Titre : Chasse à l'homme

Rating : T (pour quelques passages un peu limites, et mention légère au sang...)

Auteur : Irish-coffee09

Disclaimer : Sanctuary et ses personnages ne m'appartiennent pas. Seuls les personnages inventés m'appartiennent.

Résumé : 1893, Londres : Alors que John est officiellement déclaré mort depuis quelques années, Nikola est subitement victime de tentatives d'assassinat à répétition... Coïncidence ?

J'éspère que ce n'est pas un massacre digne de Whitechapel... Mais je ne promets rien. Les noms de lieux comme les rues sont réels, et la plupart des personnages ont existé (je ferais des petits points historiques pour les interressés à la fin de mes chapitres ;D)

Enjoy !

Chapitre I

Le vent soufflait fort cette nuit-là, sifflant avec des cris aigus aux oreilles de Nikola Tesla. Le scientifique déambulait sur le pavé humide des rues du Londres victorien sans se soucier de l'agression que subissait son ouïe pourtant sensible au moindre bruit.

Son cerveau tournait à plein régime, ne laissant que peu de place au cadre pré-apocalyptique qui l'entourait. A cette heure de la nuit, les passants se faisaient rares. La cohue des roues des diligences qui allaient récupérer les jeunes gens à l'entrée des théâtres et opéras s'était tue, et il ne restait plus que quelques mendiants ça et là, dormant sur le pavé, enroulés dans leurs vieux manteaux miteux, peu préoccupés par les vendeuses de charmes qui, bravant le début d'une tempête, cherchaient la compagnie d'hommes assez fortunés pour se permettre leurs services pour la nuit.

Mais les occupations du Londres nocturne étaient loin d'influencer le jeune homme qui, loin de vouloir donner le peu d'argent qui lui restait aux pauvres, n'était pas non plus aux frontières de Whitechapel pour le glisser dans le corsage des femmes qui, depuis le porche de leurs mansardes, le scrutaient d'un œil intéressé.

Nikola n'était pas spécialement beau, mais son profil acéré, qui trahissait son origine serbe, lui donnait un charme exotique qui plaisait assez chez les jeunes anglaises. Il ne s'en vantait pas, ne s'intéressant guère aux tentations de la chair, et n'éprouvant aucune attirance pour les femmes qu'il ne regardait guère. Il ne méprisait pas les femmes, mais il n'avait ni le temps, ni même l'envie de les courtiser, dévouant sa vie à la recherche scientifique pure, passant ses journées et ses nuits à imaginer des prototypes qui feraient un jour de lui l'inventeur le plus reconnu du monde intellectuel.

Il vivait en solitaire, n'ayant que quelques amis pour lesquels il n'avait pas la moindre tendresse , et avec lesquels il entretenait des relations purement professionnelles, par curiosité commune.

Quelque part, une horloge sonna les deux heures du matin. Le son était porté par le vent qui redoublait d'ardeur, et dans l'obscurité de la nuit sans étoiles, quiconque aurait vu passer le jeune étudiant sous l'un des réverbères de fer forgé éclairant la rue aurait pu deviner un sourire étirer ses lèvres fines. Il s'arrêta au coin de la rue, et leva la tête vers le ciel, scrutant la couche nuageuse en quête d'un indice sur un éventuel éclair qui frapperait le quartier.

Il allait continuer sa route, de plus en plus tendu, quand un éclair zébra le ciel, déchargeant son électricité sur ce qu'il jugea être Hyde Park. Il suffit à Nikola de quelques secondes pour calculer que l'orage déverserait son électricité sur Whitechapel quelques minutes plus tard, si le vent ne tournait pas d'ici là.

Il ne se souciait pas de la pluie qui inondait ses cheveux parfaitement coiffés en arrière, ni du froid qui semblait vouloir faire de lui une sorte de précepteur de la cryogénie. Il allait enfin savoir si son récepteur d'énergie réagissait au contact de la foudre… Si du moins celle-ci consentait à s'abattre sur l'antenne qu'il avait installé sur le toit de l'immeuble qui abritait son laboratoire…

Le vent couvrant les bruits résonnant habituellement dans les rues londoniennes, et l'excitation aidant, Tesla n'entendit pas les roues d'une deux chevaux, ni même le cri d'un cochet qui arrêta ses bêtes, faisant ralentir la cadence des sabots frappant le pavé.

« Nikola ! »

Son nom, emporté loin de ses oreilles par le vent capricieux, ne le fit pas réagir, et il fallut que le cocher vienne se planter en face de lui pour qu'il se réveille de son état de réflexion.

Lisant sur les lèvres du vieil homme, il parvint à comprendre que quelqu'un l'attendait dans la diligence.

