Auteur : Isa

Genre : UA, vie de tous les jours, futuriste

Couple : Il y a très longtemps, Meanne77 m'avait demandée si je pouvais lui écrire une 2x1xR…Dur dur LOL enfin on peut dire que j'ai fait de mon mieux…même si c'est pas forcement dans ce sens ;;;;

Résumé : Choisir sa vie ? Est-ce possible de nos jours ? Le gouvernement et les personnes riches ne contrôlent-elles pas la majorité des gens ? Avons-nous vraiment le choix ? Ceci est une petite partie de mon histoire et la seule chose importante à connaître est que je fais parti de la majorité des gens…

'Bébé arrive'

A mon amie Meanne77 qui j'espère passe de bons moments dans la deuxième 'belle' () ville de France !

Chapitre 1 : Moi, toi et eux.

Cours actuel d'histoire de l'humanité :

Il y a maintenant plus de trois cent ans que l'être humain a conquis l'espace et s'est installé dans les colonies. Ce projet de longue haleine a provoqué des mutations aussi bien chez l'homme que chez la femme. Le nombre de naissance a diminué frôlant parfois le zéro. La recherche s'est donc activée sur la création d'un quelconque remède pour subvenir à ce problème soudain.

Le Professeur X a dans la même période découvert chez un homme le début d'un changement hormonal et interne. Plusieurs études ont montrées que cet homme avait l'équivalent d'un utérus en lui. Plusieurs cas similaires ont été ensuite répertoriés jusqu'à ce que les médecins se rendent compte que la plupart des enfants mâles naissaient ainsi. Mais les tentatives de fécondation ont toutes échouées. Il a fallu attendre plus d'une vingtaine d'années pour qu'un chercheur Y découvre le stimulateur de fécondation. Ce médicament connu sous le nom de 'bébé arrive' venait de faire sa première apparition. L'objet de ce médicament est de provoquer une excitation de la zone à féconder, aussi bien chez l'homme que chez la femme. En plus simple pour vous, il agit comme un précurseur à l'ovulation.

A cette époque, les gens étaient ravis de cette découverte mais ils se sont vites rendus compte que le fécondateur était vendu à un prix phénoménal. Il n'y avait que les personnes aisées qui pouvaient se l'offrir. Un débat fut lancé par le gouvernement et il fut décidé que seules les personnes ayant les moyens d'élever un enfant, et donc s'offrir le produit, pouvaient en bénéficier. Et d'un autre côté, ces mêmes hommes qui dirigeaient décidèrent de favoriser l'adoption. Tant d'enfants abandonnés jonchaient les rues qu'il était préférable de ne pas en rajouter.

Le système fonctionna à merveille. De nos jours, ils existent peu d'enfants dans les rues et toutes les personnes désirant un enfant peuvent facilement en avoir un du fait de la facilité de l'adoption.

Bien entendu ce système présente des désavantages mais pour le moment, la population est stable et tous les problèmes de surpopulation ont été résolus. De plus, malgré ce système performant, des enfants sont tout de même abandonnés ou leurs parents se retrouvent incapables de les élever. De ce fait, il existe toujours des abandons. Les orphelinats et centres de secours sont toujours pleins.

Le précurseur 'bébé arrive' est l'une des petites merveilles de notre nouvelle civilisation !

Duo referma le livre et soupira. Il trouvait franchement injuste que seuls les gens aisés puissent s'offrir la joie d'avoir un enfant à eux. Bien entendu, c'était super d'adopter, lui-même faisait parti des enfants abandonnés, mais c'était diffèrent. Ce n'est pas 'son' enfant : la chair de sa chair, le sang de son sang. Mais ce n'est très certainement pas avec son maigre salaire de professeur qu'il pourrait s'offrir ce médicament.

Il soupira encore. Le seul moyen d'avoir un enfant à lui serait de rencontrer un homme ou une femme avec de l'argent. Mais tout au fond de lui, ce n'est pas ce qui l'intéressait. Il voulait rencontrer l'Amour, avec un grand A. Une personne à chérir et à protéger si possible. Etait-il trop optimiste ?

Il rangea son livre d'histoire puis prit un autre bouquin. Celui-ci était aussi gros que le précèdent et contenait cette fois un lexique de tous les nouveaux termes consacrés à 'bébé arrive'. Dire qu'il allait devoir enseigner tout ceci. Lui qui souhaitait étudier les mathématiques, mais il n'avait pas eu vraiment le choix. C'était ça ou rien. Il avait vite opté pour cette solution.

Fecondrif : Ce dit du test que toute personne peut passer après avoir dépassé l'âge de la puberté. Ce test permet de savoir si on est F+ ou F- (explications par la suite de l'ouvrage). L'avantage de ce test dans un couple est qu'il permet d'être fixé sans avoir à prendre 'bébé arrive'. Il peut permettre d'éviter une dépense inutile. Ce test est fiable à 99,999 des cas.

F: Ce dit des personnes ayant la possibilité d'avoir un enfant après avoir absorbé la pilule 'bébé arrive'. Toute personne ayant cette appellation la gardera toute sa vie. Le F+ (ayant pris 'bébé arrive') doit se protéger sous peine de tomber enceinte très facilement. Un F+ (ayant déjà pris 'bébé arrive') aura comme dans les anciens temps, un cycle menstruel de renouveau. Ces cycles sont différents selon les personnes et donc des précautions doivent toujours être prises.

F- : Ce dit d'une personne dont l'organisme n'est pas adapté à la procréation. Plus de 75 de la population masculine est F-, moins de la moitié pour les femmes. Le F- est dans l'impossibilité d'avoir un enfant quoiqu'il fasse. Les F- ont souvent le rôle de père dans le couple. Il est inutile pour un F- de prendre le fécondateur, cela ne serait qu'une dépense inutile.

