JISBON BONUS
FBI, dix-huit heures.
Teresa Lisbon revient d'une affaire à Austin. Elle entre par la porte du couloir face à Jane.
Il a une tasse de thé à la main, boit une gorgée et aperçoit Lisbon. Il tient maintenant sa tasse entre ses deux mains et l'observe.
Elle marche droit et regarde droit devant.
Tout est droit sauf l'amour qu'elle porte à Jane.
Cet amour est fluctuant, changeant, fluide, indécis et variant.
Un jour elle l'aime, un autre ils ne se connaissent plus.
Est-ce qu'ils aiment, ou veulent aimer ?
Aimer comme on aime au cinéma, comme un homme et une femme peuvent s'éprendre l'un de l'autre.
Patrick Jane observe cette femme, qui d'après l'expression de son visage, est fière d'avoir trouvé le coupable.
Elle arrive vers lui, ils se regardent, il consomme une seconde gorgée de thé toujours en la fixant, ses yeux pétillent, cette femme l'éblouissant.
Elle jete un coup d'œil vers lui, leurs regards se croisent. Les yeux de Lisbon ruinent ceux de Jane. Les yeux de Jane font baisser ceux de Lisbon.
*son parfum m'étourdit* pense Jane.
*son corps m'absorbe* pense Lisbon.
On eût dit qu'elle marchait rapidement, (comme pour annoncer une nouvelle, bonne ou mauvaise on ne savait pas, aucune expression n'est affichée sur son visage) jussqu'au bureau d'Abbott, ses cheveux détachés se balancent de gauche à droite.
Cheveux dans lesquels Jane aimait passer ses mains.
Elle bouscule Dennis Abbott, il baisse la tête pour la regarder, elle se sent petite du haut de son mètre soixante-deux.
Elle pense quelques secondes.
Elle imagine être contre le corps d'un homme auquel elle pense souvent, ces pensées pénétrantes. Il a des cheveux à mèches bouclées que ses doigts peuvent torsader. Son corps est un jardin. Son visage est le remède qui guérit tous ses chagrins.
''RÉVEILLEZ- VOUS !" dit Abbott.
Elle rougit. ''Pourquoi criez-vous devant tout le monde?" Demande-t-elle gênée.
Abbott répond en se moquant d'elle ''devant tout le monde ou devant Jane ?"
Elle lui tend un dossier sans rien dire, baissant les yeux.
Elle se retourne, reprenant son air sérieux, pour montrer qu'elle n'est pas faible. Jane a quitté la pièce. Elle espère qu'il n'a rien entendu.
*Je n'ai jamais agis comme ça. Qu'est-ce-qui m'arrive?!* elle pense.
Elle s'en va sans rien dire, elle lui laisse les papiers, sans la moindre remarque, il la regarde étonné, elle a changé, pense Abbott.
Patrick a assisté a la scène. Il l'a trouvé perdue dans ses pensées.
Teresa se réfugie dans un coin du FBI, où peude gens circulent. Elle s'assoit, sort un énième dossier du bureau, l'ouvre, pose un crayon dessus et s'avachit dessus. Elle pense, elle pense à l'amour, elle pense à Jane.
Elle ne veut pas qu'on l'imagine pensive. Elle veut n'avoir que le travail en tête, et c'est ce qu'elle s'était promis en entrant dans ce travail. Rien ni personne se mettra sur son chemin.
Elle sait au fond d'elle que quelque chose, quelqu'un s'est introduit sur son passage, il ne bouge plus, il lui bloque le passage. Elle sait aussi qui c'est. C'est l'amour.
Elle reçoit un SMS.
"Pourquoi rencontrons nous des milliers de personnes et aucune ne nous touche, pourquoi n'en rencontrons nous qu'une seule et notre vie change à jamais ?"
Elle ne répond pas.
Elle va dans une autre pièce.
Patrick Jane est dans une salle du FBI. Autour de lui, les gens passent, parlent, rient, lui est amoureux. Ça vaut toutes les actions du monde.
Il écrit sur un papier, ou plutôt il se laisse mener par l'écriture. Le stylo glisse sur le papier à carreaux, il écrit, quelque chose d'incompréhensible. Il parait aussi que l'amour est incompréhensible.
Teresa inspire, s'apprête à faire face aux regards de ses collègues. Elle ouvre la porte, et découvre sur une table ronde, la tête entre ses bras, Jane. Elle marche à travers la pièce, on entend ses talons frapper contre le sol. Elle hésite entre partir - mais partir c'est fuir - et réveiller Jane.
Elle lui tapote l'épaule, il se lève d'un coup, les deux corps ne font désormais presque plus qu'un.
Elle est gênée, et a une main sans appui comme si elle ne pouvait pas la poser sur Jane. Elle est serrée contre son torse, lui reste droit, sans dire un mot, il la regarde et sourit. Il a sa tasse à la main.
Elle ne le regarde pas, elle est toujours aussi gênée mais ne bouge pas, comme si sa place était ici, dans les bras de celui qu'elle aime, celui qu'elle veut.
La chaleur de ses joues rouges se mélange à leur chaleur humaine.
Il prend sa main qu'elle ne parvient pas à déposer sur lui, il caresse ses phalanges et remonte jusqu'au bout de ses doigts, qu'il mord. Elle rougit encore.
Il pose sa tasse sur la table d'à côté et pose sa deuxième main sur son visage. Il dépose quelques baisers dans ses cheveux, sur ses paupières, ses oreilles, ses joues remplies de grains de beauté; constellation qui descend jusqu'au menton.
Elle se laisse faire, puis relève la tête sans le regarder.
Elle jete un coup d'œil dans la tasse, et remarque que ce n'est pas du thé...
- Je croyais que.. Tu avais dit que tu ne n'aimais pas le café. Dit elle, timidement et souriant un peu.
Elle fait glisser son index sur la table en bois, elle regarde le sol.
- J'avais également dit que je n'aimerais personne d'autre que ma femme. Comme quoi, une personne peut faire changer notre façon de penser.
Lisbon lève les yeux vers Lui.
Il pose sa main sur le menton de Teresa, positionne son visage en face du sien.
Elle a les yeux qui scintillent, comme des étoiles, passionnée. Elle pense que toutes nos passions reflètent les étoiles.
Elle a les yeux comme remplis de larmes. Ses mots sont des larmes qui ne coulent pas.
Il la prend dans ses bras. Ils sont maintenant corps contre corps, un corps qui absorbe Lisbon dans ses rêves les plus fous, un corps si frais, un corps qui renferme une âme, une âme qui aime.
Elle dit il faut que je vois un psy.
Jane dit que les gens croient que les psy sont la clé du bonheur.
Teresa dit qu'elle va devenir folle.
Jane dit qu'il est devenu fou d'elle.
- - - - Teresa se réveille, seule et sans rien, du néant autour d'elle comme dans tout son être à présent.
L'amour est le seul rêve qui ne se rêve pas.
