Un pas... Encore un... Un de plus... Un autre qui suit... Il faut qu'il y en ai un autre... Toujours... Sans aucun arrêt, sinon...
Sinon quoi? Il ne le savait pas et d'ailleurs, il n'avait aucune envie de le savoir. Alors il marchait la tête baissé, guidé par ses pas.
Il faisait chaud, terriblement chaud. Plus que la dernière fois, il faut dire que, à l'époque, il y avait des gens avec qui discuter. Mais il n'avait pas envie de penser à cette époque. Ruminer le passé, et surtout un passé aussi regretté, c'était pas bon, de quoi vous retrouver à manger les pissenlits par la racine.
Enfin, vu où il était, c'était sûrement pas les pissenlits qu'il allait manger, mais plustôt un bon paquet de sable... Du sable à perte de vue...
Il remarqua alors quelques rochers à environ cent mètres à sa droite. Il pouffa, "à force de regarder mes pieds" pensa-t-il "j'ai failli manquer un abris parfait pour la nuit."
Il s'approcha du futur abris, non sans méfiance. Il épaula sa carabine, à l'affut du moindre mouvement, faisant le tour des rocher. De la poussière s'envola du haut du rocher, il y grimpa agilement, braquant son arme sur la silhouette, également armé.
C'était une femme, une petite vingtaine d'années, "elle doit avoir mon âge, peut-être un peu moins" pensa-t-il. Il garda pourtant son arme dans le creux de son épaule, prêt à tirer. Mais elle, elle l'abaissa et s'assit à côté d'un sac à dos, s'adossant à une pierre. Lorsque cela fut fait elle fini par lui dire:
"-Tu n'as rien à craindre de moi, la Jambe Noire, on est dans le même camp... Enfin, s'il y en a un... Disons que je suis pas avec la Marine en tout cas."
Sanji n'abaissa pas son arme pour autant, une part de lui s'insurgeait encore sur l'idée de pointer une arme sur une femme, mais il l'avait mit en veilleuse depuis un bon moment maintenant. "Cette connerie a faillit me faire trouer la peau trop de fois" pensa-t-il "Je ne peux plus me permettre de faire passer l'hétique avant ma vie."
Ne le voyant pas réagir, la jeune femme souleva la manche qui couvrait son avant-bras droit, dévoilant un énorme "P" sanglant, sûrement marqué au fer rouge dans sa chair. "C'est une pirate" pensa le blond "Une pirate qui en a vue des vertes et des pas mûre, mais une pirate vivante."
Il abaissa son arme, la replaçant dans son dos, à porté de main et s'assit à côté de la jeune femme.
"-Content de n'avoir pas eu à te tirer dessus" lança-t-il.
"-Contente de n'avoir pas eu la peau trouée" répondit-elle.
Un long silence suivit. Sanji détailla sa voisine. Elle avaitdes cheveux blonds, coupées à la garçonne, la peau bronzée, les yeux d'un marron doux, tournant à l'orange. Son visage était enfantin, mais ses yeux reflettait une grande froideur "le regard de quelqu'un qui en a trop vue" conclut-il.
Elle se tourna brusquement vers lui et lui demanda:
"-Tu fumes, non? Sur ton affiche de recherche on te vois fumer, mais vu que c'est un dessin..."
Sanji fit signe que oui, un peu surpris par cette question. Elle sortit un paquet de cigarette et lui lança une cigarette.
"-Moi aussi, mais j'aime pas fumer seule, c'est déprimant. Et puis fumer ça me fait parler plus facilement et j'ai envie de vider mon sac. Pas toi?"
Il regarda la cigarette, ça faisait un moment qu'il n'avait pas fumer... Ce que ça lui manquait! Il sortit son briquet et alluma sa cigarette, puis celle de sa voisine.
"-Pourquoi pas" dit-il "Ca fera passer le temps."
"-Cool." elle tira avec plaisir sa première bouffée "T'auras intérêt à parler après, j'ai pas envie d'avoir l'impression d'être chez un psy ou dans un confessional..."
"-Oui, c'est plus agréable de se sentir dans une de ses réunions d'alcoolique anonyme!"