Duo leva les yeux au ciel. Bon sang, il était professeur dans une université pas une maternelle ! Pourquoi ce bouquin avait-il l'air de parler à des ânes ? Répéter cent six fois la même chose !

Cette fois, il rangea rapidement tous ses livres dans son sac et quitta l'amphithéâtre.

Sa première journée s'était plutôt bien passée. Il avait fait connaissance avec la moitié de ses étudiants et attendait malgré tout avec impatience le début réel des cours. Il avait réussi à dénicher ce job après mainte galère mais était ravi de sa situation. L'économie du pays était basse en ce moment et trouver un emploi révélait du miracle ou de la chance. Pour lui c'était la chance et surtout un ami fidèle. Celui-ci lui avait fait remarquer une petite annonce dans un journal et Duo avait immédiatement sauté dessus. Il avait rencontré le président de l'université XYZ et maintenant il avait un trimestre pour montrer ses preuves. Il y mettrait toutes ses forces.

L'université en elle-même n'était pas renommée mais elle se situait en plein centre ville et nombre d'étudiants y venaient par facilité d'accès. Les plus grandes universités ne se trouvaient que sur Terre pas sur cette petite colonie perdue au fin fond de l'espace. Mais il savait par les dernières nouvelles que nombre de promoteurs et autres riches personnalités commençaient à s'y intéresser. Il devinait que l'économie allait remonter incessamment sous peu.

Il salua quelques étudiants qu'il rencontra et sourit en les entendant chuchoter. Son passage ne laissait personne de marbre. Il se savait beau gosse et bien plus. Il mesurait environ un mètre soixante quinze, avait des yeux hors du commun d'une couleur tirant sur le violet. Et surtout, de très longs cheveux d'une teinte marron clair qu'il liait en une natte lui battant le dos. De plus pour le moment, il avait mis ses plus beaux atouts. Il était franchement désirable ainsi, mais c'était aussi le but. Ce sont les étudiants qui jugent, pas les professeurs et s'il voulait garder son emploi, il fallait qu'il se fasse accepter par eux.

Il se dirigea vers l'une de ses rares possessions. Une berline bleue qu'il entretenait du mieux qu'il pouvait. Tout comme son appartement, c'était l'une des choses à laquelle il tenait le plus au monde - au niveau matériel bien entendu. Il s'installa au volant et décida de faire un arrêt à la supérette, même s'il n'était pas samedi. Il avait le droit de fêter sa nouvelle vie, non ? Il devait aussi penser à acheter quelque chose à Trowa pour le remercier de son aide. Penser à son meilleur ami lui abaissa le moral. Il savait qu'il avait pas mal de problème en ce moment, mais il était trop fier pour lui en parler. Il espérait ardemment que le châtain n'attendrait pas la dernière minute pour venir le voir. Il secoua la tête et se gara dans le petit parking.

Bon, alors, que vais-je bien pouvoir cuisiner ? Hum, pourquoi pas de la blanquette, ça fait longtemps que j'en ai mangée ! Et puis un petit gâteau avec du vin blanc ! Parfait, je vais me régaler ! .

Il paya rapidement ses achats, en se disant qu'il allait devoir faire un peu attention à son budget quand un éclat de voix le fit se retourner comme tout le monde.

« C'est inadmissible ! Comment pouvez-vous vendre ce genre de chose ! ».

Une femme blonde d'une vingtaine d'années houspillait ouvertement un boulanger. Le pauvre homme, rouge pivoine, ne savait plus où se mettre. Duo se désintéressa de la scène et prit ses cabas. Curieux tout de même de la suite des événements, il s'approcha de la troupe de personnes qui s'était créée.

« Ce pain n'est même pas cuit ! Et où avez-vous mis la levure ? Savez-vous au moins faire du pain ? ».

L'homme était au bord des larmes et Duo fronça les sourcils. Cette femme allait trop loin. Savait-elle au moins faire du pain, par elle-même ? Et savait-elle que cet homme devait travailler plus de vingt heures non stop pour pouvoir vivre ? Il hésita puis voyant que personne ne prenait la défense du pauvre boulanger, il s'approcha de la jeune femme.

« Vous devriez vous calmer ! Allez tout simplement acheter votre pain ailleurs ! ».

La blonde tourna son attention vers lui et il reçut un choc. Elle était belle, plus que belle. Le genre de femme que l'on ne voyait qu'à la télévision ou dans les grandes soirées de galas de la haute société. De longs cils noirs sans maquillage ourlaient un regard bleu profond, pas de la teinte du ciel mais plus celui de pierres précieuses dont il avait oublié le nom. Une frange de cheveux blonds pales coiffées avec soin tombait sur son visage d'une manière élégante. De dos, il n'avait pas remarqué sa robe d'une teinte rappelant la couleur de ses pupilles. Il resta muet un instant puis voyant qu'elle ne disait rien. Il s'avança vers elle.

« Excusez-moi. Mais si vous n'aimez pas son pain, je connais un petit boulanger pas très loin où il vous satisfera peut-être ».

Elle fit un petit sourire narquois puis dit :

« Et vous êtes ? ».

Il recula d'un pas devant le regard amusé. Peut-être n'aurait-il pas dû intervenir ? Lui qui voulait passer une soirée tranquille.

« Bon, je suis désolé, mais la manière dont vous traitiez ce pauvre homme m'a fait parlé. Il y a plein d'autre boulangerie dans le coin… ».

Elle fit un sourire puis s'approcha de lui avec grâce.

« On peut dire que vous ne manquez pas de culot ».

Il soupira, apparemment ce n'était pas sa journée après tout. Mais il n'allait certainement pas se laisser faire, c'était contre son caractère.

« Bon ! Restons en là ! Changer de boulangerie et c'est tout ».

« Vous avez dit que vous en connaissiez une…Il me semble. Pouvez-vous me la montrer ? ».

