Disclaimer : Comme d'hab', les personnages ne m'appartiennent pas, sauf Valmora, Skalli, Luàn et Therris. Les autres sont la propriété de J.R.R TOLKIEN. A mon grand damne. En espérant qu'il se retourne dans sa tombe (ca t'apprendra à avoir écrit les Bataille d'Azanulbizar et des Cinq Armées !)

Il se trouve que Katsuri-san (qui devrait écrire la suite de SeTdMplNpdN ou je ne répond plus de rien) m'a lancé un défi, dont voici les termes : un OS avec du Durincest qui n'en est pas et du Fem!Thorïn à un moment ou à un autre. Epoque indéterminée. Couple indéterminé.

Ceci est donc, malgré les apparences, un OS. Un immense OS que j'ai choisi de diviser en plusieurs chapitres pour plus de fluidité =) (oui, je modifie la réalité à mon gré).

Couple fort rare : Frerin/Thorïn (pour ceux qui l'ignorent, Frerin est le petit frère de Thorïn, né 5 ans après lui et 9 ans avant Dis. Il meurt lors de la Bataille d'Azanulbizar).

Il y aura des lemons (deux, plus précisément) mais je préviendrai en début de chapitre pour que les plus chastes d'entre vous passent leur chemin =)

En espérant que cela vous plaise, surtout à toi Katsuri, je vous souhaite une bonne lecture.


MEMORIES

I'll love you 'till the end of time


Chapitre 1 : Déjeuner royal

Ce matin-là, le calme régnait sur Erebor. Le soleil se levait paresseusement sur la Montagne Solitaire, les oiseaux lancaient des trilles joyeuses vers le ciel et les braves habitants de Dale commençaient à ouvrir leurs étals en ce jour de marché. Rien, absolument rien, ne pouvait présager des événements qui arriveraient ce jour-là.

Comme toujours, les équipes de nuit, qui creusaient fiévreusement dans les multiples puits de forage de la mine, revinrent harassés mais satisfaits du devoir accompli. Sauf une. Le chef d'équipe, un nain bourru doté d'une impressionnante moustache de morse prénommé Therris (futur père de Therau, futur grand-père de Therrar), attendait en se tordant les mains dans l'antichambre royale. Quand Balïn, sénéchal du roi, entra dans la pièce, il se leva d'un bond et se précipita sur lui. Son air angoissé inquiéta Balïn, qui tenta néanmoins de le rassurer en lui proposant aimablement une petite pinte de bière. Therris accepta avec joie, parce que la bière arrangeait toujours tout.

- Je vous connais, vous êtes un homme solide, Therris, et fort peu de choses vous impressionnent. Or, vous êtes plus agité qu'un poisson hors de l'eau. Vous m'inquiétez, cher ami, affirma le sénéchal d'une voix égale. Racontez moi.

Alors le mineur raconta sa nuit, dans les détails, même les plus insignifiants. L'accident du pauvre Karnis, le gisement d'argent (cette nouvelle alluma une lueur satisfaite dans le regard calme de Balïn) et leur fameuse trouvaille. Celle qui l'effrayait tant. Pour appuyer ses dires, il sortit un magnifique joyau de sa poche et le tendit au sénéchal.

Balïn le tourna et le retourna entre ses doigts avant de sortir une paire de lunettes cerclées d'or de son gilet de brocart rouge. Il les chaussa, ce qui lui donna l'air singulier d'un hibou, et plaça la pierre brillante sous la lumière d'une lampe à huile. Après de longues minutes d'inspection, il ôta ses lunettes, qu'il replia soigneusement, et les rangea dans sa poche. Il plaqua un sourire formel sur ses lèvres et remercia Therris pour son travail. Puis il l'envoya prendre un peu de repos en lui assurant qu'il avait la situation bien en main.

Il attendit que la porte soit refermée pour s'affaler lamentablement sur son fauteuil, effaré, dans une attitude bien peu protocolaire.

Sûrement, ils étaient bénis des dieux. Ou bien était-ce une malédiction.


- Qu'est-ce que tu dis, Balïn ? redemanda Thror pour la troisième fois.

