Future Imperfect
By Sally Reeve
Auteur: Sally Reeve
Traducteur : Aybarra
Rating : PG-13 (en grande partie pour le langage)
Catégorie : S/J UST, angst, romance
Pairings : Sam/autre Jack/autre ; Sam/Jack
Spoilers : Unnatural Selection (Evolution, saison6)
Situation dans le temps: Plusieurs années après la saison 6.
Résumé : Carter et O'Neill font face aux conséquences de leurs choix.
DISCLAIMER: All publicly recognizable characters and places are the property of MGM, World Gekko Corp and Double Secret Productions. This piece of fan fiction was created for entertainment not monetary purposes and no infringement on copyrights or trademarks was intended. Previously unrecognized characters and places, and this story, are copyrighted to the author. Any similarity to real persons, living or dead, is coincidental and not intended by the author.
Note du traducteur: SelDear l'a surnommée la 'Reine du Ship' et je ne peux que m'incliner. Cette fic est la dernière que Sally ait écrite sur Stargate (décembre 2003), mais quel final mes aïeux ! Si j'aime ? C'est peu que de le dire ! lol
Je ne compte plus le nombre d'emails que j'aie envoyés à Sally... sans résultat. C'est donc sans sa permission que je publie la traduction de sa fic, en espérant qu'elle ne m'en tiendra pas rigueur...
Bonne lecture !
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Vous avez souri, vous avez parlé, et j'ai cru,
Trompé(e) par chaque mot et chaque sourire.
- Walter Savage Landor
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Chapitre 1
Les derniers rayons du soleil d'été brillaient chaudement à travers l'air tempéré par une fraîcheur d'automne. A travers le parc, les cris et les glapissements, des enfants qui s'amusaient, dérivaient sur le bruissement des feuilles et jusqu'au banc chaud sur lequel Daniel attendait assis.
Il était arrivé plus tôt et avait son nez fourré dans la section 'nouvelles étrangères' du journal, déterminé à profiter des derniers jours de l'été, quand quelque chose lui fit lever la tête. Il plissa les yeux à travers les rayons du soleil et vit l'homme qu'il attendait traverser l'herbe grillée. De cette distance, Jack O'Neill ne semblait pas différent de l'homme avec qui il avait travaillé pendant si longtemps. Mais cela faisait quatre ans, et un océan d'eau avait coulé sous les ponts qui séparaient maintenant Jack de Colorado Springs et la vie qu'ils avaient tous partagée au SGC.
Daniel se leva et replia le journal. Les éternelles lunettes de soleil protégeaient les yeux de Jack – plus d'un examen minutieux que du soleil, soupçonna Daniel – et ses mains étaient profondément enfoncées dans les poches de son blouson en cuir foncé. Ses cheveux étaient peut-être un peu plus sel que poivre maintenant, et son visage tanné montrait de profondes rides. Mais, à part cela, il marchait avec la même démarche dont Daniel se souvenait, et sa bouche avait le même dessin intransigeant.
« Jack », dit Daniel comme son ami ralentissait et s'arrêtait près de lui.
Il salua d'un bref signe de tête. « Daniel. Ravi de vous revoir. »
Il y eut un moment de silence et d'hésitation. Autrefois ils se seraient étreints, mais le temps avait éloigné Jack O'Neill, et Daniel n'était pas sûr que leur amitié fût ce qu'elle avait été. Il se contenta de tendre la main. « Moi aussi », dit-il, en serrant la sienne. « Cela fait un bail. » Jack acquiesça simplement, contemplant le parc autour de lui comme si c'était un souvenir lointain. « Alors », persista Daniel, «Comment se fait-il que vous soyez ici ? Votre appel m'a surpris. »
L'attention de Jack revint brutalement à lui et il fronça les sourcils. « Pour affaires. Laura a une réunion avec des gens de Bolder, aussi j'ai pensé venir ici et vérifier la maison. »
« Votre maison ? » Daniel était surpris. Il avait pensé que Jack l'avait vendue après le mariage.