Son ton s'était adouci ainsi que toute sa personne. Le changement était si flagrant, qu'il se demanda un instant si elle n'avait pas une double personnalité. Il hocha lentement de la tête puis dit :

« Suivez-moi ».

Ils sortirent du magasin quand une nouvelle voix s'éleva :

« Réléna ! Attends où vas-tu ? ».

Duo vit la jeune fille se tendre subrepticement. Ils se retournèrent pour voir un jeune homme brun légèrement essoufflé. Il s'approcha rapidement de la blonde puis lui prit une main avec douceur.

« Je me suis inquiété. Tu avais disparu. Que se passe-t-il ? Qui est-ce ? ».

« Il va me montrer une boulangerie acceptable ».

Duo vit le jeune homme se mordre les lèvres puis regarder de son côté. Tout comme Réléna, Duo le trouva fort élégant. Il possédait lui aussi une couleur de yeux océanique. Lui qui se vantait régulièrement de ses pupilles, il se rendit compte qu'il n'était pas le seul à en avoir des belles. Ses cheveux par contre n'étaient pas coiffés avec soin, ils rebiffaient dans tous les sens comme s'il venait de se lever. Duo fit la grimace quand il remarqua la marque du costume qu'il portait. Ces deux-là étaient plein aux as et cela se voyait.

« Excusez-nous. Réléna a des petits problèmes en ce moment et… ».

« Je vais très bien ! ».

La voix était haute perchée et Duo comprit que la jeune femme n'allait, en effet, pas très bien. Il fit un sourire de convenance puis tendit le doigt vers les rues.

« Ce n'est pas très loin. Nous pouvons y aller ».

Le brun le fixa sans rien dire puis acquiesça.

« Laissez moi le temps de poser ceci et je suis à vous ».

Tout en se dirigeant vers sa voiture, il maugréa en silence. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de vouloir intervenir ? Il aurait dû se taire. Mais la lueur dans cette double paire d'yeux était un appel au secours, il le sentait. Peut-être pouvait-il les aider ?

OoOoOoOoOoO

Après avoir acheté du pain, ils s'installèrent à la terrasse d'un café sur la demande de Réléna. Celle-ci avait besoin de parler. Et Duo avait accepté. Il savait que le meilleur moyen d'évacuer ses peines et problèmes étaient de parler avec quelqu'un si possible un inconnu.

« Je vous présente Heero, mon mari. Et moi je m'appelle Réléna ».

« Enchanté ! Moi c'est Duo ».

Ils se serrèrent la main. Puis Réléna commença :

« Je suis F négatif… ».

Duo ouvrit de grands yeux puis se mordit la langue pour ne pas dire quelque chose.

« Nous l'avons appris, il y a trois semaines. Et…J'avoue que j'ai du mal à m'en remettre. Nous qui pensions si fortement avoir un enfant…Savoir que c'est hors de notre portée, c'est si…Si… ».

Les larmes se mirent à couler et Heero se pencha vers elle pour la réconforter. La tendresse dans ce simple acte fit se serrer le cœur de Duo. Ils étaient si proches tous les deux, avait-il réellement l'ombre d'une chance ? Il baissa la tête. C'était en effet injuste, même les riches ne pouvaient pas parfois avoir d'enfants. Il fit une grimace puis murmura :

« Vous pouvez toujours adopter… ».

« Oui, nous y avons pensé, mais Réléna voulait tant que je sois le père de nos enfants ».

Duo acquiesça. Il comprenait parfaitement ce sentiment. Il avait le même sauf que lui n'avait pas l'argent nécessaire pour s'en tracasser. De plus, il ignorait quel était son état, il n'avait jamais passé le test.

« Je suis navré pour vous. Je crois que vous devriez prendre quelques jours seuls tous les deux et discuter. C'est l'une des meilleures solutions. Vous savez, je suis certain que vous pouvez rendre un enfant heureux ! ».

Il essayait de leur remonter le moral, mais doutait que c'était faisable. Il sentit le regard de Heero et tourna la tête. Celui-ci le fixait d'une manière plutôt inattendue. Et Duo se retint de froncer les sourcils. Le brun le fixait comme s'il…Comme s'il le désirait. Duo se donna un coup mentalement. Non mais il devenait barge ? Le couple avait l'air solide, qu'est-ce qu'il s'imaginait ? Mais pourtant…Heero était tout à fait son type et Réléna, de même. Il fit un sourire à cette pensée qu'il effaça rapidement. Houlà ! Il devait être en manque c'était pas possible, mais il fallait dire que sa dernière relation remontait à plus de six mois maintenant. Et la, il se retrouvait avec deux beautés sorties de nulle part.

« Merci beaucoup de nous avoir écouté. Je souhaiterai que l'on se revoit. Etes-vous d'accord pour que l'on échange nos numéros ? ».

Duo hésita puis devant la tendresse de la jeune femme hocha de la tête. Elle sortit un petit calepin et le lui tendit. Il nota ses coordonnées puis lui sourit avec douceur.

« Je suis souvent là le soir après dix huit heures et le dimanche. Si vous avez le moindre problème, je me ferais un plaisir de vous aider… ».

Heero lui tendit une carte de visite et il la parcourra rapidement avant de la mettre dans son portefeuille. Regardant l'heure, il se leva et s'excusa :

« Je dois y aller ! Mais j'espère que tout ira bien pour vous ! Je suis certain que vous trouverez de beaux enfants à élever ! Regardez moi ! Ne suis-je pas beau ? Et pourtant j'ai été adopté ! ».

Il leur fit un clin d'œil et sortit de l'argent pour le café. Heero lui fit un signe de tête négatif.

« Pour vous remercier ».

Il leur fit un signe puis les laissa dans un silence méditatif qui fut rompu après un moment.

