Bonsoir tout le monde !
Je suis hyper heureuse de sortir les prologues de ce qui sera ma plus longue fic à ce jour...
Que ça fait quand même un an que je la prépare...
Oui oui, Deathnote oui... je me suis dis pourquoi pas ?
Pour ceux qui me liront ( et que je remercie ) je suis désolé pour les fautes qui résistent encore et toujours à mon correcteur...
Et je vous souhaite une bonne lecture !
WAMMY'S BABYS
.
.
.
.
1985
Le vide.
Voilà son seul sentiment.
Si on peut appeler ça un sentiment.
Le vide.
Il avait beau contempler les deux pierres tombales se dressant tristement devant lui, cela n'éveillait rien, ni tristesse, ni joie, ni désespoirs, ni espérance. Émotionnellement rien ne venait perturber ce vide, son cerveau était trop occupé à envoyer des questions plutôt que les informations chimiques à l'origine des sentiments humains.
Que se passe-t-il ?
Si d'ordinaire, l'esprit du petit garçon était vif comme l'éclair, depuis trois jours, il était en pause, traitant toutes les informations qu'il recevait avec une extrême lenteur.
Il y aurait eu un accident, un bête accident de voiture. Alors qu'ils venaient le chercher à l'école, le coffre rempli de bagage, ils avaient décidé de lui faire une surprise, et l'emmener un week-end en vacances près de la côte. Mais la mauvaise route de campagne, verglacé, avait eu raison de leurs cadeau. Et, ce jour là, c'était une femme et un policier qui étaient venu le chercher.
Il n'avait pas posé de questions, à aucun moment. On lui avait tout raconté naturellement, on s'était tellement occupé de lui, il avait eu des montagnes de bonbons. C'était la seule chose qu'il acceptait d'avaler. Il s'était laissé vivre, il ne mangeait pas, il ne dormait pas, il ne réfléchissait plus, rien ne l'attirait.
Et ce matin là, on l'avait bien habillé, et il était au premier rang pour voir deux cercueils disparaître dans les entrailles de la terre. Malgré la neige, il n'avait pas froid, malgré la tristesse des autres, il ne pleurait pas, seules les cloches faisaient vibrer son cœur et son crâne en s'incrustant à jamais dans sa mémoire.
Une grande voiture noire, semblable à une limousine, s'arrêta à l'entrée du cimetière.
Tout le monde était parti, et l'assistante qui s'occupait du petit garçon l'observait soucieusement de loin.
Quillish sortit de la voiture après avoir demandé au chauffeur de l'attendre.
Il soupira de tristesse en apercevant l'enfant, totalement immobile. Les parents lui avaient légué la garde, il prendrait soin du petit Lawliet désormais. Il était un ami de la famille, un Compte de Londres, son manoir était grand, et il pouvait offrir au garçon une vie décente. Il savait que cet enfant était doté d'une intelligence incroyable, tellement incroyable, que certains avaient conseillé à la famille de lui faire passer des tests, pensant que le garçon souffrait d'autisme, mais rien n'avait été détecté.
Arrivé à sa hauteur, Quillish ouvrit son parapluie noir et le leva pour protéger Lawliet des flocons qui grossissaient et lui tombaient dans les cheveux. Ce dernier leva les yeux vers le nouveau venu, et porta son pouce à sa bouche.
_ Bonjour Lawliet.
_ Bonjour, monsieur.
_ Un bien triste jour pour se rencontrer...
_ Vous me connaissez.
_ J'étais un ami de ton père, je m'appelle Quillish Wammy.
_ Un ami de papa ?
_ Oui, la dernière fois que je t'ai vu tu jouais avec un hochet, ce jour là, je t'avais même offert un pyjama.
_ Je ne m'en souviens pas... mais je vous remercie pour le pyjama.
_ Je t'en prie...
_ Alors c'est vous qui allez vous occuper de moi ?
_ Oui... je t'emmène dans mon manoir, ne t'en fait pas, nous ne quittons pas Londres. Tu n'ira plus à l'école, tu auras un professeur privé.
_ Pourquoi ?
Lawliet, se tourna complètement vers l'homme.
_ On ne t'as jamais dit que tu es plus intelligent que les autres ?
_ On me fait tout le temps des compliments.
_ Et il y a une raison, tu es bien trop intelligent pour une école classique, tu t'y ennuie, n'est-ce pas ?
Il hocha la tête.
_ Ton professeur sera là pour t'aider à développer au maximum tes capacités, si tu es d'accord.
_ Je le suis.
Il se tourna de nouveau vers les deux tombes, et Quillish l'imita. Au bout d'un moment il fouilla dans son mentaux.
_ Tu es très courageux, tiens, il paraît que tu aimes les bonbons.
Il lui tendit un petit caramel enveloppé dans un papier blanc. D'un geste vif, le petit garçon attrapa le bonbon et le cacha dans sa poche. L'homme eut un sourire, et lui tendit la main.
_ Nous devrions rentrer si nous ne voulons pas attraper froid...
_ La neige n'augmente pas le risque de contamination... Mais j'ai un peu froid.
Sur cette phrase, il lui attrapa la main et le suivit.
Serrés l'un contre l'autre, un matin d'automne, deux enfants attendaient patiemment l'ouverture de l'école la plus délabrée de tout le Royaume-Unis. Sereine et Cédric arrivaient devant les grilles de l'établissement à six heures du matin tous les jours, ils se mettaient dans un coin et s'endormaient jusqu'à ce que le concierge ouvre.
Sereine et Cédric étaient frères et sœur, faux jumeaux, ils étaient nés un deux avril. Malgré leur ressemblance physique : roux, les yeux bleus, des tâches de rousseur sur une peau pâle. Ils étaient aussi différents que le jour et la nuit. Sereine était une petite fille calme, la plus intelligente de l'école, indépendante et joyeuse. Cédric, lui, avait un léger retard mental, il était surexcité et faisait des crises de colère lorsqu'il était loin de sa sœur.
Les journées se passaient toujours de la même façon pour eux, la petite fille profitait au maximum de l'école et son optimisme diminuait lorsque venait l'heure de rentrer, d'une part, parce qu'elle détestait devoir s'occuper de son père, un alcoolique irrécupérable. Et aussi parce que sur le chemin du retour, son frère se battait constamment avec une bande de garçons.