« Je l'avais louée, » expliqua-t-il, l'attention de Jack dériva vers l'horizon à nouveau. « Ca paie l'entretien du chalet. »
Daniel sourit. « Alors, vous pêchez toujours, hein ? »
Jack esquissa une grimace. « La vie est trop courte pour ne pas le faire. » Dans le silence qui suivit, ils commencèrent à marcher, en un méandre paresseux à travers les arbres teintés par l'automne. « Alors », dit Jack au bout d'un moment, « comment vont les choses pour vous ? »
« Occupé », répondit Daniel. « Je ne vais plus off-world aussi souvent qu'avant. Ce qui est réellement, d'une certaine façon, un soulagement. Je pense que je deviens trop vieux pour la vie à l'extérieur. » Jack grogna, et Daniel sourit et continua. « J'ai une bonne équipe. Et certains des artefacts que les équipes de terrain apportent à travers la Porte sont incroyables. Maintenant nous passons moins de temps à nous battre et plus de temps… à explorer… nous faisons vraiment des découvertes incroyables. Par exemple, la semaine dernière, SG4 a rapporté une statue de… » Il s'arrêta, sachant que son ami ne l'écoutait pas. Même derrière les verres noirs, Daniel pouvait voir la façon dont il étudiait le sol au-delà de leurs pieds. Très loin. Mais Daniel savait exactement où ses pensées avaient dérivé.
Autant en finir avec.
Il prit une profonde inspiration. « Teal'c fait un grand travail à organiser l'alliance Tok'ra-Jaffa », dit-il, d'une manière d'introduction. « Et Sam-- » Un léger mouvement convulsif de la mâchoire de Jack fut la seule indication que quelque chose clochait. « Elle fait un super boulot en tant que second de la base. Je pense que le Général Taylor réfléchit pour lui faire une … euh… » Il remonta ses lunettes et essaya de se rappeler le grade militaire. « Sorte de promotion », expliqua-t-il. « Quelque chose de plus que ce qu'elle est maintenant… Je ne sais pas quoi— »
« Colonel, » remédia Jack tranquillement. « Cela devrait être la prochaine promotion.»
« C'est ça. Vous devez penser que je devrais être capable de me rappeler cela. »
« Colonel, » réfléchit Jack. « A quoi ? Trente-huit ans ? C'est rapide. Même pour Carter. »
« Eh bien, c'est Sam pour vous », précisa Daniel. « Elle a toujours été exceptionnelle. » Jack hocha juste la tête, et ils marchèrent en silence. « Je pourrais l'appeler, » suggéra Daniel au bout d'un moment. « Nous pourrions nous réunir tous ensemble et-- »
« Non. Non, je ne suis ici que pour quelques heures. »
« Elle sera triste de vous avoir manqué. »
La réponse de Jack fut un grognement de pur scepticisme. « Mouais. »
« Jack, vous savez elle est toujours-- »
« Une autre fois, » coupa Jack. « D'accord ? » Daniel haussa simplement les épaules et laissa le silence s'établir à nouveau. Au bout d'un moment Jack enleva ses lunettes de soleil ses yeux sombres, impénétrables, ne révélaient pas plus que ses verres teintés. « Est-ce qu'elle va bien ? Je veux dire… est-elle heureuse ? »
Quelque chose dans la poitrine de Daniel se serra quand il entendit le murmure de son ami tristesse et regret qui ne se voyaient pas sur son visage, mais semblaient contenus dans ses mots. « Elle l'est, » lui assura Daniel. Bien que ne sachant pas si cette assurance serait un réconfort ou une peine supplémentaire. « Elle et Matt-- »
« Bien, » fit Jack, en se détournant. « Bien. »
Soupirant profondément, Daniel changea de sujet. « Alors, comment allez-vous ? Laura semble être une femme intéressante. J'ai vu quelques-unes de ses photos anthropologiques sur National Geographic. »
