Ma capricieuse muse a décidé de me ramener une petite histoire

Dédicace aux irremplaçables et fidèles mousquetaires :

Paige0703, Jade181184, Nourann, Coljayjay, CoolMhouse, Val81, Rochelle 17

Et je dédie ce texte à mon précieux complice : le grenier : )

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Et merci à tous les lecteurs

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John observe sa tenue de vigile. Celle qu'il enfile chaque matin, jour après jour, avec le même ennui, avant d'aller prendre son poste sur le campus de la faculté. Il y surveillera l'arrivée des étudiants. Croiser les regards indifférents, condescendants, parfois hautains, envers le simple gardien qu'il est. Ces gamins imbus d'eux même l'exaspèrent parfois, mais le plus souvent ils passent dans sa vie, étrangers, invisibles, ils ne lui sont rien et personne n'est là pour lui.

Il soupire et achève de se préparer. Puis il quitte son appartement et se rend à son travail.

Le début d'une journée ordinaire….ou pas ?

C'est la première fois qu'il voit cet homme. Tout de suite il est frappé par ce mélange de force et de fragilité qui émane de lui. Il boite mais s'efforce de se tenir droit. Son costume trois pièce semble désuet, bien trop élégant pour un endroit tel que ce campus, pourtant il ne dépare pas. John voit son collègue l'arrêter pour contrôler son identité puis le laisser passer avec un bref salut. Il passe devant lui. John croise un instant son regard et il ressent un sentiment étrange. Le regard est froid mais pas indifférent, réservé plutôt. Il le suit des yeux pendant qu'il traverse la cour. Comme son collègue revient à la cabine il ne peut résister :

-« Qui était-ce ? » demande t-il

-« Le nouveau prof de littérature »

-« Ah ? » murmure John. Un professeur de littérature. Quelqu'un d'intelligent, de cultivé. « Pas pour moi » songea t-il. Bien sur il est intelligent lui aussi, trop pour ce boulot stupide d'ailleurs, mais il est homme d'action, les livres ne sont pas son univers. Pourtant il s'est passé quelque chose lorsqu'il a croisé son regard, un échange qu'il ne peut définir. Tout ce dont il se souvient c'est qu'il se sentait bien, apaisé, meilleur. Il a alors l'intuition que sa vie va changer…

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Le lendemain il se surprend à guetter l'arrivée du nouveau professeur. Il s'avance en le voyant approcher, juste pour le saluer. Répondra t-il ? Oui. Il a une voix douce, rassurante. John se dit qu'il aimerait la littérature s'il l'apprenait avec lui…

Désormais, chaque matin, il le guette et s'avance à son approche pour le seul plaisir d'entendre sa voix quelques secondes.

Les premiers jours, Harold passe simplement devant lui. Puis John remarque qu'il ralentit un peu le pas lorsqu'il arrive à sa hauteur. Son regard se fait moins fuyant.

Bientôt John trouve cela insuffisant. Il a cherché quelques informations, il connait son nom mais pas beaucoup plus, et il aimerait en savoir davantage. Il songe à l'aborder mais quelque chose le retient. Une inquiétude. Il est professeur de littérature, il semble si sérieux, si froid, comme en dehors du monde. Lui d'ordinaire si sur de lui se sent perdu devant cet homme si spécial. Alors il l'épie, va parfois faire une ronde dans le bâtiment, restant à proximité de la salle où il enseigne, pour le plaisir de l'apercevoir ou de le croiser. Harold semble l'observer mais il reste toujours aussi réservé, comme sur la défensive. Désormais John déteste les week end…

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A force de mener la surveillance, John connait toutes ses habitudes. L'heure de son arrivée et de son départ, son planning, et une en particulier : chaque jour après avoir rapidement déjeuné à la cafétéria il s'installe à la bibliothèque. Il a découvert que c'est son repaire. Il y arrive à 13H, puis corrige ses copies jusqu'à 14H15 où il quitte les lieux pour aller assurer son prochain cours. Pourquoi fait-il cela à la bibliothèque plutôt que chez lui ? John n'en sait rien mais cela l'arrange.