Le sénéchal, assis à la droite du monarque, lassé d'être constamment relégué au second plan, pris le risque d'ignorer son Roi et se tourna vers le Prince Thraïn. La petite famille royale était en train de déjeuner. Enfin, sauf Thror, qui se contentait d'admirer inlassablement un rubis, très beau au demeurant, aussi gros que son poing. Il n'avait pas touché à son assiette.

A l'autre extrémité de la table, la Reine Valmora, très digne, fusillait son mari du regard par dessus les cruches de vin et d'hydromel, son regard gris plus dur que l'acier.

Balïn était toujours mal à l'aise lorsqu'il était convié à dîner à la table du Roi.

Déjà, parce qu'il estimait que quelqu'un de sa position, un simple sénéchal, ne méritait certainement pas de partager les repas d'un être aussi illustre que Thror, fils de Daïn Ier, et Roi sous la Montagne.

Ensuite, parce que les relations du couple royal s'étaient brutalement dégradées ces derniers temps, et qu'il n'avait jamais aimé être pris entre deux époux en froid. Comme ca avait été le cas par le passé et comme ca l'était encore en cet instant.

Pour finir, parce qu'il était parfaitement au courant des frasques des deux jeunes princes héritiers, et qu'il était, bien malgré lui, leur complice.

Et puis, il avait toujours ce petit pincement au coeur en regardant l'aîné de la fraterie et son père côtes à côtes. Les voir ensemble était toujours difficile, malgré le temps écoulé.

Assis près de lui, le jeune Frerin arborait un air constamment douloureux, malgré tous les efforts qu'il déployait pour que ca ne se voit pas. Il faisait également beaucoup d'effort, de même que son frère aîné Thorïn, assis en face de lui, pour que les couverts et les verres ne s'entrechoquent jamais. Assurément, ils devaient souffrir d'une sacrée gueule de bois, vu leur teint pâle, leur regard vitreux et les grimaces qu'ils échangeaient.

Malheureusement pour eux, si Balïn (à la gauche de Frerin) et Thraïn (à la droite de Thorïn) restaient relativement silencieux, par solidarité, les deux femmes qui se tenaient à leurs côtés étaient, elles, plus bavardes que des pies. Entourant Valmora, la petite Dis, assise à côté de Frerin et absolument adorable dans sa robe blanche, babillait joyeusement sur les progrés qu'elle avait fait en couture et promettait à sa grand-mère de lui faire une belle robe pour son anniversaire. Sa mère Skalli, deuxième épouse de Thraïn, assise à la droite de la reine, mangeait calmement en souriant doucement à sa fille.

Tout cela avait un bel air de convivialité, malheureusement entaché par les regards meurtriers de la Reine et les mines sombres des deux jeunes princes. Cessant son exposé sur la couture, Dis se tourna vers son frère aîné en souriant de toutes ses dents blanches.

- Tu as mal à la tête, Thorïn ?

- Parle moins fort, s'il te plaît... grogna celui-ci en réponse.

- On a mal aux cheveux, Dis, pas à la tête, marmonna Frerin d'un air douloureux.

- La nuance est importante, ironisa Thraïn sans prêter attention au sénéchal.

- Vous n'aviez qu'à pas sortir aussi tard tous les deux, trancha Skalli d'un ton net.

- Permet moi de te dire, maman, que si on ne sort pas maintenant, alors que nous sommes encore jeunes et beaux, on ne sortira jamais ! Ce serait ennuyeux.

- En effet, avoir une vie saine et équilibrée serait le comble de l'ennui. Tout comme fréquenter des jeunes filles correctes plutôt que vos ribaudes habituelles, ou pire encore... Franchement, Thorïn, tu n'es pas sérieux. Un prince ne doit pas agir ainsi, et tu serais prié de cesser d'entraîner ton frère dans tes virées nocturnes ! s'écria Skalli en changeant soudainement de cible.

- Soyez gentille, Skalli, fichez moi la paix... marmonna l'aîné de la fraterie.

- Et qu'est-ce que tu entends par "pire encore", maman ? demanda Frerin.

La princesse rougit violemment et marmonna dans sa barbe inexistente que ce n'était pas pour les jeunes oreilles de Dis. Puis elle plaqua rageusement sa fourchette sur la table de bois, faisant grimacer les deux garçons. Valmora plaça une main calme sur le bras de sa belle-fille, désireuse de l'apaiser, sans jamais cesser d'assassiner son mari des yeux.