Pour Sereine les journées passaient trop vite, excepté ce jour là. Elle avait, la veille participé de justesse à un concours de culture général, à la fête du quartier d'à côté ( bien plus riche que le sien ) et elle avait gagné. Et c'est le Maire de la ville qui l'avait félicité, il lui avait dit qu'il passerait lui remettre son prix le lendemain.
Elle était impatiente de rentrer.
Lorsque la cloche sonna, cette fois-ci, la petite fille suivit son frère et courut jusqu'à la sortie.
_ Cédric, on court jusqu'à la maison, on a pas le temps de se battre !
_ J'arriverais le premier !
Sur ce, ils se mirent à courir le plus vite possible.
A l'angle de la rue, la bande de garçons les attendait comme tous les jours.
_ Ne t'arrêtes pas ! Cria la petite fille.
Ils les bousculèrent sans jamais cesser leurs courses. Au bout de plusieurs longues minutes ils arrivèrent enfin à leur maison. Une façade délabrée, avec des pneus, et des meubles cassé dans le jardin.
Sereine s'arrêta, un peu stressé en découvrant la porte ouverte. Elle était sûre de ce qu'elle trouverait dans le canapé.
Elle entra, les larmes aux yeux, et découvrit son père, à moitié endormi sur le canapé, ivre.
_ Tu avais promis que tu ne boirais pas aujourd'hui...
_ J'en ai rien à foutre de ton truc.
_ Le...le Maire doit venir...
_ J'en. Ai. Rien. A. Foutre.
La petite fille baissa les yeux, elle qui voulait faire bonne impression devant quelqu'un d'aussi important, elle allait passer pour une tricheuse, une moins que rien...
Elle entendit une portière claquer, et elle ne put s'empêcher de laisser échapper une larme, que son frère vint tout de suite effacer avec sa manche.
_ Pleurs pas.
Quelqu'un toqua.
_ Woh ! J'ai payé le loyer ! Cria le père.
Malgré la situation, Sereine alla ouvrir la porte.
_ Bonjour, fit-elle timidement.
_ Ah bonjour Sereine ! Regarde, Monsieur Wammy est venu avec moi, c'est lui l'organisateur du concours.
Elle leva les yeux vers l'homme. Il était grand, portait un trench noir et un chapeau, il lui offrit un sourire chaleureux, mais le premier reflex de la petite fille fut de se méfier. Elle fronça les sourcils et son père arriva derrière elle.
_ Vous êtes qui ?
_ Bonjour Hector, vous avez bu, reprocha le Maire.
_ Rien à foutre. Qu'est- ce que vous voulez à ma fille ?
_ Je vous présente monsieur Wammy, il aimerait prendre votre fille dans son école.
_ Pff, c'est quoi ce truc ?
_ Ce serait comme une pension, tu reviendras ici pour les vacances, expliqua Quillish à la petite fille.
_ C'est hors de question, en plus, on ne sépare pas des jumeaux...
_ Cédric pourrait peut-être...
_ Les cours ne seront pas adaptés pour lui, malheureusement. Refusa-t-il.
Alors que les adultes se disputaient son avenir, Sereine se sentit prise d'angoisse, elle n'avait aucun contrôle sur ce qu'il se passait, évidemment, son père décidait pour elle, à six ans on ne prend pas de décision...
Mais elle décida tout de même de quelque chose, quelle que soit la finalité de cette entrevue, elle partirait de cette maison.
_ Voyons, tu ne peux pas imposer la misère à tes enfants indéfiniment, laisse ta fille aller là-bas, nous laisserons ton fils à une famille d'accueil le temps que tu te soignes, et que tu te prennes en mains.
_ Très bien, si vous la voulait tellement prenez là ! Mais qu'elle y reste, je ne veux plus d'elle chez moi ! Elle ressemble à sa mère.
Il prit sa fille par le bras et la poussa hors de la maison.
Avant que quelqu'un puisse réagir, Hector ferma la porte sous les pleurs du petit garçon. Sereine ne bougea pas, le temps qu'elle comprenne que son propre père venait de la renier.
Elle pinça ses lèvres. Elle ne pleurerait pas. Elle détestait pleurer. Alors elle ne pleurerait pas.
Pas même pour son petit frère, qui, lui gémissait derrière la porte. Elle écarquilla légèrement les yeux en sentant les larmes monter malgré tout.
_ Sereine, nous réparerons ça plus tard, quand ton père sera... enfin... Je pense que quelques jours à l'orphelinat de monsieur Wammy serait une bonne idée... Oui et tu ne sera pas toute seule, il y a d'autres enfants... N'est-ce pas ?
_ Bien sûr, confirma Quillish, il y a trois jeunes garçons qui doivent avoir ton âge.
_ Et pour Cédric ?
_ Nous nous en occuperons, malheureusement, vous ne pouvez pas rester ensemble pour l'instant.
La petite rousse hocha la tête, et leva les yeux vers le directeur, il avait enlevé son chapeau, le tenait à deux mains, et lui adressait un regard bienveillant.
_ Notre voiture, nous attend, juste là-bas, fit-il gentiment en pointant du doigt la grande voiture noire derrière celle du Maire.
Elle força un petit sourire, et le suivit. Il la fit monter, dans un geste galant, et ferma la portière.
_ Il ne changera jamais, chuchota le Maire.
_ Je prendrais soin de cette enfant, autant de temps qu'il faudra.
_ Nous essayons de lui retirer la garde depuis deux ans.
_ Je peux témoigner, il vient de mettre sa fille à la porte. Dit durement Watari en remettant son chapeau.
_ Vous êtes sûr... pour son frère ?
_ Mon association, ne prend en charge que les sur-doués, mais je pense qu'il serait bon qu'ils restent en contact.
_ Nous attendrons votre appel pour le procès, en attendant, cette jeune fille à besoin de se reposer.
Il salua le Maire et entra à son tour dans la voiture.
Il leur fallut plusieurs heures pour, enfin, arriver devant les grilles du manoir.
Le trajet fut silencieux, Sereine avait gardé la tête tourner vers la vitre pendant de longues minutes.
Il avait senti la petite fille particulièrement stressée.
