Titre : Une histoire de cigogne

Disclaimer : Hetalia appartient à Hidekaz Himaruya

Thème : Les mythes autour de la naissance.

Personnages/couple majeur : America (Alfred F. Jones)/China (Wang Yao); Canada (Matthew Williams)/Italie du Nord (Feliciano Vargas), Angleterre (Arthur Kirkland), France (Francis Bonnefoy), Russie (Ivan Braginsky) et autres... Deux personnages sont féminisés pour des raisons scénaristiques ou humoristiques.

Chapitre bêta-lecté par Becca86 : As-tu au moins une vague idée de comment tu es venu au monde ?

Rythme de parution : Toutes les deux semaines.

Mot de l'auteur : Cette fanfiction est basée sur le manga Hétalia, lui-même basé sur des faits historiques dans un but humoristique. Cette histoire s'inspire donc de faits réels ainsi que de légendes à travers le monde. J'ai essayé d'être la plus fidèle possible aux faits historiques ainsi qu'aux mythes et légendes même s'il se peut que des erreurs monumentales se soient glissées dans le récit. Je ne suis pas historienne du tout mais simplement une amatrice. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques pour que j'ajuste le tir.

C'est justement le côté narratif d'évènements historiques à travers des personnages qui m'a attirée dans ce fandom.

Dans cette fanfiction, je considère les personnages représentant les nations comme des êtres humains soutenant leurs pays ou leurs nations indépendamment de leurs sentiments personnels (par exemple Alfred F. Jones(America)/Wang Yao (China), couple majeur de cette histoire) ce qui rend les relations internationales complexes et tendues.

Premier chapitre : « As-tu au moins une vague idée de comment tu es venu au monde ? »

Contexte historique : 1917, peu de temps après la déclaration de guerre des Etats-Unis à l'Allemagne.

Les Etats-Unis recrutent des troupes (grâce à la fameuse affiche de l'Oncle Sam) pour mener la guerre alors que, de son côté, la Chine est en plein conflit interne depuis l'abdication de son empereur en 1916. Ce sont les prémices du communisme sur le continent asiatique (ainsi qu'en Russie).

Pour comprendre cette histoire de petits pois : Comme le thème principal de cette histoire est la légende européenne de la cigogne, il fallait une raison de la déterrer. Et la première guerre mondiale me permet d'amorcer ce mouvement d'intérêts des nations Hétaliennes pour leurs origines biologiques (origines tout à fait arbitraire de ma part pour pimenter le récit).

Pour ceci, remontons au XIXème siècle dans l'Empire Autrichien (de Roderich Edelstein et d'Elisaveta Erdevary dans le manga)…

En 1865, Grégor Mendel, le prêtre autrichien père de la génétique moderne, publie son article : Recherche sur des hybrides végétaux. Ses théories ne seront reconnues qu'au début du XXème siècle, peu de temps avant la première guerre mondiale, grâce à plusieurs chercheurs européens (des Pays-bas, d'Allemagne et d'Autriche) ayant prouvé indépendamment sa théorie à la même époque sans connaître Mendel. Ses théories sont à la base de la génétique moderne grâce à des plantations de petits pois.

Petit détail de compréhension : Pour ce qui est de l'alcool et du lait animal, une grande partie de la population asiatique (comme celle des Amérindiens) n'arrivent pas à les assimiler aussi bien que les européens par différences enzymatiques. Toutes les autres populations également mais en nombre plus réduit. C'est connu depuis très longtemps mais ce n'est prouvé génétiquement que depuis peu de temps.

Voilà, vous avez les cartes majeures pour la compréhension du premier chapitre et de l'histoire en général... Bonne lecture.

Un jeune homme de type caucasien avec des lunettes vintage dégustait avec son allié asiatique un alcool fort. Il était plutôt séduisant avec son sourire franc et sa désinvolture, il le savait même s'il faisait semblant de l'ignorer avec une naïveté déconcertante voire navrante. Malgré les injonctions de son « grand frère », il préférait paraître négligé avec sa tenue d'aviateur débraillée pour ne pas être constamment harcelé. Il devenait un parti de plus en plus intéressant pour de nombreuses nations. Et, à part quelques irréductibles, les autres pays lui tournaient autour.

Il n'y avait qu'à voir le regard flou de son invité pour avoir une vague idée de son sex-appeal fantastique.

