Une jeune femme aux longs cheveux blonds, se promenait d'un pas lent dans les avenues bondées de la ville. Elle tenait un ballon rose à l'aide d'une petite ficelle pour l'empêcher de s'envoler dans le ciel d'un triste gris de Novembre. Malgré ce temps blafard, la jeune blonde s'en fichait, elle souriait, regardant les vitrines des magasins d'un œil curieux.

Quelqu'un se mit devant sa route. Un garçon au visage bandé, seul son œil onyx gauche à la pupille fendu dépassait de ses bandages. Il avait d'insolites cheveux roses en bataille et d'étranges habits: une longue veste négligée noir ébène aux longues manches, dont l'une d'entre elle avait été arrachée. Son manteau s'ouvrait vers le bas de son ventre, laissant percevoir son penta court d'un blanc cassé, ses sandales accordées à sa veste, et une écharpe quadrillée d'un blanc immaculé couvrant le bas de son visage.

La jolie jeune femme le dévisagea de son regard rempli de curiosité, le garçon aux cheveux roses ne disait rien, lui tendant une feuille de papier. Elle la prit, lui disant merci, et lut ce qui était écrit sur cette feuille: «Cirque de Fairy Tail» et un chapiteau avec un symbole y était dessiné. Elle releva son regard confus dans l'œil du jeune homme. Elle devinait qu'il souriait sous ses bandages, non pas d'un sourire bienveillant, la jeune femme avait l'impression que ce sourire était …indescriptible. Elle ne ressentait pas de peur face à ce garçon mystérieux, elle était plutôt hypnotisée par ce personnage.

Elle vit d'un coup l'œil du jeune individu changer de couleur, pendant quelques centièmes de secondes son iris était devenu d'une inquiétante couleur rouge sang, avec une lueur malveillante. La jeune femme blonde écarquilla les yeux de stupeur, puis elle les frotta vivement de ses deux poings et les rouvrit. L'orbe de celui-ci avait retrouvé sa couleur originelle, il se retourna et s'en alla. Elle jeta un œil sur le papier puis sur le jeune garçon aux cheveux roses, et par une force inconnu d'elle, suivit cet étrange personnage, lâchant le ballon qu'elle tenait fermement, celui-ci s'envolant dans les cieux d'un gris froid de fin d'après-midi.

La jeune demoiselle essayait à tout prix de suivre cet individu étrange. Ils avaient quitté la ville et se trouvaient, à présent, dans la forêt sombre qui entourait la grande cité. La nuit avait pris place, la lune à son zénith, entourée de nuages noir d'encre, menaçant de la couvrir à tout moment. Les courants d'air glacial frappaient le dos de l'adolescente, elle avait froid mais ne fit pas attention à ses sensations, ni à ses mauvaises impressions. Tout ce qui comptait pour elle était de suivre l'homme à l'écharpe blanche, tout en évitant les branchages de cette forêt noire et dense.

Ils aboutirent dans une vaste clairière, la belle blonde s'arrêta regardant l'énorme chapiteau majestueux avec le grand symbole du cirque de Fairy Tail. Elle était émerveillée devant la vue qui s'offrait à elle: la clairière était baignée dans la douce lumière de la lune, l'immense chapiteau aux couleurs vives semblait respirer la joie, les drapeaux imprimés du symbole du cirque flottant fièrement au gré du vent.

Ce soir nous allons montrer

Le triste destin que certain porte en ce monde

Enfants que Dieu a abandonnés, rampant sans relâche.

Enfants qui ne peuvent soutenir leurs membres tremblants avec lesquels ils sont nés.

Leurs bouches ont même crié accidentellement

La couronne de leurs têtes caressant les nuages sombres.

Ils sourient lorsqu'ils rêvent à l'étreinte de leurs mères.

Oh la difformité! Difformité!

Passez le voir! Passez le voir!


Dans les profondeurs de la forêt

Loin, loin au bout du chemin

Il y a un cirque.

Le président avec de grands yeux et mesurant 10 mètres de haut.

Tous les artistes sont heureux

Leurs formes sont plutôt étranges

Mais c'est si amusant!

The Dark Woods Circus!

La jeune femme aux cheveux d'or, contemplait la clairière d'un œil amusé et curieux. Quelque chose face à elle l'arrêta, elle releva son regard et vit deux personnes, une femme de trois mètres de haut avec de très longs cheveux écarlates habillé d'une très longue robe prune à bretelle et aux motifs floral vers le bas de la robe. L'autre était un homme aux cheveux bleus mi-longs, il avait un tatouage longeant de son front passant par son œil droit et s'arrêtant vers le milieu de la joue. Il était vêtu d'un costume rayé bleu et noir et d'un haut-de-forme assorti à ses vêtements. Elle les trouvait amusant et elle leur fit un sourire.