« Qu'en penses-tu ? ».

« Il est parfait… ».

OoOoOoOoOoO

Duo pénétra dans son immeuble. Il sentait son cœur battre encore la chamade de sa précédente rencontre. Bien entendu, il ne faisait pas particulièrement confiance aux personnes aisées, l'état de Trowa le lui rappelait tous les jours, mais il avait envie pour une fois de faire une exception. Heero était tellement incroyable de même Réléna. Il essaierait d'aller à l'encontre de ses préjugés et se rapprocher d'eux…Pourquoi pas ?

Il ouvrit la porte de son appartement et fronça les sourcils. Quelqu'un était là et la seule personne qui possédait le double de ses clefs était Trowa. Il se dépêcha d'aller dans le salon sans bruit au cas où le châtain dormirait et fit un sourire en le voyant effectivement endormi sur le canapé.

Il laissa sa veste sur une chaise puis s'approcha de son meilleur ami. Celui-ci avait les traits tirés mais semblait en bonne santé ce qui était pour lui le principal. Trowa se démenait du mieux qu'il pouvait pour survivre depuis sa rupture difficile, mais Duo devinait que le châtain ne tarderait pas à craquer et c'est pour cette raison qu'il avait toujours un œil sur lui. De plus son état physique ne lui permettrait plus de travailler, bientôt. Il se leva et prit une couverture dans sa chambre qu'il déposa avec douceur sur Trowa, tentant de ne pas le réveiller. Ce qui, d'ailleurs, serait un exploit vu l'état d'épuisement de son ami. Il caressa ses cheveux puis se leva en souriant.

« Je vais nous préparer quelque chose de bon à manger ! ».

Il se dirigea vers la cuisine et commença ses préparations. Cela faisait deux mois que Trowa revivait seul. Il n'avait aucun diplôme et avait eu beaucoup de difficultés à trouver du travail. Mais sa persévérance lui avait permis de dénicher plusieurs petits jobs et il s'en sortait, pour le moment. Mais dans quelques mois, ces petits boulots ne lui suffiront plus. Duo avait décidé de l'aider du mieux qu'il pouvait. Il appréciait cet homme qui n'avait pratiquement jamais baissé les bras, malgré tous les problèmes rencontrés. Il avait même commencé à économiser au cas où Trowa ait besoin de liquide. Il était près à tout pour lui permettre de s'en sortir. Pourquoi ? Sans réelle raison, une amitié profonde et une admiration réciproque. C'est tout. Trowa n'était pas son genre, ils étaient bien trop différents tous les deux. Et puis, il avait l'impression d'être utile à quelque chose. Un double regard bleu apparut et il fit un grand sourire. Il se sentait bien, heureux. Il avait un travail, un ami qu'il adorait, et il venait peut être de rencontrer son futur. Il avait le droit de rêver, non ? Il en profiterait.

« Tu m'as l'air bien joyeux ».

Il sursauta et laissa tomber une partie de la salade.

« Tu m'as fait peur ! ».

« Désolé ».

Trowa se pencha pour ramasser le légume vert mais Duo l'en empêcha immédiatement.

« Laisse ! Et retourne t'allonger ! J'ai presque fini ! ».

Trowa fit un pale sourire puis se posa contre le mur de la cuisine.

« Je ne suis pas malade, tu sais ».

« Peut être mais je veux pas avoir à te ramasser à la petite cuillère ! ».

« Alors ? ».

Duo fit semblant de ne pas avoir compris l'interrogation et retourna à ses fourneaux.

« Alors quoi ? ».

« Pourquoi as-tu l'air si heureux ? Je ne pense pas que ce soit ta journée de travail…Tu as rencontré quelqu'un ? ».

AH ! Il devine toujours si facilement, c'en est pas drôle. Il acquiesça, sa longue natte suivant le mouvement.

« Oui. A la supérette. Il y avait cette superbe femme et lui…Tu aurais dû voir les yeux qu'ils avaient ! ».

« Oh, une femme ET un homme. Tu as fait fort ».

Duo refit un sourire en comprenant le sous-entendu.

« Mais ils sont mariés…Je pense pas avoir de chance entre les deux. Ca se voit qu'ils sont unis ».

« Mais alors pourquoi es-tu aussi ravi ? ».

« On a échangé nos numéros…Et elle est F négatif ».

Trowa resta muet. Le sujet était toujours délicat avec lui. Même s'il en parlait avec aisance.

Duo se tourna vers lui.

« Tu m'avais dit que parfois lorsqu'une femme est F négatif, il arrivait que le couple choisisse une troisième personne…De nos jours, c'est monnaie courante ».

« Et tu accepterais ? ».

Il se remit face à la cuisinière et soupira.

« Hum…Je sais pas…Mais j'avoue qu'ils me plaisent. Aussi bien elle que lui… ».

Duo sentit son cou enlacé par les deux bras de Trowa et se laissa aller en arrière vers son ami. Une douce étreinte, réchauffante et si tendre. Une étreinte qui lui manquait tant ces jours-ci.

« Alors, n'hésite pas. Si tu sens qu'ils sont dignes de confiance. Essais de te renseigner un peu. Tu veux que je le fasse ? ».

« Tu es d'accord ? Je veux dire, ça t'embête pas de demander à tes contacts ? ».

Trowa secoua la tête et lui refit un petit sourire.

« Aucun problème. Même si je suis seul maintenant, ils me considèrent toujours comme la même personne ».

Duo se blottit alors contre lui tentant de ne pas lui faire de mal et sourit dans son cou.

« Merci ».

« Ne me remercie pas, je peux bien faire cela pour toi. C'est moi qui devrais te remercier d'être là ».

Duo sentit son compagnon frémir et il accentua sa pression sur le corps contre lui. Trowa devenait de plus en plus sensible, mais il savait que c'était une réaction normale due à son état.

