forêt avait fait place à l'obscurité hivernale, les arbres laissèrent échapper leurs dernières feuilles d'automne. Alors que tout était paisible et calme, un corps brava ce froid douloureux, pourfendant, dans sa course effrénée, le silence solennel de la forêt. Il cherchait à franchir le moindre obstacle qu'il rencontrait et qui pouvait servir à ralentir ce qui le pourchassait, chutant ainsi à plusieurs reprises contre les racines devenues invisibles par la neige. Sa respiration saccadée et sifflante résonnait à travers le bois, offrant ainsi une piste visuelle et auditive à son poursuivant. Le peu de chaleur humaine qu'il avait su garder disparaissait au fil de sa fuite, la peur prit peu à peu le dessus, inhibant ses pensées, seul son instinct de survit frappait son être de toute sa puissance, interdisant à ses larmes de couler hors de leurs orifices. Seul la résiliation se lisait sur son visage et pourtant il continuait sa course folle à travers les bois, il sauta, chuta, injuria cet ennemi invisible.
Un rire moqueur retentit tout autour de lui, le rendant fou, il tournait sur lui-même, était-il là? Ou là? Fasse à sa folie le démon qui était à ses trousses se mit à rire. Il observa les alentours, la brume de la nuit s'était épaissit, entourant son être d'un voile opaque, ce même rire résonna de nouveau, devenant des milliers, les ténèbres étaient à sa poursuite, "laissez-moi..." supplia-t-il aux ténèbres. Il tint sa chevelure secouant dans tous les sens sa tête, il était encerclé. Il ne pourrait fuir, pas cette fois. Il était devenu le chasser, le gibier. Il tourna en cercle, observant ces yeux rouges apparaître et disparaître de toutes parts. Il était l'animal observé, complètement nu et sans défense face à ces regards moqueurs, accusateurs.
-Laissez-moi! cria-t-il avant de reprendre sa course dans un quelconque sens, ne prenant la peine de savoir où il pourrait bien atterrir.
Quand une arme barra son chemin, la lame - longue et fine - brilla de milles feux. Les rayons de lunes se reflétèrent contre l'objet, se répercutant contre ses iris, rendant ainsi son regard plus bestiale. Ses pupilles se rétractèrent face à l'agression lumineuse.
Un regard écarlate.
- Une fois que j'ai jeté mon dévolu sur une proie je n'ai de cesse de la pourchasser jusqu'à ce qu'elle m'appartienne corps et âme...
La voix de son chasseur résonna dans son ouïe, il découvrit cette voix grave et suave pour la première et dernière fois... Aucune supplication n'était possible, aucun geste de détresse, ni même le temps d'une réflexion. Un bruit sourd retentit dans la forêt, s'en suivit d'un calme plat. Le blanc pure de la neige s'était transformé en rouge vif avant qu'une neige grise ne commence à prendre forme, s'éparpillant lentement à travers les branches dénudées des arbres alentours. La silhouette à la voix grave se baissa un instant afin d'examiner sa prise, elle ouvrit la bouche de sa proie, souriant face à son chef d'oeuvre ainsi qu'à la prime qu'elle était venu prendre sur ce corps. Son trésor cadavérique se transformait en poussière de manière régulière, lentement son être se disloquait en milliers de particules, s'éparpillant, se heurtant aux autres résidus volant. Ces particules grises avaient tendances à la rendre joyeuse, savourant, tel un enfant, ces flocons obscures. Elle savait que le corps mettrait encore quelques minutes avant de disparaître - une chance qu'elle n'ait pas visé le coeur - elle prit en main son sac, cherchant dans son contenu une pince qu'elle trouva sans trop de difficulté - ce dernier, noir, semblait ne contenir que très peu de choses, sans doutes l'essentiel pour sa chasse quotidienne. Ses doigts s'engouffrèrent lentement dans la gueule du monstre, elle mania la pince de tel sorte que la dent s'extirpa de façon parfaite hors de sa cavité. Sa dextérité était le résultat d'années de pratique.
