Le Shaman de Sade

Les humains sont tous les mêmes. Quelles que soient les générations, ils se posent tous les mêmes questions :

« Pourquoi fait il ça ? »

« Pourquoi est il si monstrueux ? »

« Comment peut il sourire en regardant ses ennemis brûler vifs ? »

Années après années, âges après âges, Hao les lit dans leurs esprits, toujours identiques, comme autant de pierres qui reviennent à leurs lanceurs après avoir été jetées.

A toutes ces questions il n'y a qu'une seule réponse, mais il ne l'a jamais donnée.

Ils ne pourraient pas comprendre - et à laver la tête d'un âne, on y perd sa lessive.

Pourquoi perdre son temps à expliquer à ceux qui ne savent pas lire dans les pensées, les frissons de plaisir glacés qui vous rampent sous la peau comme des nuées d'insectes, la délectation des derniers instants de calvaire, et l'ivresse que l'on ressent à être haï ?

Qui pourrait concevoir les délices que l'on touche, dans les premières minutes du combat, alors que l'arbitre n'a pas encore sifflé la sentence, à sentir la peur de l'adversaire – de la proie – céder à l'agressivité, à voir les yeux brulants de colère se ficher dans les siens pour ne pas les fuir, et les mâchoires grincer pour ne pas trembler ?

Hao se délecte en silence de ces simagrées, goutant avec mesure aux lambeaux d'animosité et d'angoisse qui lui parviennent, entrecoupés d'une sourde épouvante, et d'une terreur sans nom. Chaque regard, chaque sourire de sa part les amplifie d'avantage – dans la foule qui frissonne et la proie qui trémule - et il aime ça. Il adore ça.

Puis l'arbitre siffle, et le sacrifié, comme pour couper court à son supplice, lance l'attaque -la première et la dernière - : toute la pression se libère, d'un coup, et le désir de tuer jaillit vers Hao, concentré et violent comme un boulet de canon. Mais à peine est il temps d'en effleurer la jouissance qu'il est déjà mort, occulté par une immense souffrance pendant que la proie se contorsionne en hurlant sa douleur dans les flammes du Spirit of Fire.

C'est à cet instants précis, lorsque la cruauté est la plus grande, qu'éclate la Haine.

Des paches, des gradins, de toutes les créatures vivantes ou mortes de la nature s'élève une haine indicible, implacable, d'une férocité démente, toute dirigée vers Hao. Elle pleut dans son esprit et sur son corps comme une armée de clous, et les frissons le parcourent, dans tous les sens, jusqu'au plus profond de ses entrailles, et dans le creux de ses os. Comme une vague. Effroyables. Orgasmiques.

Même si il l'expliquait, ils ne comprendraient pas.

Mais pour cette sensation, cet unique plaisir, Hao pourrait exterminer des peuples entiers, torturer des enfants, éviscérer des parents devant leur infâme progéniture. Il serrait capable de tout. Tout ; pourvu qu'on le haïsse, et qu'il puisse ressentir les frissons du délice, encore et encore.

La nature réclame ces sacrifices, à corps et à cris, alors pourquoi ne pas joindre l'utile...à l'agréable ?

« Impérieux, colère, emporté, extrême en tout, d'un dérèglement d'imagination sur les mœurs qui de la vie n'a eu son pareil, en deux mots me voilà : et encore un coup, tuez-moi ou prenez-moi comme cela, car je ne changerai pas »

SKSKSKSKSK

Voili voilou ^^ la dernière phrase est une citation du marquis de Sade, dixit sa biographie sur Wikipédia. Je trouvais que ça collait assez bien avec cet OS, et le profil que je fais ici d'Hao. Ça manque peut être un peu de finesse dans l'écriture, mais pour le coup j'arrive pas à faire mieux U_U

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