Elle vit tous ces divers artistes se dirigeant vers le cirque, en riant, parlant, s'amusant. Même si la blonde trouvait qu'ils étaient formés plus ou moins singulièrement. Elle décida de les suivre, et s'y approchant, elle discerna un trou assez large pour voir l'intérieur du cirque.

Un avec deux têtes

Une diva déformée

Une bête bleue qui aime manger des choses froides…

Elle distingua une personne ayant deux têtes, enfin plutôt deux personnes se partageant un corps, rectifia-t-elle. L'une était une femme et l'autre un homme, ils partageaient tous les deux des cheveux blancs et courts, des yeux bleus foncés et étaient vêtu d'un vieil habit de cirque abîmé aux couleurs fades et sans vie, ça ressemblait plus à une loque d'ailleurs. Là ou le vêtement ne couvrait leur peau, il y avait des cicatrices, au cou, au dos, aux bras … pour compléter la tenue, le jeune homme avait une espèce de col à bouton et la fille portait une minerve.

L'adolescente détourna son regard et vit une diva déformée chantant une chanson, enfermée dans une cage. Elle avait de longs cheveux blancs et sales lui arrivant au bas du dos. On ne pouvait distinguer ses yeux, cachés par des lunettes tintées. Elle était accoutrée d'une robe à frou-frou d'un vieux rose sans vie aux ornements étranges, laissant voir ses jambes déformées, comme les pattes d'un cheval. La jeune femme ne pouvait que ressentir de la pitié et de la tristesse pour cette créature emprisonnée, privée de sa liberté.

Son regard dériva encore une fois vers un homme aux cheveux brun en bataille, nuancés de bleu et portant une camisole blanche maculée de tâches rouges et marron. Une grande assiette avec deux bras humain découpés dessus. Ses yeux foncés brillaient d'envie et un filet de bave s'échappait de ses fines lèvres bleutées. Notre observatrice comprit que ces tâches rouges et marron n'étaient pas que de simples tâches mais du sang séché ou frais, et la raison de cette camisole. Elle avait presque envie de vomir devant ce terrible spectacle.

Dégoûtée et horrifiée, elle dévia son regard vers quelqu'un d'autre, ne voulant voir ce cannibale déguster son repas. Les orbes marron de notre espionne tombèrent sur le garçon aux cheveux roses qu'il l'avait accosté et emmené ici. Il était enfermé comme la diva difforme. Au bas de sa prison, il y avait une plaque où était inscrit « Salamander de feu ». La curieuse en conclu donc que cela devait être son nom de scène. Elle le vit de dos, enlevant ses bandages autour de sa tête devant un grand miroir. Elle put apercevoir son visage défiguré par le biais du miroir. Sa peau était semblable à des écailles de serpent rouge bordeaux, elle brûlée et marquée d'une cicatrice longeant son cou. Le jeune homme enleva sa veste d'un geste bref, la spectatrice vit que ses «écailles» et ses brûlures s'étendaient aussi sur son torse. Pourtant, elle ne put s'empêcher de rougir en le regardant, le trouvant même séduisant et sexy malgré ses «marques». Le garçon mutilé tourna son regard vide vers le trou où la jeune blonde était postée. Une larme coula doucement de son visage abîmé, elle avait le sentiment que cette larme lui était destinée, une pincée de tristesse et de douleur. Une petite perle salé ruissela sur la joue de la belle, rougit par la fraîche soirée de fin d'automne. Elle comprenait ce regard rempli de souffrance, elle comprenait sa douleur. La haine, la mélancolie… tous ces mots - et bien d'autres encore – elle les avait sentie, ressentie, vécu… Au jour d'aujourd'hui, ces mots n'ont pas disparu. Ils sont toujours omniprésents, ancrés dans son cœur en lettres de feu, la hantant. Le jeune altéré détourna son regard vers le miroir, regardant son reflet. Ses yeux ne brillaient pas, ils étaient vides de tout sentiment. Elle se reconnut, elle se revoyait devant son miroir, avec exactement le même regard.