C'était précisément pour ce genre de scène que Balïn n'aimait pas manger avec la famille royale. Ca se tirait dans les pattes à tout bout de champ. Valmora tirait une tête de huits pieds de long, Thror rêvassait à ses richesses, Thorïn et Frerin souffraient d'une gueule de bois carabinée suite à leur nuit arrosée et Skalli passait son temps à bavarder de choses inutiles avec sa fille avant de s'attaquer à son beau-fils. Thraïn aurait pu être la seule personne normale autour de cette table, s'il ne prenait pas un malin plaisir à arbitrer les disputes entre son fils aîné, né de sa première épouse Luàn, et sa femme actuelle. Et ils répétaient la même scène, chaque jour, à quelques variations près. Parfois, Thorïn était particulièrement de mauvaise humeur et envoyait sa belle-mère se faire pendre, selon ses propres termes, ce qui déclenchait invariablement la colère de son père, qui lui ordonnait alors de s'excuser sous peine de recevoir "une raclée dont il se souviendrait jusqu'à la fin de ses jours".


Avec le temps, Balïn avait remarqué que, plus que les menaces peu crédibles de Thraïn, c'était l'air triste et effrayé de Dis qui faisait plier le jeune homme. Il s'inclinait alors très légèrement devant Skalli, incapable de descendre de plus de deux centimètres, et proférait des excuses fausses et peu sincères, qu'elle faisait semblant d'accepter avant de l'embrasser, comme s'il était vraiment son fils et qu'elle ne le haïssait pas d'être né le premier d'une femme qu'elle aurait aimé tuer de ses propres mains, si elle n'était pas morte en couche. Thorïn lui rendait son baiser, avec beaucoup de réticence, et l'appelait "mère" pour rassurer sa petite soeur, malgré la répugnance que la femme de son père lui inspirait, malgré la haine qu'il éprouvait pour cette femme qui cherchait constamment à dresser Frerin, Dis et Thraïn contre lui, avec cette langue de vipère qu'il adorerait arracher pour la donner à manger à ses chiens. Ils se séparaient alors en souriant faussement, l'une prétextant avoir des affaires domestiques urgentes à régler et l'autre assurant qu'il était attendu pour un entraînement intempestif.

Skalli s'enfermait longuements dans sa chambre et cassait toutes les choses un tant soit peu fragiles qui lui passaient sous la main puis hurlait aux serviteurs de ranger ce foutoir avant le retour de Thraïn, sous peine de recevoir le fouet. Puis elle rejoignait sa fille et partait prendre l'air avec elle pour leur balade quotidienne. La présence de Dis, à elle seule, suffisait à lui rendre sourire et bonne humeur. Mais chaque fois un peu moins.

Thorïn, lui, courait rejoindre ses amis, Gloïn et Nori (et Dwalïn lorsqu'il émergeait des brumes alcoolisées de son cerveau à une heure décente) et passait ses nerfs à grands coups d'épée sur les poteaux d'entraînement ou à boire bière sur bière à la taverne de Morna. Parfois, si son humeur s'améliorait, il profitait des charmes d'une fille de taverne ou deux, et s'enfermait avec elles des heures durant dans une des chambres, à l'étage. Plus généralement, il se contentait de broyer du noir et renvoyait séchement les filles. Seul Frerin, qui le rejoignait toujours une heure et demi exactement après la dispute (le temps que son frère aîné se calme), réussissait à l'apaiser suffisament pour qu'il se raisonne lui-même et passe à autre chose. Thorïn recommencait alors lentement à sourire. Chaque fois un peu moins.


Ce jour-là, cependant, la dispute n'eut pas le temps d'éclater. Profitant du court silence qui s'établit suite à la question embarassante de Frerin, Balïn se jeta à l'eau.

- Sire, j'ai quelque chose d'important à vous dire.

Sa voix grave, qui coupa tout le monde dans leurs réflexions, attira brutalement l'attention sur lui. D'ordinaire ca ne le gênait pas, mais les deux jeunes princes lui jettèrent un regard assassin. Visiblement, il avait parlé trop fort pour eux. Il se permit un sourire.

Comme le Roi ne réagissait pas, trop obnubilé par son rubis, ce qui avait le don d'énerver Thorïn, Thraïn prit sur lui d'alimenter la nouvelle conversation venue égayer ce déjeuner.