Intrigué, Nikola se tourna vers la voiture, et à la lumière de ses lampes, crut discerner une épaisse chevelure blonde se tenant derrière la vitre ouverte, essayant de lui faire signe depuis son refuge qui la protégeait de la pluie qui s'acharnait à vouloir nettoyer Londres du dernier meurtre commis par Jack l'éventreur.

Il hocha la tête en signe de compréhension, et suivit l'homme jusqu'au véhicule dans lequel il s'engouffra assez tôt pour surprendre la passagère en train de décrocher en vitesse une paire de boucles d'oreille en or qu'elle glissa avec une agilité féline dans sa bourse de cuir.

En plus d'être surdoué, le jeune homme avait quelques manies dérangeantes pour un entourage peu habitué à ses étrangetés :

Il calculait la masse volumique de son assiette avant de commencer à manger, comptait ses pas lorsqu'il marchait, et n'effectuait que ce qui pouvait être divisible par trois, quitte même à recommencer ses actions si leur nombres ne lui paraissait pas satisfaisant. Ainsi, il allait tous les matins à la piscine quand il était encore à Vienne, pour faire 27 longueurs, se sculptant un corps d'athlète qu'il ne laissait pas paraître sous sa queue de pie. Il ne supportaient pas non plus la vue des boucles d'oreilles qui lui causaient des démangeaisons affreuses. Il menait une vie saine, évitant le tabac, le thé et le café, qui contenaient des toxines qu'il ne voulait pas absorber. Cela dit, il ne refusait pas l'alcool qu'il dégustait quand on lui en présentait l'occasion.

« Bonsoir Nikola. »

Celui-ci prit place en face son interlocutrice, posa son haut de forme sur la banquette où il le laissa s'égoutter de la pluie qu'il avait absorbé alors qu'il avait fait le périple sous le bras de son propriétaire, par peur que le vent ne l'emporte, et baisa la main qu'elle lui tendit avec un sourire forcé.

« Que fait une jeune femme de bonne famille dehors seule sous la tempête, et cela deux heures après la fin des représentations ? »

En réalité, le jeune scientifique bouillonnait intérieurement : On venait de l'interrompre à quelques minutes de l'échéance de ses travaux…

Alors que son amie allait répondre, un nouvel éclair zébra le ciel, révélant les yeux bleus topaze de la jeune lady.

Helen Magnus. Tel était son nom. Si Gregory Magnus était reconnu dans le milieu scientifique comme étant farfelu et avait abandonné sa lutte pour faire accepter les sciences qu'il pratiquait, sa fille avait, elle, suffisamment de fougue pour avoir été la première femme d'Oxford. Elle était à présent largement respectée par les hommes de sa génération, et avait un brillant avenir devant elle. Mais en plus d'avoir une intelligence étonnante, et une culture raffinée et très dense, ce qui avait détonné le plus dans les classes d'Oxford était sa beauté fascinante. Elle avait d'ailleurs dû, à plusieurs reprises, repousser les avances de certains étudiant qui, ayant du mal à accepter la présence d'une femme à l'université prestigieuse qu'était Oxford, voulaient avec une insistance que Tesla avait du mal à comprendre, la faire réintégrer sa condition de femme en lui inculquant l'art d'élever des enfants.

Où qu'elle allasse, elle ne passait pas inaperçue : ses longues boucles blondes, toujours coiffées avec goût, encadraient un visage fin et long, emplit d'une grâce trahissant son origine bourgeoise. Elle était grande et mince, et ses robes à corset sobres mettaient toujours sa gorge en valeur.

Le tonnerre éclata, empêchant la jeune femme de répondre à la question de Tesla qui, ayant compté les secondes qui avaient séparé l'éclair de la foudre, fit la moue en calculant que l'orage s'était éloigné, et que son expérience ne serait pas menée à bien cette nuit-là.

« Ne soyez pas si sarcastique Nikola. Je suis passée chez vous en rentrant du théâtre, puis à votre laboratoire... Ne vous trouvant nulle part, et voyant la tempête, j'ai décidé de suivre l'orage pour vous retrouver. Vous n'êtes pas venu pour votre traitement cette semaine, or ce serait folie de vous laisser courir dans les rues de Londres sous la forme de... Enfin...

En face de l'air soudain gêné d'Helen, le sourire de Nikola s'étira sous sa moustache :

- De vampire ? N'ayez crainte ma chère, je suis conscient des risques que je représente pour la société, mais je ne suis pas Montague, je sais encore me maîtriser.

- quoi qu'il en soit, je vous ramènes chez moi, vous aurez le droit à votre injection. »

Le ton courtois de la scientifique avait été enterré. A la mention de Montague, il s'était fait cassant, ne laissant aucune option de répartie.

