Titre : Sleep
Auteur : Whilom
Traduction : lovePEOPLEandCOWBOY
OOO
« Bobby ? »
La voix plaintive aurait même arraché le plus dur des cœurs et celui de Bobby est loin d'être en pierre. Silencieusement, il se retourne et il tire les couvertures par-dessus sa tête dans l'idée de bloquer la voix et l'image mentale qui l'accompagne. Il sait ce qu'il va voir si il ouvre les yeux : un petit garçon de onze ans, le visage mince, des yeux bleus suppliants, et une crinière de cheveux bruns volant dans tous les sens.
« Bobby ? »
Bobby sent une légère pression sur son épaule mais il l'ignore. Il essaye de ronfler un peu plus fort pour convaincre l'enfant qu'il est vraiment endormi. Parfois ça fonctionne. Parfois Jack sait qu'il est réveillé mais qu'il préfère rester seul.
Une autre pression, plus forte.
Et parfois, jack ignore son indifférence et demande silencieusement de l'attention.
« Que veux tu, gamin ? » coasse Bobby, en se demandant vaguement par quel miracle sa voix se casse à 4h du matin. Il éclaircit sa gorge et relève la tête pour obtenir une vision trouble de Jack. Ou ce qui devrait être Jack. Pas une silhouette brouillée avec d'étrange spike autour de la tête. Bobby frotte vigoureusement ses yeux d'une main et l'image se détaille : le visage de son petit frère.
Ses yeux peuvent ils s'ouvrir d'avantage ?
« J'ai fait un mauvais rêve. »
« Sans blague. » Bobby se retourne, tournant le dos à Jack, et il ferme les yeux. De quoi a-t-il rêvé ?
« Bobby. » Jack le secoue à nouveau. « Bobby. »
« Écoute, Jack, si le croquemitaine n'attend pas dans mon placard pour me manger, je ne veux pas être averti. Retourne au lit.»
« Ce n'est pas ça. »
« Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Va t'en. » Sans se retourner, Bobby agite son bras en direction de la porte. Jack plisse son nez de frustration et il essaye de jeter un coup d'œil par-dessus les couvertures de Bobby. Le bras de Bobby effleure le sommet de sa tête et puis tapote sa joue, lui donnant une poussée en direction de la porte.
Jack résiste au bras de son frère, la rejetant sur le côté de Bobby, pour déposer un genou sur le lit. « Non, Bobby, je suis toujours effrayé. »
« Jack. »
« Bobby»
« Jack ! » Maintenant Bobby est fâché. Ou presque. Il se relève sur ses coudes et jette un coup d'œil à Jack. « Dégage d'ici où je te donne un coup de pied en direction de la chine. Dégage. »
« Bobby, ce n'est pas le croquemitaine. »
« Bien, de quoi as-tu peur ? » grogne Bobby, en rejetant ses couvertures et en balançant ses pieds d'un coup sec au plancher. Il laisse courir ses mains dans ses cheveux et il soutient sa tête quelques minutes, en se demandant pourquoi Jack ne va pas raconter ses cauchemars à quelqu'un d'autre.
« Lui. »
Bobby déplace une main pour voir Jack d'un œil. Jack est en face de lui mais ses yeux sont rivés sur la porte.
« Lui » Bobby répète avec soupir. « Qui est ce ? »
« Je ne veux pas parler de lui, » répond Jack brusquement, en regardant Bobby furieusement. Bobby est surpris. En une minute, l'enfant qui voulait se rouler en boule, veut le poignarder de ses yeux l'instant d'après. Il se décide à l'écouter pour de bon.
« Très bien. Nous n'allons pas en parler. J'étais simplement curieux c'est tout. Je pense que j'ai le droit de savoir pourquoi tu me réveilles à cette putain d'heure, pour te plaindre de quelqu'un dont tu ne veux même pas me parler. » Jack garde la mâchoire fermée résolument, alors Bobby le prend doucement par les épaules, pour appuyer son front contre celui de Jack. « Jackie, » dit il lentement, en fermant les yeux, « je suis fatigué. Pourquoi tu ne retournerais pas dans ta chambre ? »
« Je te l'ai dit, Bobby. J'ai… » Jack s'arrête pour enrouler ses doigts dans le T-shirt de Bobby « S'il te plait, viens avec moi ? »
Bobby soupire dramatiquement. « Bien. » Il se relève péniblement sur les pieds et il trébuche jusqu'au hall, en orientant Jack devant lui jusqu'à ce qu'ils arrivent dans sa chambre. La fenêtre est ouverte et les rideaux virevoltent avec une légère brise. Jack s'arrête tout à coup, et il recule contre l'estomac de Bobby, sa tête atteignant tout juste le torse de Bobby.