« Je t'ai déjà dit que je ne tiens pas le Scotch, America. Un seul suffit à me faire tourner la tête, alors deux... »

Un peu sonnée, la nation asiatique se frotta les yeux tandis que des rougeurs envahissaient ses joues pâles. Alors cette légère absence dans ses iris sombres ne serait que l'œuvre de l'ivresse. Lascif, son invité se mit plus à l'aise dans le fauteuil en déboutonnant le col de son uniforme militaire.

Légèrement décontenancé, Alfred déglutit devant cette vision inédite que lui offrait son allié dans cette guerre mondiale.

« Tu ne veux pas trinquer encore avec moi, China ? Tu oublieras tes soucis, tu verras !

- C'est comme pour le lait, je ne supporte pas.

- Que c'est ennuyeux… On ne peut pas s'amuser avec les asiatiques.

- Il paraîtrait que ce serait génétique. C'est comme ça.

- Génétique ?

- L'Europe a fait des expériences avec des petits pois avant la guerre…»

Yao avait l'air complètement ailleurs mais il semblait encore assez lucide. Comme lui aurait conseillé Francis, il était temps d'aller à la pêche aux informations en profitant des faiblesses fortuites.

« Et le rapport avec l'alcool ?

- Quasiment aucun…

- Alors c'est quoi, la génétique ?

- Demande à France, râla Yao en se passant la main sur le front. Ce n'est pas à moi de faire ton éducation !

- Je croyais que c'était Arthur qui… »

Yao se redressa sur son siège en étrécissant dangereusement ses yeux en amande comme s'il réfléchissait à toute vitesse. Enfin, autant que la substance traîtresse le lui permettait.

« Oui, tu as raison… C'est Arthur qui t'a élevé. J'ai les idées qui s'embrouillent…

- Non, on disait que l'Europe s'amusait avec les petits pois en pleine guerre. L'agriculture n'a rien à voir avec l'éducation ! »

Chine eut un regard las avant de soupirer et de bâiller.

« Il vaudrait mieux que je ne rajoute pas un mot de plus.

- Allez, c'est quoi cette histoire de petits pois ?

- Je vais me coucher, tu demanderas à Arthur !

- Ma curiosité a été piquée, please, please, please…. »

Devant la litanie incessante d'US, Chine se tint la tête puis réclama le cessez-le-feu immédiat.

« En fait, Mendel a remarqué qu'en croisant une espèce et une autre, de petit pois bien entendu, il arrivait à créer une nouvelle espèce entre les deux. Il a sorti tout un tas de règles pour prédire les résultats de telles unions. Voilà ! Et ça m'énerve ! Roderich et Elisaveta vont fouiller dans mes affaires !

- C'est compliqué, les plantes ! Heureusement, les nations, c'est beaucoup plus simple !

- Tu n'as vraiment qu'un petit pois dans la cervelle ! Et je suis sûr qu'il est ridé celui-là, s'emporta le pays pourtant si souvent maître de lui-même.

- Je ne suis pas un imbécile !

- On en doute tellement souvent, lui cria dessus Yao en s'agrippant de toutes ses forces à sa veste marron. Tu n'es même pas capable de voir la vérité en face, et d'aller demander des comptes aux deux boîtes de conserve qui t'ont jeté dans la salade !

- Là, tu es vraiment ivre, constata America à l'haleine chargée qu'on lui soufflait dessus. Tu racontes n'importe quoi. Je ne pensais pas qu'un petit verre de rien du tout te mettrait dans un état pareil. »

Yao eut ce regard déterminé et légèrement fou qui impressionnait toujours Alfred quand il s'adressa de nouveau à lui.

« As-tu au moins une vague idée de comment tu es venu au monde ? »

Gêné, Alfred se gratta l'arrière du crâne en riant alors que Yao s'installait confortablement sur lui. Pour quelqu'un qui détestait les contacts, il les recherchait un peu trop à cet instant-même en lui posant une question d'ordre intime.

« Rien à voir avec les petits pois, en tout cas.

- Au moins, on est d'accord sur ce point.

- Je sais que ça paraît assez fou comme histoire.

- Cela nous a tous surpris.

- Oh, vous le savez, je croyais que c'était ultraconfidentiel. Et, en même temps, il n'y a pas de quoi en faire tout un fromage.

- Evidemment, c'est aussi évident que le nez au milieu de ta figure. »

America eut de nouveau son petit rire gêné avant d'avouer :

« Eh oui, ce n'est pas tous les jours qu'une cigogne traverse la Manche ! »

Yao s'approcha un peu plus de lui avec une attitude méfiante tout en ne lâchant pas sa prise sur sa veste. C'était horriblement gênant.

