Disclaimer (pour l'ensemble du texte à venir) : tout l'univers de Saint Seiya est la propriété de M. Kurumada. Les personnages ou concepts n'y appartenant pas sont de mon fait. La chanson du premier chapitre est extraite de la B.O de Rambo, tous les droits vont à ceux qui les possèdent.

Rating, avertissement : T, il n'y aura ni passages trop violents, ni scènes de sexe explicites. En revanche, l'histoire en elle-même ne convient pas aux plus jeunes, pour la dureté des thèmes évoqués.

Résumé : Les golds ont échoué devant le mur des Lamentations. Dans un monde privé de lumière, c'est désormais la loi du plus fort qui règne. Masque de Mort, devenu vagabond, erre de ville en ville sans but. Il devra affronter ses doutes pour, enfin, se retrouver lui-même. (je précise à toutes fins utiles qu'on ne verra pas le bout d'un surplis)

Bonjour ! L'armée morte est ma première fic sérieuse. Elle promet d'être longue, cependant un certain nombre de chapitres sont déjà écrits. J'espère pouvoir la boucler avant 2025 (si la fin du monde ne frappe pas avant...)

J'ai tout dit, je crois ! Enjoy, et même si c'est pour écrire deux lignes, reviewez ! Merci !


L'armée morte

Prologue

It's a long road

When you're on your own

And it hurts when

They tear your dreams apart

Quelque part perdu dans la longue nuit d'hiver, il y a lui. Un homme seul, le visage écorché par le brouillard de grêle qui sans cesse, fouette cette vieille terre qu'ils n'ont pas pu sauver.

Pendant longtemps il s'est souvenu de la lumière, celle qui rythmait sa vie, avant, et celle, éclatante, qui devait pulvériser le dernier obstacle avant la victoire. Ce soleil-là, il y avait mis toute sa vie, il en est sûr. Alors, pourquoi ? Il a vu, avant de perdre toute conscience, se dresser ce mur qui ne se brisait pas. Fut-il le seul à comprendre qu'ils avaient échoué ? La faille venait-elle de lui ? Non. Ce n'était pas lui. Ça devait être un autre, qui, sentant sa vie lui échapper, avait eu un réflexe stupide et humain. Le soleil s'est éclipsé, une seconde. Le mur est resté là. Terrifiant. Magnifique.

Mais ce n'était pas sa faute. Il n'a pas retenu sa vie.

Alors, pourquoi est-il le seul encore là ?

And every new town

Just seems to bring you down

Tryin' to find peace of mind

Can break your heart

Plus de soleil, plus d'humains ? La bonne blague. Ces bestioles sont plus coriaces que des cafards. Après tout, n'ont-ils pas suffisamment rêvé de l'apocalypse ? A la chaleur de leurs industries, les plantes grandissent et les animaux survivent. Les villes, oasis de lumière de métal, sont autant de sphères lointaines que l'on voit surgir soudain de la brume glacée, au bout de la route que suivent les vagabonds comme lui. Mais derrière ces gouffres descendant toujours plus bas, à l'abri du froid, toujours plus profond dans la réduction de l'homme au stade d'animal, il y a toujours une autre route qui se perd à nouveau dans le néant. C'est cette route que suit celui qui n'a plus rien.

It's a real war

Right outside your front door,

I tell you

Out where they'll kill you

You could use a friend

A l'époque, ce ne fut pas facile pour les gouvernements. Il ne fallait pas seulement prendre en charge le nouveau monde, mais aussi et surtout se décharger de la responsabilité du drame. On ne peut pas leur en vouloir. Le sanctuaire était là, leur tendait les bras, sorte de secte ignorée de tous qui avait mené le combat et l'avait perdu. Ce fut une rude époque pour les quelques bronzes et argents restants. Il fallut se rendre à l'évidence : un chevalier ne vaut pas lourd face à une foule en colère. Si le sanctuaire n'avait pas pris la peine de les marquer, aussi, la chasse aurait été un peu moins simple.

Il ne peut jamais s'attarder en ville, son tatouage juste sur la clavicule est bien difficile à masquer sous ses oripeaux. Et même s'il se fait violence pour supporter en blouson la chaleur infernale des villes-forges, la première meute de désaxés venue a tôt fait de crier à l'émeute. « Chevalier ! » Ce cri de ralliement, répercuté à travers les abîmes d'acier, pour l'homme qui l'entend, que ce soit vérité ou pur mensonge, c'est l'arrêt de mort.

Where the road is

That's the place for me

Where I'm me,

My own space

Where I'm free

That's a place

I wanna be

'Cause

The road is long and

Each step is only the beginning

No breaks, just heartaches

Oh, man, is anybody winning?

