- 1 –
Alone
Encore une fois, elle était là, pensant à lui. A lui, par-dessus tous les autres. Sirius Black. Ses yeux sombres et espiègles, son sourire farceur, ses bras musclés qui savaient comment tenir une femme. Elle soupira, ses yeux bleus emplis de tristesse. Ne serait-elle jamais plus avec lui? Serait-elle un jour, heureuse comme elle l'avait été? Simplement avec lui. Personne d'autre. Et certainement pas son détestable mari.
Narcissa savait que Sirius s'était échappé d'Azkaban deux ans auparavant, et jamais elle ne s'était demandée ou il pouvait être allé. Il s'était caché, cela ne faisait aucun doute. C'était le seul moyen de survivre qu'il avait. Elle croyait toujours en son innocence. Toujours. Pas seulement parce qu'elle savait que le plus fort de ses sens moraux avait toujours été la dévotion qu'il portait à James et Lily Potter. Non. Elle savait qu'il était innocent, parce qu'elle l'aimait.
Aimait, Narcissa? Le temps passé? En es-tu sûr?
Avec un nouveau soupir, elle fixa le livre ouvert, posé sur ses genoux. Elle se souvenait parfaitement de son premier baiser. Si tendre, innocent et beau. Puis Lucius était arrivé, et avec lui une promesse de mariage, un sens du devoir pour sa famille et une vie ignoble. Elle haïssait Lucius de tout son coeur. Au début de leur mariage, il s'était avéré un homme plein de bonnes manières et extrêmement raffiné dans tous ses gestes et toutes ses attitudes, promptement calculées. Tout cela n'était que tromperie. Dès que Draco était né - avant ça, elle était restée stupidement aveugle -, il s'était montré sous son vrai jour. Un homme ne connaissant pas la signification du mot amour. Un bâtard froid et sans coeur. Un monstre.
Et puis tout cet enfer s'était dissolu, fauché. Elle ne savait jamais à quoi s'attendre avec Lucius. A un moment, il était aimable et agréable, et soudainement, le moment d'après, il devenait rigide, coléreux et violent. Elle essayait de toute sa force de protéger Draco de ses humeurs lunatiques. Et au moins, elle était arrivée à cela dans sa vie. Du moins, elle le pensait.
Une larme solitaire s'échappa de ses yeux mais elle la repoussa rapidement.
"Mère?" elle entendit la voix de son fils l'appeler. Mère. Pas maman, comme il était de convenance quand on était enfant. Juste mère, avec ce ton frigide que Lucius lui avait enseigné.
Elle avait blâmé Lucius pour cela, mais à l'intérieur d'elle-même, elle savait que c'était de sa faute, car elle aussi avait peur de lui et de ce qu'il pouvait faire à Draco s'il n'obéissait pas à ses ordres. Elle n'avait jamais été autorisée à toucher son propre fils, ou à lui chuchoter des mots d'amour dans le creux de l'oreille. Pas une seule étreinte n'avait été permise. Selon Lucius, leur fils ne serait que plus fort, s'il ne lui apprenait pas à être faible avec les artifices de l'amour. Mais tout ce qu'elle voyait depuis toutes ces années, était un garçon solitaire, toujours sur la défensive, et effrayé.
Avec un autre soupir, elle referma très délicatement le livre, dissimulant à l'insu de son fils, une vieille photographie.
"Oui, fils? répliqua-t-elle dans un souffle.
-Père veut te voir."
Elle fronça les sourcils, se demandant pourquoi Draco était venu personnellement au lieu d'envoyer un elfe de maison à sa place. Elle ne sut pas tout de suite quoi dire. Mais finalement, elle eut le courage de demander: "Et pourquoi es-tu venu, ici?
-Parce que, blêmit Draco avec une émotion soudaine, qui disparut rapidement de son sublime visage. Parce que je voulais te demander si tu pouvais me conduire au Chemin de Traverse demain, pour que j'achète mes affaires en vue de la nouvelle rentrée à Poudlard."
Elle aperçut un éclat d'espoir dans ses yeux. Elle en fut choquée un instant, mais elle répondit finalement:
"Bien sûr, je t'accompagnerai, chéri."
Elle pensa alors, que rien n'était perdu.
"Ok." Puis, il partit.
Narcissa se leva et arrangea ses vêtements. Puis elle observa son reflet dans le miroir. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus et son visage extrêmement antipathique. Mais elle ne pouvait pas se permettre d'apparaître désagréable en face de Lucius. Elle allait encore essayer de conserver les apparences, pour l'amour de son fils. Peut-être qu'un jour aurait-t-elle le courage de faire front à son mari et à tout ce qu'il représentait. Un jour, le masque allait tomber.