« Elle est assez étonnante, » reconnut Jack, semblant se décontracter. « Vous l'aimeriez. Elle a aussi pris des photos étonnantes de la faune. Elle a cette façon incroyable avec ces animaux stupides… »
« C'est pour cela qu'elle s'y prend aussi bien avec vous, non ? »
Jack lui lança un regard de biais. « Très bien. Presque drôle. »
« Je me suis entraîné. »
Jack s'arrêta brusquement, dévisageant Daniel. Il lui fit un sourire triste et tendit une main et serra son épaule. « C'est bon de vous voir. »
« Oui, » acquiesça Daniel. « De vous voir aussi. »
« Si nous allions déjeuner ? »
« D'accord. Chez O'Malley pour se rappeler le bon vieux temps ? »
Mais les yeux de Jack se troublèrent. « Un endroit nouveau. »
Quelque part sans souvenir, réalisa Daniel tristement. Quatre ans, et l'homme était encore blessé. « D'accord. Un nouvel endroit. Et je veux tout entendre de votre voyage en Guyane avec Laura. »
« Oh, vous auriez adoré ça, » gloussa Jack. « Des moustiques de la taille de petits chiens. »
Daniel frissonna. « Cela ressemble au paradis… »
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Sam fixait la pile de papiers sur son bureau, sous le choc. « Il était ici ? A Colorado Springs ? »
Daniel eut au moins la décence de paraître gêné. « Juste pour quelques heures, » expliqua-t-il. « Il m'a appelé et a suggéré que nous nous retrouvions pour déjeuner. »
« Quand ? » demanda-t-elle, ne sachant pas si de la surprise ou de la colère, laquelle l'emportait. Jack O'Neill était en ville, et elle ne l'avait pas su. Pour elle ne savait quelle raison, cela semblait une erreur – elle aurait dû être au courant.
« Samedi. »
Elle cligna ses yeux secs et secoua la tête. « Pourquoi ? Je veux dire, pourquoi était-il ici ? Pourquoi n'est-il pas monté jusqu'à la montagne ? » // Pourquoi ne m'a-t-il pas appelée ?// Bien qu'elle connût la réponse à cette question.
Daniel soupira légèrement. « Cela faisait longtemps, » dit-il doucement. « Beaucoup de changements. Je pense qu'il voulait juste un contact avec la base puisqu'il était en ville. Pas une grande… réunion. »
« Il est toujours fâché, » soupira Sam, se penchant en arrière sur sa chaise et fixa ses doigts immobiles posés sur ses genoux. « Je pensais que maintenant qu'il avait, quel-est-son-nom ? »
« Laura »
« C'est ça. » Elle ne savait pas pourquoi, elle ne se rappelait jamais le prénom de la femme. « Je pensais que maintenant qu'il avait Laura, peut-être qu'il, vous savez… serait en paix avec ça. »
« Je ne pense pas qu'il soit fâché, » l'assura Daniel, prenant une gorgée de café qu'il tenait délicatement dans ses mains. « Plutôt… mal à l'aise, peut-être ? »
Ses doigts restèrent immobiles, encore calleux des missions off-world et l'utilisation trop fréquente de ses armes. « J'aurais aimé le voir, » dit-elle enfin. « Nous ne nous sommes pas séparés en bons termes. » Non pas qu'ils en aient discuté. Il n'y avait pas eu de grandes confrontations, d'accusations. Rien. Seulement une lente dérive, loin de ce qui avait autrefois semblé possible, voire même probable, vers une fin silencieuse de leurs espoirs. Les circonstances les avaient contraints à enfouir leurs sentiments au plus profond d'eux-mêmes, là où les pressions et les tensions de leur situation unique les avaient emprisonnés et empêchés de s'exprimer. Et ils étaient restés là, cachés du monde et doucement, chacun de leur côté, leurs vies s'étaient éloignées. Sam avait par la suite rencontré Matt Hutchinson, et tout avait changé. Matt avait—
Matt !
