Bonjour à tous :)

Je vous remercie d'ores et déjà aux lecteurs qui auront pris le temps de s'arrêter pour lire cette petite histoire qui j'espère vous plaira.

Bonne lecture :)


On m'a toujours dit que la vengeance était un plat qui se mangeait froid. Depuis l'âge de mes sept ans, depuis que j'ai vu mes parents se faire assassiner sous mes yeux et qu'on m'ait laissée pour morte, je me tiens à cette règle.

Aujourd'hui vingt ans après, j'ai encore en moi ces images qui me hantent et cette soif de revanche. Cette soif, de faire payer à ceux qui m'ont enlevé mes parents, mon enfance et m'ont détruite.

Je la vois se profiler à l'horizon, cette vengeance. Je n'ai jamais été aussi près du but. Ils ne savent pas que ''l'ange de la mort'' rôde autour d'eux et qu'il va bientôt frapper.


Partie I

SARASOTA – Mai 20..

Lexa pensa que ses poumons allaient exploser sous le manque d'oxygène. Elle commençait à avaler l'eau dans lequel sa tête était plongée et à s'étouffer peu à peu, mais une main rude lui empoigna les cheveux et la redressa sur sa chaise.

Elle toussa en recrachant mais n'eut pas le temps de reprendre son souffle que la main de l'homme s'abattit sur son visage. La force de la gifle lui fendit la lèvre inférieure et bientôt, elle sentit le goût métallique du sang couler dans sa bouche.

« Allez Lexa ! M'oblige pas à te tuer à petit feu… Dis-moi qui tu es vraiment et pour qui tu travailles et j'abrégerai tes souffrances ! »

La tête baissée, la jeune femme ne releva que ses yeux verts, plus ou moins cachés par ses mèches mouillées, mais emplis de haine et d'aversion pour cet homme qui lui faisait face.

Elle lui cracha dessus et répondit d'une voix froide et sans émotion.

« Allez-vous faire foutre. »

Le coup de poing qu'elle reçut lui fit tourner la tête sur le côté et elle sentit le liquide chaud du sang s'écouler lentement de son arcade sourcilière et lui brouiller la vue l'espace d'un instant.

Elle serra ses poings liés derrière le dossier de sa chaise et d'un sourire narquois, tourna lentement son visage vers lui.

« C'est tout ce que vous savez faire ? »


SARASOTA - Quelques jours plus tôt…

Le souffle encore court de son heure d'entraînement, Lexa défit lentement les bandes qui enserraient ses mains, tandis que le sac de frappe se balançait doucement devant elle. Une fois libérée, elle les laissa choir sur le banc et récupéra sa bouteille d'eau, avant de sortir et de faire coulisser la porte pour fermer derrière elle.

La sueur perlait sur sa peau hâlée et les quelques mèches brunes qui n'avaient pu être attachées, collaient à présent sur les côtés de son visage ou sur sa nuque.

Elle traversa d'un pas leste son salon au décor asiatique, pour s'enfermer aussitôt dans la salle de bains.

Le grand miroir qui lui fit face, lui renvoya l'image d'une poitrine qui se soulevait encore rapidement et d'un visage aux pommettes rosies par l'effort.

Elle défit le bouchon de sa bouteille et but quelques gorgées avant de la poser sur le rebord et de se regarder un instant, les mains appuyées de part et d'autre du lavabo.

Un éclat de détermination sans précédent et de froideur brillait au fond de ses prunelles émeraudes, dévoilant son côté intouchable qu'elle s'attelait à préserver.

Elle finit par ôter son débardeur trempé de sueur, ainsi que son pantalon en toile, se dirigea nue vers la cabine de douche et avant qu'elle n'y rentre, l'immense miroir refléta un dos tatoué de deux immenses ailes d'ange.


Il était un peu plus de neuf heures du matin lorsque Lexa monta les marches de l'immense bâtisse appartenant à la famille Wallace troisième du nom. Famille immensément riche, dont la fortune n'avait pas seulement fructifié grâce à des placements boursiers ou par le seul biais de ses activités professionnelles, à savoir le rachat d'entreprises dites en faillite. Non, leur fortune avait un goût de corruption et de malversation.

Lexa n'était qu'une des employés de cette immense entreprise, mais depuis qu'elle avait pu y entrer, voilà un an maintenant, elle avait gravi peu à peu les ''échelons''. Elle se retrouvait à présent là où elle avait travaillé si dur pour y arriver : dans l'entourage fermé du ''grand patron''. L'opportunité de le rencontrer ne s'était pas encore présentée, mais elle savait que son heure viendrait bientôt, tout comme celle de Dante Wallace troisième du nom.