OoOoOoOoOoO

Duo hésitait devant le téléphone. Peut-être n'était-ce pas à lui de faire le premier pas. Mais il avait envie de les revoir. Revoir ces deux personnes qui avaient changées un peu sa vie. Cela faisait maintenant une semaine qu'il les avait rencontré et il ne parvenait pas à ne pas penser à eux au moins une fois dans la journée.

Son travail se passait bien. Il était parvenu sans trop de mal à tenir sa classe. Mais il savait se faire respecter et les étudiants avaient vite compris, qu'avec lui ils pouvaient avoir confiance. C'était la chose primordiale dans l'enseignement : établir un climat de confiance entre les élèves et soi-même. Celui qui n'y parvenait pas était rapidement dévoré par cette horde de jeunes gens, même possédant la plus grande volonté du monde.

Trowa s'était renseigné sur la famille Yui et il n'avait rien trouvé de suspect. Heero et Réléna étaient mariés depuis quatre ans et s'entendaient à merveille. Il avait, grâce à l'argent qu'elle avait apporté, ouvert un centre de réparation informatique et ils travaillaient tous les deux à faire fructifier leur entreprise. Ils ne manquaient de rien et vivaient dans l'opulence dans une maison aux faubourgs de la ville.

Il réfléchit encore un moment puis se décida à tenter le coup. Après tout il ne risquait rien si ce n'est se voir rembarrer. Il prit le combiné et composa le numéro noté sur la petite carte blanche. Quatre coups sonnèrent puis une voie d'homme s'éleva :

« Maison Yui, que désirez-vous ? ».

Surpris, il bégaya un instant puis reprit d'une voix normale et sure d'elle :

« Je suis Duo, je souhaiterais parler à Monsieur ou Madame Yui ».

« Ils sont très occupés. C'est à quel sujet ? ».

Il se mordit la langue pour ne pas rabrouer cet homme qui ne faisait que son travail et dit d'une voix charmante :

« Dites-leur simplement que c'est Duo, ils comprendront ».

Il pouvait sentir le majordome se tendre à l'autre bout et fit un sourire.

« Très bien, veuillez patienter ».

Plusieurs minutes s'écoulèrent et il commençait à se demander si on ne l'avait pas oublié quand une nouvelle voix toute féminine s'éleva :

« Duo ? ».

« Euh, oui. Bonjour ! Vous vous souvenez de moi ? ».

« Bien entendu. Je suis heureuse que vous ayez appelé. Nous sommes si occupés que nous n'avons pas eu le temps de le faire ».

Il poussa un soupir de soulagement interne. Au moins, il semblait qu'elle se souvenait de lui.

« Et bien. Je me demandais si vous alliez mieux ? ».

« Oui. J'ai beaucoup réfléchi et je pense qu'une adoption est possible. Mais dites-moi, êtes-vous libre ce soir ? Nous pourrions dîner ensemble avec mon mari ».

Son cœur palpita un instant et il répondit rapidement :

« Avec plaisir, je serais content de vous revoir ».

« Que diriez-vous de la maison ? Je cuisine très bien ».

Il sourit à ces quelques mots, chez eux ? Pourquoi pas ? Il ne risquait rien après tout.

« Très bien. Je pense savoir où se situe votre propriété. Vers quelle heure ? ».

« Vingt heures ? ».

« Parfait. J'y serais ! ».

« Très bien, je vous dis à tout à l'heure ! ».

« Oui ! Au revoir ».

Il décrocha puis se laissa tomber sur le divan tout sourire. Tout avait l'air de bien se passer, maintenant il devait connaître les véritables intentions du couple, si intentions il y avait.

OoOoOoOoOoO

Légèrement nerveux, Duo remit son costume en place et approcha enfin son doigt de la sonnette. La maison était la plus belle du quartier. Elle s'élevait sur trois étages et possédait un immense jardin. Il avait hésité à entrer sa voiture mais l'avait tout de même fait vu la place. Un homme d'un certain âge qui devait être le majordome lui ouvrit. Il vit un sourcil se lever mais le visage resta de marbre.

« Oui ? ».

« Je suis Duo, j'ai rendez-vous avec Monsieur et Madame Yui ».

« En effet, veuillez entrer ».

Le vieil homme lui fit de la place et il pénétra dans un large hall, plus grand que son appartement. Sur le coup, il se sentit tout petit et réalisa qu'il n'avait pas vraiment sa place en ce lieu. Il devait arrêter de rêver, ces gens faisaient partis d'un autre monde. Sa bonne humeur revint quand il vit apparaître Réléna. Elle était vêtue simplement d'une chemise agrémentée d'une jupe dans les teintes bleutées. Elle lui souriait avec chaleur et s'approcha rapidement d'eux.

« Vous pouvez prendre votre congé, Ron. Je vais m'occuper de mon invité ».

L'homme parut sur le point de dire quelque chose mais hocha de la tête.

« Si Madame le dit. Je vous souhaite une bonne soirée et vous dis à demain ».

Réléna acquiesça puis se tourna vers Duo. Une lueur d'attente semblait briller dans ses yeux.

« Je suis ravie de vous revoir ! Ne faites pas attention à Ron. Pour lui quiconque ne porte par Armani n'est pas digne de passer ce seuil ».

Elle éclata de rire puis lui prit la main et le mena vers un salon. Sa main était chaude et douce dans la sienne et il sentit son cœur se remettre à battre la chamade. Décidément, elle ne le laissait vraiment pas de marbre. Elle le fit s'asseoir dans un large canapé où reposaient des coussins de soie. La pièce respirait la netteté et il devinait que tout ressemblait à cela dans cette maison. Elle s'installa sur un divan en face de lui.

« Heero est encore au travail, il ne devrait pas tarder. Je lui ai demandé de rentrer de bonne heure. Remarquez chez lui cela peut être vingt deux heures ! ».