Heureusement, la radio passa, la chanson qui entré dans le top dix de l'année 1985, Like a virgin, de Madonna.
I made it through the wilderness
Somehow I made it through
Didn't know how lost I was
Until I found you
Un peu gêné, il se racla la gorge en se penchant vers le chauffeur.
_ Euh, George ? Peux-tu, monter le son je te pris ?
Sereine lui lança un regard perplexe.
_ Vous aimez ce genre de musique ?
_ Qui n'aimerait pas Madonna ? C'est entraînant, fit-il en se dandinant légèrement.
L'ombre d'un sourire se dessina sur le visage de la petite fille, encourageant Quillish, qui poussa le vice jusqu'à en fredonner le refrain.
_ Like a virgin, marmonna-t-il.
Cette fois-ci, elle pouffa de rire, voir ce grand homme aux airs snobe et vieux jeux, s'emporter dignement sur la musique de Madonna était un spectacle hilarant et qui, elle en était sûre, ne devait pas arriver souvent.
Le chauffeur lança un regard à son patron par le rétroviseur, et compris immédiatement où il voulait en venir, il se permit donc d'augmenter encore un peu le volume, et, de lui aussi, se mettre à battre la mesure.
La voiture fila de plus belle sur la route de campagne qui menait au centre ville de Londres, avec trois passagers chantant le fameux refrain.
Like a virgin
Touched for the very first time
Like a virgin
When your heart beats next to mine
La nuit tombait lorsqu'elle sortit enfin de la voiture, aidé par monsieur Wammy qui lui tenait la main, elle dut lever la tête pour arriver à voir le haut de la cheminée. Elle observa, un instant cette bâtisse, qui, de nuit en tout cas, ressemblait à un manoir hanté. Elle chercha, un peu inquiète, une fenêtre d'où proviendrait une lumière, même faible qui lui confirmerait la présence d'autres enfants... Elle finit par apercevoir de la clarté, par une grande fenêtre au rez de chausser.
Une petite pression sur son épaule la fit sursauter.
_ Allons-y, sourit-il.
Elle hocha la tête et déglutit en lui en boitant le pas.
Il ôta son mentaux et son chapeau qu'il déposa sur le porte-mentaux en bois sombre au pied de l'escalier de marbre. D'un geste il encouragea la petite fille à lui donner sa veste. Hésitante elle s'exécuta et observa l'homme se diriger vers un placard où étaient déjà placées quelques affaires sur des cintres.
_ J'imagine qu'ils sont encore à table, enfin avec un peu de chance...
Le regard bleu de la petite fille attrapa les aiguilles d'une grande horloge ancienne qui lui chuchotait de loin qu'il était presque huit heures du soir.
_ Tu sais, le repas est en général servi à sept heures et demie, mais quand je ne suis pas là, quelques fois les garçons m'attendent.
Il ouvrit une porte qui donnait sur une grande salle à manger, au sol s'étalait un tapis persan dans les tons rouges, il supportait une grande table en bois massif entouré de huit chaises. La lumière était douce mais largement suffisante pour y voir correctement, il y avait quatre personnes installées, trois enfants et une femme. Tous se tournèrent vers eux.
_ C'est pas trop tôt ! Râla la brune en se levant pour les accueillir.
En bout de table était placer une assiette ainsi que des couverts et un verre que la femme s'empressa de remplir de vin rouge.
_ Céleste, ma chère, n'effrayez pas notre invité, fit joyeusement monsieur Wammy en posant une main sur le poignet de sa gouvernante.
Tandis qu'il essayait de changer l'humeur de Céleste, Sereine posa sa main sur l'accoudoir de la chaise en bout de table et osa lever les yeux.
A table, trois garçons la regardaient, ils semblaient tous similaire, ils avaient tous les trois le teint pâle, l'air fatigué malgré leurs regards brillants de curiosité, les cheveux noirs... Ils n'avaient cependant pas les mêmes yeux, deux avaient les yeux sombres, tandis que ceux du troisième semblaient brillaient de reflets rouges.
Deux étaient assis du côté droit et le dernier était seul du côté gauche. Lorsqu'elle posa les yeux sur lui, il porta son pouce à ses lèvres et lui offrit un sourire.
_ Bien, les garçons, je vous présente Sereine, elle va habiter avec nous.
_ Aller, installez cette pauvre petite, elle doit mourir de faim.
Elle voulait répliquer que non. Elle n'avait pas faim, comment pouvait-elle avoir faim alors qu'elle était aussi loin de son petit frère. Alors que son père l'avait abandonné.
Mais Céleste la porta et l'installa sur la chaise à la gauche de Quillish, près du petit garçon qui lui avait sourit.
Mal à l'aise, elle remarqua que les yeux des garçons la suivirent sans ciller, ils étaient immobiles et l'observaient avec de grands yeux.
_ Les garçons présentez-vous ! Ordonna la gouvernante.
Semblables à des robots programmés, les trois garçons parlèrent en même temps.
« Je m'appelle... » suivit de trois prénoms qu'elle ne distingua pas.
_ Un à la fois !
Ils se tournèrent vers Céleste, lui demandant silencieusement de choisir lequel serait le premier.
_ Par ordre d'arrivé, soupira-t-elle.
Le garçon à côté d'elle tourna la tête vers elle de nouveau.
_ Je m'appelle Lawliet, je suis arrivé le premier il y a un an, un mois et quatre jours.
Elle lui sourit et se rendit compte que ses yeux n'étaient pas noir, au contraire, il avait les yeux très clairs mais ses pupilles étaient anormalement dilatés, il avait l'air d'un hibou. Il était recroquevillé, une jambe ramené contre lui et il lui offrait quelques petits sourires de temps en temps, uniquement lorsqu'ils se regardaient dans les yeux.
Elle hocha la tête.
_ Je m'appelle Alonzo, je suis arrivé il y a huit mois...
Le petit garçon, face à elle, semblait extrêmement fatigué, il ne lui souriait pas, et il était impossible de déchiffrer autre chose qu'une émotion de tristesse constante dans ses yeux. La main près de ses couverts, il semblait pourtant être près à se jeter sur la nourriture.
Polie, elle lui sourit tout de même, et Alonzo en parût surpris, il essaya maladroitement de lui rendre la pareille, mais ne parvient qu'à faire une petite grimace qui lui plissa le nez.