Elle appuya sur le bouton de l'ascenseur et glissant les mains dans les poches de son par-dessus en cuir, attendit qu'il arrive. Une petite sonnerie retentit et Lexa s'apprêtait à faire un pas pour s'y engouffrer lorsqu'elle vit, derrière les portes qui s'ouvraient, Carl Emerson en sortir.

« Tu tombes bien Woods… Je t'emmène avec moi… J'ai une course à faire pour monsieur Wallace. »

Imperceptiblement, le regard émeraude de Lexa se fit plus glacial à sa vue mais elle se reprit aussitôt pour esquisser un petit sourire narquois.

« Vous jouez les simples coursiers maintenant ? Vous avez été rétrogradé ? »

L'homme aux tempes légèrement grisonnantes laissa échapper un petit rire et d'un geste, attrapa doucement le coude de la jeune femme pour l'inviter à le suivre.

« Non… Une simple visite de courtoisie chez l'un de nos clients. »

« Et pourquoi vous voulez que je vous accompagne ? »

Emerson sortit la clé de son véhicule de la poche de sa veste et appuya sur le petit bouton. Un léger bip retentit et il libéra le bras de Lexa pour ouvrit la portière de sa BMW.

« Il est temps pour toi de faire un peu de terrain. »

D'un geste machinal, elle épousseta sa veste à l'endroit où Emerson l'avait tenue et contourna la voiture pour, à son tour monter à l'intérieur.

« En un an, tu as de ton ordinateur, accru considérablement le chiffre d'affaires du secteur Nord… J'en ai parlé avec monsieur Wallace et il est d'accord pour te donner de nouvelles responsabilités. »

Emerson tourna la clé et démarra.

« T'as un sacré talent pour les affaires… Tu seras et j'en suis sûr, être autant persuasive devant nos clients que derrière ton bureau. »

Le coude calé contre la portière, Lexa se tenait le menton entre ses deux doigts et jeta un regard en biais du côté du conducteur.

Elle ne comprenait que trop ce qu'Emerson venait de dire d'une façon détournée et anodine. Le mot ''persuasive'' avait un goût amer à entendre. Tout comme la présence de cet homme à ses côtés lui donnait un haut le cœur. Cet homme de quarante-cinq ans, qui vingt ans plus tôt s'était tenu devant elle alors que ses parents baignaient déjà dans leur sang. Elle n'oublierait jamais ces yeux : des yeux bleus clairs presque translucides qui l'avaient fixée de ce regard sans émotion alors qu'elle s'était tapie au fond d'un des placards de sa chambre pour se cacher de son bourreau.

Oui. Lui aussi paierait bien assez tôt, mais pas avant qu'elle ne soit persuadée d'avoir toutes ses chances de rencontrer celui pour qui elle faisait tout ça.

Pourtant c'est avec un petit sourire dit léger qu'elle répondit :

« Je peux que me sentir honorée de tant de confiance alors… »

« Tu peux Woods… »

Il tourna le volant pour sortir de son emplacement et s'engouffra lentement dans le trafic.

« Ton avenir est tout tracé parmi nous… »

Son avenir ? Lexa tourna le visage vers la vitre pour regarder le paysage défiler. Elle le connaissait son avenir. Elle ne donnait pas cher de sa peau après ce qu'elle s'apprêtait à faire. Mais peu importait. Depuis tant d'années, elle ne vivait qu'un substitut de vie, s'en était façonné une pour arriver à son but final : des études poussées pour connaître ce ''monde'' dans lequel elle baignait dorénavant ; du sport à l'extrême pour se battre autant que se défendre s'il y avait lieu et d'autres à-côtés qui l'aidaient dans son dessein. Elle était prête à tout risquer pour les faire tomber et s'y tiendrait même si elle devait en mourir.


Le regard que lança le patron du restaurant Caragiulo's n'échappa pas à Lexa. Un regard empli de confusion voire de terreur. Les propos d'Emerson, bien que polis, reflétaient des menaces cachées et bientôt la jeune femme, simple témoin de leur conversation, suivit des yeux le restaurateur contourner son comptoir et récupérer une enveloppe kraft assez épaisse.

Elle le vit tendre l'enveloppe à Emerson qui la prit et la glisser dans sa veste.

Les mâchoires de la jeune femme se serrèrent devant ce ''pot de vin'' et cette scène ne fit que raviver ses souvenirs encore bien trop présents en elle. Ce même genre de scène qui avait fini en drame. L'insoumission contre ces personnages aux bras longs et aux pouvoirs démesurés était un acte suicidaire en soi. Les parents de Lexa en avaient fait les frais et la punition, fatale.