« Rassure-moi, tu parles par métaphores interposées ?

- C'est quoi une métaphore ?

- Une image pour cacher la terrible vérité, proposa-t-il.

- Je te jure, une cigogne…

- Une cigogne, grogna la Chine. Ne te fous pas de moi ! »

D'habitude, l'asiatique était beaucoup plus courtois. Il avait vraiment l'alcool mauvais.

« Mais si, la cigogne m'a porté dans un drap blanc jusqu'à Buckingham Palace. Il est vrai qu'on ne connaît pas son nid de départ mais on sait qu'elle a traversé la France puisque Mathieu a glissé en plein jardin de Versailles… »

Le représentant de la Chine cogna sa tête contre son épaule en soupirant d'exaspération.

« C'est pour ça qu'on a été séparés avec mon jumeau… Une simple erreur d'aiguillage. Et dire que France a cru pendant un moment que Mathieu était né dans le persil et avait une marraine la fée…

- Et la Louisiane, elle est née au milieu des roses et encerclée par des licornes, peut-être ? ricana Yao.

- Exact. Alors ce n'était pas si confidentiel que ça. »

Yao roula sur lui-même pour rejoindre le sol ainsi qu'une hilarité étrange.

Désappointé, Alfred considéra la nation étrangère comme trop bourrée pour son propre bien. Jamais la Chine ne se comportait de manière aussi vulgaire et ne démontrait sa joie de manière aussi expansive. Il n'y avait pas de quoi se moquer de ses origines même si la cigogne était un oiseau dénué de toute noblesse. Peut-être était-ce plus drôle sous l'effet de la substance ambrée ?

A force de rire, Yao commença à s'étouffer, ce qui inquiéta Alfred.

Il se pencha vers la Chine qui toussait. N'écoutant que ses vagues souvenirs de scout, il déboutonna le haut de la veste militaire pour dégager sa gorge malgré ses protestations faibles. Yao reprit ses esprits quand Alfred le releva par les hanches.

alfred observa l'invasion éclair des joues du Chinois par une rougeur de gêne intense.

« Oh, je suis trop proche, plaisanta-t-il. Cela n'avait pas l'air de te gêner tout à l'heure. »

Alfred se tut en louchant sur la poitrine ferme et découverte sous l'uniforme militaire alors que ses mains se cramponnèrent instinctivement aux hanches bien trop larges pour être masculines. Il sentit le corps de l'autre nation se tendre de manière exquise.

Passé le choc, il ouvrit encore plus grand sa bouche en lui posant une question muette. Il valait mieux passer encore pour l'imbécile de service et faire taire Oncle Sam.

Yao semblait affreusement mal à l'aise alors il prit un air beaucoup plus sérieux pour la rassurer.

« C'est ton petit secret ? Si je comprends bien.

- C'est plus qu'ultraconfidentiel, beaucoup plus…

- Top secret défense.

- Mes troupes n'obéiraient pas à une femme. » dit Yao précipitamment.

La Chine sembla hésiter un instant avant de rajouter avec honte.

« Je ferais n'importe quoi pour que tu te taises. »

Les mains fines de l'asiatique se levèrent lentement pour écarter les pans de son vêtement vert mais Alfred les saisit vigoureusement avant qu'une limite licencieuse ne soit franchie.

Yao baissa la tête en signe de soumission totale, ce qui déconcerta l'autre nation.

Avec un sourire doux, America lui releva le menton en effleurant à peine ses lèvres avec ses doigts malgré lui. Elle le dévisageait avec étonnement alors qu'il la sentait émotionnée de leur contact. Avec énormément de respect, il se mit à reboutonner sa veste jusqu'à fermer le col en faisant taire son trouble devant le grain appétissant de cette peau. Son envie devait transparaître dans son regard océan et il ne lâcha pas le désir secret dans les yeux de son alliée.

« On n'a jamais eu cette discussion, et je n'ai rien vu. »

L'admiration muette de la Chine le laissa tremblant alors qu'il s'éloignait d'elle à regret.

« Ce sera tout, pour ce soir. » dit-t-il en s'enfuyant presque dans les couloirs en laissant une Chine rêveuse.

Ce fut le rhabillage le plus sensuel de toute son existence.

Elle crut toucher de très près les étoiles. Juste du bout des doigts.