Installé au fond de la salle, à l'opposé du bureau où s'installe le professeur, John fait semblant de lire mais ne fait que l'observer. Il détaille chaque attitude, chaque expression sur son visage. Il devine si la copie est bonne ou pas. Parfois Harold lève les yeux et lui baisse précipitamment les siens. Parfois il n'est pas assez rapide et leurs regards se croisent un instant. Celui d'Harold ne dit rien et John espère que le sien ne le trahit pas trop. Puis il le regarde partir, le suit des yeux discrètement. Le reste de la journée va être long, puis la nuit, jusqu'à demain matin où il guettera son arrivée avec impatience.

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13H12. John consulte sa montre pour la énième fois en dix minutes. Ce matin il était là pourtant. A-t-il décidé de changer ses habitudes ? John espère que ce n'est pas à cause de lui. Il soupire et se demande s'il doit rester. Puis soudain la porte s'ouvre et il est là… il est tout essoufflé comme s'il avait marché trop vite. Il entre et son regard parcoure la salle comme s'il cherchait quelqu'un. John ne peut s'empêcher de le fixer. Un instant leurs regards se rencontrent et Harold rougit. John reste perplexe devant cette réaction. C'est étonnant. Sauf si… sauf si c'est lui qu'il cherchait, sauf si c'est pour le retrouver qu'il a accéléré le pas. John se prend a espérer que son imagination n'est pas en train de lui jouer un tour et que tout est bien réel.

Harold s'installe comme d'habitude et il corrige ses copies tandis que John dans son coin reprend sa pseudo lecture. Ils retrouvent leur routine. C'est comme un rendez vous entre eux sans qu'ils ne se soient jamais rien dit. A 14H15 Harold quitte la salle. Cette fois il fuit son regard comme s'il craignait de s'être montré trop démonstratif.

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Les jours passent, rythmés par leurs rencontres du matin, la pause de 13H. John voudrait agir, faire un pas vers lui, mais il n'ose pas. Il lui semble si inaccessible que cela le paralyse. Il est certain qu'il va le rejeter. Pourtant il n'y a pas de mépris dans les regards qu'il lui adresse, de la curiosité plutôt, et autre chose qu'il ne défini pas bien. Et Harold ne fait rien. Il ne l'encourage pas ni ne le décourage d'ailleurs…

Il est 12H31. Trop tôt encore mais John préfère être en avance, alors il expédie son déjeuner et vient s'installer de plus en plus tôt, même s'il sait qu'il n'arrivera pas avant 13H. Il se dirige rapidement vers le rayonnage où il retrouvera ce livre qu'il a pris pour alibi mais dont finalement il n'a pas retenu un mot. Le choc est rude. Le bruit sourd d'un livre qui tombe sur le sol. John tend les mains pour retenir celui qu'il a bousculé et l'aider à maintenir son équilibre. Leurs regards se croisent, s'accrochent et Harold rougit en baissant les yeux.

-« Excusez-moi » affirme machinalement John, troublé par leur proximité. A cet instant il réalise qu'il tient contre lui celui dont il rêve depuis des semaines et il resserre sa prise par reflexe. Harold relève la tête et ose un sourire timide qui fait battre son cœur encore plus vite.

-« Ce n'est rien » murmure t-il doucement et sa voix le fait frissonner. C'est la première fois qu'ils échangent autre chose qu'un salut et John veut déjà plus. Il veut entendre encore sa voix, ses mots comme une mélodie qui vient charmer son esprit. Trop vite il doit le lâcher sinon la situation deviendra embarrassante. Pour se donner une contenance il se baisse et ramasse le livre qu'Harold a laisser échapper

-« Merci » dit celui-ci en le récupérant

-« Je ne vous avais pas vu » constate John

-« Je n'ai pas de mal »

-« Vous êtes en avance » affirme alors John. Il n'a pas pu s'en empêcher. Les mots lui ont échappés sans qu'il puisse les arrêter. Harold lui adresse un regard à la fois surprit et heureux. Il comprend qu'il avait deviné juste : c'était bien lui qu'il cherchait et il sourit à cette pensée sans même sans rendre compte. Harold capte ce sourire et c'est comme un baume sur son cœur qui le réchauffe.