Pourtant, elle savait qu'elle devait en faire fi devant cette scène qui se déroulait de nouveau devant ses yeux, ne pas se faire remarquer par ses émotions vives, qu'elle avait jusqu'alors réussi à contenir. Jouer les indifférentes, jouer leur jeu pour gagner leur confiance.

Adossée au comptoir, à quelques mètres d'eux, elle finit par se redresser et les bras toujours croisés sous sa poitrine, s'approcha. Elle adressa un sourire de connivence à Emerson et tourna son regard sur le patron du restaurant.

« C'est avec moi que vous aurez à faire le mois prochain… Et j'aime le martini blanc bien sec avec une olive verte. »

L'homme resta silencieux, les traits tirés sur son visage alors qu'Emerson se levait tout en laissant échapper un petit rire satisfait et posa la main sur l'épaule de la jeune femme.

« Je vois que tu apprends vite… C'est bien. »

Il s'arrêta alors devant le patron et leva son index, telle une menace silencieuse.

« A bientôt Kyle… »

Pour finir par un petit clin d'œil en guise de provocation.


La pendule de l'accueil marqua quatorze heures quand clarke² sortit de l'hôpital, vêtue de sa blouse verte, pour traverser d'un pas pressé la rue et entrer dans le petit café d'en face.

La patronne lui lança un grand sourire quand elle la vit et sans attendre lui prépara le gobelet de café que la jeune femme avait l'habitude de prendre.

« Avec un beignet aux pommes ma chérie ? »

« Non, pas cette fois-ci Josie… Je fais régime ! »

La tenancière éclata de rire en jetant un regard prononcé sur la silhouette fine et svelte de Clarke.

« Qu'est-ce qui ne faut pas entendre ! Regardez-moi… ! »

Elle se montra de la main, plus particulièrement là où des formes généreuses enveloppaient son corps qui jadis, avait été aussi mince que celui de la jeune femme.

« Le jour où vous serez comme moi ma belle, là vous pourrez vous dire, qu'il est temps de faire un régime ! »

Clarke laissa échapper un petit rire en secouant légèrement la tête. Elle appréciait de venir dans cet endroit lors de ses pauses. Josie, la patronne du bar, était une femme d'une cinquantaine d'années à la joie de vive communicative. La jeune femme profitait donc de ce laps de temps récréatif pour se déconnecter un peu de la dure réalité de son travail.

Elle récupéra son gobelet fumant et partit s'installer sur l'une des banquettes encore disponibles.

« Vous êtes parfaite Josie ! »

« Et vous êtes un amour de me dire ça ! »

Clarke lui sourit en portant son gobelet à ses lèvres. Elle sentit alors vibrer son téléphone portable dans la poche de son pantalon et le sortit. Ses sourcils se froncèrent aussitôt quand elle lut le nom sur le petit écran et un soupir d'agacement se fit entendre quand elle porta l'appareil à son oreille.

« Oui… »

# C'est moi Clarke…

« Je sais… J'ai vu ton nom sur l'écran. Qu'est-ce que tu veux ? »

# Te voir pardi ! Je voudrais que tu viennes manger un soir à la maison… Que dirais-tu de… Samedi soir ?

Un autre soupir s'échappa et Clarke ferma un instant les yeux en se frottant légèrement le front. Elle répondit enfin avec ce même ton qu'elle avait l'habitude de prendre avec lui, à savoir détaché et froid.

« Je… Je sais pas… Je ne peux pas te répondre dans l'immédiat, je ne connais pas encore mes horaires pour ce week-end… »

# Et bien dans ce cas-là rappelle-moi quand tu le sauras. C'est l'anniversaire de Jessica et elle serait contente de te voir parmi nous…

« Ok je vais voir… Je dois te laisser… J'ai fini ma pause… »

# Très bien… Je t'embrasse ma chérie…

Clarke ne prit pas la peine de répondre et raccrocha. S'accoudant sur la table, la main sur sa joue, elle regarda un instant la rue animée par les passants et le trafic des véhicules.

Ce genre d'appel avait le don d'atténuer sa bonne humeur quotidienne.

Elle finit par regarder sa montre et se leva, prenant son gobelet à moitié plein. Encore sept heures et la journée serait terminée.


« Ca fera quinze dollars… »

Lexa sortit de la poche arrière de son jean, un billet de vingt et le tendit à l'épicier. Elle récupéra son paquet rempli de provisions et sortit du magasin.