- Et une de plus à ajouter à ma collection, se dit-elle en souriant tout en brandissant fièrement un collier de cuir sur lequel elle suspendait ses trophées dentaire. Elle continua sa fouille du cadavre, découvrant quelques pièces d'or et bijoux. Ça te dérange pas que je les prenne l'ami? De toute façon tu n'en auras plus besoin, le corps continuait lentement sa décomposition, ne laissant derrière lui que le tissus vestimentaire.
La silhouette noire se releva, prenant soin à ne pas découvrir son visage. Les quelques parcelles de cendres restantes tourbillonnèrent autour de son être, elle ignora cette danse, traçant son chemin à travers l'étendue grisâtre. Elle jeta de manière désintéressé son collier de cuir à l'intérieur de son sac, avant de le soulever et de le placer sur son épaule droite.
Chacun de ses pas faisait craquer la neige avec violence, marquant la mer blanche de son empreinte. Après quelques pas, les pleurs d'un animal blessé et prit au piège résonna à travers l'épais brouillard montagneux. Les yeux levés au ciel, elle écouta avec plus d'attention le son qui semblait émaner de toutes parts, elle se concentra, tentant de découvrir la source de ce bruit et ainsi éviter de suivre un quelconque écho qui se répercutait de parts et d'autres. Elle avança, toujours de manière silencieuse, écoutant, se repérant comme elle le pouvait, s'abaissant à certains endroits - du sang, c'est par là. Elle dégagea le dernier obstacle sur sa route, découvrant ainsi un loup, aussi noir que la nuit et aussi grand qu'elle, allongé, couinant, gesticulant de manière paniqué sa patte prise au piège. Quand leurs iris se croisèrent, l'animal prit peur, reculant tant bien que mal à chaque pas que ce supposé ennemi faisait à son encontre. La silhouette obscure s'avança d'abord de manière hésitante, méfiante face aux crocs et au regard menaçant que lançait l'animal, - la bête résistait au maximum à la douleur afin de montrer un tant soit peu ses crocs, espérant dissuader son opposant de mettre un terme à ses jours - elle avança sa main droite en avant, prenant soin de n'accomplir qu'un pas à la fois. L'animal grogna, son museau marqué par les rides, ses oreilles retroussées, sa gueule tourné dans angle incongru.
- Hey... Du calme, je te ne ferais rien..., sa main s'approcha d'une manière lente de l'animal. Ce dernier tenta de l'agripper dans un premier temps, elle rétracta son membre in extremis. Là, là... Je ne te veux aucun mal, ses pas lents et toujours calculés, sa main toujours levée, elle tenta le tout pour le tout.
Le loup géant renifla ce qu'elle lui tendait, laissant son instinct primaire décider de son futur sort. Son jugement s'abattit après quelques secondes, sa langue vint apporter le verdict, autorisant cette entité de ténèbres à l'approcher. Elle retira son grand et long manteau, laissant ainsi transparaître son visage, aussi blême que la pureté, au regard de la bête. Les traits d'une superbe jeune femme se dessinèrent avec les rayons de lune, elle avait de long cheveux bruns attachés en bataille, les yeux d'un très beau vert profond, ses joues étaient rougies par le froid - ainsi que par sa course folle à travers les bois-, son visage aux traits fins respirait la sincérité. Après quelques caresses, elle déposa tendrement son vêtement sur le corps du loup, tandis que l'une de ses mains s'occupait de le caresser, l'autre s'attardait sur sa blessure. Ce dernier tenta de retirer sa patte loin de son touché, mais elle réitéra sa gestuelle et à plusieurs reprises le loup tentait de retirer son membre, ainsi avec suffisamment de temps l'animal finirait sans doute par lui octroyer sa confiance, la laissant enfin atteindre sa plaie. Tandis qu'elle abandonna ses caresses pour mieux observer la plaie -profonde et suintante - le loup imita son geste, l'observant de toute sa hauteur. La femme qu'elle était avait bravé le froid à l'aide d'un simple haut dépourvu de manches, d'un corset de cuir - qui encerclait sa taille, accentuant les traits de sa poitrine ronde et douce - ainsi qu'un pantalon noir surplombé par des bottes hautes, solidement attachées et tout aussi noires que le reste de sa tenue. Un brassard était enroulé autour de son bras gauche, mais le symbole sur celui-ci était tout à fait particulier: un cercle débutant par une pointe et sans fin, avec en son intérieur un point. Sur ce même bras, on pouvait apercevoir un tatouage tribal aux allures de loup.
