1 : Tom Potter
De Poudlard à Pré-au-Lard (en passant bien sûr par le chemin de Traverse), il était de notoriété publique que nul père et fils ne pouvait prétendre composer un duo plus assorti (ou plus en vue) que celui formé de Harry et Tom Potter.
Il était vrai qu'on aurait pu difficilement imaginer comment faire mieux : Harry Potter, trente-trois ans seulement, Auror d'élite, sacré héros du monde des sorciers à l'âge de 17 ans, et qui faisait fantasmer toutes les trentenaires encore libres (ou pas) et son fils adoptif, Tom, qui courait sur son seizième anniversaire, avait obtenu toutes ses BUSE avec la note maximale et avec lequel plus d'une fille de Poudlard se serait damnée pour sortir.
Aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, Tom Potter avait toujours vécu choyé. Il évoluait dans le monde avec une facilité presque surnaturelle. Sa vie était aussi parfaite que la vie d'un adolescent de 15 ans pouvait l'être. Oui, tout était parfait, vraiment parfait.
Au point d'en être presque dérangeant aux yeux d'un observateur extérieur. Comme si ce bonheur trop artificiel était un jour destiné à se briser.
Mais revenons à ce beau jour d'août où Tom Potter, encore joyeux et insouciant, parcourait au pas de course les rues de Godric's Hollow.
Comme je l'avais dit, Tom courait sur ses seize ans mais on lui en aurait facilement donné deux de plus. Il était mince, athlétique et en pleine santé. Les traits de son visage était très fin ; ses cheveux d'un noir de jais et sa peau pâle lui donnait un air un peu diaphane qui avait beaucoup de succès auprès des filles. Enfin, il avait deux grands yeux noirs, d'un noir très profond, qui auraient pu être inquiétant si il n'était pas plein de chaleur.
Il était très beau.
Tom était « intelligent » pas dans le sens d'un bourreau de travail, mais il avait des capacités naturelles qui faisait qu'il comprenait sans effort les cours et pratiquait la magie avec talent. C'était une chance pour lui car Tom ne s'intéressait pas réellement aux études et n'était pas d'une grande ambition.
Pour lui, le plus important était de s'amuser, dans une existence qu'il ne lui avait procuré que des plaisirs jusque là. Il avait été reparti à Gryffondor, jouait au Quidditch et son bon naturel lui avait rapidement valu des amis. Il appréciait les sorties entre copain, écoutait la musique qui était à la mode et profitait de sa popularité pour sortir avec les plus jolies filles de Poudlard.
Bref, Tom Potter tout en étant beau, intelligent et sympathique ne présentait aucun grand intérêt. La nature (mais était-ce vraiment la nature ?) lui avait fait don d'un physique et de qualités intellectuelles mais son caractère était somme toute très ordinaire. Un garçon bien comme il y en a tant.
Tom Potter n'était pas « quelqu'un d'exceptionnel ». Ce qu'il avait d'exceptionnel lui venait de quelqu'un d'autre, quelqu'un qui avait disparu il y a bien longtemps, ne laissant derrière lui que ce nouveau Tom : de la cire chaude dans les mains d'Harry Potter, qui l'avait remodelé pour en faire « quelqu'un de bien ».
Mais tout cela est une histoire qui s'est passé il y a bien longtemps et aujourd'hui, ignorant tout de ce qui s'était passé, Tom rentrait chez lui, joyeusement.
Harry Potter attendait son fils. Bien évidemment, Tom n'était pas son fils par le sang, mais au fil des années, il s'était sincèrement attaché au garçon jusqu'à le considérer comme son propre fils. Il ne regrettait pas de l'avoir pris sous sa responsabilité à l'âge pourtant très jeune de 17 ans. L'arrivée de Tom l'avait aidé à surmonter la perte de Ginny plus que tout autre chose. Et contrairement à ces craintes, le garçon n'avait rien de maléfique.
Oui, Harry Potter pouvait être fier de son fils.
« Je suis rentré, papa ! », cria Tom en déposant sur la table son lourd sac en bandoulière sur la table de la cuisine.
Harry leva la tête de son journal.
« Bonjour, Tom. Tout a l'air d'aller bien pour ton ami Ethan Thorn. », dit-il en montrant la une du journal qui montrait un sorcier âgé à l'air affable et un jeune garçon au visage long et pâle et aux traits maladifs.
« Thorn n'est pas mon ami. », répondit Tom d'un ton méprisant.
« Je vous vois toujours ensemble… »
« Thorn me colle moi et mes amis parce que lui n'en a pas. Il est toujours très poli comme si il cherchait à nous complaire mais derrière son sourire de façade, on voit bien qu'il nous déteste. », expliqua Tom d'un ton buté.
« Il essaie seulement d'être gentil, tempéra Harry. Il doit être se sentir malheureux tout seul. Et puis son oncle Adam es un homme très bien… »
« Adam n'a aucun pouvoir sur Ethan ! »
Ethan Thorn avait hérité d'une fortune considérable à la mort de ses parents, des membres du Ministère qui avait profité de la guerre contre Voldemort pour étendre leur richesse et leur pouvoir. Cela leur avait coûté la vie car leur nouveau statut leur avait valu d'être assassinés juste avant la chute de Voldemort. Leur fils étant trop jeune pour avoir la pleine jouissance de ses biens, ils étaient administrés par fidéicommis par un cousin éloigné l'« oncle » Adam, grand philosophe, mais ses philosophies ne rapportant pas grand chose, sorcier désargenté.