La route, elle, ne s'arrête jamais. Ville après ville, forêt de givre et montagne de glace, le trait blanc est devenu un fil qui le relie à la vie. Parfois, le trait disparaît sous la neige, alors il connaît l'angoisse qui vous coupe le souffle et vous arrache le cœur. Il lance son regard aussi loin qu'il peut, à la recherche du trait. Il ne faut jamais perdre le trait. Car on sait qu'au bout du trait, il y a un autre trait. En dehors, on ne sait plus rien. Et s'il ne voit rien, alors, dans le silence de la nuit qui l'enveloppe, il se retourne et se met à courir à l'envers, pour ne pas perdre de vue la direction du trait. Ses pas ne résonnent pas sur le bitume disparaissant sous la neige. A chaque bouffée d'air qu'il expulse, il jette un regard à terre, manquant de tomber à la renverse, le souffle haché. Mais la boule d'angoisse ne disparait que lorsque ses pieds viennent toucher un autre trait. Alors ce qui sort de sa gorge est presque un rire.

La première fois qu'il a retrouvé après l'avoir perdu le trait, il est tombé en arrière, et a pleuré de rire pendant de longues minutes. Puis il s'est relevé, a jeté son sac sur ses épaules et est reparti, les deux pieds sur le trait, comme un funambule.

It's a long road

And it's hard as hell

Tell me what do you do

To survive

Son cosmos ne peut le sauver, c'est un cosmos de mort. Mais qui combattre ? Depuis la victoire de leur seigneur, les spectres ne sortent guère des enfers. Pourquoi faire ? Ils ont l'immortalité et des distractions à loisir. Au fond, peu leur importe que l'épuration n'ait pas été totale. Hadès doit penser de même. Que les humains gardent la terre, s'ils la veulent. C'est tout ce qu'ils méritent. Les dieux sont si versatiles.

Quand il est sur la route, il peut au moins libérer son cosmos. Ca le fait se sentir moins seul et lui tient chaud. En ville, ce serait de la folie. Certains guerriers n'ont pas hésité à se reconvertir en radar pour protéger les villes de la vermine à cosmos. On les poste aux entrées, dérisoires sentinelles aux yeux rivés sur une menace fantôme. Le problème, c'est que son entraînement l'a laissé avec l'habitude d'éveiller son cosmos quand il dort. Pour éviter les mauvaises surprises. Et il n'a aucun moyen de savoir s'il a pu se débarrasser de ce réflexe gênant. Alors dans le doute, il établit le camp dans les forêts, les collines, n'importe quel lieu un peu plus hospitalier qu'un bord de route. Et où un repère visuel évite au réveil d'avoir perdu le trait.

When they draw first blood

That's just the start of it

Day and night,

You got to fight

To keep a life

Au début, il a bien essayé de joindre une bande, pour pouvoir se défendre, pour ne pas rester seul. C'est vrai qu'au début, il en voulait à la terre entière. Les types étaient pas des lumières, mais c'étaient comme lui des gars qui avaient la ferme intention de rester en vie. Il pensait qu'ils s'entendaient bien, qu'ils pouvaient se faire confiance. Et puis une nuit, il en surprit un au-dessus de lui avec un coutelas dans une main. Le type a plongé en avant, il s'est décalé sans réfléchir. Il a eu la joue éraflée. Le type est tombé sur le couteau. Il n'aime pas trop penser à après. Tuer ne l'avait pourtant jamais gêné avant. Etait-ce l'aspect méthodique quand les types de la bande sont venus un par un se fracasser contre son poing ? Ou était-ce parce que ce n'est qu'à la fin qu'il a remarqué qu'il avait hurlé pourquoi tout du long ?

It's a real war

Right outside your front door,

I tell you

Out where they'll kill you

You could use a friend

Alors maintenant, il est seul. Seul avec le trait et le cri dans sa tête. Celui-ci ne s'est plus arrêté, il a pris l'habitude de se réveiller avec, et, lorsqu'il décide avoir assez marché, de se coucher en l'entendant résonner. Il n'a aucun moyen de savoir combien de temps il marche et combien de temps il dort. Il marche jusqu'à être fatigué et dort jusqu'à être reposé. Mais le cri, tout comme le trait, est toujours là. C'est un cri qui vient des tréfonds de sa mémoire, lui rappelle un autre être qu'il a été ou qu'il a cru être. Il n'a pas cherché à le faire taire, car il préfère le cri de son âme à celui des hommes.

Loin des villes, loin de ce qu'on appelle encore la vie, faute de mieux, un homme marche et suit sa ligne. Il n'y a pour lui ni avancée ni recul. La ligne décide et l'homme obéit.

Pendant longtemps il s'est souvenu de la lumière.

Et puis, il a oublié.

'Cause

The road is long and

Each step is only the beginning

No breaks, just heartaches

Oh, man, is anybody winning?

The road is long and

Each step is only the beginning

No breaks, just heartaches

Oh, man, is anybody winning?

It's a long road

It's a long road