Elle rit doucement, profitant de sa cigarette. "Elle cherche ses mots" pensa-t-il "Faut dire qu'il s'est passé tellement chose..." Il en profita pour la regarder plus attentivement. Il en avait déjà croisé, d'autres fugitifs: des pirates, des révolutionnaires ou des personnes en ayant tout simplement il ressentait toujours ce même dérangement lorsqu'il parlait avec eux: ce tutoiement. Pas le tutoiement enfantin, de ces personnes amicales qui vous tendaient la main, sans y penser. Non, ce tutoiement transmettait un message bien clair, celui qui vous dit "Salut! Je ne te connais pas, tu ne me connais pas et nous nous connaiteront jamais car, tu vois, demain l'un de nous ne sera plus ici alors ce que je peux te dire aujourd'hui ne changera rien à ma vie. Je ne veux plus me lier à personne, ça fait trop mal, car aujourd'hui, nous sommes les proies des plus forts alors séparons nous demain et mourrons loin l'un de l'autre pour ne plus souffrir".
Elle fini par ouvrir la bouche:
"-Quand j'avais quinze ans, je me suis glisser dans la calle d'un bateau pirate. Je voulais en faire parti mais j'avais trop peur que l'équipage me refuse, alors je me suis caché, jusqu'à que le bateau quitte le port et après avoir attendu pratiquement un jours dans la calle, je suis sorti au grand jour." Elle sourit doucement. "Je me souviens encore de la gueule de l'équipage! Il ne pouvait pas faire demi tour et il n'avait pas le coeur de me balancer par dessus bord alors ils ont du m'accepter. Quelques jours plus tard je quittait North Blue... Tu viens de North Blue, toi non?"
"-Ouaip." répondit-il "J'y suis né mais j'ai vécu à East Blue... Comment t'as su?"
"-Peau archi blanche, cheveux blond... C'est un peu la marque de fabrique de North Blue... Enfin bref, t'imagines la suite, une belle vie d'aventures, de bonnes marrades, des grandes amitié... Jusqu'à ce jour..."
"-Déjà deux ans..." Dit-il d'un air sombre.
"-Ouais... J'aurais bien voulu disparaître moi aussi."
Il ne disait pas à voix haute ce qu'il s'était passé il y a maintenant deux ans. Ce jour maudit, il avait signifié le désespoir le plus total pour tout les pirates et même plus. La course des pirates, celle qui avait lancé son capitaine et qui l'avait entraîné... La course jusqu'au One Piece, stoppé de la manière la plus affreuse. On l'avait trouvé, au bout de Grand Line, mais il n'y eu pas de nouveau Roi des Pirates pour autant... Car ceux qui avaient découvert le fabuleux trésor fût la Marine.
Le dernier héritage de Gol D Roger, arraché par l'ennemi, ce fût un coup d'une grande dureté pour tout les pirates. Sanji se souvenait encore de la douleur qu'il avait ressentit ce jour là. "Mais j'aurais dû me douter" pensa-t-il "que cette douleur n'était que le commencement de ce cauchemard."
Le monde qui avait alors marché jusqu'à présent sur l'équilibre que créait l'opposition de la Marine et de la Piraterie fût basculé. La piraterie sombrait, ainsi que l'armée révolutionnaire, les plus malins fuyaient Grand Line, les plus téméraires se préparaient au combat, combat hélas perdu d'avance. On ne comptait plus le nombre d'équipage séparés, fracturés et anihilé en quelques mois. Mais la chasse ne s'arrêta pas là, la fièvre du pouvoir toucha la Marine. Après avoir chassé les plus gros, elle décida de s'attaquer à la plupart des pirates de Grand Line, puis ceux des quatres autres mers, ainsi que les anciens pirates qui s'étaient fait oublié... Rien qu'à cette pensée, une boule se forma dans la gorge de Sanji. Parmis ces anciens pirates, il y avait Zeff, ainsi que tout les cuisiniers du Baratié, excécuté sur l'île la plus proche, à des kilomètres de l'épave du navire-restaurant en train de sombrer. Il aspira une nouvelle bouffée de nicotine pour décoincer sa gorge.