Montague John Druitt, plus connu cette année là sous le pseudonyme de Jack l'éventreur, Nikola Tesla, et Helen Magnus s'étaient rencontrés à Oxford. Passionnés de sciences, ils avaient bien vite voulu en dépasser les limites pour se lancer dans des expériences sur le dernier échantillon de sang d'une race éteinte : Les Sanguine Vampiris. Race suprême d'êtres à l'intelligence encore inégalée, ayant régné sur le monde avant le moyen-âge. Leurs études avait mené leur groupe, les 'cinq', si loin qu'ils avaient fini par s'injecter une dose de sang à chacun, ayant des conséquences plus ou moins catastrophiques selon le métabolisme des cinq compagnons.

Tesla ayant déjà un ADN contenant des traces des gênes de la race éteinte avait réveillé ses origines vampiriques, ayant le besoin de se nourrir d'humains, en plus d'une apparence qui, pendant ses crises, le rendait effrayant, blanchâtre, effaçant les lueurs intelligentes et vives de ses yeux pour les rendre noirs, sans iris.

Helen avait réussi, avec l'aide de son père, à élaborer un traitement qui bloquait l'apparition des crises, mais qu'il fallait injecter au scientifique au moins une fois par semaine. Elle suivait donc l'évolution de son patient ainsi régulièrement, veillant à ce qu'il ne sombre pas dans un état vampirique constant, pour son propre bien moins que pour celui de l'humanité entière.

La diligence s'ébranla, et bientôt, Nikola et Helen furent bringuebalés à travers Londres, assourdis par les bruits de sabots martelant d'un pas pressé la route humide.

Le cocher ayant hâte de se mettre, lui et ses chevaux, à l'abri de la tempête, le trajet fut bref, et la porte de la voiture s'ouvrit moins de dix minutes plus tard sur le perron d'une maison victorienne de belle allure, sur la façade duquel une plaque annonçait la résidence du Dr Magnus. Nikola descendit le premier, et aida son amie à quitter le véhicule. Celle-ci le gratifia d'un sourire courtois avant d'ouvrir sa bourse pour payer la course.

Le jeune serbe l'arrêta en posant sa main sur son bras :

« Laissez Helen, la moindre des chose est que je paies de ma bourse le prix de mon sauvetage. »

La jeune femme acquiesça rapidement avant de se hâter vers le porche où elle se réfugia de la pluie.

Nikola s'avança vers le cochet qui lui annonça le montant de la course.

Maudit soit la galanterie anglaise ! Pensa-t-il en son for intérieur en entendant la somme qu'il n'était pas sûr d'avoir en banque.

« Pardon ? Veuillez excuser mon ouïe, le vent est insoutenable ! » S'efforça-t-il d'hurler à l'adresse du vieil homme qui, sous son couvre-chef, semblait grandement s'impatienter.

« Trois shilling ! » Répéta celui-ci d'une voix sèche.

Nikola sortit quelques pièces de sa poche et les versa dans la main du conducteur qui parût satisfait, tout en jurant intérieurement sur la ténacité de son amie qui avait, selon ses calculs, passé plus de deux heures à le chercher en ville.

Il la rejoignit en courant, manquant de tomber sur les marches délavées qui le séparaient de la porte.

Helen s'annonça, frappant une série de coups de heurtoir les plus discrets possibles pour ne pas réveiller toute la maisonnée, et elle et son patient durent attendre quelques secondes avant qu'un major d'homme aux traits fatigués ne se décide à leur ouvrir la porte.

« Milady ! Vous voilà enfin ! J'ai bien cru que j'allais mourir d'inquiétude ! »

Le vieux major d'homme, dont les cheveux argentés ressortaient dans la douce lueur de sa lampe à huile, s'écarta pour laisser entrer les deux trentenaires, et salua d'un signe de tête peu chaleureux le compagnon de sa maîtresse qui lui adressa un sourire compatissant auquel son air inquiet ne put que fondre.

« Veuillez m'excuser Georges. Certains patients sont plus difficiles à dénicher que d'autres. Je ne voulais pas vous causer tant de soucis.

Le dit Georges secoua la tête :

- Vous êtes toute pardonnée mademoiselle. Votre père n'a pas attendu votre retour, il s'est retiré tôt, je crains qu'il ne couve quelque maladie. Rien de grave, mais je pense qu'il faudrait tout de même appeler un médecin dès demain.

Le regard bleu d'Helen se releva alors qu'elle retirait ses gants, et alla se fixer dans celui du major d'homme :

- Père ? Souffrant ? Veuillez faire enquérir le Dr Watson dès l'aube. Je ne voudrais pas qu'il ait attrapé une mauvaise grippe… »

Georges acquiesça, aida Nikola à se dévêtir de son manteau trempé ainsi que de son haut de forme, et conduisit les jeunes gens au salon.