Elle dévia difficilement son œil vers la diva déformé. Les siamois se trouvaient devant elle. L'homme aux cheveux blanc lui enleva les lunettes qu'elle portait, avec son bras gauche. L'observatrice devinait, à la vu de la couleur de ses yeux, bleu éteint, qu'elle était aveugle. Elle remarqua aussi que les yeux de la diva étaient inondés de larmes. Elle la comparait à une poupée de porcelaine, sa peau si pâle, ses traits délicats, ses joues rosées et ses lèvres pulpeuses et si rouges… L'une des plus belles poupées de porcelaine qu'elle n'aie jamais vu. Elle chantait:

Quelqu'un a-t-il souhaité que je sois vivante

Je suis dans ce corps, si peu désirable

Pourquoi me regardez-vous comme cela?

Ce visage qui pourrit

C'est douloureux

C'est douloureux et on n'y peut rien.

Pour la réconforter, le siamois homme tendit sa main vers elle et souleva une mèche de ses cheveux qu'il porta sur ses lèvres comme pour partager sa souffrance. Il chanta à son tour:

A-t-elle dit

Et pourtant, nous continuerons ce cirque!

Pour Toujours!

La jeune blonde observa mieux et remarqua, sur leur visages, ils possédaient des marques aux motifs étonnants de couleurs nuancés et avaient tous un sourire crispé. La tête de la jeune fille à la chevelure blanche chanta à son tour:

Si Amusant! Si amusant!

Ce cirque est si amusant!

Fruit pourrit, dissolvant mes yeux

Ma peau infectée, se reflète sur mes yeux

La jeune diva difforme s'écria:

Je veux mourir, Je veux mourir

Sortez-moi d'ici, je vous en supplie!

C'est impossible pour quelqu'un de dire ou de sentir…

La spectatrice recula, et se rendit compte que le cirque n'était peut-être pas si amusant qu'il en avait l'air. Elle ressentait de la compassion et un certain effroi envers ces membres déchus. Cependant, la belle demoiselle ne sentit pas la présence menaçante qui s'était glissée derrière. Elle se retourna, tremblant de peur, afin de fuir, elle vit un petit chemin – sûrement creusé par d'autres curieux comme elle auparavant –. Mais avant qu'elle ne put faire quoi que se soit,

Elle fut capturée et disparut à jamais dans ce cirque maudit.


Je m'appelle Lucy Heartfillia, j'ai 17 ans, membre du cirque de Fairy Tail. Je suis une fille portant malheur à mon entourage, dès que je touche quelqu'un. Cependant – peut-être grâce à Dieu – les membres du cirque ne sont pas touchés par ma malédiction. Depuis ce jour où je me suis faite capturée, je ne suis plus sortie de ce cirque maudit

Le corps est déformé de manière à plier cette figure tordue

Mon corps et mon visage sont restés intacts mais ces marques aux motifs mystérieux et singuliers, je les porte désormais, telle une infection décomposant ma peau.

Ramper dans la rue illuminée avec des lanternes de papier

Tout le monde connaît le sentiment de marcher dans la rue

Moi et mes amis ne venons en ville qu'à la nuit tombée, où le mal et les ombres règnent. Cette cité si belle et vivante durant la journée, devient ténèbres et fatalités lorsque l'obscurité prend place. La nuit nous représente, la lune est notre seul lueur d'espoir. Nous nous éclairons à la faible lueur des lanternes de papier colorées à travers les rues de la ville. Nous sommes seuls...

Cet enfant doit se recroqueviller seul

Rejetés de la société à cause de nos «différences», nous nous débrouillons comme nous le pouvons, essayant de survivre à cette malheureuse et obscure fatalité.

Je pense que les ombres ont une longue portée

Nous ne serons pas les derniers à être victime de ces ombres. D'autres seront touchés, qu'ils le veuillent ou non, et finiront comme nous : des êtres déchus.

Mais les amis qui parlent ont leurs tailles alignées

Mes amis et moi continuons de vivre, en dépit de la souffrance qui nous assaillit de toute part, jusqu'au plus profond de notre être jusqu'à en devenir fou. Nous discutons, nous sourions, nous rions en y faisant abstraction, essayant d'oublier…

Tu es après et avant et seul

Nous sommes et représentons notre passé, qu'il soit prospère ou maudit dès notre naissance, notre obscur futur avec nos dissimilitudes et notre présent, seuls contre tous. Nous ne sommes que des abominations que Mère Nature a fabriquées.

Oh tu es là, tu es là

Passez le voir

Passez le voir

Venez dans notre cirque si heureux et amusant, plongé dans les ténèbres les plus profondes qu'il soit. Venez au cirque de Fairy Tail.

Passez par les bois sombres…