Elle posa les yeux sur le troisième garçon qui l'observait avec un grand sourire, les yeux brillants, il semblait être le plus expressif des trois, sa jambe bougeait sans qu'il s'en rende compte, en signe de son hyperactivité, rendant sa silhouette légèrement tremblante.
Les reflets rouges dans ses iris troublaient la petite fille, qui n'oser pas lui demander son nom, malgré le silence qu'il semblait près à faire durer.
Le garçon se prit une tape sur l'arrière du crâne.
_ Aïeu !
Il se tourna vivement vers la gouvernante.
_ Tu n'as pas le droit de nous frapper !
_ Je fais ce que je veux. Fit-elle en levant les yeux au ciel.
Elle lui donna un nouveau cou.
_ Présentes toi !
_ Beyond Birthday, on m'a amené ici l'été dernier.
_ Tu t'appelles vraiment Beyond Birthday ?
_ Non, à la base juste Beyond.
Elle haussa un sourcil.
_ Tu es orphelin ?
_ Ouais.
_ Alors tu n'es pas censé avoir de nom de famille ou en tous cas ce n'est plus la peine de l'utiliser.
_ J'aime bien ce mot...
_ Birthday ?
_ Ouais.
_ Je dois t'appeler comment alors ?
_ Juste Beyond !
Cette conversation insensée ne semblait surprendre personne, Lawliet avait l'air de trouver ça amusant, et si on plissait fort les yeux ont pouvait voir ne lueur de bonne humeur dans le fond des pupilles d'Alonzo.
Quillish et Céleste observaient attentivement, c'était la première petite fille qu'ils accueillaient, elle semblait avoir un petit caractère. C'était rassurant, Alonzo se faisait mal traiter par Beyond. Il était le plus turbulent, mais Sereine n'avait pas l'air facile à intimider.
_ Sereine ?
_ Oui ?
_ Demain après-midi tu auras un cours avec Monsieur Duras, notre précepteur, de manière à ce qu'il voit ton niveau, ensuite tu auras les mêmes cours que les garçons.
Céleste avait commencé le service et, pour une fois, aucun des enfants ne se plaignit de ne pas recevoir tout de suite le dessert, leurs curiosité, presque maladive, les poussaient à rester concentré sur la nouvelle.
_ Monsieur Duras, dispense des cours dans toutes les matières, tous les matins, de huit heures à midi, sauf le dimanche. Les après-midi sont passés à trouver et à développer certains dons. Des exercices pour accroître votre esprit critique, votre logique, votre déduction... tu comprends ?
_ Oui...
_ Le dimanche et le mercredi après midi sont, quant à eux, réservés pour les loisirs, en ce moment nous allons souvent au cinéma, nous procédons par vote, mais dimanche peut-être pourrions nous faire une activité que tu aimes...
Son regard se posa sur chaque garçons qui semblaient enthousiastes. Quillish sourit un peu plus.
_ Mais pour l'instant, mangeons.
Comme un cou de feu de départ, les trois garçons se ruèrent sur la nourriture. Beyond ne manqua pas de placer, la bouche pleine, qu'il aurait préféré des tartines de confiture, mais les deux autres mangèrent sans objecter.
Le menu du soir étant composé d'un poulet aux abricots, Lawliet considérait cela comme suffisamment sucré, il se servit évidemment le plus d'abricot possible.
L'arrivée de nouveau venus ne le dérangeait pas, il s'entendait bien avec Beyond et Alonzo, et aimait le genre d'enfants que ramenait monsieur Wammy, rien à voir avec ceux de son ancienne école.
Ceux qui se moquaient de lui, et qui l'humiliaient. Il avait souvent eu le soutien de ses professeurs évidemment, mais ces derniers n'avaient pas pu le protéger de tout.
Les deux autres garçons étaient, eux aussi, très intelligent.
Ils étaient eux aussi orphelins. Ils avaient beaucoup de points communs et Lawliet trouvait, dans les heures de cours, un environnement très stimulant et intéressant. Il pouvait avoir le loisir de poser autant de questions qu'il le souhaitait et d'y répondre presque instantanément lui-même, sans être jugé ou traité d'autiste.
Il savait bien que ce n'était pas un gros mot, mais on lui avait fait des dizaines de tests et il ne l'était pas, il l'avait déjà expliqué aux enfants de l'école, il ne voyait pas l'intérêt de continuer à l'appeler comme ça.
Ici, il était bien, et tous les enfants comme lui, seraient bien.
Ils étaient en sécurité ici.
Ses pensées s'évaporèrent lorsqu'il vit le dernier abricot, patauger dans le plat, comme si il voulait lui faire de grands signes, lui dire de ne pas l'oublier, de le manger lui aussi !
Il se saisit de sa fourchette et avança pour piquer le fruit et le ramener dans son assiette, mais une autre fourchette percuta la sienne.
Surpris il tourna la tête vers la rousse près de lui.
Elle le regardait, aussi surprise que lui, et mal à l'aise, elle retira vivement sa fourchette en murmurant une excuse.
Il haussa un sourcil, et analysa le contenu de son assiette, il avait en tout cinq abricots entiers, dans l'assiette de Sereine, une seule moitié d'abricot noyée dans un trop plein de jus. Certainement servi par Céleste, se dit-il. La gouvernante avait pour habitude de leur servir toujours trop de quelque chose, en général de légumes et de sauce. Bizarrement elle oubliait de leur mettre trop de chocolat sur une crêpes aussi.
Son regard se posa sur l'abricot restant, il semblait appétissant, bien plus que les cinq qu'il avait déjà, il en salivait d'avance, mais, au dernier moment, il le posa dans l'assiette de la petite fille.
_ Savoure le, recommanda-t-il timidement.
Elle fronça les sourcils, l'habitude qu'on s'occupe d'elle s'était enfui de son être depuis longtemps. A la maison c'était elle, qui prenait soin des autres, surtout de son petit frère. Cédric n'était pas comme elle, et bien qu'elle n'ait encore rien vécu de palpitant aux côtés de ces trois garçons, elle se sentait étrangement bien, comme si on voulait d'elle. Qu'on se souciait de ce qu'elle ressentait, de ce qu'elle voulait.
