Ils sont à, pantelants, des blessures parcourent leur corps meurtris et leur visages tuméfiés. Ils sont là la douleur gravée dans leur traits. Ils sont là mais je suis seule. Car Ron a une famille à rejoindre et à consoler. Et Harry a une centaine de personne qui l'embrassent. Pas elle. Elle, ses parents sont en Australie, à des milliers de kilomètres de là . Et encore .

Et encore, ce ne sont pas William et Helen Granger qui l'attendent angoissés, qui vont serrer dans leur bras leur petite fille chérie, leur petite princesse, non . Non, ce sont Wendell et Monica Wilkins, un couple marié et sans enfants qui vont l'accueillir sur le seuil de leur porte comme une étrangère .

Alors je fais comme si j'étais entourée et non pas seule. Comme si j'étais sûre de moi alors que je manque d'éclater en sanglot à chaque minute passée dans cet endroit. Comme si j'étais une Gryffondor. Encore et toujours, même sur le tapis du Manoir des Malfoy, même face à Nagini, même devant les ruines de ce que je considérait comme ma maison, même devant le visage détruit de l'homme de ma vie .

J'aimerais aller voir les Weasley, les serrer dans mes bras, donner à Harry un coup de main et embrasser Ron et lui dire les trois mots qui se pressent à mes lèvres depuis … depuis je ne sais plus quand tellement cela fait longtemps.

Je vois Neville qui parle à ses admiratrices mais je ne le regarde pas . Je vois Ernie Macmillan qui trinque au Whisky Pur Feu avec Slughorn et qui commence à raconter ses aventures durant les 5 dernières heures, mais je ne l'entends pas . Je ne suis pas dans la grande salle de Poudlard, je suis avec mes parents dans le tourniquet du parc au coin de ma rue .

Ils ne comprennent pas . Ils ne savent pas ce que c'est d'avoir été pourchassé, torturé, durant toute une année . Ils ne savent pas ce que c'est d'avoir une insulte gravée sur son bras à jamais . Car ça ne partirai jamais, à l'extérieur comme à l'intérieur . Ils ne savent pas ce que c'est de ne se sentir chez soi nulle part, ce que c'est de voir son meilleur ami revivre la mort de ses parents, ce que c'est de voir l'homme de sa vie prostré sur le corps sans vie de son frère . Et ils ne sauront jamais .

J'aimerais crier. Hurler que non, tout n'est pas bien. Crier que Fred Weasley est mort, que Colin ne prendra plus jamais de photos . Hurler les ravages que l'on préfère taire. Hurler ma rage et ma tristesse. Hurler que je n'ai plus de famille. Que je ne veux pas . Que je veux plus . Plus Rien . Jamais.

Je ne regrette rien, absolument rien de ces dernières années. J'ai rencontré un frère et l'homme de ma vie. Je suis fière de ce que j'ai fait. Mais pas aujourd'hui alors que des familles sont déchirées . Pas aujourd'hui quand Teddy Lupin est orphelin. Aujourd'hui, par respect, je ne suis pas fière .

Ron arrive derrière moi . Il prend ma main et me sourit. Pas d'un sourire éblouissant, non . D'un sourire pâle et désabusé . Mais d'un sourire prometteur . Et c'est là que je sais que un jour, tout ira bien.

Un jour .

Mais pas tout de suite .