Me demandez pas pourquoi j'ai décidé d'écrire ce truc, mais sans doute, l'idée de Dean en costar cravate et totalement soumis me plaisait.

Sont pas à moi


Kevin Tran, stagiaire, marchait le plus vite possible sans courir dans les couloirs. Il n'était pas de ces stagiaires à qui on ne faisait faire que le café et les photocopies, néanmoins il savait que si le patron recevait son latte tiède, il allait se prendre une soufflante. Quatre minutes trente-huit après être sorti du Starbucks il arrivait au dernier étage, au bout du couloir à gauche, dans le lobby où trônait le bureau de l'assistant personnel du patron. D'un des deux, du moins. Au bout du couloir à droite se trouvait le second lobby avec le bureau en tout point identique de l'assistante personnelle de Sam Winchester.

Mais ce n'était pas lui qui avait demandé un latte vanille à Kevin ce matin. C'était son frère, la moitié de l'équipe de direction de Winchester inc., les fils du patron historique et créateur de ce qui était à la base une petite entreprise d'articles de chasse. Nom prédestiné pour un type qui vendait des fusils, et qui dut lui porter chance, à voir le petit empire que les fils Winchester avaient récupéré à la mort de leur père quelques années plus tôt. D'après ce qu'il avait entendu des employés plus anciens, ils avaient pas mal gagné au change… John Winchester avait été un tyran et sa considération pour ses employés s'arrêtait au moment où ils ne rapportaient pas assez à son goût.

Parfois, dans les mauvais moments, quand Mr Winchester s'énervait, qu'il renversait tout le contenu d'un bureau par terre, qu'il donnait des coups dans les murs ou qu'il criait tellement fort que la moitié de l'immeuble l'entendait, Kevin se demandait comment son père pouvait être pire. Mais il ne pouvait s'empêcher de l'apprécier, quand il lui donnait de grandes tapes dans le dos, quand il l'appelait par son prénom, parce qu'il s'en souvenait, quand il draguait lourdement toutes ses collègues féminines. Sans doute que leur père n'avait pas cette sympathie naturelle, cette façon de s'inquiéter de chacun de leurs employés, caché derrière une façade de férocité pour l'un, de méthode pour l'autre.

Kevin s'arrêta devant le bureau, hésitant sur la marche à suivre. L'assistant n'était pas là, il n'allait pas entrer dans le bureau de Mr Winchester sans y être invité, et s'il attendait trop longtemps, le café allait être tiède.

"Mr Tran"

Kevin manqua faire un bond de quatre mètres quand la voix résonna à deux centimètres de son oreille. Heureusement il ne sursauta que légèrement et le café ne finit pas par terre. Il en aurait entendu les échos pendant des semaines. L'assistant de Mr Winchester était là, toujours aussi stoïque, juste… là. Il avait cette propension à arriver subitement et faire comme si il avait toujours été là. Kevin se demandait par moment s'il ne se téléportait pas. Il regardait trop de SF…

L'homme aux yeux bleus et à l'oreillette Bluetooth dont Kevin ne se souvenait jamais le prénom tendit la main pour récupérer le gobelet de carton et lui lança un micro sourire avec un hochement de tête, une demi seconde avant qu'une voix résonne de derrière la porte.

"Cas! Il arrive ce café?"

Kevin hocha la tête en direction du brun toujours silencieux et fila vers l'ascenseur. La voix du bureau n'avait pas l'air très contente, et le stagiaire ne voulait pas être là quand il allait exploser sur un sujet où un autre. Par moment, il plaignait son assistant personnel, qui devait sûrement subir dix fois plus de crises que tout le monde, qui devait être parfait, en toute circonstance, et obéir à ses moindres demandes les plus farfelues soient-elles.