Adam n'avait à ses dispositions que les intérêts de la fortune Thorn pour faire vivre Ethan et lui. A la majorité de son « neveu », il se retrouverait sans le sou et dépendrait uniquement de la charité d'Ethan. C'est pourquoi il devait s'efforcer de ne pas trop lui déplaire.
« Tu as tendance à trop voir le bon chez les gens, papa. », conclut Tom.
Il ne voulait plus continuer cette conversation inutile et n'aspirait plus qu'à chasser de ses pensées le visage en lame de couteau d'Ethan Thorn pour songer à quelque chose de plus agréable. La venue de ses amis et de sa petite amie à Godric's Hollow par exemple.
Les deux meilleurs amis de Tom, Jackie Jeer et Matthew Spellow, étaient tous deux à Gryffondor où il entamerait leur sixième année en même temps que Tom.
Jackie était grand et très blond, si bien qu'on lui trouvait des ascendances slaves, alors que ses ancêtres étaient des fermiers et sorciers solides du Minnesota. Il était d'une grande force physique, dur à la tâche, d'une nature amicale quoiqu'un peu bourru. Il s'était tout de suite lié d'amitié avec Tom dans le Poudlard Express et ils étaient demeurés inséparables.
Matthew était de taille moyenne, mais il paraissait un peu petit par rapport à Tom et Jackie. Il était réputé d'être le plus intelligent des trois, vu que Jackie avait un peu de mal et que Tom était partisan du moindre effort. Il était en tout cas beaucoup plus réfléchi que ses deux compagnons, qui l'avaient pris en amitié le jour où Matthew leur avait évité une copieuse retenue avec Rusard.
Ce trio aimait se comparer aux anciens Maraudeurs, Tom à la place de James, Jackie à la place de Sirius et Matthew à la place de Remus. La quatrième place, celle du traître Pettigrow, était vacante ; beaucoup aurait voulu l'occuper, mais Ethan Thorn leur tenait à tous la dragée haute, car il était le seul à avoir suffisamment peu de dignité pour coller le trio toujours et partout.
Tom, Jackie et Matthew avaient beaucoup de succès auprès des filles : ils étaient tous trois séduisants dans un genre différent, bien qu'on s'accordait à dire qu'au niveau des traits, Tom était le plus beau. A côté d'eux, Ethan Thorn paraissait bien pâle.
La dernière invitée à Godric's Hollow était Maxana Mang, la petite amie de Tom depuis 6 mois.
Tom aimait beaucoup Maxana. Non seulement, elle était très jolie, avec de grands yeux noisettes et de long cheveux auburn, et de ce fait, populaire, mais contrairement à beaucoup de filles populaires, elle était intelligente (ce qui était d'ailleurs l'apanage de sa maison, Serdaigle) et pas superficielle.
Tom l'avait rencontré l'année dernière dans le wagon réservé aux préfets. Il avait été nommé préfet de Gryffondor et elle, préfète de Serdaigle. Elle lui avait tout de suite plu et ils avaient discuté pendant tout le voyage. Quand il put rejoindre ses amis pour le leur présenter, il avait appris que Maxana et Matthew étaient cousins germains et se connaissaient en fait depuis longtemps. Le père de Matthew (son parent sorcier Matthew étant moitié-moitié) et la mère de Maxana étaient frère et sœur. La mère de Maxana avait épousé un sorcier allemand ce qui expliquait le nom un peu étrange de leur fille. Ils avaient vécus quelques temps en Allemagne puis étaient revenus en Angleterre où ils avaient inscrit leur fille à Poudlard.
Il arrive souvent que des frères et sœurs ne s'entendent guère mais ce n'était pas le cas du père de Matthew et de la mère de Maxana. Ils s'étaient rendus de nombreuses fois visites, passaient des vacances ensemble et Matthew et Maxana étaient devenus amis eux aussi.
C'était une autre chose que Tom appréciait chez Maxana : contrairement à certaines filles qui voulaient toujours être seul avec lui, ça ne la gênait pas de passer du temps avec ses amis à lui car elle était la cousine de Matthew et s'était rapidement liée d'amitié avec Jackie, enfin bref, c'était un peu ses amis à elle aussi.
Harry Potter avait une fois demandé à son fils si il aimait Maxana. Tom avait haussé les épaules. L'amour lui paraissait quelque chose d'abstrait. Lui et Maxana s'accordaient parfaitement, ça lui suffisait.
Oui, Tom était le garçon le plus chanceux du monde. Il avait un père aimant, deux meilleurs amis géniaux et une petite amie ravissante. Son enfance avait été son heureuse, son adolescence était épanouie. Il ne pouvait se rappeler une seule fois où il aurait éprouvé une sensation de manque, une seule fois où il aurait été vraiment malheureux…
En fait, la seule peur de Tom Potter, la seule terreur qui avait assombri sous enfance, c'était le Cauchemar.
Il marchait, marchait dans les ténèbres jusqu'à se retrouver dans une pièce faiblement éclairée, à l'atmosphère étrange et verdâtre. Et là il se trouvait face à… lui-même. Son double parfait au moindre détail près. C'était lui et ce n'était pas lui à la fois.
C'était les cheveux de Tom Potter, ses yeux noirs, son teint pâle qu'il voyait. Mais le regard de l'autre était différent. Il était terrible, profond et effrayant comme un gouffre. Ce n'était pas le regard d'un être humain. C'était un regard monstrueux.
Et ce sourire… Ce sourire à la fois moqueur et sinistre quand l'autre prononçait d'un ton amusé les deux mots qui terminait le rêve…
« Je t'attendais. »