Monsieur Wammy avait même dit qu'ils feraient ce qu'elle voudrait le dimanche prochain.
Lançant un regard en biais à l'homme, elle se demanda si elle allait réellement passait seulement quelques jours ici, si elle reverrait son frère et son père. Elle était moins triste que ce à quoi elle s'attendait, elle ne ressentait d'ailleurs aucune tristesse du tout, seulement un peu d'inquiétude vis à vis de son frère, il avait besoin d'elle, il ne savait pas se débrouiller seul...
Le repas se termina sur les applaudissements de Beyond, qui s'était goinfré de la tarte aux fraises pour dessert.
Il avait tellement l'air heureux lorsqu'il en mangeait que Sereine lui laissa sa part et laissa l'autre à Lawliet, Alonzo avait l'air de moins aimé. Il y avait deux parts par enfants, mais elle n'était pas du genre à prendre un dessert.
Lorsqu'elle autorisa Beyond à prendre une de ses parts, le temps s'arrêta presque. De nouveau, tout le monde l'avait regardé.
_ Tu es sûr ? Avait demandé Céleste, ne te laisse pas avoir, il en mange bien assez.
Hochant la tête, elle avait déposé elle-même les part dans les assiettes des deux garçons.
_ Désolé j'ai que deux parts, avait-elle dit à Alonzo.
_ J'aime pas ça.
Beyond et Lawliet se ruèrent alors en même temps sur les parts du petit garçon, se battant presque au passage. Elle fronça les sourcils au comportement des deux et Beyond lui adressa un sourire vainqueur.
_ Je t'avais prévenu, lamenta la gouvernante en débarrassant son assiette.
Elle avait la nette impression de s'être fait avoir, elle se tourna vers Lawliet qui n'osait pas la regarder. Les deux avaient visiblement l'air d'expert quand il s'agissait d'avoir double ration de dessert.
Une fois son tout nouveau pyjama rose enfilé, elle sortit de la salle de bains, les chambres étaient au troisième étage, il y avait de la moquette partout. Couloirs et chambres. A cet étage il n'y avait que des chambres, celles des enfants au nombre de quatre, et trois pour les adultes.
Le coucher se faisait au plus tard à dix heures, et chacun avait sa propre chambre, la sienne était spacieuse, avec une grande fenêtre dotée d'un rebord à l'intérieur, un grand lit aux draps blancs, propres, une commode, et une penderie. Il n'y avait pas de bureau, les devoirs se faisaient dans la bibliothèque ou dans la salle informatique, histoire de laisser aux enfants un espace reposant, paisible.
Elle se retourna pour fermer la porte mais sursauta en découvrant les trois garçons devant sa porte.
Lawliet était tout devant, se mordant l'ongle du pouce, tandis que les deux autres restaient en retrait derrière lui.
Tous les trois avaient l'air de chouettes, ou de poissons avec leurs grands yeux fixes. Un peu vexé de s'être fait ainsi surprendre, elle croisa les bras.
_ Qu'est-ce qu'il y a ?
_ Rien. Répondit Lawliet.
_ On voulait juste te dire bonne nuit, expliqua Alonzo.
_ Et te souhaiter de beaux cauchemars, ah ! Ajouta Beyond en riant.
_ Bonne nuit à vous aussi...
Elle avança d'un pas pour atteindre la porte, et les trois garçons reculèrent d'un même mouvement d'un pas également. Tous les trois serrés les uns contre les autres, la tête d'Alonzo émergeait à droite et Beyond à gauche.
_ Les garçons... Bon dieu, mais vous allez la laisser tranquille, oui ?
Ils ne réagirent pas, et continuèrent d'observer la rousse.
_ Aller vous coucher, ordonna Céleste.
Ils s'exécutèrent, sous le regard moqueur de la petite fille.
_ Bien ! Je viens vous border tout de suite, fit-elle un peu brusquement.
_ Haha, pas la peine, rit Beyond.
_ Ne t'en fais pas, chaque nouvel événement monopolise leurs attentions pendant quelques heures.
Sereine lui sourit, un peu rassuré par cette information.
Céleste entra dans sa chambre pour aller lui fermer les volets.
_ J'espère que la chambre te plaît, c'est un peu vide, mais tu as le droit de la décorer comme tu veux.
_ Je dormais avec mon frère...
La gouvernante, les mains sur les hanches, la regarda un moment, ne sachant même pas déchiffrer cette phrase, était-elle triste ? Elle n'en avait pas l'air. Était-elle inquiète ? Elle n'en avait pas l'air. Avait-elle peur ? Elle n'en avait pas l'air.
Cette petite fille avait l'air indifférente à son environnement, à sa situation. Elle semblait déjà s'adapter.
Elle avait l'air distante, malgré sa prise de parole volontaire.
_ Tu sais, ici, vous devez vous soutenir, vous aider... les garçons sont un peu impolis et maladroits mais si tu as besoin de compagnie, ils seront ravis de passer un moment avec toi.
_ Mmh...
Céleste lui caressa tendrement la tête, et sortit de la chambre.
Enfin seule, rien ne changea, elle resta debout au milieu de sa chambre. Elle soupira, et analysa, enfin, calmement sa situation.
Monsieur Wammy venait de la sortir de la misère, pour quelques jours disaient-ils, mais elle sentait qu'elle resterait ici, qu'elle grandirait ici. Un sentiment de reconnaissance immense l'envahi. C'était le fait numéro un.
Fait numéro deux : Elle vivait désormais avec trois garçons, un peu bizarre, mais qui avaient l'air plutôt rigolos et gentils.
Fait numéro trois : Son nouveau cadre de vie lui plaisait. Un grand manoir, richement décoré, une grande chambre rien que pour elle, des amis, une gouvernante, et le seul qui buvait de l'alcool c'était le directeur, et il ne buvait qu'un seul verre.
L'ambiance était chaude, calme, réconfortante, entre ces murs elle se sentait soutenue, et importante.
Elle avait enfin l'impression d'avoir un avenir, de pouvoir faire ce qu'elle veut sans être jugé ou frappé.
Sa bonne humeur s'évapora légèrement, quand elle pensa qu'il y avait une chance pour que son père revienne la chercher. Et elle s'inquiétait pour son frère, il ne savait pas se débrouiller seul, il n'arrivait pas à se canaliser... Son père ne lui ferait jamais de mal, il ne les frappait pas, il était brusque et criait beaucoup, mais jamais il ne pourrait lever la main sur eux.