"-Je voulais me battre." continua-t-elle "Je voulais vraiment. Je m'en souviens parfaitement. J'avais vingt ans, mais j'étais toujours la plus jeune de l'équipage. On était tous à terre, on entendait les balles siffler, les cris, des coups de canon, les tintement des sabres... Des bateaux de réfugiés commençaient à partir. J'étais prête, prête à mourrir pour mon équipage, pour défendre nos couleurs. Je regardais les bateaux qui tout doucement s'éloignait. Mon capitaine s'est mit à côté de moi, il m'a dis que je devais vivre, quoi qu'il en coûte, qu'on se rejoindrait peut-être à l'endroit habituel, là où se trouvait notre planque. Je ne comprenais pas pourquoi il me disais cela, surtout au moment où je m'apprêtai à mourrir pour lui, jusqu'au moment où il m'a saisi par le col et m'a lancée avec toute ça force sur le bateau des fuyards. Ma tête est allé rencontrée le mat, j'étais sonnée, lorsque j'ai repris connaissance il était déjà trop tard, le rivage éta it trop loin. Je le voyais sur le port, me regarder en souriant, j'ai hurlé, pleuré... Je ne sais pas s'il m'a entendu, il souriait toujours, puis s'est retourné et à rejoint le champ de bataille. Les jours qui ont suivit, je les ai guêté à notre planque, ils ne sont jamais venus, ils sont morts."
Il y eu un silence, elle regardait au loin, l'air sombre. Sanji l'observa, cet air triste qu'elle avait... Il lui faisait penser à Nami, quand on parlait d'Arlong, où bien Robin quand ils étaient allés la sauver à Enies Lobby. Il se rendit compte qu'il n'y avait pas que ce regard. Ces yeux, s'était ceux de Nami, cette couleur, cette trace de malice (hélas éteint maintenant chez ceux de sa voisine) qui y brillait, et ce sourire, c'était ceux de sa Robin... Il détourna alors le regard, comme brûler par le simple fait de la regarder. "Je ne dois pas la regarder" pensa-t-il "Sinon je vais devenir fou!"
"-Je suis la seule survivante de mon équipage. Si j'ai continué à vivre jusqu'à aujourd'hui, c'est parce que mon capitaine m'en avait donné l'ordre." elle semblait parler pour elle même, oubliant la présence du cuisinier. "Je tenais en espérant qu'au moins l'un d'entre eux serait en vie, mais je me trompais. Je suis seule, je n'ai nulle part où aller. J'ai plus rien à faire ici."
Elle ramassa sa carabine, l'observa quelques instants et murmura:
"-Il y a plus d'espoir pour non, hein? On continuera à nous chasser, jusqu'au dernier."
Il ne répondit rien, il n'avait rien à dire. Que pouvait-il dire? D'un air ailleurs, elle plaqua le canon sous son menton, tapottant doucement la gachette. Le jeune homme ne s'afolla pas, il connaissait ça, il s'était plusieurs fois retrouvé dans la même situation. Elle pesait le pour et le contre, ce qu'elle gagnait à traîner encore sa vie. Il se rendit compte, à ce moment là, qu'elle était belle. Oui elle était belle, incroyable qu'il ne l'ai pas remarqué avant. Pourtant, il y a quelques années, il en était sûr, il l'aurait remarqué dès le premier regard "Oui, l'ancien Sanji lui aurait sauté dessus tout de suite, les yeux en coeur, il lui aurait aussi sûrement arraché la carabine des mains, en chevalier servant... Mais je ne suis plus ce Sanji là... Mon Dieu, ce que j'aimerai encore l'être!"
Au bout d'un petit moment, elle reposa l'arme, écrasa son mégot et alluma une nouvelle cigarette. Ce n'était pas encore son heure.
"-Et toi?" reprit-elle "C'est quoi ton histoire? Qu'on fait les chapeaux de pailles dans tout ce merdier?"
Sanji fit de même et profita de sa première bouffée. Il rassembla sa mémoire, ce qu'il avait pourtant évité de faire depuis longtemps.
"-Lorsque tout a commencé, on était déjà dans un gros merdier, alors on a rien pu faire."
Elle le regarda d'un air interrogateur, il continua alors sur sa lancée.
"-Plus d'un an avant tout ça, tout à basculé pour nous... Enfin plutôt pour moi. On était sur notre bateau, peinards, pas d'ennemis à l'horizon, un temps calme pour le moment. Je suis allé préparer à manger, comme d'habitude..."
"-T'étais cuistot?"
"-Ouaip. Le seul cuistot de l'équipage. Enfin bref, je fais mon boulot et là, crois moi ou non, une lumière aveuglante a jaillit des hublots. J'ai entendu Nami crier... Chopper, Brook et Ussop ont crié aussi je crois. Je suis sorti en trombe, mais il était trop tard."
"-Ils étaient morts?"
"-Pire. Ils avaient disparus. Tout bonnement disparus, comme s'ils n'avaient jamais été là. Pas la trace d'un ennemi prenant la fuite, rien. Tout était exactement dans le même état."