---
Draco Malfoy avait sévèrement changé depuis le retour de Lord Voldemort au pouvoir. Son père ne lui faisait pas encore assez confiance pour se répandre, à propos des informations précieuses sur les Mangemorts, mais il l'avait déjà pris avec lui pour l'une de ses réunions. Draco ne s'était jamais senti si nauséeux de toute sa vie.
Peut-être que quand il était plus jeune - eh bien, pas beaucoup plus jeune en fait, mais le jour où il avait aimé regarder ce qui s'était passé à la Coupe du Monde de Quidditch avec les moldus - il aurait apprécié voir des moldus être mis la tête en bas. Mais en fait, voir des gens - des gens réels - être torturés et tués était plutôt... effrayant. Cela avait été la plus mauvaise expérience de sa courte vie. Quand il était retourné à la maison, il s'était aussitôt senti malade. Il avait essayé de ne pas le montrer à son père, mais Lucius l'avait regardé avec dégoût, comme s'il savait exactement ce qu'il ressentait. Il savait que Draco n'avait pas aimé un seul moment du spectacle qu'ils lui avaient offert. Draco savait aussi qu'il allait payer très cher ce moment de faiblesse. Mais curieusement, Lucius n'avait rien dit. Et Draco avait la net impression que sa mère avait quelque chose à voir là-dedans.
Après cet épisode, l'idée de devenir Mangemort ne l'avait plus du tout séduite. Bien sûr, il aimait le pouvoir et ses nombreuses autres formes. Il était ambitieux, exactement comme un serpentard était censé l'être. Il n'aimait pas l'idée que des Sang de Bourbes étudient à Poudlard, ou dans n'importe quelles autres écoles de magie. Mais il ne voulait pas pour autant les tuer au nom de ses croyances. Il était parfois absolument sûr qu'il ne serait jamais prêt à faire une chose pareille.
Mais ce qui était le plus terrifiant, dans tout cela, était les nouveaux sentiments qui devenaient de plus en plus important dans son coeur, jours après jours. Les sentiments qu'il s'était découvert pour Harry Potter, le garçon qui avait survécu.
Il se prit la tête dans les mains dans un geste nerveux. Il était si confus. Il ne pouvait absolument pas être amoureux de son ennemi. Pas maintenant. Il s'était juré de ne jamais aimer personne. Il avait peur de la réaction de son père, si jamais il l'apprenait. Les Malfoys n'étaient pas autorisés à aimer.
Le fait d'être amoureux de Harry Potter ne l'aidait pas.
Il avait dit de terribles choses à Harry, à la fin de leur quatrième année. Par parce qu'il l'avait voulu, mais parce qu'il avait du. Tout le monde s'attendait à ce qu'il soit obscène et qu'il agisse comme un Malfoy, alors il l'avait fait. Et il avait regretté.
La vérité était qu'il avait été vraiment effrayé quand Harry avait été enlevé. L'idée de le perdre avait été insoutenable. Mais il n'y avait aucun doute dans son coeur, à propos des sentiments qu'il avait pour l'autre garçon. Il l'aimait. Toute cette haine n'avait été qu'un masque. Depuis le premier jour, il avait aimé Harry Potter, et quand le garçon maigre aux cheveux ébouriffés avait refusé son amitié, il en avait été profondément blessé.
Bien sûr, comme il était un Malfoy, il ne pouvait pas montrer à quel point cela l'avait offensé et blessé. Son père attendait de lui qu'il soit cruel et désagréable avec toutes les personnes autour de lui. Pour cette raison, il essayait de faire de la vie de Harry, un vrai enfer. Après tout, il avait choisi un Weasley comme ami... Mon Dieu, ce garçon avait du sang-froid.
Mais il ne pouvait qu'admirer Harry pour cela - il aimait tout de lui. Son doux sourire, son courage et le talent naturel qu'il avait pour le Quidditch, ainsi que ses cheveux impossibles à dompter. Et rien, absolument rien ne pouvait être comparé à ses yeux verts, à la fois intenses et magnifiques. Harry était unique.
La question était: qu'était-il supposé faire maintenant qu'il avait admis qu'il était amoureux de Harry Potter?
La réponse vint plus vite qu'il ne l'avait imaginé.
Après le dîner, il avait accidentellement entendu une conversation entre son père et un Mangemort qui lui avait donné des frissons. Voldemort avait prévu de tuer quelques moldus choisis par hasard, ainsi que la famille Weasley - les plus célèbres amoureux des moldus - et Harry Potter. D'après son père, Voldemort avait découvert une manière de rompre le charme qui protégeait Harry et ce n'était qu'une affaire de temps.