« Dois-je faire du thé ? »

Alors qu'elle s'apprêtait à passer dans ses quartiers où elle pourrait s'occuper du cas de Nikola en paix, et avec le matériel nécessaire, Helen s'arrêta. Elle estimait beaucoup le major d'homme qu'elle connaissait depuis son enfance, mais appréciait peu la façon de surveiller le moindre de ses mouvements qu'elle savait être celle des gens payés pour la protéger des avances des jeunes hommes.

Depuis sa sortie d'Oxford, Gregory Magnus avait eu à cœur de veiller à ce que sa fille ne soit pas examinée de trop près par n'importe quel homme. Ainsi, Georges servait autant à recevoir les invités qu'à les juger par rapport à leurs intérêts envers la fille du scientifique.

Celle-ci comprenait parfaitement que son père ait pu s'inquiéter durant son adolescence, ce qui était bien normal. Mais du haut de ses trente-quatre ans, elle s'estimait désormais assez grande pour juger par elle-même. De plus, Nikola était un homme marié, et fidèle, dont l'épouse dévouée était la science. Il ne s'intéressait pas plus à elle qu'à aucune autre jeune femme.

« Vous me semblez fatigué Georges, allez vous coucher. Le traitement de monsieur Tesla est assez urgent, il ne l'a pas reçu depuis plus d'une semaine, et je ne sais pas de combien de temps je dispose avant de ne plus avoir de délai nécessaire pour l'injection.

- êtes vous sûre de ne pas avoir besoin d'aide ?

- N'étant pas spécialisé dans la médecine, je pense que vous ne me serez pas d'une grande utilité, bien au contraire. »

Georges se retira avec une rapide révérence, et laissa enfin Helen et Nikola seuls.

Ce dernier suivit la jeune femme dans son bureau personnel, admirant la façon qu'elle avait de passer de fille dévouée à son père à maîtresse de maison ferme bien que bonne envers ses employés.

Habitué à ce qu'ils s'apprêtaient à faire, Nikola s'installa sur le fauteuil du coin de la pièce, réservé aux patients qui franchissaient la porte du bureau, et releva sa manche de chemise, avant d'observer Helen qui s'affairait dans ses tiroirs.

Dehors, la tempête faisait rage, et les éclairs déchiraient le ciel, éclairant la pièce de milles feux blancs. Mais il avait oublié l'existence de l'électricité, ainsi que celle de la science. Il luttait à présent contre ce qu'il était : Un Sanguine Vampiris… Dernier de sa race.

Il sentait son instinct refaire surface, lui rappelant qu'il ne s'était pas nourri d'humain depuis bien longtemps.

Il chercha quelque chose sur quoi se concentrer, et tomba finalement sur la nuque dénudée de son amie qui préparait le sérum dos à lui, laissant libre cours à toute contemplation.

C'était dans ces moments là seulement qu'il se rendait compte qu'il était avant tout un homme, qui comme tous les hommes aimait les belles choses, et surtout les belles femmes.

Il se laissa aller à la détailler : Sa robe bleu nuit laissait apparaître ses bras nus et blancs comme le lait. Ils semblaient doux, à l'image de leur propriétaire qui était pourtant une femme forte et sauvage, dans le sens où elle ne se laissait pas facilement approcher.

Son corsage moulait ses formes, et depuis l'emplacement qu'il avait choisi, le vampire pouvait à loisir admirer le bas de son dos et la naissance de sa poitrine.

Il était captivé, incapable de quoi que ce soit. Les boucles d'Helen voyageaient d'un côté à l'autre de ses épaules, et il entendait qu'elle lui parlait, sans pour autant comprendre ce qu'elle essayait de lui dire.

Il s'était levé, brusquement, et elle s'était immobilisée, pantelante, n'osant se retourner trop vivement de peur de tomber face à face avec la face obscure du Nikola qu'elle connaissait.

« Helen… »

Sa voix n'était plus qu'un lugubre murmure, et la jeune femme se retourna à temps pour le voir s'écrouler, se convulsant violemment, blanc comme un linge.

« Nikola ! » S'étouffa-t-elle avant de venir s'agenouiller précipitamment à ses côtés.

Il sentit sa main fine se poser sur son visage, sentit la peur le ronger à l'idée qu'il allait lui faire du mal, et tout devint noir alors qu'un éclair balaya le ciel une dernière fois, projetant l'ombre d'un homme se tenant dans le coin de la fenêtre, sous la pluie déferlante.

Commentaires bienvenus ;D Ca m'aide toujours énormément pour la suite... Et puis c'est motivant.