Il était déjà tard et la nuit noire sans lune accentuait l'aspect sombre de la rue où la jeune femme avait garé sa voiture.

Elle sortit la clé de sa poche et appuya sur le petit bouton. Les warning clignotèrent un instant dans la nuit et Lexa ouvrit la portière arrière pour déposer son sac.

C'est alors qu'elle perçut au loin un cri étouffé. Elle se retourna vers le lieu où elle venait d'entendre le bruit et fronça les sourcils, soudainement attentive aux alentours.

Un autre cri plus intense retentit et Lexa n'eut pas de peine à reconnaître le cri d'une femme en détresse. Sans prendre la peine de refermer sa portière, elle se mit à allonger le pas en remontant la rue.

Elle remarqua alors une voiture dont la portière était restée ouverte et tourna son regard en direction du petit chemin de terre menant vers le parc.

Un autre cri de frayeur résonna, suivi de voix masculines.

« Fais-la taire bordel ! »

Le sang de Lexa se glaça, ne comprenant que trop ce qui se passait. Elle se mit à courir en direction du petit bois en poussant un cri.

« HEY ! »

C'est alors qu'un homme à moitié débraillé sortit de derrière un arbre et Lexa vit aussitôt qu'il tenait un couteau à cran d'arrêt dans la main.

« Passe ton chemin connasse si tu veux pas que j'te troue la peau ! »

Le regard déjà sombre de la jeune femme vira au noir lorsqu'elle s'approcha de l'assaillant. D'un geste tout autant que rapide et précis, elle lui assena un coup de pied retourné dans le ventre qui le plia en deux sous la surprise.

Il se redressa pourtant rapidement et joua de son couteau en esquissant de grands gestes devant lui.

« Tu vas me le payer sale garce ! J'vais te mettre à genou et tu vas subir le même sort que ta copine ! »

Lexa esquiva les attaques de la lame jusqu'à ce qu'elle lui effleure la joue et qu'un filet de sang sur le haut de sa pommette fasse son apparition. Elle ne prit pas la peine de s'en formaliser car très vite, elle remarqua dans son champ de vision un deuxième homme sortir, beaucoup plus trapu que le premier.

Elle se retourna de nouveau, pour cette fois-ci, de sa botte, cogner dans la main tendue. Le couteau vola dans l'air et elle profita de la surprise de l'agresseur pour lui envoyer un autre coup de pied retourné dans la mâchoire, qui l'assomma net.

L'homme tomba de tout son poids sur le sol tandis que son acolyte, un sourire mauvais sur les lèvres fonçait sur elle.

Cette dernière avec une rapidité déconcertante, l'esquiva à la dernière seconde et de ses poings joints, lui assena un grand coup dans le dos. L'homme tomba essoufflé et Lexa se pencha sur lui, pour lui faire une clé de bras derrière son dos. Il hurla de douleur lorsque le bruit d'un craquement d'os résonna dans la nuit.

La jeune femme se redressa et finit de l'assommer d'un coup de pied dans la mâchoire.

Sa poitrine remontait et retombait rapidement sous son souffle court en les regardant un instant, inertes sur le sol. Puis très vite, elle porta son regard vers l'arbre et se précipita vers l'endroit d'où ces deux voyous étaient sortis plus tôt.

Elle aperçut alors, une jeune femme blonde, recroquevillée au sol, les genoux collés contre sa poitrine. Son chemisier déchiré sur le devant, elle le tenait fermée de ses mains tremblantes.

Doucement et presque prudemment comme pour ne pas l'effaroucher plus qu'elle ne l'était, Lexa s'accroupit devant elle et d'un geste délicat, posa sa main sur son épaule.

« Hey… Ca va aller maintenant… C'est fini… »

Seuls des sanglots amers lui répondirent. La tête penchée et le front posé sur ses genoux repliés, Lexa ne pouvait voir si la jeune femme avait subi des coups ou des blessures, mais de ce qu'elle pouvait constater, elle était arrivée au bon moment. Ses agresseurs n'avaient pas eu le temps de mettre à profit leur basse besogne.

Elle regarda un instant les alentours, le parc désert mis à part les deux formes inertes sur la pelouse.

Elle tourna de nouveau son regard sur la jeune femme et d'un mouvement lent, ôta sa veste qu'elle posa sur ses épaules tremblantes.

Elle se pencha un peu sur elle et toucha sa main de la sienne pour lui faire part de sa présence. Sa voix résonna apaisante et calme.