« Zut ! » grogna Sam, jetant un œil à sa montre. Elle avait oublié l'heure.
« Un problème ? » demanda Daniel, ne bougeant pas de sa position affalée sur le siège en face.
« J'étais censée être à la maison il y a cinq minutes ! » expliqua Sam, se mettant sur ses pieds et feuilletant la paperasse empilée sur le bureau. « Merde, Matt va me tuer. »
« Oh, » sourit Daniel en comprenant. « C'est bon, vous serez prête pour votre petit week-end coquin—»
« C'est une conférence ! » objecta Sam, cachant un sourire.
« Qu'importe. »
« Une conférence ennuyeuse, » ajouta-t-elle dans un souffle. Les coins et les recoins de l'industrie de l'édition n'étaient pas quelque chose qui pouvait capter son attention. Mais le côté positif, c'était en Floride et l'idée de la plage était certainement attirante…
Daniel se leva. « A quelle heure est votre vol ? »
« Huit heures. Mais je dois encore préparer mes affaires, et vous savez que Matt aime être à l'heure. »
« Allez-y, » offrit Daniel, secouant d'une main la paperasse. « Je trierai ça et le dirai au Général Taylor. »
Sam leva les yeux. « Vraiment ? »
« Il n'y a rien d'urgent, pas vrai ? »
« Non. Juste une paire de rapports que je dois envoyer. Oh, et un problème qu'avait SG-5 sur P4G-439 que je devais regarder-- »
« Considérez que c'est fait, » dit-il avec un sourire. Et bien qu'elle ne soit pas totalement à l'aise de le quitter en lui abandonnant son travail, elle n'avait pas vraiment le choix.
« Merci Daniel. J'apprécie. »
« Prenez du bon temps ! Revenez bronzée. »
Elle sourit. « Oh, j'avais prévu de le faire. »
Saisissant son manteau elle se rua hors de la salle, laissant seul Daniel avec sa paperasse – et ses souvenirs d'O'Neill. C'était plus facile de cette façon, de laisser les souvenirs à la base et nulle part près de son nouveau foyer et de sa nouvelle vie. De plus, avec la perspective d'un mari irrité et impatient à la maison, elle ne voulait vraiment pas se rappeler des yeux sombres rieurs. Ou dangereusement intenses…
Le temps qu'elle arrive chez elle, elle avait moins d'une heure pour faire ses bagages et quitter la maison. « Tu es en retard. » Ces mots retentirent sèchement dès que la porte se referma derrière elle. Sam soupira.
« Quelque chose est arrivé, » mentit-elle, se servant de son travail secret comme d'un bouclier.
Matt sortit de la cuisine, un froncement de sourcils sur son visage arrondi. « Tu réalises que nous devons tout vérifier en moins de 50 minutes-- »
« Je sais ! » coupa Sam brusquement, se dirigeant rapidement vers la chambre. « Laisse-moi 10 minutes pour me préparer. Arrête de paniquer. »
« Je ne panique pas ! » s'exclama Matt, la suivant dans la chambre. Sa valise était déjà ouverte sur son lit, et à sa grande irritation, à moitié remplie de vêtements. « Je pensais que je devais t'aider à commencer. »
Sam grinça des dents. « Merci. » Elle lança un bref regard sur ses vêtements, et décida que cela ne valait pas la peine de se disputer avec lui sur le fait qu'il n'avait aucun droit de faire ses bagages à sa place. Elle mit juste ce qu'elle voulait par-dessus.
C'était seulement pour quelques jours, après tout. Elle se tourna vers sa penderie, entrant presque en collision avec Matt qui rôdait impatiemment derrière elle. « Pourquoi n'irais-tu pas charger la voiture ? » suggéra-t-elle.
« C'est fait. »
Bien sûr. « Eh bien… arrête de rôder autour de moi, veux-tu ? Ca ne prendra qu'un moment. »
« Tu sais combien c'est important pour moi, Sam. »
« Mes bagages ? » répondit-elle brusquement.