- Qu'est-ce que tu observes comme ça? dit-elle à l'attention du le loup qui tourna son regard cristal à son encontre. Comme si tu allais me répondre, dit-elle en riant lorsque le loup aboya comme pour lui répondre. Tu... Tu comprends ce que je dis...? il baissa la tête en signe d'affirmation. Je vois... Et bien laisse moi te dire que dans quelques secondes tu auras très mal. Il faut que je bouge ce piège pour pouvoir retirer ta patte, elle plaça ses mains à chaque extrémité de l'objet, prenant soin à ne pas s'écorcher ou se rendre elle-même prisonnière. Attention... 1, 2 et! elle tira le tout, décrochant un râle de douleur à l'animal géant.
-Là.. Là... Tout doux. Je vais enrouler ta patte avec cette bande et ce sera terminé, il approcha son museau au niveau de sa sauveuse en signe de remerciement. Brave bête.
Elle caressa l'animal entre ses oreilles, ce dernier apprécia ce moment de tendresse et de douceur, léchant son visage à plusieurs reprises, la faisant rire et s'écrouler au sol. L'animal, joueur, se releva avec difficulté, sa queue battait dans tous les sens, manifestant sa joie pour ce jeu. La jeune femme ria et s'amusa dans la neige avec son nouvel ami, oubliant par la même occasion l'être qu'elle avait tué quelques temps plus tôt.
Après son petit jeu, elle récupéra son long manteau de cuir qu'elle enfila avec empressement, appréciant la chaleur animale sur ses épaules. Elle était redevenu la silhouette obscure. L'animal l'observa, suppliant de manière silencieuse sa sauveuse de l'amener avec elle, cette dernière semblait l'avoir comprit et n'hésita pas un instant. Elle s'abaissa à son niveau afin de le soulever, - pas sans difficultés, la bête pesait bien plus qu'elle - elle réussit avec souffrance à placer la bête sur ses épaules tel un gibier fraîchement tué. Ses premiers pas se firent avec frayeur, elle tanguait tant que le loup semblait préférer rester à terre. C'est du moins ce que ses couinements semblaient vouloir dire.
-Si tu n'es pas content, je peux te laisser là tu sais! râla la femme.
Il approcha alors son museau de son visage afin de lui offrir un "pardonne-moi" animalier.
La silhouette marcha ainsi un long moment, s'enfonçant de plus en plus dans l'épais brouillard. La neige reprit sa descente du monde des cieux pour finir sous ses bottes, ravies de pouvoir rendre ces morceaux angéliques aussi impures qu'elles. Durant son périple, elle fit quelques pauses, tentant de garder un minimum ses forces, elle s'abreuvait aux rivières, soignait la blessure de son nouveau compagnon, s'installait, de temps à autres contre sa fourrure chaude quelques instants puis recommençait sa marche jusqu'à ce qu'elle ne s'approche d'un feu gigantesque. Les couleurs vives des flammes adoucirent son visage ainsi que son regard froid et ténébreux, elle était arrivée saine et sauve jusqu'à son camp de base. C'était dans une plaine, protégée par les montagnes, qu'un groupe d'une trentaine de personnes avaient fait de cet endroit leur nouveau repère.
Ses jambes commencèrent à flageoler après cette longue marche - surtout avec un tel poids sur les épaules - mais elle devait continuer sa marche. Sa demeure se trouvait quelques mètres plus loin, elle se motiva comme elle put avec des "c'est plus très loin, encore quelques mètres et c'est bon", mais rien n'y faisait, son corps semblait l'abandonner. C'est alors qu'un jeune homme, bien bâtit, les cheveux hérissé et une cicatrice en forme de croix sur la joue, s'approcha d'elle tel un héros venant secourir sa tendre princesse guerrière.