« Venez… Je vais vous emmener au commissariat… »

« Non ! »

La jeune femme releva subitement son visage et Lexa distingua malgré l'obscurité, des traits fins dans une expression apeurée. Elle tenta un sourire pour l'apaiser.

« Ok… Pas de commissariat alors… »

Sa main monta jusqu'à son visage où elle poussa doucement une mèche blonde qui lui barrait le front.

« Je vous ramène chez vous… Ok ? »

Encore tremblante de ses émotions, la jeune femme blonde opina légèrement de la tête et bougea doucement pour se remettre debout.

Dans son mouvement, les pans de sa chemise déchirée s'ouvrirent pour laisser entrapercevoir une poitrine dénudée ainsi que des marques de griffure zébrant le bas de son ventre.

Lexa remarqua ces points de détails et tout en l'aidant à se relever, entreprit de lui enfiler sa veste et de la boutonner.

Elle esquissa un sourire quand elle vit ce regard azur nimbé de larmes et de rimmel coulé la regarder.

« Allez venez… On s'en va… »

Elle récupéra au sol, le sac de la jeune femme puis passa son bras autour de sa taille, la tenant fermement contre elle. Elle sentait dans les pas de cette dernière, ses jambes vaciller encore sous l'emprise de ses émotions. Elle la voyait du coin de l'œil tenir fermement le haut de sa veste et sa tête se poser contre son épaule.

Arrivées vers le véhicule de l'inconnue, Lexa récupéra la clé qui pendait encore à la serrure, ferma la portière et verrouilla la voiture.

Leurs pas les amenèrent ensuite jusqu'à la sienne et avec des gestes attentionnés, Lexa l'installa sur le siège passager.

A son tour, elle monta et demanda en tout en démarrant :

« Votre adresse ? »

D'une main sale et tremblante, Clarke effaça une larme de sa joue et répondit d'une voix à peine audible :

« A la prochaine. Vous tournez à droite, puis… La troisième à droite. J'habite dans la rue de Sunnyside ».

Lexa acquiesça et commença à rouler tandis que le silence tombait dans l'habitacle.

De son côté, le visage tourné vers la vitre, Clarke regardait les rues qu'elles connaissaient par cœur, défiler sous ses yeux sans pourtant les voir vraiment.

Son esprit s'était arrêté sur ce qu'il venait de se passer, sur cette seule image où elle se voyait tirer en arrière alors qu'elle ouvrait sa voiture, cette main se plaquant contre sa bouche pour l'empêcher de hurler et ces bras l'enserrant pour la traîner au loin derrière les buissons. Puis des mains, des doigts sur elle, la maintenant fermement au sol alors qu'elle entendait ses vêtements se déchirer sous ses mouvements de défense. Ce goût du sang dans sa bouche quand une gifle puissante fendit sa lèvre, l'haleine fétide aux relents d'alcool des deux hommes alors qu'ils essayaient de l'embrasser tout en tentant de déboutonner son pantalon. Dans ses réflexions, elle remercia ce jeans porté ce soir. Sans lui, cette tentative de viol aurait sûrement été à terme.

En pensant à ce mot, son corps émit un léger tressaillement et prit soudainement conscience de ce à quoi elle venait d'échapper.

Sans cette jeune femme venue la secourir, elle y serait sans doute encore.

Elle tourna son regard sur cette femme assise à ses côtés et fixa ce profil éclairé de temps à autre par les phares des voitures qu'elles croisaient.

« Merci... »

Lexa la regarda furtivement avant de se concentrer de nouveau sur la route. Que pouvait-elle répondre à ça ? « De rien » ? Cela semblait si inapproprié en cette circonstance. Elle ne dit mot mais hocha légèrement la tête et finit par tourner dans la rue indiquée et ralentit.

« C'est au numéro vingt-quatre. »

Lexa se gara enfin, éteignit le moteur et se tourna vers la jeune femme.

« Il faudrait quand même que vous déposiez plainte… Au moins signaler leur portrait à la police... Pour éviter qu'ils recommencent. »

Clarke baissa son visage sur ses mains jointes qu'elle serrait fortement l'une contre l'autre et acquiesça lentement de la tête.

« Oui… Mais là… J'ai besoin… J'ai… »

Et un sanglot s'étrangla dans sa gorge lui coupant toute parole.

Lexa se défit alors de sa ceinture de sécurité et se pencha sur elle pour l'étreindre.

« Shh… Ca va aller… C'est fini maintenant… »

« J'ai… J'ai eu si peur… »

Et les pleurs redoublèrent d'intensité alors que Clarke s'accrochaient aux épaules de Lexa telles des bouées de sauvetage.