D'abord, Draco ne sut pas quoi faire de cette information. Il ne s'était jamais senti si seul et inutile. Au moins, il y avait une choses dont il était absolument sûr: il ne laisserait jamais Harry mourir.
Alors, sans trop réfléchir - parce que s'il avait attendu plus longtemps, il se serait rendu compte de la gravité des choses qu'il était sur le point de faire et il en aurait été vraiment effrayé - il avait pris un morceau de parchemin et avait écrit un message d'avertissement à Dumbledore, le directeur de Poudlard.
Tandis que son hibou volait à travers le ciel avec le parchemin, anonyme, attaché à sa patte, Draco ferma les yeux un petit moment, essayant de réfléchir à ce qu'il allait faire après. Soudainement, tout devint très clair pour lui. Il allait agir normalement devant son père et ses amis. Il prétendrait détester Harry aussi longtemps que possible. Et le plus important de tout, il deviendrait un espion.
Il jura, au nom de l'amour qu'il portait à Harry, qu'à tout prix, il ferait chuter Voldemort.
---
Harry avait perdu le compte, du nombre de fois où il avait relu les lettres de Sirius. D'après celles-ci, son parrain allait bien, mais pourtant, Harry ne pouvait pas s'empêcher de penser que quelque chose n'allait pas. Il continuait de lire ses lettres sans jamais s'arrêter, espérant comprendre quelque chose entre les lignes.
Il entendit un ronflement bruyant venant de la chambre des Dursleys et il fronça les sourcils. Les Dursleys ignoraient complètement Harry, plus encore que d'habitude. Et pour cela, Harry leur en était profondément reconnaissant. Il voulait simplement rester seul. L'année précédente à Poudlard avait été le moment le plus douloureux et difficile de sa vie. Souvent, son esprit revenait à Voldemort et à la mort de Cédric. Il savait que ce n'était pas de sa faute mais il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir coupable de cela. Si seulement... Il ferma les yeux et soupira. Il s'était interdit de pleurer, aussi douloureux que cela puisse être.
Hedwige sembla ressentir sa tristesse, car elle vola jusqu'au lit de Harry et le mordit avec affection. Il eut un petit sourire.
Soudainement, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir bruyamment et il sauta de son lit, la baguette levée. Son corps tremblait légèrement mais il garda sa baguette fermement levée. La porte de sa chambre s'ouvrit et un homme de grande taille et aux yeux sombres entra. Harry retint son souffle une seconde.
"Sirius! cria-t-il, stupéfié.
-Harry!" Ils s'embrassèrent affectueusement. "Mon Dieu, est-ce que ça va?
-Quoi? Que fais-tu là? Et pourquoi ne devrais-je pas aller bien?
-Harry..." Harry remarqua le ton prudent de Sirius et il tressaillit.
"Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qui ne va pas? demanda aussitôt Harry.
-Il y a eu une attaque. Au Terrier."
Un silence de mort. Et puis la tempête.
"NON! Ça ne se peut pas. Dis-moi que c'est un mensonge.
-C'est la vérité, Harry. Mais..." Sirius ne put pas finir car Harry l'interrompit:
"Oh mon Dieu! Ils sont morts, c'est ça?"
Harry se laissa tomber sur son lit, son corps entier parcourut de tremblements.
"NON! Écoute-moi, Harry! Ils vont bien. Ils sont sauf. Dumbledore les a prévenu à temps, ajouta-t-il avant que Harry n'ait eu le temps de dire quelque chose. Mais tu dois partir d'ici. Cet endroit n'est plus un lieu sûr. Il n'y a seulement que quelques sorts pour te protéger. Je suis venu ici pour t'emmener avec moi. Peux-tu rassembler tes affaires rapidement? Nous devons partir le plus tôt possible."
Harry était trop ahuri pour faire quelque chose. Tout ce qu'il arrivait à faire était de bégayer stupidement.
"Mais Sirius, comment... je veux dire, qu'est-ce que..." Il se rendit soudainement compte de quelque chose. Les Dursleys n'étaient pas réveillés. "Pourquoi les Dursleys dorment-ils encore?
-J'ai posé un charme sur eux. Je suis sincèrement désolé, mais c'était nécessaire, dit Sirius d'un air coupable.
-QUOI? Tu es taré? Tu ne peux pas lancer de sorts. Et si le Ministère t'attrapait?