Il fit une pause, les yeux levé vers le ciel, regardant la fumée de leur cigarette s'envoler.
"-Je les ai cherché pendant plus d'un an, je voulais comprendre. Où étaient-ils? On ne disparaît pas comme ça quand même? Et puis la Marine a commencé à devenir ce qu'elle est. Mais j'ai continué à les chercher, en me disant que lorsqu'on serait de nouveau ensemble, on se batterai pour défendre l'honneur des Pirates. Mais la Marine m'est tombé dessus en premier. Je me suis battu comme je le pouvais, en vain... J'ai passé moins d'un an là-bas, à Impel Down, me demandant si mes amis étaient dehors, ici dans cet Enfer, ou bien au fond de l'océan. Jusqu'au jour où j'ai réussi à m'enfuir."
"-Tout seul? C'est impossible! Qui t'as aidé?"
"-Désolé, mais je ne peux pas te le dire, j'ai promis."
Maintenant, les images de cette époque lui revenait, L'enfers sur Terre, Impel Down. C'était Monkey. D. Garp qui l'avait sorti de cet endroit maudit. Il se souvenait encore de ses mots "J'ai déjà dû excécuter l'un de mes petits fils, je ne veux pas recommencer cela. C'est pourquoi je vais te sortir d'ici et tu vas chercher Luffy." Il lui avait ensuite promis de garder secrette cette trahison et il avait pris la fuite.
"-J'ai continuer à chercher sans résultat et je cherche encore. Je compte traverser ce désert et rejoindre Alabasta."
Il écrasa sa cigarette, hésita à en prendre une troisième, puis finalement en pris une.
Alabasta. Cette ville représentait une grande aventure, mais aussi une amie laissé derrière, Vivi. Qu'était-elle devenue? Par la simple présence de la princesse, Sanji y voyait un potentiel terrain de sécurité et, qui sait, les autres pensait peut-être de même. Peut-être que le lendemain soir, il retrouverai au palais royal Luffy entrain de bouffer comme dix, Nami le frappant en disant qu'il allait devoir la rembourser au quintuple pour le morceau de viande qui venait de lui et Francky parlerai mécanique sans s'arrêter, voulant lui montrer tout ce qu'ils avaient fabriqué pendant son jouerai sûrement de la musique, Robin, sourirait sûrement devant ce spectacle et Chopper ferait de même, des étoiles dans les yeux... Et le Marimo dormirait sûrement dans un coin. "Ouais, ce serait super" pensa-t-il "mais peut probable".
"-Je te déconseille Alabasta." Répondit la jeune femme "J'en viens. Tout est à feu et à sang, la Marine est sans pitié. D'après ses sources, la princesse Vivi aurait été complice d'actes de piraterie. Ce n'est qu'un soupçon mais mieux vaut en faire trop que pas assez. Ils ont voulu l'arrêté, ainsi que la famille royal, mais le peuple s'est révolté. C'est la guerre. Certains disent que la famille royal est tombée sous les balles, d'autres qu'elle a réussi à s'enfuir."
Sanji baissa la tête, triste. "Mon Dieu, Vivi. C'est pas vrai... Si elle meurt par notre faute, je me le pardonnerai pas."
Ils restèrent ainsi en silence, a regarder l'horizon. Le soleil commençait à disparaître, bientôt, la chaleur écrasante allait disparaître pour laissé un froid glacial. Ce qu'il aimerai retourner dans le temps! Retourner à l'époque où il avait dû traverser ce désert. Aujourd'hui, l'idée de devoir sauver un pays des mains d'un tyran ne lui parraissait pas si terrible. "Tout parraît moins terrible à côté de l'idée d'être seul. Tout était possible avec eux."
"-C'est moche, hein?" ajouta-t-elle "La Marine aura beau dire ce qu'elle voudra, ce monde était meilleur avant.
"-La vague de piraterie de Roger n'aurait pas dû s'arrêter si tôt."
"-Une vague?" dit-elle d'un air sombre "Moi j'appelle ça un clapot, et encore. Juste de quoi vous bourrer de rêves plein la tête et vous les arracher dès qu'ils se concrétisent."
Il y eu un silence. Au bout d'un moment, Sanji entendit sa voisine rire doucement. D'un rire grinçant. Il se retourna, interrogateur
"-Non, c'est rien." justifia-t-elle "J'étais entrain de penser à quel point ce monde à pu changer et moi avec."