De sa main, Lexa lui caressa doucement les cheveux en un geste d'apaisement.

« Je sais… Shh… Mais c'est fini… »

Elle se recula légèrement d'elle et plongea son regard dans le sien.

« Ecoutez… J'ai pas envie de vous laisser toute seule comme ça… Alors si vous voulez… Je monte avec vous et… »

Elle tenta un petit sourire.

« Je vous prépare un bon café… D'accord ? »

Clarke ferma un instant les yeux et une larme roula sur sa joue déjà striée. Elle finit par acquiescer de la tête.

Elle attendit qu'on lui ouvre la portière et descendit lentement du véhicule, tenant fermement son petit sac contre elle.

Une main posée derrière son dos, Lexa la suivit et une fois dans l'entrée, appuya sur le bouton de l'ascenseur. Là dans ce hall éclairé, elle put nettement distinguer la jeune victime et apprécia, malgré le maquillage défait, la finesse et la beauté de ses traits. Une colère sans précédent resurgit alors à la pensée de ces deux hommes qui avaient tenté ce geste ''immonde'' sur elle.

Elle la voyait le regard baissé sur le sol, percevant peut-être une once de honte la submerger et se sentit compatir pour elle.

Elle se rapprocha d'elle lorsqu'elle vit l'un des locataires de l'immeuble entrer dans le hall, la cachant à sa vue et soupira lorsqu'il se dirigea vers les escaliers.

L'ascenseur arriva enfin et elles s'engouffrèrent à l'intérieur.

Clarke appuya sur le bouton quatre et entreprit de chercher fébrilement la clé de son appartement jusqu'à ce qu'elle la trouve, mais Lexa la lui prit doucement des mains et attendit que les portes de l'ascenseur s'ouvrent, avant de suivre la jeune femme jusqu'à sa porte d'entrée et de l'ouvrir.

L'appartement, Lexa le trouva tout de suite spacieux et accueillant. La blancheur des lieux reflétait une atmosphère reposante avec les quelques tableaux suspendus aux murs, faisant contraste à l'ensemble de la pièce.

Un petit miaulement lui fit tourner la tête et un chaton au pelage noir fit son apparition. Elle le suivit des yeux alors qu'elle posait d'un geste machinal, les clés sur la petite commode de l'entrée.

Elle aida enfin Clarke à aller s'asseoir dans un de ses grands fauteuils en cuir et s'accroupit devant elle, posant légèrement sa main sur son genou.

Elle la scruta un instant, prenant acte de sa lèvre fendue mais d'aucun autre stigmate sur son visage dû à son agression.

« Ok… Bon… Je pense qu'un bon café va vous faire du bien… »

« Du… Thé… S'il vous plaît »

Lexa esquissa un sourire en se redressant et hocha la tête.

« Va pour le thé. »

Elle se dirigea alors vers la cuisine américaine, agencée avec goût et modernisme et commença à inspecter les placards à la recherche des fameux sachets.

Elle sentit aussitôt une petite masse se frotter à ses bottes et baissa son regard sur la petite boule de poil qui lui tournait autour.

« C'est pas encore ton tour sac à puce… Je m'occupe de ta maîtresse d'abord. »

Et la maîtresse en question finit par se lever du fauteuil et disparaître dans le couloir, pour se rendre dans sa chambre.

Lexa la suivit des yeux alors qu'elle faisait chauffer l'eau dans la bouilloire.

Clarke déboutonna un à un les boutons de la veste en cuir qu'elle laissa tomber sur le bord de son lit, puis d'un pas encore incertain, se posta devant sa commode où elle en sortit un pull à manches longues qu'elle enfila après avoir enlevé sa chemise et son soutien-gorge déchirés. Elle les mit en boule et partit aussitôt dans la salle de bains les jeter dans la poubelle.

Se positionnant devant son miroir, elle se regarda un instant, prenant soudainement conscience dans l'état qu'elle se trouvait. Son maquillage avait coulé et de longues traces de rimmel striaient ses joues. Ses cheveux avaient une allure ébouriffée où quelques brins d'herbe étaient restés collés parmi ses mèches. Quant à ses mains, elle les trouva sales et légèrement écorchées.

Elle ouvrit les robinets et commença à les laver avant de faire une rapide toilette sur son visage. Elle voulait effacer toute trace de ce qui venait de se passer au plus vite. Oublier ce cauchemar, ne plus songer à ce qui aurait pu se passer et qui n'avait pas eu lieu, grâce à son ''sauveur''. A cette pensée, un sentiment de reconnaissance l'envahit, faisant disparaître l'espace d'un instant, sa peur et son angoisse.