-« J'ai un exposé assez complexe à préparer » explique t-il

-« Alors vous délaissez vos copies ? »

-« Pour aujourd'hui oui »

-« Je vois » murmure John. Il aimerait ajouter quelque chose. Hésite. « Je vais vous laisser travailler » dit-il finalement

-« Merci » répond Harold. Il semble un peu déçu. John le remarque et décide alors d'agir

-« On pourrait peut être prendre un café ? » propose t-il

-« Oh… heu… pourquoi pas ? » bredouille le professeur visiblement perturbé par la proposition

-« Demain matin ? » suggère John

-« Volontiers » répond Harold qui retrouve son attitude calme

-« Huit heure devant l'entrée ? »

-« Entendu »

-« A demain alors » répond John. Il sent que les heures vont lui paraitre encore plus interminables qu'à l'ordinaire. Sa présence lui manque déjà, cette chaleur quand il le tenait contre lui. « Bonne journée » ajoute t-il avant de s'engager dans le rayonnage.

-« Merci. A vous aussi » répond Harold. Et lui aussi songe que les heures seront longues.

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A 7H45 John est déjà devant l'entrée de la cafétéria. Il ne veut pas être en retard. Surtout ne pas le manquer. Harold arrive avec cinq minutes d'avance et John voit le même sourire timide fleurir sur ses lèvres. Il lui donne irrésistiblement envie de le prendre dans ses bras mais il se contente de lui tenir la porte et de l'escorter au fond de la salle. John demande un café. Harold commande un thé. John sent sa timidité et il trouve cela adorable. Il a envie de le tenir contre lui comme à la bibliothèque ou juste de tenir sa main. Il n'en fait rien bien sur. D'abord il doit l'apprivoiser, détendre l'atmosphère. Trouver un sujet de conversation. Justifier son invitation. Harold prendrait peur s'il connaissait la vraie raison, s'il devinait à quel point il le désire près de lui. Mais il a accepté sans hésiter de le rejoindre et John veut y voir un bon présage.

-« J'aimerai bien vous parler de livres mais je n'y connais rien » avoue t-il soudain

Harold semble hésiter devant sa déclaration puis demande, amusé :

-« Et vous cherchez un professeur ? »

-« Si la tache ne vous effraie pas… »

-« Vous ne me paraissez pas pire que certains de mes élèves » se moque Harold

John sourit à la comparaison. La glace est rompue.

A la sortie ils se donnent rendez vous pour le lendemain comme si c'était une évidence. Et puisqu'ils ont fait connaissance, à la pause, John s'autorise a venir s'assoir près de lui. Il ne dit rien, il ne le dérangera pas dans ses corrections, il est là c'est tout. Harold ne dit rien et profite de sa présence.

Désormais ils se retrouvent chaque matin, discutant de chose et d'autre, profitant l'un de l'autre sans l'avouer. Puis à chaque pause Harold travaille et John se contente d'être là, faisant semblant de lire. Parfois il va chercher un livre pour l'aider.