Elle refit un petit rire puis soupira doucement.

« Je crois qu'il m'en veut… ».

Duo haussa un sourcil puis dit :

« Pourquoi il vous en voudrait ? Vous n'y êtes pour rien ! ».

« Oui, mais nous n'aurons jamais d'enfants tous les deux. C'est vraiment injuste ! Tout cela parce que notre espèce a évoluée ainsi ».

« Oui, c'est vrai. Je pense aussi que c'est injuste. Mais on doit se faire une raison, on a pas vraiment le choix ».

Réléna le fixa un instant puis secoua la tête.

« Mais qui sélectionne ? Pourquoi certaines personnes sont positives et d'autres négatives ? ».

Duo secoua la tête à son tour puis répondit :

« Pourquoi certaines personnes ont de l'argent et d'autres pas ? ».

Ils se regardèrent un instant puis un sourire revint sur les lèvres de la blonde.

« Vous avez raison. Je dois me faire à cette idée. Avez-vous envie d'avoir des enfants ? ».

Le changement de sujet le prit de cours et il prit un air étonné.

« Et bien, oui, comme beaucoup de monde ».

Elle baissa la voix pour sa question suivante et il fut obligé de se courber vers elle.

« Vous avez trouvé avec qui ? ».

Une légère rougeur envahit ses joues quand l'image d'elle et Heero apparut dans sa tête.

« Et bien, pas encore. Mais je ne désespère pas… ».

Leurs yeux restèrent accrochés un instant et Duo vit qu'elle se penchait dangereusement vers lui. Il devinait qu'ils se seraient sans doute embrassés si la porte du salon ne s'était ouverte.

« Tadaimas ! ».

Heero pénétra dans la pièce et ne se préoccupa aucunement de l'air gêné des deux occupants. Il fit un sourire puis embrassa sa femme qui s'était vivement levée. Il se tourna ensuite vers Duo. Il avait l'air fatigué, nota le natté.

« J'espère qu'elle ne vous a pas trop ennuyée ? ».

Duo nia immédiatement puis accepta la main tendue. Tout comme Réléna plutôt, elle était chaude mais plus ferme, moins douce : une main d'homme. Il remarqua que la poignée de main dura un peu plus longtemps que nécessaire et pareil à Réléna, les yeux de Heero semblaient attendre quelque chose. Il ne savait plus que penser. Est-ce que le couple désirait vraiment l'intégrer à leur vie ? Et lui était-il près à ceci ? Ou était-ce juste un caprice ? Ou bien, un rêve qu'il se montait en tête ? Devait-il croire à ces regards ?

Il se laissa tomber sur le canapé après s'être détaché de la main ferme de Heero.

« Dites-moi. A quoi vous jouez ? ».

Heero fit un sourire puis s'installa sur le deuxième divan de la pièce. Réléna reprit la même place.

« Je vois que vous vous posez des questions ».

« Et bien, je trouve bizarre que vous acceptiez de revoir un type comme moi. Et je préfère mettre les choses au clair dès le début… ».

Les deux époux se regardèrent puis Heero hocha la tête.

« Nous allons être francs avec vous. Nous avons monté une petite mise en scène. En fait nous cherchons quelqu'un avec du caractère et qui serait près à nous accepter. Réléna devait attirer cette personne et c'est vous qui êtes venu. Pour tout vous dire, nous pensions devoir refaire la scène plusieurs fois avant de tomber sur quelqu'un qui nous plaise à tous les deux. Mais…Il se trouve que vous êtes tout à fait notre type ».

Duo resta muet et continua à les fixer.

« Ce que nous voulons c'est une relation durable à trois…Je sais que pour vous cela doit paraître insensé, mais le fait que nous ne puissions pas avoir d'enfants entre nous, nous a fait réfléchir et nous en sommes venus à cette conclusion ».

« Une minute ! Qui vous dit que je suis positif ? ».

« Heero est positif… ».

Duo resta un instant la bouche bée et les yeux grands ouverts.

« Mais, ce ne sera pas vos enfants ».

« Si. Si c'est Heero qui leur donne naissance, ce seront nos enfants. Il nous faut juste un père ».

« Moi ? ».

Il posa la question d'une toute petite voix, toujours étonné par cette demande. Habituellement, d'après ce que Trowa lui avait dit, la nouvelle personne du couple était utilisée pour avoir les enfants et devait être positive, un peu comme les mères porteuses dans les anciens temps.

« Vous…Vous plaisantez ? ».

Il leva les yeux vers Heero et celui-ci prit un air très sérieux.

« Avons-nous l'air ? Si cela peut vous rassurer, nous sommes prêt à signer un contrat en bonne et due forme. Nous souhaitons réellement avoir nos enfants et vous semblez la personne idéale ».

Mais et l'amour dans tout cela ? Est-ce qu'ils y avaient pensé ?

« Bien entendu, nous ne voulons pas les avoir demain ! Nous voulons d'abord être certain de notre entente commune auparavant. Ce ne doit pas être fait dans la précipitation ».

Duo fit un geste positif. La voix de Heero s'adoucit par la suite.

« Est-ce...Est-ce que nous vous plaisons ? ».

Une teinte rose foncée vint attaquer les joues du brun qui baissa la tête. Duo se leva et se plaça en face de l'homme. Il se pencha vers lui et lui releva le menton.

« Serais-je ici si ce n'était pas le cas ? ».

Les cobalt – il se souvenait enfin du nom de la pierre - luirent un bref instant d'un soulagement palpable.

« Vous êtes prêt à tenter le coup ? ».

Duo sourit puis se pencha vers Heero pour l'embrasser. Le brun hésita un moment puis se détendit sous la caresse. Duo se recula pour regarder l'effet obtenu puis se tourna vers Réléna.