- Oui, Balïn ? Continue.

Les deux hommes avaient à peu près le même âge, et avait grandi ensemble. Si le Prince était blond comme les blés, malgré quelques mèches d'un gris de fer, le sénéchal, lui, avait de sombres cheveux bruns déjà striés de blanc (sûrement dû à l'enfer d'inquiétude que lui faisaient vivre les deux jeunes nains). Thraïn avait des yeux d'acier, hérités de sa mère, et Balïn des yeux brun chocolatés qu'il partageait avec son frère cadet Dwalïn. Le premier était impulsif et un peu violent sur les bords quand le second était d'un naturel calme et prudent. Ils étaient aussi dissemblables que possible. Mais ils étaient les meilleurs amis du monde, et Balïn aimait cet homme arrogant et froid comme un second frère, malgré toute la rancoeur qu'il aurait, légitimement, pu nourrir contre lui. C'était cet amour qui l'avait retenu de plonger son épée dans le coeur de Thraïn, à l'époque, et c'était toujours cet amour qui le poussait à prendre soin des enfants comme s'ils étaient les siens.

Thorïn fixait le sénéchal d'un air morne, attendant patiemment la suite, tandis que Frerin grimaçait comiquement, tentant de le persuader sans parler de ne rien révéler des évènements de la veille ni de la cuite mémorable à laquelle ils devaient, l'un comme l'autre, ces effroyables maux de tête. Le sourire du sénéchal s'accentua à mesure que le visage de Thorïn se vidait de toute expression (il pouvait presque suivre le cheminement de pensée du garçon), persuadé que Balïn allait balancer ses dernières frasques à Thraïn. Quand Frerin se mit à hyper ventiler, l'angoisse étant trop forte, Balïn décida de faire cesser la torture.

- J'ai reçu la visite de Therris, ce matin.

Les deux garçons soupirèrent de soulagement, de manière si peu discrète que Dis éclata de rire et que Skalli leur jeta un regard soupçonneux. Valmora et Thror, arrêtant leur simagrées respectives, commencèrent enfin à manger. Frerin se laissa aller en arrière et plaqua un main sur son front, comme si le presser suffirait à enlever la migraine tenace qui lui vrillait le cerveau. Thorïn se désintéressa totalement de la conversation et se remit à manger, grimaçant à chaque mastication tant son mal de tête était puissant. Thraïn caressa pensivement sa moustache, les yeux levés vers le plafond, cherchant dans sa mémoire qui diable pouvait bien être Therris. Soudain, l'illumination.

- Therris, le chef de la huitième équipe de nuit ?

- Celui-là même, approuva Balïn en hochant la tête.

- Et donc ? Quel est le problème ?

- En creusant, cette nuit, ils ont découvert quelque chose de... particulier.

Le terme "particulier" fit gémir Frerin tandis que Thorïn, curieux, relevait brusquement la tête de son assiette. Trop brusquement, et trop vite manifestement, car il chancela et dut se rattraper à la table pour ne pas s'effondrer aux pieds de sa belle-mère. Excédée, Valmora se leva et disparut par une porte latérale.

- Quelque chose de particulier ? C'est à dire ?

- Un nouveau gisement d'or ? demanda avidement Thror, que l'idée d'avoir encore plus de richesse faisait littéralement frétiller.

- Euh, non, pas vraiment. En fait, il s'agirait d'une source d'eau...

- Ca ne m'intéresse pas, coupa le Roi en tapant du poing sur la table.

Il se remit à manger, à toute vitesse, et recommença à contempler son rubis. Balïn, stupéfait, attendit l'aval de Thraïn, qui regardait son père avec hauteur, pour continuer. Le Prince lui faisait signe de reprendre quand la porte latérale s'ouvrit encore sur la Reine. Elle tenait dans chaque main une choppe fumante, qu'elle déposa brutalement devant ses petits-fils.

- Buvez, et en vitesse.

- Oui, grand-mère... répondirent-ils d'une petite voix, peu désireux de déclencher le courroux de la terrible Valmora, légendaire pour ses crises de fureur dévastatrices.

Les deux frères se saisirent de leur choppe respective et, voyant le liquide épais et verdâtre duquel jaillissait de fines branches de bois brûlantes, en humèrent les émanations précautionneusement. Comme ils le redoutaient, le breuvage sentait aussi bon qu'il avait l'air buvable. C'était absolument atroce.

