Il était 22h, et Conan avait choisi de rester chez le professeur Agasa. Il ne pouvait décidément pas rentrer chez les Mouri avec une balle encore dans l'épaule.
Comment ? Retournons quelques heures auparavant, dans une rue de Beika, aux alentours de 16h. Les détectives boys mar-couraient en hurlant dans la rue, surveillés par Conan qui jouait avec son ballon de foot et Ai qui marchait tranquillement, les mains dans le dos. Le ballon de foot lui arriva sur la tête, et elle regarda le jeune homme rajeuni avec un regard de-la-mort-qui-tue. Ce dernier écarquilla les yeux et leva ses deux mains à côté de son visage en incriminant le vent. Ai sourit intérieurement, et continua sa route. Toutefois, que Conan perde le contrôle de son ballon était une chose assez étonnante. Donc elle se retourna pour lui demander :
-Quelque chose ne va pas ?
-Tu t'inquiètes pour moi, sorcière ?
-Si tu venais à disparaitre, sur qui je testerai mon nouvel antidote ce soir ?
-Quoi ?! Tu en as fabriqué un nouveau ?! cria t-il.
Elle posa son index sur la bouche de Conan, en lui intimant de la fermer un peu. Ce dernier rougit légèrement en réponse au geste de son amie.
-Oui, tout récemment, et d'ailleurs, atchoum ! snif… j'ai tellement travaillé tard que je me suis affaiblie et me voilà malade depuis hier.
-Ah, alors c'est toi qui a du me filer ce mauvais rhume, ajouta t-il en se moquant gentiment de la jeune fille aux cheveux auburn.
-Oui, j'ai essayé de te postillonner dessus toute la journée dessus, tu n'as pas remarqué ?
-Ah-ah-ah. Vraiment très drôle.
-C'est pour ça que tu t'es raté tout à l'heure ?
-Ah oui, ça me lance un peu. Je pense que je dois avoir un peu de fièvre.
-On ferait mieux de repousser le test à plus tard, quand tu seras guéri.
-Hors de question ! En plus, si tu me le dis, c'est qu'il doit être différent des autres, non ?
-À ton aise, Kudo-kun. J'ai une théorie à vérifier sur nos rajeunissements. Mais tu seras consigné chez le professeur. Pas question pour toi d'aller voir Ran et de jouer les Roméos. D'ailleurs, elle ne devait pas venir te chercher pour aller quelque part après l'école ?
-Elle est sortie avec Sonoko à une exposition de bijoux ou je ne sais quoi pas loin d'ici.
Ai ne prit pas la peine de répondre, et Conan recommença à jouer avec son ballon de foot. Conan et Ai continuèrent leur chemin, et soupirèrent quand les enfants entrèrent en trombe dans un magasin pour acheter quelque chose à manger. Ayumi passa la tête par l'encadrement de la porte et cria aux deux enfants qui trainaient :
-Venez, on va acheter des gâteaux ! Je veux que ce soit Ai qui choisisse parce qu'elle est malade aujourd'hui !
L'innocence d'Ayumi avait toujours plu à Ai. Elle qui avait grandit dans la noirceur de l'organisation, voir des enfants s'agiter et être heureux la mettait –plus qu'elle ne voulait l'admettre- de bonne humeur –enfin, quand il ne lui courait pas trop autour. Elle sourit à sa « meilleure amie » et se dirigea vers elle, Conan la suivant, le ballon sur la tête. Quand les deux jeunes arrivèrent devant la porte, ils virent deux hommes sur le trottoir d'en face. Leur posture et leurs habits les firent s'arrêter immédiatement. Ils portaient un long manteau noir pour l'un et marron foncé pour l'autre, des écharpes remontées jusqu'au nez, et un béret chacun. Chacun des deux se trouva rassuré. Ce n'était pas des hommes en noir.
-Tu as vu ? demanda Ai à Conan.
-Oui. Ils sont suspects… ces grands sacs m'intriguent.
-J'en ai déjà vu des comme ça. À l'organisation, certaines personnes en portaient pour transporter leurs armes.
-On est surement en train de s'imaginer des trucs. Et puis, il n'y a pas de banque dans le coin, que pourraient-ils cambrioler ?
-Je ne sais pas. J'ai appris à écouter nos instincts. Kudo, nous sommes chassés, mais cela nous pousse à chasser aussi. Si tu penses que ces hommes sont des braqueurs, tu devrais appeler la police, il me semble que tu as le numéro de l'inspecteur Takagi, non ?