« La conférence. Mon Dieu, pourquoi ne peux-tu pas être seulement un tout petit peu excitée ? »
Elle s'arrêta, ses doigts se courbant autour d'une sélection de t-shirts dans son tiroir. « Je le suis, » répondit-elle. « Je ne vois simplement pas pourquoi nous devons être à l'aéroport si tôt et-- »
« Je ne veux pas être en retard. »
« Nous ne le serons pas, » lui assura-t-elle, en lançant les t-shirts dans sa valise puis chercha dans ses maillots de bain.
« Si tu avais été à la maison quand tu avais dit que tu serais, nous pourrions être détendus-- »
« Matt ! » s'exclama-t-elle, se tournant vers lui, son maillot de bain se balançant dans une main. « Arrête. D'accord ? Nous n'avons pas à faire ça. Je serai prête dans quelques minutes – moins si tu me laisses seule. »
Son froncement de sourcils s'approfondit, et il hocha la tête. Un battement de remords tirailla le cœur de Sam, mais elle le réprima. Il était irraisonnable. « Je vais attendre dans la voiture, » lui dit-il, et elle roula des yeux.
« Très bien. Comme tu veux. »
Une fois qu'il fut parti, elle retira le reste de ses affaires de sa valise – se rappelant de prendre un bon livre et son écran total – et changea son uniforme pour son habituel jean. Mais elle ne pouvait empêcher l'irritation qui grandissait en elle, ou l'envie brûlante de se battre. Généralement, l'hyper organisation de Matt était touchante. Cela s'accordait parfaitement avec sa discipline militaire. Mais dans certaines occasions, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir étouffée. Pour l'amour du ciel, un homme avait essayé de faire ses bagages à sa place ! Elle soupira et tira sa valise du lit. « Je suppose que c'est ce qui se passe après quatre ans de mariage, » marmonna-t-elle en quittant la chambre. La familiarité engendre le mépris, et elle n'avait aucun doute que sa lune de miel était terminée. Mais telle était la vie. Telle était la vie en couple.
Après un trajet silencieux jusqu'à l'aéroport et une attente tendue dans la file pour la vérification d'usage, Sam et Matt se retrouvèrent assis tranquillement dans un petit bar de l'aéroport. Avec une heure à tuer avant leur vol.
« Heureux maintenant ? » lança Sam d'un ton ironique, en observant son mari par-dessus son cappuccino.
Matt lança un regard noir. « Nous avons de la chance de ne pas avoir eu de trafic. Et la dernière fois que je suis parti d'ici, j'ai dû attendre plus d'une heure avant d'être enregistré. »
Sam haussa simplement les épaules et bâilla. Il était temps de changer de sujet si elle voulait éviter une dispute. « Alors, le Hyatt a une plage privée, c'est ça ? »
« Tu vas adorer, » lui assura Matt avec un sourire adouci. « Même si la conférence est ennuyeuse. »
« Ce ne sera pas ennuyeux. »
Ses yeux bleus se rétrécirent. « Je sais que tu penses que c'est ennuyeux. Tu te plains chaque année. »
Sam fronça les sourcils. « Ce n'est pas ça. C'est juste-- »
« Je sais. Ce n'est pas aussi intéressant que les radars spatiaux-- »
« Je n'ai jamais dit ça ! » protesta-t-elle. « Et de toute façon, tu tombais de sommeil quand nous étions allés à la conférence de l'USC l'année dernière. »
« J'étais malade ! »
Elle sourit. « Tu t'ennuyais. Mais c'est bon. Je veux dire, c'est la raison d'être de tout cela, non ? »
« C'est la raison d'être de tout cela quoi ? »
« D'être mariés. Dans la maladie et la santé, jusqu'à ce que-- »
« -- la mort nous sépare ? »
Sam gloussa. « Ce n'est pas si mal. Sérieusement. Certaines pièces exposées sont fantastiques. »
«Et les réceptions sont bien, » lui rappela Matt. « As-tu pris cette robe noire avec les bretelles… ? »
« Oui, » soupira Sam. « J'ai apporté la robe. Ne t'inquiète pas, je ne te ferai pas défaut. »
Les yeux de Matt s'agrandirent et il toucha sa main de l'autre côté de la table. « Tu ne pourrais jamais, » lui dit-il avec un sourire chaleureux. « Même dans ton treillis tu serais plus belle que toutes les personnes de la pièce. »
« Ne sois pas bête, » rit-elle, bien que le compliment ne soit pas malvenu.