« Qu'est ce qu'il y a, jack ? Tu n'ai mes pas quand la fenêtre est ouverte ? » Le front de Bobby se plisse. Jack n'a jamais détesté avoir sa fenêtre ouverte auparavant. Et maintenant il est terrifié par quelque chose. Sa respiration se bloque dans sa gorge et il tend la main pour attraper le T-shirt de Bobby qui est à sa portée.
« Bobby, » chuchote Jack. « Ferme la fenêtre. »
Bobby obéit péniblement et il claque la fenêtre après s'être assuré qu'il n'y avait pas quelque chose ou quelqu'un à l'extérieur. Rien, juste la brise. Quand il se retourne, il s'arrête pour observer jack sur son lit, ses pieds repliés sous lui, les mains jointent. Il pince sa lèvre tout en se basculant légèrement. C'est comme si il essayait de se contenir, ou comme si il était troublé. Bobby soupire et il passe une main sur son visage, pour remettre de l'ordre dans ses cheveux.
« D'accord, tu vas bien, Jack ? »
Jack ne dit rien mais ses yeux semblent s'arrondir et miroiter avec ce qui ressemblent à des larmes.
« Non, non, ne commence pas à pleurer avec moi. »
« Je ne pleure pas, » chuchote Jack calmement, sa voix enrouée par l'émotion. « Je ne pleure pas. »
Bobby pose un regard critique sur Jack et il se dit que son insistance est plus pour se convaincre lui, que Bobby. Il s'installe sur le lit et il soupire : « Jackie, personne ne va t'emmener. Jamais. Je te le promets. Tu vas rester ici. » Il tapote l'oreiller pour le remettre en forme, « rendors toi, je serais dans ma chambre, à dormir, et à ronfler probablement, et avec un peu de chance tu m'entendras d'ici. » Il tire les couvertures et il relève un sourcil en direction de Jack « Viens. »
Jack entre dans les couvertures mais il garde les yeux rivés sur Bobby. Il ne veut pas demander. Il ne veut pas. Bobby sait ce qu'il veut. Mais il ne veut pas le demander. Demander ne l'a jamais aidé avant. De plus, Bobby semble fatigué. Il baille légèrement, en tapotant la poitrine de jack, et en marmonnant un « bonne nuit » avant de se relever. Jack ne dit rien. Il ne demande rien.
Bobby s'arrête à la porte pour éteindre la lumière. Quelque chose l'intrigue. Du coin des yeux, il voit Jack se rasoir, sa main serrent les couvertures comme si ça allait noyer son chagrin. Les larmes tombent mais il y a quelque chose d'autre, il est résigné à affronter sa peur. Ce qui le surprend, c'est que jack ne lui a pas demandé de dormir avec lui. Jack est venu le trouver avec son problème et Bobby espère l'avoir réglé. Il peut avoir confiance en Bobby, peu importe ce qu'il fait, c'est toujours mieux ensuite. Dans l'esprit de Jack, Bobby l'a ramené dans sa chambre car, pour l'aîné, c'est la bonne chose à faire, même si Jack sait que les cauchemars ne vont pas partir juste comme ça. Mais il a confiance en Bobby.
Bobby se retourne pour s'appuyer sur le dos de la porte, sa main se pose sur sa hanche : « tu veux que je dorme avec toi ? »
Le soulagement est si évident dans les yeux de Jack que Bobby sent son cœur se serrer. Qu'est-il pour cet enfant, juste une présence qui chasse les cauchemars ? Il racle sa gorge et il grimpe dans lit près de Jack, d'abord en se couchant sur le dos pour ensuite se rouler sur le côté comme il en a l'habitude. Jack reste où il est jusqu'à s'être endormi, où il se rapproche progressivement de Bobby, jusqu'à ce que l'aîné se réveille par des chatouillis dû aux cheveux du gamin. Alors, il passe son bras autour de Jack, pour le tenir plus étroitement. C'est étrangement réconfortant d'entendre les battements du cœur de l'enfant contre sa poitrine, de sentir son souffle moite dans son cou, et d'entendre les gémissements de son sommeil. Il ferme à nouveau les yeux, en caressant doucement le dos de Jack.
Quand il se réveille au matin, il ne pensait pas qu'il aurait passé une aussi bonne nuit. De gratitude, Jack lui sourit, des cheveux plus en pagailles que jamais.
FIN