XxX

La nuit était tombée depuis plusieurs heures et la lune brillait devant lui, derrière la baie vitrée qui prenait tout le bureau. Dean tirait doucement sur sa cravate alors qu'il entendait la porte s'ouvrir et se fermer derrière lui. Pas besoin de se retourner pour savoir qui venait d'entrer. Personne d'autre n'osait, de toute façon, pas sans être annoncé. Ses épaules retombèrent un peu. La journée était finie, il pouvait se détendre, ou du moins tenter. Son col et sa cravate le serraient trop, sa chemise le gênait…

"C'est bon, tout le monde est rentré?"

"Depuis un moment oui."

L'oreillette atterri sur le bureau, signe que la journée était officiellement finie. Dean retira alors totalement sa cravate, et ouvrit ses deux premiers boutons de chemise pour faire face à son secrétaire. Castiel avait fait de même, et lui souriait en apercevant un morceau de cuir sombre apparaitre sur son cou enfin débarrassé de sa cravate. Dean ravala difficilement sa salive devant ses yeux bleus tellement brillants et continua de déboutonner sa chemise pour totalement dévoiler le collier de cuir qu'il lui avait fait porter, qu'il avait gardé toute la journée.

Il avait passé la journée à donner des ordres, à gérer tous leurs problèmes avec son petit frère, il avait fait de l'œil à ses employées, il avait été le patron parfait que tout le monde croyait avoir. Et tout ce temps il avait senti le cuir serré autour de son cou, il avait senti son regard dans son dos. Cas avait été l'assistant parfait qu'il avait toujours été, personne ne se douterait jamais de ce qui se passait une fois que les portes étaient fermées. Mais Dean lui savait, et cette sensation lui avait donné chaud, trop chaud, toute la journée. Il avait tenté de capter son regard, une fois ou deux, quand il était sûr qu'ils étaient seuls, mais Cas était resté si professionnel qu'il avait eu peur qu'il ne le laisse en plan une fois les bureaux fermés. Mais non, il était bien là, et son demi-sourire, son air si sûr de lui en disaient long.

Pour une fois, pendant ces moments trop courts il n'avait pas à être le patron, il ne devait pas gérer, juste se laisser faire, obéir. Obéir quand il lui faisait signe d'approcher, quand il lui ordonnait de retirer cette chemise, quand son doigt se glissait dans l'anneau du collier et le faisait tomber à genoux sur la moquette de son bureau. Sa bouche était déjà entrouverte, son souffle haletant et son pantalon de costume était une taille trop serré mais il ne bougeait pas, il se contentait de lever les yeux vers lui. Ce n'était plus lui le patron, il ne donnait plus les ordres. La main de l'autre homme s'était posée dans sa nuque, presque tendrement, ses doigts passaient dans ses cheveux courts.

"Tu l'as mérité?"

Un nouveau sourire en coin alors que Dean hochait vigoureusement la tête. Il avait fait tout ce qu'il lui avait dit, il avait porté le collier toute la journée, il ne s'était même pas touché depuis la dernière fois, malgré l'envie qui le rongeait. Le brun souffla un petit rire et passa sa main dans ses cheveux, comme on flatte un chien bien obéissant, avant de hocher une fois la tête vers lui et presser sa nuque vers lui. Les gestes de Dean étaient fébriles alors qu'il lui déboutonnait en vitesse le pantalon et se laissait tirer au plus près de lui. Il ne prit pas le temps de faire descendre son sous-vêtement pour commencer à le lécher avec enthousiasme. L'autre homme poussa un soupir satisfait en se sentant durcir sous les coups de langue empressés de son Directeur. Il croisa une nouvelle fois le regard vert assombri de Dean et tira du pouce sur l'élastique de son boxer et appuya une nouvelle fois sur la nuque de son patron pour s'enfoncer sans ménagement entre ses lèvres. Un gémissement ravi de Dean vibra contre lui et il échappa un grognement de satisfaction. Il referma la main sur une poignée de cheveux clairs et imprima un mouvement rapide qui força l'autre homme à s'accrocher à hanches.

"Bon chien…"