« Très bien. Tentons le coup ! ».

Peut-être était-ce une folie, mais il se devait d'essayer. Et puis un peu d'espoir ne faisait de mal à personne.

OoOoOoOoOoO

Duo déglutit faiblement. Il avait l'impression que son cœur allait exploser. Toutes ses affaires se trouvaient dans sa berline. Quatre cartons de vêtements et trois autres de babioles et autres. Il avait longtemps hésité avant d'accepter de venir vivre avec les Yui, mais depuis deux mois qu'il les fréquentait, il était sans doute temps de franchir ce second pas.

Leur première fois s'était passée sans heurt, donnant et recevant du plaisir qu'il n'aurait jamais cru pouvoir obtenir. Même si au début il avait senti de la gêne chez Réléna, la jeune femme s'était détendue sous ses caresses pour finalement les lui rendre sans honte. Mais le summum était quand Heero s'était mis à participer, les rendant tous les deux fous de désir. Il rougit à ce souvenir. Les mains du brun dans son dos, sur son corps, ses lèvres sur les siennes puis sur celles de Réléna. Un mélange de leurs corps qu'il désirait à nouveau expérimenter.

Il ouvrit son coffre puis commença à sortir les cartons. La porte de la maison s'ouvrit et Heero s'approcha pour l'aider.

« Nous sommes vraiment heureux que tu ais enfin accepté de venir habiter ici ».

Le brun caressa sa main tout en attrapant un carton qu'il allait déposer à terre. Duo lui fit un sourire sans répondre, son cœur battait si rapidement qu'il avait l'impression qu'il allait exploser. Il savait qu'en effectuant cette transition, il se rapprochait du but de leur rencontre : avoir un enfant. Il leva les yeux vers le palier où se trouvait Réléna. Elle le regardait un léger sourire aux lèvres.

Apres avoir vidé le coffre, il se tourna vers la maison et prit une large inspiration avant de monter les quelques marches le séparant de son nouvel habitat. Réléna se poussa sur le côté et l'invita d'un geste dans sa demeure. Il lui fit un signe de tête et entra. Sa nouvelle vie pouvait commencé.

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Il était enfin heureux. Il avait trouvé le bonheur auprès d'eux. Il les aimait pareillement. Après trois mois de vie commune, il s'était enfin senti chez lui parmi eux deux. Sur le plan physique, il n'avait rencontré aucune difficulté. Ils s'entendaient tous trois à merveille, ce qui était l'une des priorités pour un couple à trois. Mais restait un problème, l'amour était-il réellement présent ? Il le pensait mais n'en était pas tout à fait certain. Il se devait de connaître la vérité. Il s'était toujours juré d'être certain de lui à ce sujet quoique même si on pensait qu'une personne vous aimait, cela pouvait très bien être faux, le cas de Trowa était un excellent exemple.

D'ailleurs, il décida d'aller voir son ami et sortit de la grande bâtisse.

« Duo ! ».

Il stoppa net devant sa berline et sourit vers Heero qui approchait en courant. Le brun s'arrêta devant lui et reprit son souffle.

« Où vas-tu ? ».

« Je vais voir Trowa, tu sais mon meilleur ami. Il atteint le neuvième mois et je suis inquiet de ne pas avoir de nouvelles ».

Heero le fixa avec tendresse puis demanda :

« Je peux t'accompagner ? Je suis curieux de le rencontrer ! ».

« Bien sur ! ».

Heero s'installa près de lui et ils se dirigèrent vers le petit appartement situé en centre ville.

« Vous vous connaissez depuis longtemps ? ».

« Cela fait cinq ans maintenant. Nous nous sommes rencontrés à l'université ».

« Hum, c'est chouette de garder des relations comme cela ».

Duo lui jeta un coup d'œil puis stoppa la voiture dans une rue parallèle au lieu où habitait son ami.

« Et…Pour lui ? Que s'est-il passé ? ».

Duo prit la main de Heero pour le guider puis soupira.

« C'est une très longue histoire. Je n'ai pas vraiment le cœur à te la raconter aujourd'hui. Peut-être plus tard, d'accord ? ».

Heero lui serra la main et acquiesça en silence. Ils montèrent les cinq étages à pied puis Duo frappa trois coups à la grosse porte en fer. Le silence lui répondit et il sentit l'inquiétude le saisir plus forte que jamais. Il sortit rapidement son double et ouvrit la porte. Il fit un tour d'horizon et se précipita dans la chambre de son ami, Heero sur les talons. Il sentit son cœur battre plus rapidement en voyant Trowa allongé sur le lit, le visage blanc et un masque de souffrance déformant ses traits. Heero prit de suite les choses en main.

« Nous devons le transporter à l'hôpital ».

Il chercha du regard un téléphone mais la voix de Trowa s'éleva faiblement.

« Non, pas l'hôpital. Mon médecin personnel…Duo… ».

Duo acquiesça rapidement. Il savait pourquoi le châtain ne souhaitait pas aller à l'hôpital et respectait son choix. Il prit lui-même le téléphone et appela le médecin qu'il connaissait aussi.

« Professeur S ? Duo Maxwell à l'appareil. Je vais vous amener Trowa…Oui, c'est ça…Je sais pas… ».

Il posa une main sur le combiné et demanda :

« A-t-il de la fièvre ? ».

Heero s'approcha immédiatement du lit et posa sa main sur le front trempé de sueur.

« Je pense oui, un peu ».

« Oui…Bien nous arrivons aussi vite que possible ! ».

Duo raccrocha et lança un regard à Heero. Celui-ci lui fit un geste de compréhension et lui murmura :

« Je vais t'aider, ne t'en fais pas ! Je ne vais pas te laisser tomber dans un moment pareil ! ».