« Je ne le suis pas, » lui dit Matt, ses doigts étreignant sa main. « Tu es toujours la femme la belle que j'aie jamais connue. »
« Et tu es le plus grand des flatteurs que j'aie jamais connus ! ».
Il rit à cela. « Juste une autre raison pour laquelle nous sommes un couple parfait. »
« Oui, » sourit Sam, retirant sa main pour prendre une autre gorgée de café. « Nous le sommes. » Et si les mots sonnèrent un peu creux, elle savait que c'était à cause de leur presque dispute de l'après-midi. Rien de plus.
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L'hôtel était grand, luxueux et impersonnel. Décoré en osier et de brillantes couleurs, il respirait un charme tropical artificiel qui n'agit pas sur Sam. Mais Matt était insouciant du décor, ses yeux surveillaient déjà l'arrivée des invités qu'il connaissait ou qu'il voulait connaître. Comme il avait expliqué à Sam, à plus d'une occasion, le réseau de relations qu'il avait établies à la conférence de CrossMedia lui avait permis de réaliser la moitié du chiffre d'affaires de l'année. Le réseau de relations était tout.
Comme Matt se dépêchait de traverser le hall pour accueillir quelqu'un d'important, Sam se présenta à la réception. Leur chambre était au rez-de-chaussée et faisait face à la mer. Parfait. Elle prit les clés, se saisit de sa valise et s'y dirigea sans attendre. La dernière chose qu'elle voulait était de se livrer aux incessantes discussions qui domineraient sans aucun doute ce week-end. Elle fit signe à Matt d'une distance sûre et ils se retrouvèrent enfin dans leur grande chambre impersonnelle.
« Fantastique, n'est-ce pas ? » dit Matt, se dirigeant immédiatement vers les grandes portes coulissantes et en les ouvrant sur la nuit.
Il faisait sombre, mais le bruit des vagues se brisant dérivait dans l'air humide lorsque Sam le rejoignit sur la terrasse. Ils étaient littéralement sur la plage. « Oui, » soupira-t-elle, prenant une grande aspiration. « Fantastique. »
« Nous avons encore du temps pour descendre à la soirée, » dit-il alors, en lui donnant une tape sur l'épaule. « Je vais me changer. »
Seule sur la terrasse, Sam soupira. Elle était fatiguée et n'était vraiment pas d'humeur. Mais quel choix avait-elle ? Ceci était le travail de Matt et elle avait le devoir de le soutenir. Il avait tant fait pour elle et probablement avec meilleure grâce. Avec un regard plein de regrets vers la sombre plage, Sam rentra pour chercher quelque chose d'approprié à porter pour la soirée.
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« Dieu ! » se plaignit Laura, alors qu'elle soulevait son sac à dos sur le grand lit de l'hôtel. « Jamais je n'ai vu autant de costumes ! »
Jack grogna lorsque le poids du sac atterrissant de son côté le bouscula. Il ouvrit un œil. « A quoi t'attendais-tu ? »
Elle soupira, passant une main sur ses longs cheveux roux. « A ça, je suppose, » confessa-t-elle avec un sourire. « C'est juste que c'est tellement… pas moi. »
« Non, » reconnut-il, laissant ses yeux parcourir sa mince silhouette, encore habillée d'un short kaki et un pull-over qu'elle semblait affectionner. « Moi non plus. »
« Pourtant, » dit-elle, s'asseyant en croisant ses jambes au bout du lit, « si je veux obtenir des fonds pour la prochaine expédition, j'ai besoin de trouver un éditeur qui s'y intéresse… » Sa voix s'estompa, elle pencha la tête d'un côté. « Bien, je t'ennuie déjà. » Elle sourit. « Merci d'être venu avec moi, Jack. Je sais que tu aurais préféré aller pêcher. »
« Pas de problème », lui assura-t-il, l'attirant vers lui sur le lit.