Les deux hommes jetèrent un coup d'œil à leur montre respective, et d'un signe de tête s'engagèrent pour traverser la route, ils manquèrent de se faire écraser, mais ils ne bronchèrent même pas quand la voiture les klaxonna. Quand ils arrivèrent devant Conan et Ai, ils s'arrêtèrent, et le plus grand des deux dit au téléphone : « On lance le plan, on va prendre des otages. »
Conan entra en trombe dans le magasin suivit d'Ai, avec comme seule pensée « Les enfants sont à l'intérieur ! ». Il faut dire qu'avec le temps, ils protégeaient ces détectives en herbes au péril de leur vie et surtout comme un grand frère et une grande sœur. Pour tromper les deux hommes, ils firent semblant d'aller acheter une glace en le criant.
Conan attrapa la main de Genta et Mitsuhiko, et Ai celle d'Ayumi. Ai courait au fond du magasin et se dirigeait vers les toilettes en suivant Conan, tout en faisant comme si elle était heureuse d'aller chercher à manger. Non mais vraiment, en plus, c'est plein de mauvais sucres ces machins là ! Quand Conan s'arrêta pour se cacher dans un cabinet, il sortit immédiatement son téléphone et appela l'inspecteur Takagi.
-Inspecteur Takagi ?
-Conan ? Tu as un problème ?
-Inspecteur, j'ai besoin que vous écoutiez ce que j'ai à dire avec attention. Mettez sur haut-parleur qu'un maximum de policiers puisse écouter. Maintenant !
L'inspecteur, qui avait appris au fil du temps à faire confiance à Conan, lui obéit, et demanda aux personnes autour de lui d'écouter, en espérant que ce ne soit pas une mauvaise blague, même si le ton sérieux de l'enfant réfutait cette théorie.
-Je suis actuellement dans le konbini dans la rue adjacente à celle du bureau du détective Mouri…
-Rue des Dames.
Conan remercia Ai d'un mouvement de tête, alors que les trois enfants s'étaient tus et commençaient à stresser : Conan avait pris sa voix d'adulte, celle qu'il n'utilisait que rarement, en cas de danger. Ou quand il voulait se la péter un peu à la fin des affaires criminelles auxquelles ils avaient fait face.
-… avec les détectives boys, et deux hommes vont y entrer et prendre tout le monde en otage dans la boutique.
-Quoi ?! Tu en es sur ?! demanda Sato, qui écoutait.
-À 100%. Je les ai entendus parler. Ai aussi. Il y en a un petit et un grand. Le grand porte un long manteau noir, et l'autre un marron. Ils ont tous les deux une écharpe gris foncé qui cache leur visage avec de larges lunettes de soleil, et un béret. Ils portent deux grands sacs que nous soupçonnons être remplis d'armes. Ils ont parlé d'un plan, je ne pense pas que…
Soudainement, des cris se firent retentirent dans le magasin, et les trois enfants crièrent au son de ce qui semblait être une arme à feu. Quatre balles. Ai se mit d'instinct devant Ayumi, et Conan serra les dents. Quelle malchance ! S'il avait réagi ne serait ce que quelques secondes avant, ça aurait pu se passer différemment. Non. Ce n'était pas de la malchance. Il n'avait pas réagi assez vite, et c'était de sa faute. Du moins, c'est ce qu'il en pensait.
-Je vais laisser mon téléphone allumé un maximum, mais je ne risquerai pas de me faire prendre avec, cela pourrait les faire paniquer que je sois au téléphone avec des policiers. Je vous ai donné de l'avance, maintenant à vous de jouer. Je vais voir ce que je peux faire de l'intérieur.
Il mit son téléphone dans sa poche avant que Takagi ou Sato ou même tout le département de la police ne lui dise de se mettre le plus à l'abri. Conan demanda aux enfants de se cacher derrière la porte d'entrée des toilettes. Quand on entrait dans les toilettes, les cabinets se trouvaient en rang sur la gauche, et le long du mur droit se trouvaient les lavabos, la porte s'ouvrant côté lavabos, on pouvait se cacher derrière sans être vus un premier temps. Haibara et Conan ouvrirent tous les robinets pour faire couler l'eau au maximum après avoir discuté quelques secondes, ce qui rassura vaguement les enfants, voyant l'ébauche d'un plan se mettre en place. Mitsuhiko, qui surveillait le couloir par le trou entre la porte et le mur où étaient accrochés les gonds de la porte, devint blême.
-Il y en a un qui arrive. Il … il est armé.
Il se plaqua contre le mur, serré contre Genta et Ayumi, essayant naturellement de trouver du réconfort dans le contact physique. Conan fit un signe à Ai. Elle se plaça dans un cabinet, et savait quoi faire. Conan se cacha dans un placard en dessous des lavabos. Comme quoi, finalement, ça avait un côté pratique d'avoir 7 ans (ou 6, j'ai jamais trop su).
De sa cachette, il entendit l'homme ouvrit lentement la porte. Il tira un coup de feu dans le mur du fond.