- Natsuki! Tu es enfin rentrée, dit-il avec une joie immense. Qu'est-ce que tu portes comme ça? Tu veux que je t'aide?
Cette attitude de chien aurait eu tendance à la faire sourire, seulement ses dernières forces étaient consacrées à ses jambes. Elle continua ainsi sa route sans un mot, ni même un regard, prenant soin à contourner l'obstacle qu'il représentait, il semblait d'ailleurs être habitué à ce genre de réponse, puis elle continua sa route. Le héros ne su quoi faire si ce n'est regarder - à nouveau - cette silhouette disparaître lentement de son champ de vision. A croire que cela n'était pas suffisant, le loup lui jeta un regard presque amusé face à sa misère, le jeune homme fixa la bête avec étonnement avant de tenter une ultime approche.
- Bon et bien si tu as besoin de quoi que ce soit tu sais où me trouver... dit-il dans un dernier élan d'espoir.
- Toujours en train de me coller ce Takeda... Quand est-ce qu'il abandonnera à la fin...
La silhouette, répondant au nom de Natsuki continua son chemin un peu plus loin du camp, c'était dans une impasse montagneuse, qu'elle découvrit, quelques mois auparavant une petite cabane abandonnée. Elle n'a jamais su ce qu'il était advenu des anciens propriétaires, et s'en moquait éperdument. Natsuki s'approcha de la porte - cabossée et rongée par endroits -, elle leva sa botte qui s'abattit avec colère contre la porte, l'ouvrant entièrement et la fissurant un peu plus. Elle ignora ces petits détails, ne pensant qu'à une chose, entrer, déposer l'animal et essayer de voir si son dos est toujours présent.
Une fois l'animal installé, elle retira son long manteau qu'elle balança, avec son sac, sur le seul mobilier présent, c'est-à-dire une chaise à qui il manquait un pied, placée en plein milieu de la maisonnée. Elle s'étira, ravie de pouvoir de nouveau mouvoir à son convenance, une liberté qu'elle apprécia sans ménagement!
Natsuki s'installa avec fracas sur son lit de fortune, heureuse de sentir cette matière moelleuse adoucir les souffrances de son être. A peine eut-elle poser ce dernier contre la paille qu'elle sombra dans une inconscience profonde.
Dans les méandres de la nuit, ses plus sombres secrets étaient jalousement gardés aux yeux des vivants.
Les premiers rayons de soleil firent leurs apparitions, ces derniers se frayèrent un chemin sans trop de difficulté dans la petite demeure. Le toit, presque complètement inexistant, ne savait retenir que très peu leur intrusion, ainsi que celle de la pluie, du vent ou de la neige. Natsuki ouvrit péniblement les yeux, réticente à l'idée de quitter son monde des songes afin de rejoindre à la vie réelle. Elle frotta à plusieurs reprises ses yeux avant de poser ses émeraudes sur la bête, qui, à son grand étonnement, ne semblait plus souffrir ou même être blessé. Sans dire un mot elle glissa hors de son lit de paille, fit face à son loup et souleva sa patte encore enroulée de bandages ensanglantés. Elle commença à défaire son oeuvre, prenant soin à ne pas blesser la bête au cas où ce ne serait que son imagination, une fois la dernière parcelle de bande retirée, elle examina la patte dans son intégralité.
- Il n'y a plus rien... dit-elle tournant et retournant le membre. Comment est-ce que c'est possible... ses iris rencontrèrent ses rivales. Qu'est-ce que tu es en réalité...? la bête ne bougea pas la fixant dans un mutisme cadavérique. Tu me comprends peut-être mais parler ça c'est autre chose. Bien maintenant que tu n'es plus blessé, je suppose que tu souhaites récupérer ta liberté?
A cette question elle se leva afin "d'ouvrir" ce morceau de bois qu'elle appelait porte. Le loup l'observa avant de lui obéir et de retourner dans son habitat naturel. Il se tourna afin de lui offrir un dernier regard, Natsuki lui répondit par un dernier sourire. Après quoi elle récupéra son long manteau et partie rejoindre le reste du clan.