Elle lut en lui. Ou peut-être vit-elle simplement le désir dans ses yeux. « Nous avons encore une demi-heure avant d'avoir à descendre, » suggéra-t-elle avec un sourire dont il ne pouvait se méprendre. « Si tu n'es pas trop fatigué du vol ? »
Il l'enserra, comme toujours stupéfait que ce corps jeune et souple soit si consentant dans ses bras. « Fatigué ? Je suis peut-être vieux, » grommela-t-il comme ses lèvres se posaient sur sa gorge, « mais je ne suis pas encore mort. »
« Tu », murmura Laura entre deux baisers, « N'es. Pas. Vieux ».
Et à cet instant, il la crut presque.
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Près d'une heure et demie plus tard, Jack se trouvait assis au bar de l'hôtel, au décor tropical, avec un whisky dans une main. Laura était plus loin et nouait des contacts et il était plutôt content de se reposer et de feuilleter le journal en ignorant les bavardages excités autour de lui. L'un dans l'autre, il se sentit plutôt fichtrement bien. Même s'il devait supporter tous ces touristes de la Floride. Laura Hartstone était la meilleure chose qui lui était arrivée depuis très, très longtemps et il le savait. La vie était belle.
« Jack ! » Laura apparut à son bras avec un grand sourire sur son jeune visage. « Il y a quelqu'un que tu dois rencontrer ! »
Il souleva un sourcil. « Pourquoi ? »
« Parce qu'il est énorme – et je veux dire énorme - dans la publication de documentaires et qu'il vient de demander que toi et moi le rejoignions pour trinquer ! »
Il lui fit un sourire indulgent. « D'accord, mais tu l'as prévenu que je suis vieux et de mauvaise humeur, n'est-ce pas ? »
Laura roula juste ses yeux et se saisit de sa main. « Viens. Ca pourrait vraiment être sensationnel. »
« Alors, qui est ce type ? » demanda-t-il alors qu'elle le tirait à travers la foule en costume.
« Il travaille pour Brock, Cuthbert and Smithson, » répondit-elle par-dessus son épaule. « C'est le plus grand éditeur dans le domaine des sciences naturelles et il a dit qu'il cherchait— Oh, il est là ! »
Les yeux de Jack dérivèrent au-dessus des têtes jusqu'à un homme grand, blond avec des traits aussi lisses que son costume. La main de Laura se resserra autour de la sienne et elle murmura, « Maintenant sois gentil ! » avant de se lancer dans la lèche qu'elle détestait tant, mais qu'elle arrivait pourtant à si bien faire. « Matt. Salut ! Laissez-moi vous présenter mon compagnon, Jack… »
Figé comme les piliers de sel de la Bible, Jack se figea lorsqu'un regard bleu se tourna vers lui. Il ne vit pas de signe de reconnaissance dans le regard, bien que le visage lui fût brusquement et tristement familier. Le soulagement de Jack, à ne pas être reconnu par l'homme, fut profond. Mais, cela s'avéra momentané. Cela dura aussi longtemps que cela prit à Matt Hutchinson d'attirer la femme qui se tenait dos à eux, et était en train de discuter avec d'autres invités. Jack regardait dans une stupeur horrifiée Matt toucher une épaule nue, bronzée et dire, « Sam, chérie, il y a quelqu'un que j'aimerais que tu rencontres. »
Lentement, si lentement qu'il pût sentir chaque battement de cœur et chaque frisson d'une affreuse anticipation, elle se retourna. Et c'était elle. C'était elle.
Carter.