Elle finit par se brosser les cheveux, leur redonnant leur brillance et les attacha en une queue de cheval, où seulement quelques mèches folles restèrent libres sur le côté de ses tempes.

Et c'est d'une constitution un peu plus sûre qu'elle revint dans le salon. Elle s'entoura cependant de ses bras, telle une marque de protection et se laissa doucement choir dans le canapé. Son regard partit vers la cuisine, vers cette jeune femme brune qui versait lentement de l'eau frémissante dans un mug.

Lexa s'approcha d'elle, la tasse fumante dans la main et la lui tendit. Clarke esquissa un premier sourire en la prenant.

« Merci… »

Les deux mains sur la paroi, elle but une gorgée et finit par reposer la tête contre le dossier du canapé.

« Je… Je crois que vous avez été mon ange gardien ce soir… Sans vous… Ces hommes m'auraient… »

Mais Lexa ne lui laissa pas le temps de répondre.

« Ca ne s'est pas produit… Et c'est ça qui compte. »

Elle finit par s'asseoir sur l'accoudoir du sofa.

« Je sais que ça risque d'être difficile, mais… Va falloir oublier ce mauvais moment. »

Et ses propres paroles sonnèrent faux dans sa bouche quand elle s'entendit les prononcer. Elle osait dire cela pour réconforter cette jeune inconnue alors qu'elle-même se refusait à oublier son propre drame, sa propre douleur.

La chaleur de la tasse réchauffait les mains gelées de Clarke et cette sensation lui fit du bien. Elle esquissa un autre sourire, bien que timide et leva ses yeux sur celle qui se tenait à ses côtés.

« Je… Je connais toujours pas votre prénom. »

Lexa lui rendit son sourire, remarquant sans conteste sa beauté et la finesse de ses traits.

« Lexa… Lexa Woods. »

« Merci Lexa… Clarke Griffin… et… Contente de vous connaître...»

Cette dernière se perdit un instant à la contempler plus que de nature mais se reprit vite en rompant le contact. Elle se leva et frotta machinalement ses mains sur son jeans.

« Je vais y aller, je crois. »

Elle se recula d'un pas mais la regarda de nouveau avec sérieux.

« Ca va aller ? »

Le regard de Clarke se fit d'un coup plus incertain. Elle osa dire en lui prenant la main pour la retenir :

« S'il vous plaît… Restez encore un peu… J'ai pas envie de rester seule… »

Mais finit par rajouter :

« A moins que… »

« Non… Ca va… J'avais rien de prévu ce soir. »

Lexa laissa ses projets se fondre dans un coin de son esprit et finit par s'asseoir sur l'un des fauteuils libres pour lui tenir compagnie.

Elle resta à ses côtés, bien que Clarke s'endormît entre temps en chien de fusil, son chat pelotonné au creux de son ventre. Elle la regarda un long moment dormir, scrutant le moindre frémissement ou gémissement qui aurait pu laisser croire à un cauchemar. Mais non, contre toute attente, le sommeil de la jeune blonde semblait paisible.

Elle finit par se lever et d'un pas silencieux partit à la recherche de sa veste qu'elle trouva sur le lit. Son regard se porta alors sur une photo de la jeune femme en question, brandissant fièrement son diplôme de médecin. Un léger sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'elle reposait le portrait et finit par récupérer un plaid posé sur le dossier d'une chaise, avant de quitter la pièce.

Elle couvrit Clarke du plaid puis se dirigea vers la porte d'entrée. Elle enfila sa veste et son regard partit une nouvelle fois vers cette silhouette immobile, avant d'éteindre la lumière et de fermer la porte derrière elle.


Trois jours plus tard…

« Monsieur Wallace ? »

Dante Wallace leva les yeux de son dossier et fixa de son regard gris acier, le jeune homme qui se tenait dans l'entrebâillement de la porte.

Il tapota son cigare au-dessus de son cendrier et d'un geste de la main l'invita à entrer.

« Entrez Cage… »

Le jeune financier entra d'un pas mal assuré et se posta devant le grand bureau en chêne où son patron se balançait lentement de droite à gauche dans son fauteuil en cuir.

« Nous avons un petit problème, Monsieur Wallace… »

L'homme leva un sourcil broussailleux et se redressa légèrement de son fauteuil.

« Expliquez… »

« Et bien… Il s'avère qu'en faisant un contrôle, je me suis aperçu que des données censées être inviolables avaient été piratées… La ou les personnes qui ont fait ça connaissent sans nul doute très bien l'informatique. »

Devant cette information, Dante Wallace serra légèrement les dents sur son cigare.