- Bien écoutez moi tous, dit un homme d'âge mûre surélevé par une estrade au centre du campement. Je vais répartir les tâches pour aujourd'hui: Le groupe de Takeda, vous partirez à la chasse, celui d'Haruka, vous irez chercher de quoi réparer les armes ainsi que des matériaux pour créer de nouvelles munitions. Les sentinelles m'ont signalées une grotte au Nord Est qui serait pleine en minerai d'argent. Et enfin, le groupe de Mai, vous vous chargerez de la cuisine, à la fin de son discours de chef, il quitta son estrade improvisée afin de s'enfoncer dans ce qui lui servait de tente.
- Pourquoi est-ce que ce n'est pas moi qui suis à la tête du groupe de chasse?
- Bien le bonjour à toi aussi Natsuki.
- Je suis la meilleure chasseuse et non pas seulement de vampires!
- Oui, il est vrai que tu es un soldat très doué dans ce domaine, mais Takeda est un homme fort et valeureux.
- C'est seulement parce que c'est un homme qu'il a le droit d'être le chef de ce groupe!
- Il suffit Natsuki! Takeda est un valeureux guerrier et un bon meneur! Tu devrais cesser de le repousser sans cesse, il n'a d'yeux que pour toi et ce depuis des années.
- Ce n'est pas mon cas, il s'approcha alors de la jeune fille avec colère, mais il ne pouvait s'y résoudre, il caressa son visage avec tendresse.
- Comme tu es devenue belle, aussi belle que ta mère, dit-il avec nostalgie. Mais elle n'était pas aussi têtue que toi!
- Tu sais ce qu'on dit: tel père, telle fille.
- Arrête avec ces idiotie et fais ce que tu dois faire au moins une fois dans ta vie!
Excédée par cette conversation, Natsuki ne prit pas la peine de répondre, à quoi bon répondre à une personne aussi bornée que sois? Un véritable dialogue de sourd en somme, chacun tenant sa position sans jamais faiblir et ce quoi qu'il puisse arriver. Elle s'extirpa hors de la tente du chef, furieuse, elle replaça sa capuche, devenant à nouveau la silhouette obscure. D'un pas de course elle se dirigea vers la forêt, seule. Si elle ne pouvait avoir la tête du groupe alors elle chasserait en solitaire! Il était hors de question qu'elle obéisse aux ordres de Takeda, qui, comme elle se doute, ferait tout pour être à ses basques, lui faisant des tas de déclarations sur ce qu'ils appelaient tous "amour"! Elle préférait ignorer ce mot encore longtemps et surtout éviter cet homme qui ne voulait la laisser vivre.
La silhouette ténébreuse qu'elle était redevenu se fraya un chemin aisément dans cette forêt dense, elle s'était dit qu'elle ne chasserait pas aujourd'hui, mais elle n'avait nullement pensé qu'elle serait chasser. Alors qu'elle commença à ralentir sa cadence, une branche craqua non loin d'elle, son premier réflexe fut d'observer tout autour d'elle, ne voyant rien elle continua son chemin sans un mot, sachant pertinemment qu'elle était suivit par quelqu'un ou quelque chose. Cette chose qui suivait ses pas à allure égale prit ses distances, prenant plus de précautions, mais toujours pas assez pour être un rivale à la hauteur de ses compétences. L'être en question s'approcha d'elle, quand au détour d'un saule il perdit sa trace. Inquiet et curieux, il s'approcha, à pas de loup de l'endroit où il l'aperçut pour la dernière fois. Rien.
-Où est cette sale gamine, se dit-il.
Le cuir foutant l'air lui permit de nouveau de la repérer.