Elle rit encore et regarda longuement Sanji, il fit de même. "Son regard me dérange, je revois Nami et Robin, s'occupant de leurs plantes et moi leur apportant le thé. Je vois les autres aussi, vaccant à leurs occupations. Je vois cette paix insolente qui me ronge maintenant. Ca fait mal, vraiment trop mal, mais je ne peux pas m'empêcher de la regarder."
"-Ca peut paraître étonnant comme ça" dit-elle toujours en le regardant "Mais il y a deux ans, j'étais une fille frivole, voir naïve. Lorsque j'ai rejoint l'équipage, c'est parce que l'idée d'une vie d'aventure et de liberté me charmait. Je rêvais de vivre des tonnes d'aventures, de rencontrer un bel aventurier avec qui vivre une grande histoire. Ca me parait tellement con aujourd'hui, mais à l'époque j'en était persuadé..."
Elle rit encore un peu.
"Je crois que, si on s'était croisé à l'époque, je t'aurais trouvé à mon goût. Je me serait dit que tu était peut-être cet aventurier."
Elle rit de plus belle, cette fois accompagné de Sanji. Et lui, s'il l'avait rencontré plus tôt, il n'aurait pas eu une meilleure réaction, il en était sûr.
"-Et moi je pense qu'à l'époque, je n'aurait pas dit non, bien au contraire" ajouta-t-il. Il rit de nouveau "Non, j'en suis même sûr, je t'aurais sauté dessus au premier regard!"
Leurs rires partirent en éclats.
"-Quelle ironie!" dit-elle "T'as pas l'impression d'être un peu à la bourre?"
Et ils rirent de nouveau pendant un long moment. Lorsqu'ils furent un peu calmés, Sanji sorti deux bouteilles de rhum de son sac et en donna une à sa voisine.
"-Ce sont mes dernières bouteilles. Je les gardais pour une grande occasion, je pense que cette rencontre est une bonne raison. Qu'en penses-tu?"
"-Ca marche! Mais à quoi trinquons nous?"
L'ancien cuisinier réfléchit un instant, puis leva la bouteille et dit solenellement:
"-A la vague morte! Et à tous ce qu'elle à emporté au passage."
"-A la vague morte!" reprit-elle "A nos rêves oubliés, à la fin de la liberté et à nos amis disparus."
Ils burent ensemble, riant un peu, mais pleurant interieurement, mais cela leur faisait du bien de ne plus se sentir seul au monde, au moins jusqu'à demain. Ils parlèrent de ce qu'ils auraient faits si rien n'avait changé, de leurs rêves, leurs ambitions... S'ils s'étaient rencontrés plus tôt. Là dessus, ils ne pouvaient s'empêcher de rire, peut-être se seraient-ils aimés, puis mariés, avec des tonnes de gosses... C'était hilarant pour eux, un bel acte manqué comme diraient certains, mais on ne rattrape pas le temps.
"-Tu sais, Sanji, j'aurai bien aimé que ça arrive tout ça. Au moins j'aurais quelqu'un à qui m'accrocher."
"-Moi aussi."
Ils se regardèrent sans rien dire. Bien sûr, tout cela était impossible. Ils étaient seuls maintenant, nouer des liens étaient réellement mal venu en cette période. "On survit seul, on continue seul et on mourra seul. Voilà le fardeau des survivants." pensa Sanji. Les bouteilles étaient maintenant vides. Elle regardait de nouveau au loin, l'oeil vide.
"-C'est dur d'être seule." dit-elle pour elle même. Elle se tourna vers lui et lui lança "Tu sais, tout à l'heure, je t'ai dis que j'attendais mes amis à notre planque. Devine où est cette planque."
Sanji ne répondit rien, ne sachant que dire. Son équipage et lui n'avait jamais eu de planque où mettre leur trésor, il y connaissait que dalle.
"-Il est juste ici, sous ces pierres." dit-elle "Si tu fais le tour, tu trouvera une petite entrée, de quoi te faufiler à quatre pattes. Ce petit chemin mène à une petite grotte aménagé, tu y trouvera, sous quelques pierres, un coffre. Sers toi si tu veux, ce trésors ne m'intéresse plus."
Elle se leva, prit sa carabine. Elle s'apprêtait à partir, quand elle se retourna, s'accroupit devant Sanji et l'embrassa furtivement. Il ne réagit pas, un peu étonné. Elle lui sourit.