Le regard fixé sur le sol, elle se dirigea lentement vers son lit, mordant ses lèvres, elle espérait que tout irait bien, que sa vie continuerait de s'améliorer.
Un gros cou frappa la porte menant à la chambre d'un des garçons, elle s'ouvrit dévoilant Alonzo accroché dessus par son pyjama, l'air ennuyé. Beyond apparût, un grand sourire étirant ses lèvres.
_ Oups, désolé !
Et il ferma la porte.
1987.
Les orphelins ne bénéficiaient pas de vacances. Jamais. Ni l'hiver, ni l'été. Mais il leur arrivaient assez souvent d'avoir le droit à de grands week-ends, pouvant aller jusqu'à quatre jours de repos. Mais il fallait toujours qu'ils soient occupés, stimulés, car l'ennui les poussait à dormir souvent tout le long de leurs congés.
Monsieur Wammy et Céleste, ne trouvant pas ce comportement des plus sains, avaient transformé une pièce du rez de chausser, en salle de jeu.
Cette salle disposait d'un grand canapé, d'un tapis, plusieurs tables et des étagères remplis de jeux de société et de DVD, ainsi que quelques jouets au potentiel intéressant.
Les orphelins se levaient tous, aux environs de six heures. Céleste trouvait d'ailleurs qu'ils étaient les enfants les moins dormeurs du monde, une énergie, plus ou moins calme, mais toujours débordante les faisaient se lever de bon matin. Même les jours de repos, et si jamais ils se fatiguaient trop, la sieste était un bon remède, ainsi qu'une après midi, dans une chambre à regarder un film Disney.
Ce matin là, les quatre enfants se levèrent avec encore plus d'excitation que d'ordinaire, sûrement un des effets que le beau temps avait sur eux. Beyond s'amusait à courir après Alonzo qui, pour une fois, avait l'air de trouver ça amusant, tandis que Lawliet, mangeait le plus de pancakes possible, Sereine essayant de le distraire en le chatouillant, mais en vain.
Devant tant d'agitation, Céleste avait décidé qu'ils viendraient avec elle, en ville pour faire les courses, dans l'après-midi.
Alors que l'heure approchait et qu'elle se défaisait de son tablier de travail blanc en remettant de l'ordre dans ses cheveux, elle commençait à penser que son idée n'était pas si bonne, elle avait déjà eu du mal le jour où Beyond avait voulu l'accompagner.
Mais ce qui était dit était dit, elle réussirait à tenir ces quatre enfants, elle n'était pas gouvernante pour rien, elle avait de l'autorité...
Elle se dirigea vers la salle de jeux, derrière la porte, la musique était forte.
Elle avait peur d'entrer et de découvrir, la salle complètement dévastée avec quatre monstres courant dans tous les sens.
Elle avait essayé de prévenir cette situation, en leur servant un repas très copieux, dans l'espoir que leurs digestions les fatigues... Mais comment fatiguer autrement quatre enfants de huit ans ?
Arrivée devant la porte, elle inspira un grand cou et ouvrit.
It's rainning men !
Hallelujah !
It's rainning men !
La chanson, iconique, des Weather girls, était devenu la chanson préférée de Sereine depuis peu.
Mise à part la musique, qui était à un volume assourdissant, la pièce était en bon état. Alonzo jouait au domino, tandis que Lawliet, assis par terre, observait en se mordant l'index, Sereine et Beyond qui dansaient sur le canapé. Les longs cheveux roux de la petite fille volaient dans tous les sens, les deux enfants se tenaient par la main et chantaient parfois fort les paroles du refrain.
Céleste souffla, le cou de la digestion était apparemment un échec.
It's rainning men
Yeah !
Le trajet en voiture durait en général une demi heure, les courses se faisaient toujours au marché, Céleste mettait un point d'honneur à servir à ses enfants les produits les plus frais possible.
Sereine avait réussi à convaincre George de mettre la musique toujours plus forte, ça ne lui déplaisait pas, George était jeune, à trente ans, cela faisait déjà presque dix ans qu'il était le chauffeur personnel de monsieur Wammy. L'ambiance au manoir était calme, un peu moins depuis que Quillish avait décidé de s'occuper de petits sur-doués, mais on était loin des fêtes qu'un jeune homme pouvait avoir envie de faire.
La petite fille n'avait pas eu à insister longtemps pour que la musique envahisse toute la voiture, Beyond et elle chantaient, encore une fois à tue-tête et Lawliet jouait avec une mèche de la petite fille, un petit sourire sur le visage. Alonzo lui, les regardait en agitant les jambes, souriant aussi.
Dans l'habitacle Céleste se sentait seule, la musique était bien trop forte et pas tellement à son goût, ces chansons modernes, américaines et françaises, avaient le don de la mettre de mauvaise humeur.
A son époque, en Italie, le swing et surtout Dalida, comment aimer des jeunes folles comme Madonna après avoir connu Dalida ?
Aussi son soulagement fût grand lorsque George coupa le moteur, elle souffla et sortit de la voiture suivit des quatre.
Leurs visages s'illuminèrent davantage en découvrant les rues pleines de stands de toutes sortes, des fruits, des légumes, mais aussi des vêtements, des animaux de la vaisselle... Cela suffisait pour que les quatre sur-doués, soient enchantés.
George s'appuya contre la voiture et alluma une cigarette.
_ Nous en avons pour une heure maximum, déclara la gouvernante.
Habitué à la conduire au marché, il hocha la tête et adressa un clin d'œil aux enfants.
_ Bien, faites attention surtout, et ne vous éloignez pas trop, vous avez une montre ?
Beyond montra bien haut son poignet décoré par une vieille montre trop grande.
Céleste leur faisait confiance, ce n'était pas la première fois qu'ils sortaient du manoir bien sûr, le marché n'était pas bien grand et ils avaient le sens de l'orientation.
Les quatre amis marchaient à pas rapide, déambulant entre les stands, ils s'arrêtaient quelques fois pour mieux observer les produits.
_ Regardez ! Cria Beyond tout excité.