Trop facile
Il s'approcha alors doucement, toujours plus lentement du manteau de cuir, prenant même soin à dégainer son arme avec le plus grand silence qu'il lui soit permis. Natsuki, alors de dos resta fixe, capuche en tête, attendant patiemment que l'inconnu lance son attaque et celui-ci ne se fit pas attendre. L'homme poignarda avec une furie sans nom le manteau de sa proie, proie qu'il pensait avoir en face de lui. Mais elle n'incarnait pas les ténèbres pour rien, elle s'était déjà faufilée derrière lui, lui brisant la nuque d'un coup vif. Son assaillant n'eut sûrement le temps de se rendre compte de quoi que ce soit. Natsuki retourna alors le corps inerte de sa nouvelle victime dans sa direction, le cadavre se mit à brûler de façon vive et rapide, en quelques secondes il ne restait plus que cendres.
- Et encore un qui brûle avant que je n'ai le temps de lui retirer une canine! râla-t-elle avec colère.
Elle épousseta l'immense paquet de cendres présent sur ses mains et vêtements, jouant de plus en plus la carte de la colère. Alors qu'elle continuait sa gestuelle avec vivacité, son regard tomba sur un objet qui n'avait pas été détruit lors de la crémation. Le poignard ayant servit à tuer son long manteau était encore intact. Elle le ramassa, laissant les rayons clairs du soleil se réfléchirent contre celui-ci.
- Wouah, on se refuse rien quand on est un vampire.
Elle caressa ce qu'elle comprit être un rubis incrusté sur le manche de la lame, elle n'était pas experte en ce qui concerne les minerai et autres pierres précieuses, mais elle était sûre que cette pierre était belle et bien une vraie. Elle s'admira quelques secondes dans le dit rubis avant de reporter son attention sur ce qu'elle venait de perdre. Son cuir était étendu au sol, parsemé d'une cinquantaine de coup de couteau. Elle soupira face à l'étendue des dégâts.
- Tu as fait ton temps je crois, cela dit tu as eu une mort honorable!
Natsuki continua son monologue avec l'objet inanimé, saluant le bon travail qu'il avait accompli à ses côtés, jusqu'à lui offrir quelques paroles dites lors d'enterrement. Elle était tant absorbée par son discours, sans queue ni tête, qu'elle ne remarqua pas la présence d'une tiers personne qui l'observait depuis qu'elle s'était extirpée hors de son camp. Sans doutes avait-elle pensée que ce nuisible vampirique était seul. Natsuki avait fait preuve de ruse et de force lors de tous ses combats contre les vampires, elle avait impressionnée plus d'un mortel ou immortel par ses talents et elle était bien la seule humaine redoutée par les morts vivants, ou tout du moins, les plus faibles et stupides d'entre eux. Les anciens, ou plutôt les purs sangs, étaient plus puissants et plus redoutés. Ils étaient bien les seuls à ne craindre aucun mal de cette humaine, tout en profitant du spectacle qu'elle offrait à leur regards morts en réduisant au silence éternel ces nuisibles, ces impurs, ces bâtards de la race vampirique.
Alors que le pur sang l'observait toujours, le loup géant que Natsuki avait libéré et soigné quelques temps auparavant refit son apparition, le forçant à suspendre son observation de la chasseresse. Il disparu à travers l'immense forêt comme il était venu.
L'animal s'approcha de sa nouvelle amie, cette dernière plia son cuir avant d'approcher la bête. Ce dernier tenait dans sa gueule un gibier particulier, une poule bien dodue, sans nul doutes, avait-il dérobé ce bien à un fermier du village afin de l'offrir en guise de remerciement à sa sauveuse.
- Merci, dit-elle en retirant la bête de sa gueule. C'est pas que je chipote hein! Mais tu m'as l'air d'avoir bien bavé dessus... à ces mots elle suspendit la poule par une de ses pattes, de la bave canine se mit à dégouliner le long des plumes. Une moue dégoûtée s'afficha sur son visage, tandis que le loup l'observait avec incompréhension, faisant même basculer sa tête sur le côté. J'ai compris! reprit-elle. C'est bien pour te faire plaisir, elle caressa l'animal avant de rebrousser chemin, suivit par le loup.
Une fois de retour, Natsuki se faufila dans le groupe des cuisiniers, là où une jeune femme rousse maniait ses cuisiniers et cuisinières d'une poigne de fer.