-Il n'y a aucun risque. Honnêtement, Harry. J'ai enfreint beaucoup de lois pour venir ici aujourd'hui. Et je ne m'en soucis pas. Tout ce qui m'importe maintenant est que tu ailles bien. Il ne nous reste plus qu'à partir d'ici.
-Où allons-nous aller? demanda Harry, en rassemblant ses affaires.
-Dans un lieu sûr. Écrit simplement un mot aux Dursleys, puis nous partirons d'ici. Ne t'inquiète pas pour eux, je pense que tout se passera bien." Il remarqua l'hésitation de Harry. "Ils iront bien Harry, lui assura-t-il. Dumbledore prend la situation en mains. Et je te promets que je t'expliquerai tout quand nous serons partis d'ici."
Harry se contenta d'acquiescer. Il avait confiance en son parrain. Pourquoi restait-il alors planté là, immobile? Rapidement, il sortit de ses pensées. Et quelques minutes plus tard, ils étaient partis.
---
Quelques jours plus tard, Harry était encore stupéfié par rapport à tout ça. Sirius l'avait emmené dans la planque de Remus. Il passait en fait du bon temps, excepté les moments où son coeur se faisait douloureux, lorsqu'il pensait à ses deux meilleurs amis, Ron et Hermione. Il savait qu'ils allaient bien, car Dumbledore lui donnait régulièrement des nouvelles d'eux. Sinon il serait probablement devenu complètement déganté. Il n'était pas autorisé à avoir un quelque conque contact avec ses amis parce que Sirius avait peur que leurs lettres soient interceptées. Et pour cela, Harry avait accepté sans discuter.
Tandis que les jours passaient, la colère qu'il avait contre Voldemort grandissait. Il savait qu'il n'était en vie que grâce à un espion de Dumbledore. Il espérait pouvoir le – ou la – remercier pour cela. Mais apparemment, même Dumbledore ne savait pas qui était cette personne. Harry avait le sentiment que même si Dumbledore connaissait l'identité de l'espion, il n'allait jamais la lui révéler.
Malheureusement, l'avertissement de la mystérieuse personne n'avait pas suffit. Une famille moldue était morte. Harry avait frissonné rien qu'en pensant à cela. Sirius ne voulait pas lui en donner les détails, mais il se doutait que ça avait été affreux. Dans un des murs de la maison, ils avaient trouvé un message adressé à Harry. Il était la prochaine cible, et tôt ou tard, ils l'attraperaient. Et il savait cela, parce qu'une nuit, il s'était réveillé en sursaut après avoir fait un rêve perturbant et alors qu'il marchait dans le but de se calmer un peu, il avait entendu des fragments d'une conversation entre Sirius et Remus.
Le rêve avait été une autre chose qui n'avait jamais cessé d'inquiéter Harry. Il avait rêvé qu'il se retrouvait en face de Voldemort, et à coté de ce dernier, se trouvait Draco Malfoy. Il avait pensé qu'ils allaient se battre l'un contre l'autre, mais la minute d'après, Malfoy était venu à ses cotés pour l'aider. Cela avait été vraiment bizarre.
'As-tu confiance en moi, Harry? lui avait-il demandé.
-Je ne sais pas. Comment peux-tu être à mes côtés? Tu me détestes.
-Non, je ne te déteste pas. Ça n'a jamais été le cas. Oublie ça. Oublie ça à jamais.' Et ses yeux gris avaient semblé si sincères que Harry avait senti son coeur fondre.
'Harry!'
Soudainement, Voldemort les avait attaqués, et Draco avait sauté devant Harry, lui sauvant la vie.
'NON! Draco!' avait crié Harry, en regardant le garçon tomber. Il s'était mis à genou, à coté de Draco, et avait pris sa main. 'Ne meurs pas. S'il te plaît, ne meurs pas.' Mais c'était trop tard.
Puis Harry s'était réveillé, trempé de sueur et tout tremblant. Qu'est-ce que cela voulait dire? Dans son rêve, il avait ressenti quelque chose de fort venant de Malfoy, quelque chose qu'il ne pouvait pas dire à voix haute. L'opposé de la haine. Mais c'était totalement impossible. Il détestait Draco Malfoy, et c'était réciproque. Ce n'était pas possible... Il ferma les yeux, essayant de penser à quelque chose d'autre.
Cela le perturbait autant que la pensée de Voldemort tuant ces moldus.
Avec un long soupir, il se promit deux choses. La première, qu'il ne penserait plus jamais à Malfoy de cette manière - comme s'il était important pour lui, alors qu'il ne l'était absolument pas. Et deuxièmement, il ferait face à Voldemort à tout prix. Seul.