-Vous… vous êtes la police ? demanda Haibara d'une petite voix en sortant de sa cachette doucement. Si ça n'avait pas était dans une situation pareille, Conan en aurait profité pour ironiser sur la voix qu'elle venait de prendre, tellement en contraste avec sa voix détachée et apathique qui la caractérisait tant. Evidement, c'était une chance unique, elle ne reparlerai probablement jamais comme ça.
-Non ma jolie, gronda l'homme. Allez, viens avec moi si tu ne veux pas que je te troue la tête.
On peut dire qu'à se moment les détectives boys étaient dans un état de flippe assez accru. Haibara fit mine d'avoir peur et se réfugia à nouveau dans le cabinet.
-Ça ne sert à rien de te cacher, ma jolie.
Dès que l'homme se trouva en face de la jeune enfant dans les toilettes, Conan sortit et lança une fléchette hypodermique si vite que l'homme ne put réagir. Il souffla en le voyant tomber au sol. Genta ferma la porte doucement.
-Yes ! On a réussi !
-Il ne t'a pas fait de mal ? demanda Ayumi à Ai après avoir mis son doigt devant sa bouche pour faire comprendre à Genta de se taire un peu.
-Non. M'appeler ma jolie, on aura tout vu décidément.
-Mais non ! C'est vrai que tu es très jolie, pas vrai Conan ? affirma Mitsuhiko indigné, tandis que Conan, affirmant vaguement ce qu'avait dit le jeune garçon, se demandait de quelle façon ils pouvaient passer d'un état sentiment à l'autre de façon si extrême. Surement l'adrénaline… Ai attrapa le téléphone de Conan directement dans sa poche, ce qui le fit rougir, et parla aux policiers.
-Conan en a endormit un, mais ce n'est pas un de ceux que nous avons vu dehors. Lui s'appelle… Claude Friment, déclara t-elle en sortant son portefeuille de la poche droite du manteau. Il n'est pas japonais, mais il doit être européen d'après son nom. Je vous envoie une photo de sa tête pour que vous puissiez l'identifier.
Ai envoya la photo aux policiers qui étaient déjà en chemin. Elle posa ses mains sur ses hanches et dit :
-Maintenant, on fait quoi ?
-Ils vont se rendre compte qu'il manque à l'appel assez vite non ? demanda Mitsuhiko.
Comme en réponse à sa question, le talkie-walkie de l'homme se mit en marche :
-Hey, Claude. Tu fais quoi ?
Conan mit son nœud papillon en place rapidement sous le regard effrayé des enfants.
-Je… j'étais aux toilettes.
-Tu crois que c'est le moment imbécile ?!
-Je vérifiais que personne n'y était. Les autres sont arrivés ?
-De quoi tu me parles ? Qu'est ce qui te prends ?
-Il y avait des flaques d'eau, je me suis cogné la tête en glissant et je suis un peu étourdi mais ça va passer. J'arrive dans quelques minutes, je me passe la tête sous l'eau pour retrouver mes esprits. Conan coupa cours la discussion en cessant la communication.
-On a eu chaud… fiouuu…
-Tu es trop fort ! le félicita Ayumi.
Conan alla ramasser l'arme de l'homme en question. « Hum… je ne connais pas bien ce type d'arme. » Ai lui prit des mains.
-Fais-moi voir ça, petit détective.
Elle désarma le pistolet en murmurant des choses pour elle-même. Calibre neuf… Un beretta 92… Etonnant… Elle regarda les dix balles restantes, et les pris, en plus de rajouter la sécurité, puis elle alla le poser à côté de l'homme.
-J'ai suivi des cours tu-sais-où, chuchota t-elle à Conan, avant de dire aux enfants qu'elle avait vu ça dans un film. Décidemment, ces films étaient vraiment une excuse formidable. Elle cacha les balles dans un des placards situés en dessous des lavabos, et reprit la parole : Il ne restait que dix balles sur les quinze normalement dans la recharge, c'est lui qui a du tiré tout à l'heure, avec un peu de chance l'autre n'en a pas. Même si avec les sacs que l'on a vu, c'est peu probable.
Conan la regarda d'un air dépité. Elle souleva les sourcils en disant :
-L'espoir fait vivre non ?
Conan coupa court à ce deuxième semblant de communication, ce n'était le moment de s'embarquer dans ces discussions infinies qu'il pouvait avoir avec Haibara sur n'importe quel sujet. L'eau commençait à déborder de toutes les vasques, et des flaques se formaient au sol. Conan demanda aux enfants de sortir prudemment, et bidouilla un sèche-cheveux qu'il laissa trainer au sol.
-Qu'est ce que tu fais, Conan ? demanda Genta, intrigué.
-Il a mis un appareil électrique dans une flaque d'eau, donc si on marche dedans, on est électrisé, lui expliqua Mitsuhiko.