- Je crois que je vais m'abstenir... décida Thorïn en reposant la choppe sur la table avant de la repousser le plus loin possible de lui.

- Puis-je demander ce que c'est que ça, Mamie ? demanda Frerin d'un ton joyeux très mal forcé, appliquant un faux sourire sur son beau visage.

- Non. Quant à toi... reprit-elle en tirant l'oreille de Thorïn, tu vas me faire le plaisir de cesser tout de suite ces simagrées et de boire !

- Mais j'aime pas ça... gémit-il de manière si convaincante que la Reine le lâcha, soudainement attendrie par les yeux bleus larmoyants de son petit-fils.

Elle savait, pourtant, que Thorïn était un homme fait. Mais elle se faisait avoir à chaque fois. Une moue boudeuse, un sourire enfantin ou des yeux pleins de larmes et elle fondait irrémédiablement. Cela dit, elle était en colère, et décidément pas d'humeur à se laisser faire par les hommes, quels qu'ils soient, époux distant ou adorable petit-fils.

- Pas de ça avec moi, jeune homme ! Tu bois ! Tout de suite !

Grognant de dépit (ca marchait toujours, pourtant !), le jeune nain reprit sa choppe et, prenant son courage à deux mains, ferma les yeux et avala le breuvage d'un trait. Frerin, il le savait aux gémissements dégoutés qui lui parvenaient malgré le brouillard de sa gueule de bois, avait suivi son exemple et devait sûrement le regretter amérement. En effet, le liquide était aussi immonde qu'il le laissait présager. S'il avait du être honnête, il aurait dit que ca avait la texture de la boue et le goût des chaussures de Dwalïn. Du moins, les bottes du guerrier avaient sûrement ce goût-là. Après une longue journée de marche.

Thorïn se retint difficilement de recracher l'infâme substance. Et puisqu'il n'avait aucune envie d'être le seul dégouté à cette table, il regarda sa petite soeur et lui offrit une grimace méchante, du délicat vert maronnasse de la potion, qui la fit crier et se cacher les yeux derrière ses mains. Frerin, qui avait eu la même idée mais s'était vu coupé l'herbe sous le pied par son frère, lui décocha un coup de pied sous la table. Satisfaite, Valmora retourna s'assoir et reprit son repas comme si rien ne s'était passé.

- Donc ? Quelle est cette chose si particulière que Therris a estimé juste de nous en faire part, Balïn ? demanda-t-elle d'un ton sec, adouci par un sourire encourageant.

- Je crois que je vais être malade...

Frerin, plus pâle qu'un linceul, se leva précipitament et disparut en courant par la grande porte de la salle à manger. Un instant, Thorïn fut tenté de le suivre mais le sourire de Skalli le cloua sur son siège. Il ne lui ferait pas ce plaisir, ca non.

- Continue, Balïn, ordonna Thraïn, que toutes ces interruptions commençaient sérieusement à énerver.

- Oui, donc... Et bien son équipe aurait découvert une grotte naturelle, assez petite d'après lui, avec une source d'eau chaude.

- Et cela nécessite que vous nous dérangiez, Balïn ? demanda Skalli d'un tou doucereux qui donna à Thorïn l'envie de lui arracher les yeux.

- Silence, femme ! tonna Thraïn et, pour la première fois depuis longtemps, le jeune nain se prit à aimer son père.

- Ca n'a pas l'air d'aller, grand-frère... murmura Dis, visiblement très inquiète.

Son frère aîné passa rapidement la langue sur ses dents, avalant les derniers restes du breuvage immonde, avant de dédier à sa petite soeur un doux sourire. Malheureusement, son teint terriblement pâle ne le rendait pas crédible. De violents frissons le parcouraient et sa vision se brouillait par intermittence. Il avait très chaud, mais le filet de sueur qui glissait le long de son échine et de ses tempes était glacé. Il chancela pour la deuxième fois et se rattrapa in extremis à la table. Il tourna un regard trouble vers sa grand-mère, qui souriait durement.

- Qu'est-ce que tu m'as donné, par Durin... dit-il difficilement, et sa voix était rauque et éraillé, à tel point qu'il ne la reconnaissait pas.

- Une potion contre la gueule de bois, assura la Reine sans cesser de sourire.