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Harold prépare un nouvel exposé. John est déjà aller lui chercher deux livres. Il se lève et retourne dans les rayonnages pour aller en chercher un troisième. Mais Harold réalise alors qu'il a besoin d'un autre titre. Il se lève à son tour, se glisse dans le rayonnage à sa suite. John entend ses pas, se retourne. Il n'y a plus que quelques centimètres entre eux et John ne peut s'empêcher de les combler. Sa main glisse sur la nuque fragile pour l'attirer vers lui, il goute enfin ses lèvres qui l'ont tant attiré, il presse enfin ce corps qui l'obsède. Et Harold ne le repousse pas. Il pose ses mains sur sa poitrine, agrippe sa chemise et le laisse approfondir leur baiser. Le monde autour d'eux s'efface, ils ne sont plus que sensations. Le vertige de deux âmes qui se trouvent après un long chemin solitaire…

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OoooooooooO

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Finch se réveille lorsqu'il sent les bras de son compagnon glisser autour de sa taille, l'attirant tout contre lui. Le mouvement soudain le tire du sommeil paisible où il était plongé.

-« John ? » murmure t-il encore ensommeillé. Il pose ses mains sur celles de son partenaire « John ? Tout va bien ? »

Reese émet un grognement mécontent et le serre un peu plus par reflexe

-« John, réveillez vous, vous avez fait un cauchemar je crois»

-« Non » soupire Reese « Ce n'était pas un cauchemar » murmure t-il en nichant son visage dans son cou « Je rêvais de vous »

-« Vous êtes sur ? » demande Finch perplexe

-« Je vous rencontrais et je tombais amoureux de vous »

-« Ca ce n'est pas vraiment un rêve John. C'est plutôt la réalité » se moque l'informaticien

-« Vous étiez un professeur toujours le nez dans ses livres » marmonne l'ex agent

-« Ca me correspond » juge Finch « Et ai-je succombé à votre charme là aussi ? » demande t-il amusé

-« Evidemment » réplique Reese spontanément

-« Prétentieux ! »

-« Réaliste. Je ne pouvais pas vous résister, comme vous êtes incapable de le faire »

-« Hum. Je l'admet » concède Finch

-« J'ai tellement rêvé du jour où vous seriez enfin à moi que mes rêves sont conditionnés je crois »

Finch sourit à cette affirmation et bascule sur le dos pour lui faire face. Reese le laisse faire et savoure la caresse de sa main sur sa joue.

-« En revanche je suis frustré » constate t-il

-« Pourquoi donc ? »

-« Je me suis réveillé au moment où je pouvais enfin vous embrasser ! »

-« Je vois » constate Finch, pas dupe « D'où votre "rapprochement" soudain ? »

-« Oui. J'avais envie de bien plus que cela » précise John en déposant quelques baisers dans son cou, tandis que ses mains dérivent doucement sur lui « enfin ce n'est pas si grave : je peux me rattraper »

-« Là vous profitez de la situation John ! » proteste l'informaticien

-« Ne vous inquiétez pas vous allez en profiter aussi » lui chuchote Reese avant de reprendre ses baisers. Il le sent frémissant dans ses bras et commence à déboutonner la veste de son pyjama

-« Qui a dit que cela me tentait ?» conteste pourtant l'informaticien

-« Vous étiez prêt à me consoler d'un cauchemar. J'en déduis que vous serez tout aussi disposé à m'aider à réaliser mon rêve non ? »

-« Je peux y réfléchir ? » le taquine Finch

-« Vous pouvez toujours essayer » se moque Reese « Mais il y a des signes qui ne trompent pas » juge t-il en achevant de le dévêtir.

-« John ! » proteste Harold en rougissant

L'ex agent se glisse contre lui et le prend dans ses bras. Leurs corps s'épousent parfaitement comme s'ils avaient été façonnés pour cela.

-« Savez-vous ce que je retiens de tout cela ? » chuchote Reese.

-« Non » répond Finch, curieux

-« Je pourrais imaginer cent histoires différentes, elles finissent toujours par nous deux, ensembles »

Finch sourit

-« Alors c'était notre destin ? » suggère t-il

-« J'ai bien envie d'y croire » juge Reese « Mais pour l'instant j'ai mieux à faire que d'y réfléchir » affirme t-il en recommençant à l'embrasser.

-« Nous avons mieux à faire » le corrige Finch en lui rendant ses baisers « Nous avons un rêve à terminer… »