« Quels genres de données ou informations ? »

« Des comptes principalement… Mais le plus étrange, c'est… que certaines données remontent à plusieurs années en arrière… »

D'abord surpris de cette annonce, Wallace finit par froncer les sourcils dans une expression agacée et contrariée.

« Je veux que vous m'épluchiez toutes les fiches des personnes que nous avons embauchées ces dernières années… Déterrez-moi cette taupe. »

« Bien monsieur… Et ensuite ? »

« Ensuite ? Je m'en charge personnellement… »

Cage hocha la tête et tourna les talons, soulagé de s'en aller.

Pivotant son fauteuil pour faire face à l'immensité de la mer qu'était le Golfe du Mexique, Dante Wallace mâchouilla un instant son cigare, songeur, puis le récupéra entre ses doigts tout en se retournant de nouveau vers son bureau.

Il appuya sur l'interphone et attendit que la voix féminine de sa secrétaire se manifeste.

« Oui monsieur Wallace? »

« Appelez-moi Emerson. »


Assise derrière le volant, le téléphone portable collé à l'oreille, Lexa jetait de temps à autre des regards furtifs en direction de la porte du club, où était entré Emerson une demi heure plus tôt.

Elle le vit en sortir alors qu'il glissait une enveloppe à l'intérieur de sa veste et se redressa légèrement de son siège.

« Ok… Faut que je te laisse… Emerson revient. Ok… Compte sur moi. »

Elle raccrocha juste au moment où l'homme prenait place sur le siège passager.

« Quel con ! »

Il secoua la main et regarda ses phalanges légèrement rouges.

Lexa ne répondit pas, ne posa aucune question, sachant pertinemment de ce qu'il en retournait. Une autre victime se faisait ''déplumer'' pour garder son bien. Elle démarra et s'engouffra lentement dans le trafic.

Le téléphone d'Emerson sonna et ce dernier le sortit de la poche intérieure de sa veste.

« Emerson à l'appareil »

# Emerson c'est Dante Wallace.

« Oui Monsieur Wallace? »

A ce nom, l'attention de la jeune femme s'aiguisa.

# Vous êtes où ?

« Je suis avec Woods… Nous sortons du Cheetah lounge. »

# Et tout se passe bien ?

« A merveille monsieur Wallace, le patron a été un peu réticent, mais il s'est vite calmé quand il a su avec qui il avait affaire.

# Parfait… Je… A… Attendez, j'ai un appel sur l'autre ligne…

Emerson patienta quelques instants tout en dépliant un chewing-gum de son emballage et le porta à sa bouche lorsqu'il entendit de nouveau la voix de son patron.

# Ecoutez, j'ai ma fille sur l'autre ligne… Je ne peux pas vous parler… Je vous attends au bureau.

Il raccrocha sans qu'Emerson ait pu dire quoi que ce soit. Ce dernier rangea son téléphone.

« Changement de plan… Monsieur Emerson veut me voir. »

De façon anodine et désintéressée, Lexa demanda.

« Et vous savez ce qu'il voulait ? »

« Non… Il n'a pas eu le temps de me le dire… Il avait sa fille à l'autre bout de la ligne. »

Lexa fronça imperceptiblement les sourcils. Sa fille ? Elle ignorait ce détail. Pourtant depuis un an qu'elle travaillait dans son entreprise, elle n'avait jamais entendu dire que le grand patron avait une fille.

A présent plongée dans ses propres pensées, son visage venait irrémédiablement de se fermer et ses mâchoires bougeaient doucement sous ses dents serrées. Une idée machiavélique naissait lentement dans son esprit et un petit sourire froid s'afficha sur ses lèvres. Quelle serait la réaction de ce cher Dante Wallace si sa pauvre fille venait à disparaître ? En éprouverait-il de la peine ? Du chagrin ? Quel meilleur moyen pour lui faire payer, que de lui voler à son tour un être cher ?

La voix d'Emerson la ramena lentement à la réalité.

« … à lui… »

Elle tourna brièvement la tête dans une expression interrogative.

« Pardon ? Excusez-moi j'ai… (Faisant un petit signe de la main)… j'étais dans la lune »

« Je disais, que je vais profiter qu'il veuille me voir pour te présenter à lui. »

Le sourire de la jeune femme se fit plus prononcé et un air plus que satisfait se peignit sur son visage.

« Oui… Ca c'est une excellente idée… »


à suivre...