- Les meilleurs remèdes son toujours les plus amères, mon beau-fils...

Skalli souriait de toutes ses dents, au comble du bonheur de voir le fils aîné de son mari dans un état si pitoyable. Elle adressa à sa belle-mère un sourire d'admiration, mais cessa bien vite devant l'air méprisant avec lequel Valmora la toisait. Thorïn posa la tête sur le plateau de bois massif et se prit le crâne à deux mains en gémissant.

- Un remède ? C'est encore pire qu'avant !

Thraïn se leva, très calme, mais son visage témoignait de la tempête qui couvait.

- Je ne veux plus la moindre interruption, est-ce clair ? De quiconque. Toi, meurt en silence ! lança-t-il à son fils avant de fusiller les deux femmes du regard, et il ressembla tant à sa mère en cet instant que même Balïn se tassa sur son siège.

Le Prince se rassit, toujours très calme, ignorant son fils qui faisait l'effort ultime de souffrir le martyre sans émettre le moindre son. Il croisa les doigts devant son visage et planta ses yeux d'acier dans ceux, peu assurés, de son ami d'enfance. Balïn se mit à prier pour que l'histoire qu'il allait rapporter attise sa curiosité. Sans quoi, il risquait fort d'essuyer la tempête que les autres avaient provoqués.

Il se racla la gorge pour affermir sa voix et reprit le fil de son récit.

- Therris m'a dit que, sur le coup, la source lui avait semblé parfaitement normale. Mais par la suite, un de ses mineurs a voulu faire des... des ricochets sur l'eau. Il assure d'ailleurs que cet homme est particulièrement doué pour les ricochets, s'embrouilla le pauvre sénéchal.

- Viens en au fait, veux-tu ?

- Oui. Bien sûr. Et bien, le galet n'a fait aucun ricochet et a coulé à pique. Therris assure que l'eau de la source s'est mise à bouillonner et qu'elle s'est couverte d'éclairs violets.

- Quoi ? De la magie ?

- Il semblerait. Mais ce n'est pas le plus intéressant. La source aurait recraché la pierre.

- Recraché ? demanda Thraïn en haussant un sourcil sceptique.

- C'est le terme qu'il a employé. Puis il a dit que la pierre était tout simplement ressortie de l'eau et serait retournée dans la main de l'homme qui l'avait lancée.

- Ca par exemple, c'est étrange.

- En effet. Mais là encore, ce n'est pas le plus intéressant.

Thraïn observait son ami avec une curiosité affirmée et même Thror s'intéressait à son récit, délaissant son rubis pour l'écouter. Thorïn se redressa, visiblement remis de son malaise, et regarda autour de lui d'un air ébloui. Puis un sourire éclaira son visage et il se leva, sans bruit, pour venir prendre les mains de sa grand-mère et les embrasser avec un respect teinté de vénération. Il revint à sa place, toujours dans un silence religieux, et posa ses coudes sur la table, plaçant ses mains en coupe pour soutenir son visage tandis qu'il haussait les sourcils en direction de Balïn, attendant qu'il achève son histoire.

Satisfait de son petit effet, le sénéchal sortit de son gilet de brocart un diamant brillant de mille feux, parfaitement plat et arrondi, long d'une dizaine de centimètres. Il posa le joyau devant lui.

- Où as-tu trouvé ca, Balïn ? demanda Thror à voix basse, fasciné.

- C'est Therris qui me l'a donné.

- Comment est-il entré en possession d'une merveille pareille ? s'enquit Skalli à voix basse, elle aussi, comme pour ne pas troubler la solennité de l'instant.

- C'est le galet que son mineur a lancé. Therris jure sur les vies des membres de sa famille, sur les nôtres ainsi que sur la sienne, que son homme a lancé une simple pierre totalement banale et que ce diamant est ressorti de la source.


Voilà, premier chapitre.

J'espère que ca vous a plu !

Le prochain arrive demain, le temps de remanier les chapitres suivants (oui, quand j'ai déjà terminé une histoire, je poste tout très vite, MOI - ceci n'est en rien une manière de demander à ce que Katsuri poste plus vite, je vous assure. Enfin si. POSTE PLUS VITE !)

Je vous fais des bisous et à la revoyure !

Aschen

P.S. : Review ? Please ? J'en ai besoiiiiiiin...