"Merci" dit-elle "Merci de m'avoir écouté et de m'avoir parlé, mon bel aventurier."
Elle s'éloigna et sauta des pierres. Sanji ne bougea pas, mais une voix qu'il pensait avoir fait taire se réveilla. "Que fais-tu? Va la rejoindre!" dit cette voix qu'il connaissait trop bien "Elle t'as dit qu'elle t'aimait, tu l'aimes bien aussi!" "Je ne peux pas la rejoindre" répondit-il "Sinon nous souffrirons encore." "Fais pas le con! Vas-y! Pas seulement pour ça! Tu sais bien se qu'il va se passer dans quelques secondes!" "Oui, je crois savoir, oui." "Alors bouge toi! Qu'est-ce que tu attends! Empêche que cela arrive!" "Non, c'est son choix. Si je faisais de même, je ne suporterai pas qu'on se mette en travers de ma route" "C'est pas vrai!" saffola la voix "Il y a deux ans, tu te serais bougé le cul! C'est contre toutes tes valeurs! Et..." "J'ai changé." conclut-il "L'ancien Sanji auquel tu fais allusion est mort il y a longtemps. Il est mort quand ses amis ont disparu, il est mort à Impel Down, il est mort quand Zeff l'a vue dans la foule avant l'excécution... Maintenant il y a moi, le Sanji qui n'a nulle part où aller, qui n'a plus de rêve et qui va laisser les choses se faire pour cette jeune fille car ça lui paraît inhumain de l'empêcher de faire ce qu'elle veut faire."
A ce moment là, un tir se fit entendre, suivit du bruit sourd d'un corps s'écrasant sur le sable. "Trop tard!" gémit la voix "Tu l'as laissé faire! Tu l'as laissé faire!". Il ignora la voix et descendit à son tour. Comme il le pensait, à quelques mètres des rochers, se trouvait maintenant le corps de la jeune femme, la carabine encore fumante. Tu sang coulait abondament de sa tempe, tachant le sable et ses cheveux. Il retourna le cadavre, ses yeux vides étaient à demi-ouverts, ils les ferma et nettoya doucement le sang avec sa manche. Il reposa le cadavre, prit l'un des rochers plats et s'en servit comme d'une pelle pour creuser une tombe. Dès que cela fut fait, il déposa le corps avec l'arme et l'enterra, non sans regarder une dernière fois ce visage. La besogne ternimé, il posa la pelle improvisée sur la tombe et voulu y graver quelque chose. Il se rendit alors de quelque chose de tout à fait stupide qui le fit rire.
"-Ton nom!" dit-il "Je ne connais même pas ton nom! Toi tu connaissais le mien et pas moi! Comme ça aurait été plus pratique que se soit moi qui meurt! Tu aurais eu quelque chose à graver dessus, toi!"
Il rit encore, puis eu une idée qui le fit encore plus rire. Il prit un caillou et écrit maladroitement sur la pierre:
R.I.P
Ma femme, emportée par la vague morte à son tour.
Il déposa le caillou. Oui, ça devrait faire l'affaire. Il remonta sur les rochers, récupéra ses affaires. Il s'apprêtai à partir lorsqu'il repassa devant la tombe, il s'y arrêta et pria pour l'âme de la jeune femme. "Où que tu sois, j'espère de tout mon coeur que tu as retrouvé ceux qui t'étaient chers. Moi aussi j'espère que je retrouverais les miens, mais vois-tu, ça ne peux pas être aussi simple que toi, car je ne sais pas s'ils sont morts où non. Je ne pourrais pas partir en paix tant que je n'aurais pas au moins trouvé leur cadavres et que je n'aurait pas compris comment ils ont disparus. Un jour nous nous retrouverons peut-être, ma chère."
Il prit son sac et s'en alla, de nouveau guidé par ses pas.
Si vous êtes là, c'est parce que vous avez lu ce OS... Enfin normalement. Bref! J'espère que ça vous à plu! J'ai longtemps hésité à prendre comme personnage Sanji, j'étais tiraillée entre lui et Ussop, qui aurait été intéressant à faire aussi je trouve... Mais j'ai choisi Sanji car j'aimais bien l'idée de le voir totalement blasé, oubliant ses propres convictions... QUE LES FANS DE SANJI ME PARDONNENT POUR CE PÊCHE! *pars en courant*
Et sinon... Reviews?