-Comme ça, le prochain qui vient sera KO lui aussi, c'est ça ? finit de demander Ayumi.
-J'ai réglé la puissance pour que ça ne tue pas, ne vous inquiétez pas, les rassura Conan. Si on compte ceux de dehors, on en a vu trois. En espérant que l'un des deux tombe dans ce piège, ce sera plus facile pour la police d'intervenir.
« Quand même, toute cette histoire m'intrigue. Pourquoi braquer une boutique ? Ne serait-il pas plus rentable de braquer une bijouterie ? Et quelle est cette histoire de « plan » ? Cela ne me dit rien qui vaille… »
Les policiers au téléphone leur firent savoir qu'ils étaient devant la boutique. Ils avaient identifié l'homme. C'était apparemment une personne déjà connue de la police japonaise, mais surtout française; il y avait un mandat d'arrêt à son nom. C'était un ancien soldat. Ai chuchota :
-Je comprends mieux pourquoi il avait ce genre d'armes… (elle est utilisée dans l'armée française).
Des rumeurs disaient qu'il était au Japon et qu'il avait rejoint une bande, mais rien n'était sur, et Interpol n'avait aucune information sur ses récentes activités. Au moins, ce dernier n'avait jamais blessé ou tué quelqu'un au cours de ses braquages divers et variés. Conan fut rassuré : c'étaient des pros. Il expliqua aux enfants que tuer des otages n'était jamais une bonne idée et que cela arrivait avec les débutants dans la panique, donc ils étaient plus ou moins en sécurité. Pour le moment.
Conan se rapprocha du début du couloir en laissant les autres dans la réserve, au fond du magasin, dans l'espoir d'apprendre quelque chose et de pouvoir attirer le dernier homme. S'il n'en restait que deux, et qu'il pouvait communiquer la position du second à la police après avoir assommé le premier, alors ce serait vie réglé.
Quelques minutes avant, dans la boutique, les braqueurs avaient baissé les rideaux de fer, et l'éclairage grésillant du magasin n'aidait pas vraiment les otages à se calmer. Conan fut surpris de voir quatre hommes se tenir debout et tourner autour d'une bande de personnes totalement effrayée qui peinait à tenir sur ses jambes. Maintenant qu'ils étaient cinq -quatre avec Claude qui faisait de beaux rêves dans les toilettes- ils pouvaient mettre leur plan en place. Un des quatre, celui qui avait le visage couvert par un masque, prit son talkie walkie et dit :
-C'est bon. Tu peux lancer l'opération, j'ai les otages.
" Lancer l'opération? Il y a encore des hommes à l'extérieur ?"
L'homme en question alla expliquer cet appel à ses hommes un peu plus loin, aussi Conan n'entendit pas cette précision. Il nota tout de même que l'homme au masque devait être le chef. Ce dernier râla.
-Bon, Claude commence à me saouler. Quelqu'un va le chercher dans une minute s'il n'est pas là.
"Olala, ça c'est pas une bonne idée, on va se faire prendre."
-D'ailleurs, ça m'étonne que les flics soient déjà là. Ils sont arrivés bien plus vite que prévu. Quelqu'un les a prévenus. Alors, c'est qui ?! Hein ?!
Il venait de crier ça aux otages, qui frémirent de peur. Personne ne répondit. Un enfant se mit à pleurer.
-Bah, de toute façon, ça ne change rien. On les fait poireauter encore quelques minutes puis on prend contact, ok ? Mickael, tu t'en charges mais tu ne dis rien sans ma présence, je me suis bien fait comprendre ? Terry, part chercher Claude.
Conan courra retrouver ses amis dans la réserve avant que ce Terry ne le voit. Il leur raconta ce qu'il avait entendu. Plus il réfléchissait, et moins cela avait de sens. Pourquoi ne pas craindre les policiers ? Il ne savait pas. Ils entendirent le fameux Terry arriver dans les couloirs en appelant son acolyte.
Les détectives boys se regardèrent en paniquant. Heureusement, leur piège d'eau marcha à merveille, et ils entendirent l'homme griller, crier et tomber au sol. Conan espéra très fort que les autres braqueurs n'auraient rien entendu, et remercia l'enfant qui s'était mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Tout le monde souffla, et Conan prévint les policiers qu'ils en avaient mis un deuxième hors d'état de nuire, et tout le monde sortit de la réserve pour aller voir l'état de Terry, l'homme-électrique. Une ombre apparut soudainement devant eux. Si Ai et Conan comprirent tout de suite ce qu'il se passait, les détectives boys continuèrent à marcher comme si de rien n'était. Ai regarda Conan qui raccrocha en une fraction de seconde. Hors de question de se mettre encore plus en danger. Une voix rauque se fit entendre.
-Alors comme ça, on joue aux héros les enfants ?