Ils transportèrent tant bien que mal le jeune homme dans le bureau du praticien. Celui-ci prit aussitôt Trowa sous son aile et demanda aux deux hommes de patienter dans un salon. Duo se laissa tomber sur une chaise et se prit la tête dans les mains.

« Si…Si on était pas venu le voir… ».

Heero s'installa près de lui et Duo sentit une main se poser sur son épaule.

« Tout va bien. Il est entre de bonnes mains, maintenant. Cesse de t'en faire pour quelque chose qui n'a pas eu lieu ».

Duo sentit poindre ses larmes et contre toute attente il se laissa aller contre le brun. Celui-ci, loin de le repousser le serra contre lui et l'embrassa tendrement dans le cou.

« Je t'aime… ».

Duo frémit légèrement et ferma les yeux. Il voulait y croire, croire à ces simples paroles. Il releva la tête puis se laissa bercer par ce bleu infini qu'il ne se lassait pas de regarder.

OoOoOoOoOoO

Après être certain que Trowa allait bien, ils décidèrent de rentrer chez eux. Heero avait prévenu Réléna entre temps et elle devait les attendre avec impatience. Le voyage de retour se fit dans le silence. Duo avait beaucoup réfléchi ces dernières heures et il avait décidé de connaître la vérité, ce soir.

Ils sortirent de la voiture et une fois à l'intérieur de la maison, le natté dit :

« J'ai besoin que l'on parle…Tous les trois ».

Réléna qui venait de les rejoindre fronça les sourcils.

« Quelque chose ne va pas ? Son ami ? ».

Heero secoua la tête puis ils fixèrent tous deux leur compagnon. Duo leur renvoya leur regard et il leur fit signe de le suivre dans un salon. Ils s'installèrent sur les divans. Une légère tension s'installait et Duo se sentit devenir nerveux. Il décida de commencer. Plus vite il serait fixé, plus vite il pourrait à nouveau respirer.

« Je sais que je vais vous paraître direct mais je veux savoir. Y'a-t-il de l'amour entre nous ? ».

« De…De l'amour ? ».

Il tourna les yeux vers la jeune femme et acquiesça.

« Je sais que l'on est ensemble depuis plus de cinq mois et que j'aurais dû vous poser la question bien avant. Mais je me suis promis depuis toujours que je… ».

Il stoppa cherchant ses mots. Un mouvement se fit dans la pièce et il sentit Heero s'installer près de lui. Une main vint se poser sur son dos et une légère caresse le détendit.

« Je pense comprendre ce que tu tentes de nous dire. Pour toi, l'amour doit être présent. Est-ce que tu nous aimes ? ».

Duo baissa les yeux et hocha de la tête en silence.

« Ce que je t'ai dit tout à l'heure était la vérité… ».

Réléna se leva à son tour et se plaça de l'autre côté du jeune homme.

« Crois-tu que je te laisserai me toucher si ce n'était pas le cas ? ».

Elle lui fit un sourire et se pencha vers lui pour lui déposer un baiser sur le nez. Heero se pencha aussi et il se retrouva prisonnier de l'étreinte des deux personnes qu'il aimait le plus au monde et qui le lui rendaient bien.

OoOoOoOoOoO

« Comment te sens-tu ? ».

Un sourire lui répondit et Duo devina immédiatement que tout allait bien.

« Fatigué mais heureux je dois bien l'avouer ».

Duo prit la main de son ami et la serra avec force.

« Et maintenant ? ».

« J'ai trouvé un appartement avec un loyer accessible. C'est un meublé. Je crois que nous serons bien là-bas ».

« C'est chouette ! N'oublie surtout pas que je suis là ! Si tu as besoin de quoique ce soit, tu n'as qu'à me le dire ! ».

« Oui, merci Duo ».

Ils se sourirent puis Trowa tourna la tête vers la porte.

« Tu ne me les présentes pas ? ».

Duo rougit légèrement et Trowa lui envoya un regard amusé.

« Tout à l'air d'aller bien pour toi. As-tu trouvé ce que tu cherchais ? ».

Duo acquiesça en silence et se pencha vers Trowa qui le prit dans ses bras, le berçant doucement.

« Nous avons parlé hier soir et ils…Ils m'ont prouvés qu'ils m'aimaient réellement. Que je ne faisais pas parti du paysage, que j'étais un tout avec eux. Je veux y croire, de toutes mes forces ».

Une pression s'accentua sur ses épaules et il leva la tête pour regarder les émeraudes de son ami.

« Duo. Ce qui m'est arrivé n'est pas une généralité. Tout le monde n'est pas comme…Lui. Je suis vraiment très heureux que tu ais enfin trouvé de la stabilité et de l'amour ».

Duo sentit poindre ses larmes. Trowa était si fort.

« Je serais toujours là pour toi ! Je te le promets ! Et toi, promets-moi que si tu es dans le besoin tu me le diras ! ».

Trowa acquiesça en silence puis se laissa aller en arrière sur son oreiller.

« Alors ? Tu me les présentes ? ».

OoOoOoOoOoO

Duo prit la petite main face à lui et la serra avec douceur. C'était son fils : la chair de sa chair, le sang de son sang. Et il aimait sincèrement son père comme il l'aimait en retour. Une main se posa sur son épaule et un sourire plein de tendresse lui fit battre le cœur. Il lâcha la menotte et prit Réléna contre lui.

« C'est ce que tu voulais ? ».

La jeune femme acquiesça et l'embrassa avec amour. Heero tenant leur fils contre lui les couvait d'un regard emplis d'émerveillement et d'affection.

Duo se sentait serein. Il savait l'amour présent ou du moins une certaine forme d'amour. Même si ces deux personnes l'avaient choisi d'une drôle de façon le résultat était franchement satisfaisant et il ne regrettait en rien d'avoir accepté leur proposition. Il était heureux, tout simplement.