Il pointa du doigt un grand stand de bonbons et ils s'y dirigèrent en courant.
Alonzo, plus petit que les autres, devaient sautiller pour mieux voir l'étalage de sucreries.
Hypnotisé, Lawliet en salivait presque, son côté capricieux envisageait même d'en piquer quelques uns. Sereine utilisait son épaule pour s'appuyer et s'équilibrer alors qu'elle se tenait sur la pointe des pieds, il se tourna vers elle, les pupilles plus dilaté que jamais.
_ Dit, elle t'as donné de l'argent ?
_ Non... de toute façon jamais elle nous autoriserait à acheter des bonbons.
_ Qu'est-ce que ça peut faire ? Intervint Beyond, la tête apparaissant de derrière Lawliet.
Il se tourna vers le garçon, ses yeux rouges, encore plus brillants avec le soleil.
_ Si tu en veux, sers-toi.
_ Non, c'est du vol...
_ On a pas d'argent, et puis c'est que des bonbons, tu les piques quand il ne regarde pas, tu les manges et personne ne le saura.
Le petit garçon sembla réfléchir un instant, sous le regard consterné de la petite fille.
Les bras croisés, elle tapait du pied, Alonzo se cachant presque derrière dans l'espoir qu'on ne lui demande pas son avis.
_ Aller, insista Beyond, regarde il a le dos tourné...
_ Si tu fais ça, t'es plus mon ami, répliqua -t-elle.
La menace fit reprendre raison au garçon et il secoua la tête.
_ Non, je ne le ferais pas...
_ Pff, tapette...
Ils repartirent visiter le marché, Beyond attrapa une poignée de bonbons et les avala aussitôt les autres éloignés.
La petite fille remarqua, quelques regards se poser sur eux, parfois étonnés, parfois durs. Ses trois amis ne semblaient pas s'en inquiéter.
_ Pourquoi ils nous regardent comme ça ?
_ Parce qu'on est orphelins, répondit Alonzo.
_ Arrêtes...
_ C'est vrai, insista Lawliet, certaines personnes trouvent les agissements de Quillish plutôt louche, ils ne savent pas ce qu'il se passe chez lui, ni d'où nous venons, alors ils se méfient.
Elle fronça les sourcils, essayant d'ignorer les regards des adultes.
En passant devant une pâtisserie, Sereine remarqua deux jeunes garçons, un sentiment d'appréhension l'envahi lorsqu'ils passèrent devant eux. Les yeux des garçons les suivaient mais elle espérait, qu'il ne se passerait rien.
_ Hey, r'gardez c'est les bâtards.
Beyond et Lawliet s'arrêtèrent, elle leur lança un regard suppliant, elle aurait voulu pouvoir les ignorer, mais cette insulte en particulier, blessait toujours ses deux amis.
_ Qu'est-ce que tu as dit ?
_ Ne me regarde pas toi, avec tes yeux rouges ! Sale monstre !
_ Te rends-tu compte de l'immaturité dont tu fais preuve ? Intervient Lawliet.
_ Pff tu parles comme les grands, tu crois nous faire peur ? Grogna un autre garçon.
Les garçons, étaient en tout point différents des orphelins, grands, blonds, le teint bronzé par le soleil, ils portaient un uniforme scolaire.
Alonzo se lamenta à la petite fille, qu'à chaque fois qu'ils les croisaient ils se faisaient insulter.
_ Qu'est-ce que tu dis toi, le fantôme ?
_ Hey, fit Sereine, laisse le il t'a rien fais.
_ Ah ? Vous avez une copine maintenant ? Tes parents t'ont abandonné ? Ils ont eu raison.
_ Steven Carrow, il me semble que ton père est passé aux infos nan ? Il va aller en prison.
Steven Carrow junior se tourna vers Beyond, le garçon le regardait, ses yeux de monstres brillaient de défis.
_ D'où tu connais mon nom toi ?
_ C'est marqué sur ta face.
_ T'a pas le droit de parler de mon père, au moins le mien il est vivant...
_ Ouais, où ils sont vos parents à vous ?
_ Ils sont mort, bande de bâtards. Acheva Steven.
Sans prévenir, Beyond se jeta sur lui et le rua de cou.
Le deuxième petit blond, lui, poussa Lawliet.
Le sur-doué, ne réagis pas tout de suite, les yeux rougis par les larmes, la rousse le prit par les épaules.
_ Viens on s'en vas...
Mais il ne l'avait pas entendu, et, pour une fois, il suivit Beyond et fit tomber le petit garçon. Très vite les deux orphelins avaient le dessus, Lawliet s'acharnait à donner des cous de pieds tandis que l'autre essayait d'assommer l'enfant en lui cognant la tête contre le sol.
Le garçon aux yeux rouge prit sa montre, la fit glisser sur son point et frappa son adversaire, il leva les yeux vers ses deux amis qui pleuraient.
_ On se laisse pas faire, fit-il en attrapant sa victime par les cheveux, si quelqu'un nous emmerde on le frappe ! Ils le méritent.
Les passants commencèrent à s'inquiéter et trois hommes virent séparer les enfants, un prit Beyond par le t-shirt, un autre s'occupa de faire reculer Lawliet qui étranglait le petit garçon, et le troisième les aida à se relever.
_ Calmez-vous messieurs, on ne se bat pas comme ça !
_ C'est eux qui ont commencé, pleura Steven.
_ Tapette ! Fit Beyond, toujours retenu par son t-shirt.
_ Ta gueule ! Cria le blond en essayant de se jeter sur lui.
_ Arrêtez ! Où sont vos parents ?
L'homme se tourna vers la petite fille et remarqua, sur sa veste, un petit badge : Wammy's House.
Il se mordit la langue lorsqu'il comprit qu'il avait affaire aux orphelins et sa prise sur Beyond se radoucit.
_ Ne touchez pas à ces enfants, cria Céleste en bousculant quelques passants.
_ Madame, vos deux garçons ont déclenché une bagarre...
_ Ah bon ? Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
Ils étaient entrain de frapper ces pauvres petits...
_ Chien qui abois, ne mord pas... Beyond tu le sais...