« Voici Laura Hartstone, » dit Matt, sa voix, la seule pénétrant la bulle de silence dans laquelle Jack se retrouva. « Et son compagnon, Jack… ? »
Il ne pouvait parler.
« O'Neill, » dit Laura, sa voix un vague son au loin. Carter sursauta, ses yeux s'agrandirent sous le choc alors qu'elle le fixait.
Et il ne pouvait toujours pas parler.
Mais elle pouvait. « Mon Colonel ! Oh mon Dieu ! »
Soudain la pièce fut de nouveau tout autour de lui, bruyante, irritante et forte. « Vous vous connaissez ? » demanda Matt, ses traits lisses se plissant en un froncement.
« Bien sûr ! » bredouilla Carter nerveusement. « C'est le Colonel O'Neill ! Mon supérieur. Ancien supérieur. » Elle lui adressa un sourire nerveux. « Il était à notre mariage, Matt. Souviens-toi. »
Visiblement Matt ne s'en souvenait pas. « Bien sûr, » mentit-il. « Heureux de vous revoir, ah… »
« Jack, » fit-il, retrouvant la capacité de parler. « Moi aussi, Matt. » Il pouvait mentir aussi bien que cet homme. Et puis, avec une résolution qu'il réservait habituellement au champ de bataille, il se tourna vers Carter. « Salut. »
Elle sourit, gênée et visiblement embarrassée. Il se demanda à quoi elle s'était attendue de sa part. « Cela fait un bail, monsieur. »
« Oui, » opina-t-il, choisissant d'ignorer le 'monsieur'. Il s'était retiré il y a quatre ans et elle continuait de l'appeler 'monsieur' ? Pensait-elle réellement que cela avait encore de l'importance ?
« Laura Hartstone, » dit Laura soudainement, en fourrant sa main dans celle de Carter. « Vous travailliez avec Jack ? Dans l'Air Force ? »
« Oui. » Carter sembla surprise. Elle s'attendait peut-être à ce qu'il ait tout raconté sur elle à Laura. « Nous avons servi ensemble pendant sept ans. »
Laura sourit. « Bien. Tous ces trucs top secret dans le Colorado, hein ? »
« Oui, » opina Carter. « C'est ça. »
« Bien, » sourit Matt, glissant un bras autour de la taille de Carter. « Et si nous prenions ce verre ? Vous pourrez rattraper le temps pendant que Laura et moi discuterons de son dernier projet en – Où est-ce ? »
« Erythrée, » sourit Laura, se mettant à côté de Matt alors qu'il menait la voie à travers les tables vers le fond du bar. Carter marchait de l'autre côté, son bras toujours autour de sa taille, laissant Jack traîner derrière eux.
Pendant un instant, il songea à se précipiter vers la porte et s'enfuir vers la plage sombre au-delà de l'hôtel. Mais il écarta l'idée tout de suite. Il s'était remis de Carter, se rappela-t-il. Depuis des années. Et si une légère gêne persistait, c'était uniquement parce qu'elle savait ce qu'il avait ressenti autrefois, et il détestait quiconque ayant autant de pouvoir sur lui.
Mais, comme il observait les cheveux roux de Laura se balancer en rythme avec ses hanches, il se rendit compte que, peut-être, c'était l'opportunité parfaite pour mettre fin à ce pouvoir pour toujours. Mettre les fantômes au repos, et lui montrer qu'elle était de l'histoire ancienne aussi peu importante pour son avenir que les artefacts poussiéreux de Daniel. Il avait une nouvelle compagne dans sa vie. Quelqu'un de mieux. Une personne aussi intelligente et talentueuse que Carter. Quelqu'un sachant mieux s'amuser que Sam Carter. Et, il sourit légèrement, quelqu'un d'au moins 10 ans plus jeune que Sam Carter.
Oh oui. Il s'était très bien remis d'elle… Et il devait admettre qu'il allait sacrément apprécier de lui montrer exactement à quel point elle signifiait peu pour lui aujourd'hui.
Très, très peu.
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