Le garçon fit un grand sourire à la gouvernante en hochant la tête. Céleste était d'avis qu'il fallait toujours se défendre lorsqu'on vous insulte ou vous attaque, nul doute que Beyond avait attaqué, cependant elle voyait mal Lawliet frapper le premier... Par ce proverbe elle sermonnait Beyond, mais cela n'irait pas plus loin, ils ne seraient pas punis.
_ De toute façon nous rentrons !
Dans la voiture alors que Beyond criait son exploit, en déclarant qu'il avait gagné, Lawliet avait pris place sur les genoux de la gouvernante, quelques grosses larmes coulaient sur son visage. Céleste, d'habitude un peu rustre et brusque, berçait le petit garçon contre elle, lui frottant énergiquement le dos et les bras dans des gestes réconfortants. Sereine le regardait, il avait l'air très triste, et en colère, ses lèvres tremblaient, il était prostré, les mains contre sa poitrine, il regardait dans le vide.
Le reste de la journée se passa très calmement, Beyond et Alonzo étaient montés faire une sieste. Le garçon aux yeux rouges n'avait pas l'air si perturbé que ça, ni par les insultes, ni par la bagarre qui s'ensuivit, il avait vite retrouvé le sourire et semblait de bonne humeur, bien que plus posé que d'ordinaire. Il n'avait pas taquiné Alonzo et avait même regardé un film d'animation avec lui.
Quillish avait tout de suite pris en charge Lawliet. Le petit garçon n'avait pas voulu prendre de goûté, il n'avait pas voulu lire, ou jouer de tout l'après midi,Quillish avait alors consentit à ce qu'il reste près de lui, dans son bureau.
Sereine avait, de ce fait, passé plusieurs heures toute seule, elle avait fouillé dans la salle de jeu, avait fait plusieurs puzzles, puis par ennui, avait tout nettoyé.
Ce n'est que le soir, au dîner que Lawliet réapparut, il s'était installé à table, à côté de la petite fille, mais ne l'avait pas regardé, n'avait pas sourit ou même bouger une seule fois.
Il n'avait rien mangé, ni la purée de patate douce, ni la tarte au citron et chocolat. Ses yeux d'habitude si grand ouvert, curieux, avaient l'air éteint.
Il partit se coucher aussitôt que Céleste lui donna la permission.
Les jours de congé, les enfants avaient le droit de se coucher plus tard, mais aujourd'hui ils y allèrent sans rechigner, à dix heures.
Céleste, fermait les volets et commença à border Sereine.
_ Tu crois qu'il dort ?
_ Oh, tu sais il n'a jamais vraiment dormi, il est seulement très triste...
_ À cause des garçons au marché... Ils ont parlé de ses parents, ils nous ont traités de bâtards... C'est pour ça que Beyond s'est battu.
_ Je sais bien, soupira-t-elle.
_ Ses parents sont mort ?
_ Oui... ils ont eu un accident de voiture, il y a deux ans...
_ Beyond et Alonzo...
_ Alonzo n'a jamais connu ses parents, il est née sous X, et directement placé en orphelinats... Et Beyond, c'est compliqué...
Céleste embrassa le front de la petite fille, éteignit les lumières et alla dans les chambres d'à côté.
Malgré le noir, quasi-total de sa chambre, Sereine n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle s'inquiétait pour son ami, jamais ils n'avaient parlé de leur vie avant d'arriver à l'orphelinat. Avant que Monsieur Wammy ne les sauve.
Elle somnola tout de même, jusqu'à ce que des gémissements de terreur ne la tirent de son sommeil léger. Les volets bougeaient furieusement, grinçant sombrement contre les fenêtres. Le vent soufflait, s'engouffrait dans les cheminées sifflant bruyamment.
Le cœur de la petite fille de serra, alors qu'elle se dirigeait vers la chambre correspondant avec la sienne.
Celle de Lawliet.
La chambre de son ami était aussi sombre que la sienne, malgré ça, sa mémoire photographique lui permettait de se déplacer aisément sans se prendre de meuble, ni les pieds dans les tapis.
Arrivée devant le lit du petit garçon, elle alluma la lampe de chevet, dos à elle, il se retourna tout en se terrant sous sa couette, l'air effrayé.
_ Tu as fais un cauchemar ?
Doucement ses pupilles se dilatèrent, jusqu'à revenir à une taille normale pour lui. Les yeux presque noirs.
Il sortit de sous ses draps.
_ Non, murmura-t-il un peu honteux.
_ Tu as peur de l'orage ?
_ J'aime pas ça.
_ Tu es très triste...
Il ramena ses jambes contre sa poitrine en hochant la tête.
Sereine monta sur le lit et s'assit en face de lui. Ils s'observèrent un moment.
_ Tu penses à tes parents ?
_ Tu en as toi ?
_ J'ai mon père... et un frère.
_ Alors... pourquoi il t'a amené ici ?
_ J'ai gagné un concours, et, mon père m'a mise dehors... Je devais juste venir prendre des cours ici, et rentrer le week-end.
Il fronça les sourcils.
_ Mais... pourquoi t'a- t-il mise à la porte ?
Elle haussa les épaules en déviant le regard.
_ Tu sais, il est alcoolique... je suis mieux ici...
_ Ils ne te manquent pas ?
_ Mon frère un petit peu, mais il est pas aussi intelligent que vous... il ne comprendrait rien à nos cours.
_ Moi ils me manquent...
Sereine se colla contre lui et l'enlaça, il n'y répondit pas tout de suite, le petit corps de son amie était tout chaud comparé au sien, ses cheveux sentaient bon, elle était douce. Que ressentait-elle quand elle l'enlaçait ainsi ? Le trouvait-elle froid ? Dure ? Sentait-elle l'odeur de la mort sur lui ?
Apparemment non, car elle le serra plus fort.
_ Moi je ne te quitterai jamais...
Lentement il l'entoura de ses petits bras et se laissa aller contre elle.
Ils s'endormirent ensemble, les pieds froids du petit garçon serré contre ceux de son amie, personne ne l'avait jamais consolé. Plusieurs fois il avait profité du néant de la nuit pour pleurer, pour que personne ne le sache, mais cette nuit là, il était content que quelqu'un soit venue.
Et voilà
Le prologue numéro 2 portera sur nos petits successeurs préférés !
Encore pardon pour les fautes et... Ouais dites moi ce que vous en pensez
Bisouuuuuu
